Trouvé - Antoine

Il avait lancé ça entre deux messages, mais je ne pense pas qu’il s’attendais véritablement à ce que je le trouve, après tout Boston c’était vaste. Peut-être qu’il pensait que j’allais l’attendre devant son travail l’air de rien, mais c’était bien trop communs à mon goût. J’avais usé de mes compétences pour trouver son adresse, mais encore une fois l’attendre juste devant chez lui c’était trop banal. J’avais analysé l’immeuble et je voulais être sûr de ne pas me tromper d’appartement. Ça faisait que quelques semaines que j’avais retrouvé toutes les capacités de mon genou, mais je ne m’étais pas encore véritablement testé à reprendre le parkour. J’analyse le chemin pour grimper jusqu’à sa fenêtre, une chance sur deux de me tromper et de tomber sur des embrouilles. J’escalade son immeuble et parviens jusqu’à sa fenêtre et ce qui semble être sa chambre en tout cas, j'ouvre la fenêtre de l’extérieur et me glisse à l’intérieur. Je prends quelques instants pour fouiller sur son bureau, m’assurer que je vois son nom quelques part et que je suis au bon endroit. J’arrive à tomber sur des documents portant son nom et je souris. J’espérais qu’il ne tarderait pas, je m’installe sur son lit, oui j’ai toujours autant de culot. Heureusement pour moi je n’attends pas longtemps, quelqu’un ouvre la porte et une fois que j’ai aperçu son visage “La première fois qu’on s'est rencontré tu m’as dit mot pour mot que tu me pardonnerais tous mes retards”

Sourire aux lèvres en fermant la porte du bureau, j’apprécie combien il est plaisant de travailler sans tyran dans les parages. J’aimerais que l’été ne se termine jamais ! Il ne faisait certes que de commencer, mais je sais, que comme chaque année, il va passer à une vitesse bien trop grande pour moi. Un battement de paupières, Juillet serait là, un deuxième, Aout, un troisième, et ça serait la rentrée. Les bonnes choses sont toujours de courtes durées, raison pour laquelle je devais en profiter autant que possible. Autant dire que cette semaine, je n’ai pas compté mes heures, emporté par la passion par la joie de faire ce que j’aime faire. Mais je ne pouvais pas non plus rester jusqu’à pas d’heure, déjà parce que les lieux ne le permettait pas, mais en plus, parce que mon corps ne tiendrait pas pas la distance si je ne m’imposais pas certaines limites, annoncées par mon téléphone à heure fixe, simplement pour me rappeler de profiter également de la vie qui m’attendait hors de ces murs.

Je pousse doucement la porte de l’appartement, laisse à l'entrée mes chaussures et quelques affaires. « Baptiste, t’es rentré ? » Le silence qui règne dans les lieux semble indiquer que non. Bon, j’allais devoir me débrouiller tout seul un jour de plus. Je traverse le couloir jusqu’à ma chambre et en pousse la porte avant d’avoir un cri de surprise et un mouvement de recul, trop précipité qui me déséquilibre et me fait chuter. Les fesses sur le sol, je relève quand même la tête vers la personne qui se trouve au milieu de la pièce. « Jared ? » Comment il était arrivé jusqu’ici ? « Putain mais la frousse ! Les retards oui, mais pas les effractions ! Comment t’as fait pour rentrer ? » Le ton n’est pas agressif, mais empli de surprise. Je ne m’attendais pas un instant à le voir débarquer ici.

Ça remue dans l’appartement et je me remémore nos rencontres juste pour m’assurer que je n’avais pas omis un détail du genre champion de karaté ou de nunchaku on ne sait jamais en fait. Dire que je suis serein à cet instant serais mentir j’ai le palpitant qui s’agite, si j’étais cardiaque et si Antoine était cardiaque ? Merde je n’avais pas pensé à cette option c’est quoi déjà la chanson pour le massage ? Putain je sais plus. Ah si ! Stayin alive ! Je connais les paroles ? On improvisera. La porte s’ouvre, je me manifeste sans attendre. Entendre le cri du jeune homme me fais déjà rire, mais quand ce dernier atterris le cul par terre j’ai un vrai fou rire. Je me lève du lit “Désolé” dis-je entre deux ricanements à grand pas je vais jusqu’à lui pour l’aider à se relever “Tu vas bien ?” je souffle pour me calmer en lui tendant la main “Je n’aime pas dévoiler mes secrets, mais je suis passé par ta fenêtre de chambre” dis-je fièrement avant de réfléchir quelques instants et de demander inquiet “Tu m’en veux ?” C'est vrai que les êtres humains normalement constituer ne rentrait pas par effraction pour surprendre quelqu'un, enfin je crois pas "Je te dérange pas... ?"

