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21 Novembre 2007, Détroit
A 5 heure ce jour-là, ma mère me réveilla pour me dire qu’elle partait à son travail, mon père venait de quitter lui aussi la maison ce qui faisait qu’une fois de plus je devais faire la nounou pour Lily-Kay. Je détestais ça, cette gamine ne tenait pas en place et j’avais autre chose à faire que de la surveiller. Je me rendormis donc jusqu’à 10H30, jusqu’à ce que la môme se mette à gueuler, forcer de me lever, j’allais voir ce qui se passait. Rien … Elle était juste réveillée et de toute évidence elle voulait que je le sois aussi. Je la sortis de son lit et l’envoyais au salon, une fois devant la télé, je retournais dans ma chambre à la recherche de ma poudre magique. Je sniffais alors une petite raie histoire de tenir quelques heures avant de retrouver mes potes.
Je ne faisais jamais la bouffe, pas mon genre et ça me faisait chier, heureusement maman préparait toujours un truc à passer au micro onde avant de partir, aucun de nos parents n’avait le temps de rentrer le midi, papa partait à 4h30 et rentrait à 16h, maman partait à 5h00 et rentrait à 19 voir 20h. Ils avaient des horaires de folie, papa bossait sur des chantiers et ma mère enchainait deux boulots, d’abord dans une usine, puis comme serveuse. Et à eux deux ils ne gagnaient pourtant qu’une misère … J’avais très vite compris que ma vie serait merdique, avant l’arrivé de Lily-Kay, nous vivions à trois dans une vieille caravane pourris sur un terrain vague, et lorsque la mairie avait fait évacuer ce camps improvisé, nous avions dû emménager dans l’une des grandes tours où s’entassait les pauvres. Quelle chance … résultat mes parents bossaient deux fois plus pour payer le loyer, la bouffe et de quoi vivre un minimum décemment. En période de vacance, leur absence se faisait ressentir, le seul fait qu’il me laisse leur deuxième mioche dans les pattes me gâchait la vie, on vivait déjà comme des chiens mais malgré ça, ils avaient choisis de faire un deuxième gosse, comme si on avait besoin d’une bouche de plus à nourrir …
Avant c’était la voisine qui gardait Lily-Kay mais avec le temps mes parents me considérait qu’à 14 ans j’étais assez grand pour le faire et ça leur faisait économiser 3 sous … Sauf que moi j’avais autre chose à foutre que de garder un œil sur une pisseuse, 2 ans auparavant, j’avais trouvé un petit boulot, Trent, l’un des grands du quartier avait accepté que je boss pour lui, au début je faisais le gay lorsqu’il trafiquait dans les cages d’escaliers et avec le temps j’étais monté en grande, j’étais carrément revendeur, ça rapportais plus ! Avec l’argent que je gagnais je m’achetais des clopes, et je payais mes doses aussi. A l’école, la maitresse s’inquiétait pour moi, j’étais souvent défoncé mais ce qu’elle ne comprenait pas c’était qu’il n’y a qu’avec une dose dans le nez ou dans le bras que j’arrivais à supporter ma vie. Quand je voyais ces séries à la télé où les gosses étaient dans des écoles de luxe, se baladaient en limousine et étaient habillés en uniforme de bourge, ça me faisait gerber, la réalité était loin d’être aussi joyeuse ! Je m’étais promis de partir de Détroit, il n’y avait rien à gagner à rester dans cette ville, c’était le ghetto et la misère. Moi je voulais partir à Los Angeles. Trent avait un plan, il connaissait des gens là-bas, et il était prêt à m’amener avec lui, fini la vie de merde, à nous la côte Ouest, le soleil, la belle vie. Les trafics rapportaient encore plus là-bas et je montrais vite en grade, je donnerais bientôt des ordres à des gamins qui bosseraient pour moi. C’était ça mon rêve ! Gagner un max de fric et me payer tous ce que je voulais. Je m’en foutais de quitter mes parents, pour ce qu’ils en avaient à faire de ma gueule de toute façon, je manquerais à personne ici. Le départ était prévu pour le mois d’après, juste avant la reprise des cours.
