feat. @Kai Wertheimer — Le Summer Camp a si bien commencé. Le temps est au rendez-vous, les soirées sont amusantes et divertissantes, et toi et moi nous sommes vus à quelques reprises. Brièvement, peut-être, et ceci est le mot clé. Ce soir, nous nous sommes croisés au détour d'une soirée. Tes mains ont attrapé mes bras, ton regard m'a contaminé comme à l'accoutumé. Je n'arrivais pas à détacher mes yeux de toi tant ta simple présence m'aide à oublier les maux qui m'assaillent quasi au quotidien. C'est à se demander comment j'ai fait depuis notre rupture. On dit que l'amour ne guérit pas de nos problèmes, ni de nos traumatismes et j'aurai tant voulu que ce soit vrai. Pourtant, la vie n'est en rien une fiction, et seul nous-mêmes sommes maîtres et maîtresses de notre propre salut. J'aurai du pensé à la distance prise avec mon thérapeute, au changement brutal de décor, à l'isolement dans un contexte social. Que des choses ayant nourri mes triggers à mesure que les jours se sont succédés. Et ce soir, alors que nous nous sommes dits que nous nous retrouvions plus tard, je t'aperçois vivre l'instant présent, charmer les anges en ta présence. Je ne peux ignorer le pincement que j'ai au coeur mais c'est en voyant mes acolytes entrer dans la même trans sous alcool que l'introspection se fait douloureuse. Je peux sentir l'angoisse monter, la musique trop forte m'assourdir, la présence trop pesante des convives autour de moi. Et les effluves de boissons autour de moi me tendent. Je ne me rends même pas compte que mon amie me tend un cocktail, naïf de penser qu'une personne alcoolisée veut toujours notre bien. Elle rigole alors que les gorgées se succèdent. Je comprends et j'ai fauté.
Deux heures sont passées et je me retrouve à sortir de la soirée, dehors à proximité du port juste en face. Il n'y a que quelques mètres. Le brouhaha de la musique dépassée, le silence qu'offre naturellement la nuit m'apaise. Mais ce qui m'apaise le plus est cette sensation d'être libre, obtenue seulement à me rendre presque ivre. La tête tangue un peu mais les pensées sombres sont enterrées, l'angoisse est tombée et à la mer s'est noyée. Une voix raisonne derrière moi et, me retournant, cocktail à la main, je retrouve ce faciès qui m'apporte tant de réconfort. ❝ Tiens, tiens, tiens, ça serait pas le beau gosse parmi les beaux gosses ? ❞ Mon sourire est entier mais ma démarche n'est pas entièrement coordonnée. Pour le coup, je m'en fiche d'être cramé, mon état ne me permet pas d'être en accord avec mon moi sobre. ❝ Tu viens fumer une clope ? ❞ Je me rapproche à m'appuyer contre ton torse en te regardant avec insistance. ❝ Ou t'es venu prendre l'air ? ❞
(Eben Wolford)
I repair myself