Je suis sur le cul en voyant Jared dans ma chambre. Littéralement. A aucun moment je n’aurais pensé le voir là, directement chez moi, comme si lui aussi vivait ici. La main sur la poitrine, je reprends doucement mon souffle, alors que mon cœur tambourine violemment contre ma  cage thoracique. Jared par contre, ça semble le faire rire. Ce que je peux comprendre. A sa place, sûrement que je rirais aussi. J’attrape la main qu’il me tend pour m’aider à me relever et me remets sur mes deux pieds avant de réajuster ma tenue. « T’en fais pas, ça va. C’est juste que je m’attendais pas à te trouver ici. » Chez moi, dans ma chambre, sans invitation. Son intrusion reste un mystère sur lequel je l’interroge rapidement. Comment avait-il fait pour rentrer ici ? Je l’observe avec de grands yeux lorsqu’il m’annonce la réponse. Par la fenêtre ? Sérieusement ? Je traverse la pièce pour aller jusqu’à celle-ci, l’ouvrant et me penchant légèrement au-dessus pour évaluer la hauteur. « T’es en train de me dire que t’as escaladé l’immeuble jusque là ? » Je pensais pas vraiment que c’était faisable. Ca me donnait presque le vertige. « C’est… Wouah. Impressionnant. » Je me recule un peu et referme la fenêtre. « Ne t’en fais pas, je ne suis pas fâché. Je t’avais mis au défi de me trouver, et tu as réussi. » De la façon la plus inattendue possible, mais il avait réussi. « Bon par contre, je vais songer à installer un verrou là-dessus par précaution. » Je tapote légèrement la vitre de la fenêtre en riant. Je n’aurais jamais cru qu’on puisse entrer par effraction ici si facilement. « Pas du tout, je viens de rentrer du boulot. Tu veux boire ou manger quelque chose ? »

Il m’avait lancé un défié et je l’avais relevé, il n’avait pas défini de règle, ni de limite à ne pas franchir autant dire que j’avais carte blanche et l’entrée par effraction dans sa chambre ça devais être l’action illégale la moins grave que j’ai pu faire et qui ne m’apporterais pas de soucis, enfin je crois ? Il semble stupéfait par le trajet que j’ai emprunté et ça me fais sourire, je hausse les épaules l’air nonchalant “Je suis un petit singe c'est mon secret” Loin de moi l’idée d’avoir voulus l’inquiéter en prouvant que n’importe qui pouvait monter jusqu’ici, parce que c’était loin d’être les cas, des années d’entrainement pour réussir à monter sans chuter et je pense que mon niveau était d’ailleurs très bas par rapport à certain professionnel. “A dix ans j’ai crus que je savais voler, j’ai sauté d’un arbre en battant des bras et je me suis écrasé par terre, je t’épargne les détails des blessures” puis je le regarde de haut en bas, agitant mon doigt devant lui comme on fait pour un enfant “Je te déconseille d’essayer monsieur catastrophe” manquerais plus que l’idée lui traverse la tête, qu’il prenne ça pour un défi, je ne voulais pas la responsabilité de ses blessures “Ne t’en fais pas je ne vais pas débarquer ici en plein nuit pendant que tu dors, je ne rentre pas sans invitation ou moitié d’invitation” on pouvait appeler ça comme ça non ? Je n’étais pas très sûr. Je souris à sa question “Etant donné que tu sors du boulot, que tu as faillis avoir un infarctus de ma faute, peut être que je pourrais cuisiner pour toi si tu me laisse accès à ta cuisine ?” le sourire est timide “Juste histoire de me faire pardonner ?”

(Invité)