La pisseuse me sortie de mes rêveries, j’étais tranquillement allongé sur le lit en imaginant ma vie de rêve quand elle me sauta dessus. Je mis plusieurs minutes à reprendre mes esprits, j’embarquais la mioche sous le bras et retournais au salon, je la collais une nouvelle fois devant la télé avec un bol de céréale, j’allais ensuite chercher des feuilles et ces crayons pour qu’elle s’occupe sans me faire chier. Je reçus ensuite un appel, Trent m’avait carrément donné un portable pour me remercier de mes services, je prenais chaque jour un peu plus d’importance. Il me donnait rendez-vous pour le boulot, j’allais enfin pouvoir quitter l’enfer de cet appart’.
J’apportais une bouteille d’eau au salon, des gâteaux et des jouets pour que la gosse puisse s’occuper, elle n’avait besoin de personne pour jouer et de toute manière je ne jouais jamais avec elle. Je pris mon blouson, mon téléphone et je quittais l’appartement. Quelques minutes après, j’arrivais en bas du QG de la bande, je retrouvais mes potes et Trent. Il nous informa alors d’une livraison prochaine, il fallait qu’on s’organise pour la réception, qu’on prévoit une patrouille de surveillance pour les flics et un roulement pour disperser la came aux endroits habituels. C’était la deuxième fois que j’étais dans le coup, ce n’était pas une blague, Trent me montrait qu’il avait confiance en moi, et si je faisais bien mon boulot, je pourrais gérer mon propre secteur.
Une fois le plan mis en place, Trent nous laissa notre après-midi, et un avant goût de la livraison que nous décidâmes alors de partager et de tester immédiatement. A peine la poudre blanche entrait dans mes narines que cette sensation de flottement se fit ressentir. J’avais l’impression de voler, je pouvais faire tout ce que je voulais dans ces moments-là, rien ne m’était impossible ! Allongé dans l’herbe alentour aux grandes tours du quartier, nous étions là, étendus, une bande d’ado profitant de leur vacance à leur manière. Rien ne pouvait nous déranger. Du moins c’est ce que je croyais. Je mis plusieurs secondes à réaliser que mon téléphone vibrait dans ma poche. Le temps s’écoulait au ralenti dans mes moments de détente. Alors que je décrochais, la voix au bout du fils parlait très vite, trop vite, je ne comprenais rien, je demandais à deux reprises que la personne répète, puis je compris seulement une partie de sa phrase, accident et fillette. Je ne savais pas encore bien ce qui se passait mais je me dis alors que je devrais peut-être rentrer pour voir, je n’avais rien compris, mais en face à face, ça irait probablement mieux. Je saluais alors mes camarades et pris le chemin du retour.
J’avançais en titubant, je n’avais pas encore complètement absorbé la substance qui me rendait si « joyeux ». A quelques mètres de mon immeuble, j’apercevais une foule inhabituelle, des voitures partout, des sirènes, des gens couraient pour voir ce qui se passaient, de nouvelles voitures arrivaient, c’était la folie, je commençais à me dire qu’il c’était vraiment passé un truc. Je bousculais pas mal de monde pour enfin voir la situation, au pied de la bâtisse se trouvait une ambulance, des pompiers, des policiers, tous semblaient émus, et soudain je l’aperçu … Une civière avec un petit corps dessus recouvert intégralement d’une couverture comme dans les films quand quelqu’un meurt. Et c’est là que j’ai réellement repris mes esprits, au téléphone j’avais entendu accident, petite fille, grave, et tout ce mis alors en place dans ma tête. « LILY ! » avais-je alors crié sans vraiment m’en rendre compte, je passais la zone de police et couru en direction de l’ambulance, très vite je fus retenu par deux hommes, on me demanda qui j’étais, et ce fut ma voisine qui répondis. Elle était en pleure dans les bras d’un agent de police, très rapidement je fus amené à l’écart de la foule, ma tête tournait très vite, et les questions des policiers étaient flous, je n’entendais qu’un mot sur cinq. « Où est Lily, je veux la voir, qu’est-ce qui s’est passé ? » Je posais les mêmes questions en boucle, mais personne ne me répondais, je ne recevais que d’autre question en retour « où est-ce que j’étais cette après-midi, qu’est-ce que j’avais fait, qui gardait ma sœur … » Ce n’est qu’après avoir répété une centième fois mes questions que l’inspecteur en face de moi me répondis sèchement. « Lily est morte. »
