Bienvenue en Tunisie.
@Niccolò Russo S
a pathologie l’éreinte avec le temps. Les journées défilent et se ressemblent quant à ses douleurs qui prennent de l’ampleur avec les heures qui s’écoulent, pour l’achever tard le soir, au point qu’il ne désire que rendre. Fiévreux, il l’est très généralement, Ezekiel et c’est aussi pour cette raison qu’il boit. Car l’alcool faire taire ses maux. Il fait également naître un feu ardent dans l’intégralité de son être et ainsi, il se confond avec celui lié à sa maladie. En somme, s’il s’est mis à ingurgiter autant d’alcool, c’était pour avoir ces raisons toutes bêtes d’être en souffrance. Le commun des mortels, ceux qui n’ont son trouble HSD ne connaissent ses symptômes, mais lorsqu’ils boivent plus qu’ils ne le doivent, ils en ressentent quelques-uns, bien que ce ne soit le plus difficile à supporter. Le plus dur sont les douleurs infâmes qui irradient en chacune de ses articulations. Ses inflammations qui le paralysent parfois, lors de ses plus douloureuses crises. Alors, pourquoi ne boirait-il pas, ne serait-ce que pour être
« comme tout le monde » ? L’espace de quelques heures ? C’est sans doute sot comme raisonnement, mais c’est ainsi qu’il régit sa vie depuis son décès et il ne sait se sortir de ce cercle vicieux dans lequel il s’est lui-même entraîné. Le bel homme aux origines italiennes souffre, non seulement à cause de sa perte, mais également à cause de sa connasse de pathologie qui le met un genou à terre, car elle s’amplifie avec les chocs émotionnels. Qui a-t-il de plus difficile à vivre dans ce monde que de perdre l’être aimé ? Rien. Ezekiel le sait pertinemment. Alors, depuis ses dernières années, il s’est retrouvé aliter à cause de cette dernière et rien, même son antidouleur, ne l’apaise autant que de s’enivrer d’alcools.
Seulement, les soirées auxquelles il termine en tanguant afin de retrouver son logement ou sa chambre d’hôtel, ont une suite logique : les matinées. Et c’est toujours nauséeux, en ayant la gueule de bois, qu’il se réveille, peu certain de pouvoir rejoindre la cuvette des toilettes pour terminer de régurgiter tout ce qu’il a avalé. Aujourd’hui n’a d’ailleurs fait exception à la règle, bien qu’il n’ait rendu et que sa migraine soit passée. Mais cela signifie le retour des douleurs et c’est en serrant la mâchoire qu’il est rejoint par son meilleur-ami, celui qu’il considère comme son frère. Tous deux descendus dans le même hôtel, logeant dans des suites qui s’avèrent se trouver au même étage, ils ont convenu de se retrouver dans un restaurant et c’est avec un fin sourire qui ressemble davantage à une grimace qu’il fixe Nicco, qui répond par l’affirmative quant au fait qu’il le connaisse comme personne. Le fait est qu’il ajoute à cela qu’il le connaît davantage que son ex-épouse et cela transforme sa grimace en un rictus dérangeant, étant donné qu’il n’aime lorsqu’il l’évoque. Bien sûr, il connait les tenant et aboutissant de leur histoire, seulement, Ezekiel sera toujours fidèle à Niccolò et il n’apprécie guère son ex-conjointe.
- "Heureux ?" Le futur professeur d’Harvard l’interroge, car le bonheur, il ne le connait plus. D’ailleurs, il en vient à se questionner afin de savoir s’il l’est et la réponse évidente fuse dans son esprit embrumé : non. Ezekiel n’est et ne sera jamais plus heureux. Il ne baignera jamais plus dans un océan de bonheur. Mais peu désireux de faire part de ses pensées, l’adonis épuisé et marqué par la douleur préfère jouer avec le liquide encore présent dans son verre.
- "Je t’en prie." Il se contente de répondre concernant la réservation avant d’offrir un frêle sourire à son ami, dans le but qu’il ne s’inquiète pour lui. S’il savait, Nicco, dans quel état il se trouve, il ne sourirait ainsi et ne prétendrait qu’ils sont heureux. Il s’inquiéterait même, sans le moindre doute et cela, l’Oxfordien dans l’âme le refuse.
- "J’ose espérer que tu parles de moi lorsque tu dis ton pote." Son sourire s’étire davantage sur ses lèvres charnues et rosés quand il acquiesce dans un hochement de tête.
"Je vois ce que tu veux dire. Je n’ai visité aucune des pyramides à cause de ma taille, tu comprends aisément ce que je souhaite dire par là, mais il est vrai que c’était impressionnant, ainsi que fascinant de les voir d’aussi près. Elles nous surplombent depuis des siècles et des siècles. Elles ont vu des millions voir des milliards de personnes venir les admirer et elles se tiennent toujours aussi fièrement devant chacun d’entre nous. Comme pour nous assurer de leur grandeur, malgré les intempéries, tout ce qu’elles ont pu subir." Pensif, le beau brun l’est, évidemment. Il ne pensait se lancer ainsi dans un tel laïus et pourtant, cela est une habitude qui ne le quittera point.
"Pardonne-moi. Je m’exprime beaucoup trop, j’en ai conscience." Il en vient à prononcer, lorsqu’un serveur leur apporte la carte des menus et qu’il lui demande de prendre congé afin de les laisser choisir en paix.
- "Alors, que souhaites-tu pour dîner ?" Son regard parcourt la carte et il s’en gratte l’un de ses sourcils.
"Il y a un bon choix de plats contenant de la viande." Seulement, il commence à avoir la nausée à cause de sa maladie, alors il lui faut commander de l’alcool et vite.
"Du vin, cela te conviendrait-il ? Du rouge, comme nous prenons de la viande. J’ose espérer qu’ils ont d’excellents millésimes." Dans le cas contraire, il devra boire du vin que l’on qualifie de
piquet et cela le rend davantage nauséeux. D’ailleurs, il porte une main sur son torse tandis qu’il commence à transpirer à cause de sa fièvre.
"Les pâtes sont apparemment faites maison." Il se saisit de sa serviette et tapote son front avec cette dernière, pour reprendre le fil de son monologue.
"Je vais prendre un morceau de viande bien cuit et des pâtes. Je verrai plus tard pour le dessert." Levant une main afin qu’un serveur l’aperçoive, il dit une fois ce dernier à leur hauteur :
"Veuillez nous apporter une grande cruche d’eau, je vous prie. Promptement." Un frêle sourire se dessine sur son visage à présent pâle, ce qui fait ressortir les cernes présentes sous ses yeux couleur saphir.