Je ne compris pas tout de suite ce qui se passait, mes genoux me lâchèrent et je tombais à terre. Morte … Ce mot résonnait dans ma tête tel un coup de marteau. Ce n’était pas possible, je l’avais laissé avec des feuilles, des crayons et la télé, je faisais ça tout le temps et il n’y avait jamais de problème ! Le policier commença alors à s’énerver, il haussa le ton et me pris par le bras, je sentis alors les menottes encercler mes poignets, que se passait-il ? Je ne comprenais pas ce qu’on me reprochait …
Arrivé au poste de police, c’est un autre agent qui s’occupa de moi, il avait la mine à la fois d’un mec en colère et complètement dépité. Cette fois j’avais complètement repris mes esprits, l’homme commença alors. « A 15h12 cette après-midi, madame Alvarez, ta voisine a appelée police secours, elle hurlait, elle pleurait, on a mis un petit moment à comprendre ces paroles. Elle nous a dit avoir entendu un cri strident, puis plus rien, machinalement elle s’est rendu à sa fenêtre et à entendu des gens hurler dans la rue, en baissant les yeux elle a alors aperçu un corps étendu par terre. Ce corps c’était celui de Lily-Kay Underwood, ta petite sœur. Elle est donc immédiatement allé à votre appartement mais il n’y avait personne, la porte était fermé à clé. Son mari l’a alors défoncé pour entrer, et imagine son horreur en découvrant l’appartement vide. » J’écoutais attentivement ce que me racontait le policier, j’essayais de comprendre ce qui c’était passé et surtout ce qu’il attendait de moi, je le compris assez rapidement. « Peux-tu m’expliquer comment une fillette de 4 ans, se retrouve seule dans un appartement, sans surveillance, avec des objets dangereux et une fenêtre grande ouverte ? » lança t-il enfin en me crachant sa colère au visage. La fenêtre, c’était donc ça, maman ouvrait toujours la fenêtre le matin, et d’habitude je la fermais avant de partir, j’avais du oublier cette fois. « Normalement je la ferme la fenêtre, mais j’ai du oublier, j’ai pas fait exprès. » répondis-je bêtement. Je ne m’attendais pas à ce qu’il me félicite mais sa réaction me choqua fortement. « Normalement ? Comment ça normalement ? Tu laisse souvent ta sœur toute seule ? » Il semblait excédé, je ne comprenais toujours pas pourquoi. « Bah quand je sors retrouver mes copains, je peux pas l’amener, elle est trop petite et elle est chiante, mais je lui laisse toujours à boire, à manger et de quoi s’occuper jusqu’à ce que je rentre. » répondis-je de bonne foie. Je faisais le plus attention possible à ce qu’elle ne manque de rien, mais l’agent ne semblait pas très satisfait de ma réponse. Il se leva fin énervé et quitta la pièce. J’entendis simplement des jurons lorsqu’il passa la porte, et je me retrouvais alors seul, dans cette drôle de pièce au commissariat.
Je restais un long moment ainsi, je ne sais pas vraiment ce qu’ils attendaient tous de moi, ni même ce que je faisais encore là, j’avais juste envie de rentrer chez moi, et de plus en plus le manque se faisait ressentir, il fallait que je prenne quelque chose, mais personne ne semblait se soucier de moi.
Après ce que je considérais comme plusieurs heures, la porte s’ouvrit de nouveau sur mes parents, je me levais pour aller vers eux lorsque mon père plus furieux que jamais me colla la plus mémorable gifle de toute mon existence, ma mère était en pleure, elle tenait à peine debout et ne me regardait pas dans les yeux. Mon père pris alors la parole, je ne l’avais jamais vu dans cet état. « Mais bordel Jeremiah, où étais-tu, qu’est-ce que t’a foutu !!! » Je ne savais pas très bien s’il attendait une réponse ou non de ma part, il n’arrivait même plus à parler, il prit sa tête dans ces mains et retourna à côté de maman. J’étais perdu, eux aussi était en colère contre moi, ce n’était pas ma faute, je n’avais jamais voulu ça.
Quelques minutes après le policier revint dans la pièce, il expliqua alors que les premières analyses de sang montraient des traces de drogues. Tous les regards convergèrent alors vers moi, je ne savais pas quoi faire, parler ou non, faire quelque chose ou rien du tout. Je n’avais même pas vu qu’ils avaient pris mon sang, mais je n’étais pas totalement moi-même. Ma mère était au plus mal, de la voir ainsi pleurer à ne plus tenir debout me faisait mal au cœur, mon père quand à lui oscillait entre rage et déception. Il n’arrêtait pas de répéter. « Mais qu’est-ce qu’on à fait pour mériter ça. » Mériter quoi ? Je ne comprenais rien et personne ne m’expliquait rien. Très vite mes parents quittèrent la pièce, à ce moment-là je ne le savais pas, mais c’était la dernière fois que je les voyais, et les derniers mots que j’entendis dans la bouche de mon père furent « Je n’ai plus d’enfants, je les perdu les deux aujourd’hui ! ». Et après ce moment des plus marquants, je me retrouvais de nouveau face à face avec l’inspecteur. Je n’entendais plus un mot. Je m’étais fermé, plus l’homme parlait, plus je m’éloignais. Mes pensés naviguaient dans tous les sens, je pensais à Lily-Kay le matin même, à ma mère me disant au revoir, une journée tout ce qu’il y avait de plus banal. Et puis ce coup de téléphone, ces ambulances … Comment tout avait-il pu basculer si vite … Je revoyais cette fenêtre ouverte, pourquoi je ne l’avais pas fermé ? Après tout si je l’avais fait, rien de tout cela ne se serait produit, je n’aurais jamais eu ce coup de téléphone, je n’aurais jamais retrouvé les ambulances en bas de chez moi, mes parents ne seraient pas aussi en colère et déçus, je ne serais pas dans ce commissariat en face de se policier, Lily-Kay serait toujours vivante …. Et c’est à ce moment-là, juste là que tout eu un sens, que je compris enfin … C’était ma faute ! Si tout le monde était énervé après moi, si tout le monde me criait dessus c’était parce que tout cela était arrivé à cause de moi, parce que je n’avais pas fermé cette putin de fenêtre et que j’étais parti … J’avais tué ma sœur … Des larmes commencèrent à couler sur mes joues, la pièce se mit à tourner autour de moi, et le noir recouvra alors ma vu … Tout avait un sens à présent et le retour à la réalité fut très dur à encaisser du haut de mes 14 ans …
Je ne faisais jamais la bouffe, pas mon genre et ça me faisait chier, heureusement maman préparait toujours un truc à passer au micro onde avant de partir, aucun de nos parents n’avait le temps de rentrer le midi, papa partait à 4h30 et rentrait à 16h, maman partait à 5h00 et rentrait à 19 voir 20h. Ils avaient des horaires de folie, papa bossait sur des chantiers et ma mère enchainait deux boulots, d’abord dans une usine, puis comme serveuse. Et à eux deux ils ne gagnaient pourtant qu’une misère … J’avais très vite compris que ma vie serait merdique, avant l’arrivé de Lily-Kay, nous vivions à trois dans une vieille caravane pourris sur un terrain vague, et lorsque la mairie avait fait évacuer ce camps improvisé, nous avions dû emménager dans l’une des grandes tours où s’entassait les pauvres. Quelle chance … résultat mes parents bossaient deux fois plus pour payer le loyer, la bouffe et de quoi vivre un minimum décemment. En période de vacance, leur absence se faisait ressentir, le seul fait qu’il me laisse leur deuxième mioche dans les pattes me gâchait la vie, on vivait déjà comme des chiens mais malgré ça, ils avaient choisis de faire un deuxième gosse, comme si on avait besoin d’une bouche de plus à nourrir …
Avant c’était la voisine qui gardait Lily-Kay mais avec le temps mes parents me considérait qu’à 14 ans j’étais assez grand pour le faire et ça leur faisait économiser 3 sous … Sauf que moi j’avais autre chose à foutre que de garder un œil sur une pisseuse, 2 ans auparavant, j’avais trouvé un petit boulot, Trent, l’un des grands du quartier avait accepté que je boss pour lui, au début je faisais le gay lorsqu’il trafiquait dans les cages d’escaliers et avec le temps j’étais monté en grande, j’étais carrément revendeur, ça rapportais plus ! Avec l’argent que je gagnais je m’achetais des clopes, et je payais mes doses aussi. A l’école, la maitresse s’inquiétait pour moi, j’étais souvent défoncé mais ce qu’elle ne comprenait pas c’était qu’il n’y a qu’avec une dose dans le nez ou dans le bras que j’arrivais à supporter ma vie. Quand je voyais ces séries à la télé où les gosses étaient dans des écoles de luxe, se baladaient en limousine et étaient habillés en uniforme de bourge, ça me faisait gerber, la réalité était loin d’être aussi joyeuse ! Je m’étais promis de partir de Détroit, il n’y avait rien à gagner à rester dans cette ville, c’était le ghetto et la misère. Moi je voulais partir à Los Angeles. Trent avait un plan, il connaissait des gens là-bas, et il était prêt à m’amener avec lui, fini la vie de merde, à nous la côte Ouest, le soleil, la belle vie. Les trafics rapportaient encore plus là-bas et je montrais vite en grade, je donnerais bientôt des ordres à des gamins qui bosseraient pour moi. C’était ça mon rêve ! Gagner un max de fric et me payer tous ce que je voulais. Je m’en foutais de quitter mes parents, pour ce qu’ils en avaient à faire de ma gueule de toute façon, je manquerais à personne ici. Le départ était prévu pour le mois d’après, juste avant la reprise des cours.
La pisseuse me sortie de mes rêveries, j’étais tranquillement allongé sur le lit en imaginant ma vie de rêve quand elle me sauta dessus. Je mis plusieurs minutes à reprendre mes esprits, j’embarquais la mioche sous le bras et retournais au salon, je la collais une nouvelle fois devant la télé avec un bol de céréale, j’allais ensuite chercher des feuilles et ces crayons pour qu’elle s’occupe sans me faire chier. Je reçus ensuite un appel, Trent m’avait carrément donné un portable pour me remercier de mes services, je prenais chaque jour un peu plus d’importance. Il me donnait rendez-vous pour le boulot, j’allais enfin pouvoir quitter l’enfer de cet appart’.
J’apportais une bouteille d’eau au salon, des gâteaux et des jouets pour que la gosse puisse s’occuper, elle n’avait besoin de personne pour jouer et de toute manière je ne jouais jamais avec elle. Je pris mon blouson, mon téléphone et je quittais l’appartement. Quelques minutes après, j’arrivais en bas du QG de la bande, je retrouvais mes potes et Trent. Il nous informa alors d’une livraison prochaine, il fallait qu’on s’organise pour la réception, qu’on prévoit une patrouille de surveillance pour les flics et un roulement pour disperser la came aux endroits habituels. C’était la deuxième fois que j’étais dans le coup, ce n’était pas une blague, Trent me montrait qu’il avait confiance en moi, et si je faisais bien mon boulot, je pourrais gérer mon propre secteur.
Une fois le plan mis en place, Trent nous laissa notre après-midi, et un avant goût de la livraison que nous décidâmes alors de partager et de tester immédiatement. A peine la poudre blanche entrait dans mes narines que cette sensation de flottement se fit ressentir. J’avais l’impression de voler, je pouvais faire tout ce que je voulais dans ces moments-là, rien ne m’était impossible ! Allongé dans l’herbe alentour aux grandes tours du quartier, nous étions là, étendus, une bande d’ado profitant de leur vacance à leur manière. Rien ne pouvait nous déranger. Du moins c’est ce que je croyais. Je mis plusieurs secondes à réaliser que mon téléphone vibrait dans ma poche. Le temps s’écoulait au ralenti dans mes moments de détente. Alors que je décrochais, la voix au bout du fils parlait très vite, trop vite, je ne comprenais rien, je demandais à deux reprises que la personne répète, puis je compris seulement une partie de sa phrase, accident et fillette. Je ne savais pas encore bien ce qui se passait mais je me dis alors que je devrais peut-être rentrer pour voir, je n’avais rien compris, mais en face à face, ça irait probablement mieux. Je saluais alors mes camarades et pris le chemin du retour.
J’avançais en titubant, je n’avais pas encore complètement absorbé la substance qui me rendait si « joyeux ». A quelques mètres de mon immeuble, j’apercevais une foule inhabituelle, des voitures partout, des sirènes, des gens couraient pour voir ce qui se passaient, de nouvelles voitures arrivaient, c’était la folie, je commençais à me dire qu’il c’était vraiment passé un truc. Je bousculais pas mal de monde pour enfin voir la situation, au pied de la bâtisse se trouvait une ambulance, des pompiers, des policiers, tous semblaient émus, et soudain je l’aperçu … Une civière avec un petit corps dessus recouvert intégralement d’une couverture comme dans les films quand quelqu’un meurt. Et c’est là que j’ai réellement repris mes esprits, au téléphone j’avais entendu accident, petite fille, grave, et tout ce mis alors en place dans ma tête. « LILY ! » avais-je alors crié sans vraiment m’en rendre compte, je passais la zone de police et couru en direction de l’ambulance, très vite je fus retenu par deux hommes, on me demanda qui j’étais, et ce fut ma voisine qui répondis. Elle était en pleure dans les bras d’un agent de police, très rapidement je fus amené à l’écart de la foule, ma tête tournait très vite, et les questions des policiers étaient flous, je n’entendais qu’un mot sur cinq. « Où est Lily, je veux la voir, qu’est-ce qui s’est passé ? » Je posais les mêmes questions en boucle, mais personne ne me répondais, je ne recevais que d’autre question en retour « où est-ce que j’étais cette après-midi, qu’est-ce que j’avais fait, qui gardait ma sœur … » Ce n’est qu’après avoir répété une centième fois mes questions que l’inspecteur en face de moi me répondis sèchement. « Lily est morte. »
Je ne compris pas tout de suite ce qui se passait, mes genoux me lâchèrent et je tombais à terre. Morte … Ce mot résonnait dans ma tête tel un coup de marteau. Ce n’était pas possible, je l’avais laissé avec des feuilles, des crayons et la télé, je faisais ça tout le temps et il n’y avait jamais de problème ! Le policier commença alors à s’énerver, il haussa le ton et me pris par le bras, je sentis alors les menottes encercler mes poignets, que se passait-il ? Je ne comprenais pas ce qu’on me reprochait …
Arrivé au poste de police, c’est un autre agent qui s’occupa de moi, il avait la mine à la fois d’un mec en colère et complètement dépité. Cette fois j’avais complètement repris mes esprits, l’homme commença alors. « A 15h12 cette après-midi, madame Alvarez, ta voisine a appelée police secours, elle hurlait, elle pleurait, on a mis un petit moment à comprendre ces paroles. Elle nous a dit avoir entendu un cri strident, puis plus rien, machinalement elle s’est rendu à sa fenêtre et à entendu des gens hurler dans la rue, en baissant les yeux elle a alors aperçu un corps étendu par terre. Ce corps c’était celui de Lily-Kay Underwood, ta petite sœur. Elle est donc immédiatement allé à votre appartement mais il n’y avait personne, la porte était fermé à clé. Son mari l’a alors défoncé pour entrer, et imagine son horreur en découvrant l’appartement vide. » J’écoutais attentivement ce que me racontait le policier, j’essayais de comprendre ce qui c’était passé et surtout ce qu’il attendait de moi, je le compris assez rapidement. « Peux-tu m’expliquer comment une fillette de 4 ans, se retrouve seule dans un appartement, sans surveillance, avec des objets dangereux et une fenêtre grande ouverte ? » lança t-il enfin en me crachant sa colère au visage. La fenêtre, c’était donc ça, maman ouvrait toujours la fenêtre le matin, et d’habitude je la fermais avant de partir, j’avais du oublier cette fois. « Normalement je la ferme la fenêtre, mais j’ai du oublier, j’ai pas fait exprès. » répondis-je bêtement. Je ne m’attendais pas à ce qu’il me félicite mais sa réaction me choqua fortement. « Normalement ? Comment ça normalement ? Tu laisse souvent ta sœur toute seule ? » Il semblait excédé, je ne comprenais toujours pas pourquoi. « Bah quand je sors retrouver mes copains, je peux pas l’amener, elle est trop petite et elle est chiante, mais je lui laisse toujours à boire, à manger et de quoi s’occuper jusqu’à ce que je rentre. » répondis-je de bonne foie. Je faisais le plus attention possible à ce qu’elle ne manque de rien, mais l’agent ne semblait pas très satisfait de ma réponse. Il se leva fin énervé et quitta la pièce. J’entendis simplement des jurons lorsqu’il passa la porte, et je me retrouvais alors seul, dans cette drôle de pièce au commissariat.
Je restais un long moment ainsi, je ne sais pas vraiment ce qu’ils attendaient tous de moi, ni même ce que je faisais encore là, j’avais juste envie de rentrer chez moi, et de plus en plus le manque se faisait ressentir, il fallait que je prenne quelque chose, mais personne ne semblait se soucier de moi.
Après ce que je considérais comme plusieurs heures, la porte s’ouvrit de nouveau sur mes parents, je me levais pour aller vers eux lorsque mon père plus furieux que jamais me colla la plus mémorable gifle de toute mon existence, ma mère était en pleure, elle tenait à peine debout et ne me regardait pas dans les yeux. Mon père pris alors la parole, je ne l’avais jamais vu dans cet état. « Mais bordel Jeremiah, où étais-tu, qu’est-ce que t’a foutu !!! » Je ne savais pas très bien s’il attendait une réponse ou non de ma part, il n’arrivait même plus à parler, il prit sa tête dans ces mains et retourna à côté de maman. J’étais perdu, eux aussi était en colère contre moi, ce n’était pas ma faute, je n’avais jamais voulu ça.
Quelques minutes après le policier revint dans la pièce, il expliqua alors que les premières analyses de sang montraient des traces de drogues. Tous les regards convergèrent alors vers moi, je ne savais pas quoi faire, parler ou non, faire quelque chose ou rien du tout. Je n’avais même pas vu qu’ils avaient pris mon sang, mais je n’étais pas totalement moi-même. Ma mère était au plus mal, de la voir ainsi pleurer à ne plus tenir debout me faisait mal au cœur, mon père quand à lui oscillait entre rage et déception. Il n’arrêtait pas de répéter. « Mais qu’est-ce qu’on à fait pour mériter ça. » Mériter quoi ? Je ne comprenais rien et personne ne m’expliquait rien. Très vite mes parents quittèrent la pièce, à ce moment-là je ne le savais pas, mais c’était la dernière fois que je les voyais, et les derniers mots que j’entendis dans la bouche de mon père furent « Je n’ai plus d’enfants, je les perdu les deux aujourd’hui ! ». Et après ce moment des plus marquants, je me retrouvais de nouveau face à face avec l’inspecteur. Je n’entendais plus un mot. Je m’étais fermé, plus l’homme parlait, plus je m’éloignais. Mes pensés naviguaient dans tous les sens, je pensais à Lily-Kay le matin même, à ma mère me disant au revoir, une journée tout ce qu’il y avait de plus banal. Et puis ce coup de téléphone, ces ambulances … Comment tout avait-il pu basculer si vite … Je revoyais cette fenêtre ouverte, pourquoi je ne l’avais pas fermé ? Après tout si je l’avais fait, rien de tout cela ne se serait produit, je n’aurais jamais eu ce coup de téléphone, je n’aurais jamais retrouvé les ambulances en bas de chez moi, mes parents ne seraient pas aussi en colère et déçus, je ne serais pas dans ce commissariat en face de se policier, Lily-Kay serait toujours vivante …. Et c’est à ce moment-là, juste là que tout eu un sens, que je compris enfin … C’était ma faute ! Si tout le monde était énervé après moi, si tout le monde me criait dessus c’était parce que tout cela était arrivé à cause de moi, parce que je n’avais pas fermé cette putin de fenêtre et que j’étais parti … J’avais tué ma sœur … Des larmes commencèrent à couler sur mes joues, la pièce se mit à tourner autour de moi, et le noir recouvra alors ma vu … Tout avait un sens à présent et le retour à la réalité fut très dur à encaisser du haut de mes 14 ans …
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