(one shot; TW) Nokia fucked me up

TW : enlèvement, séquestration, violence physique.
Nokia, du 29 juin au 2 juillet 2022.

Une supplication de ta mère biologique et t'as fini par céder pour rentrer avec elle dans ton pays de naissance, rencontrer cette famille dans laquelle tu n'as jamais eu ta place. Quitter tout ce que tu connais, abandonner tes préjugés, faire taire les angoisses sur comment tu vas être accueillie par ces inconnus qui te connaissent déjà, visiblement. Ton père biologique, tes frères et soeurs biologiques, tes grands-parents aussi, visiblement. Avoir trop de questions à poser et ne pas parler un seul mot de finnois.
Ta génitrice à tes côtés dans l'aéroport, tout le monde autour de toi est trop aimable, t'es pas habituée à tout ça. Le choc des cultures qui s'affrontent. Un taxi vous prend en charge jusqu'à l'adresse indiquée par celle qui parle la langue. Toi, tu découvres les paysages en attendant.

Une petite maison typique de la ville, qui porte des banderoles de bienvenue sur l'arche de l'entrée. Le coeur qui manque de sortir de ta poitrine, au point de mettre un peu de temps avant de quitter le taxi pour récupérer tes bagages dans le coffre. Toi, pourtant si assurée habituellement, tu ne fais pas preuve d'une grande confiance à cet instant précis. Pourtant, il te faut faire preuve de courage pour affronter l'inconnu qui attend ton arrivée de l'autre côté de la porte d'entrée. Bagages en main, tu avances dans l'allée aux côtés de cette femme qui t'a donné la vie, prête à découvrir enfin cette vie que tu n'as pas connue.

Ils sont tous là. Huit individus inconnus au bataillon, prêts à célébrer ton arrivée. Ton géniteur, tes aïeux, tes adelphes. Ton portrait craché, les motifs ornant la peau en moins. Une jumelle, qui s'effondre en larmes dans tes bras. Un frère de vingt ans, cheveux longs, chemise de bûcheron sur le dos et sculpture qui va avec. Et deux autres soeurs, de quinze et douze ans, qui ont le comportement qui va avec. Touxtes ont fait l'effort d'apprendre l'anglais pour communiquer avec toi, et d'un côté, t'es touchée.

Apprendre à connaître chacun.e d'entre elleux pendant les jours qui ont suivi, apprendre à te repérer dans la ville afin de t'y balader seule. T'as promis à tes tiers de leur ramener des souvenirs, et à tes amis aussi. Mais pas le temps d'atteindre la première boutique, qu'un sac sombre vient se poser sur ton visage et qu'un coup vient te foutre dans l'obscurité un bon moment.

Corps endolori. Visage douloureux. Lieu sombre quand tu ouvres les yeux. Un seul homme assis face à toi. Menaçant par le regard qu'il pose sur toi. Une photo prise de ton téléphone, envoyée à une personne bien précise. Un mot qui l'accompagne. C'est un avertissement.
Il te laisse là pendant quelques heures, te bâillonne, te bande les yeux et couvre tes oreilles avec de la musique forte, sans détacher tes poignets et te ramener là où il t'a enlevée, sans un mot. Tu n'as pas vu son visage. Tu fais tes achats à la va-vite avant de rentrer au domicile biologique et annoncer que tu vas rentrer à Boston avant la date prévue. Il faut que tu comprennes.

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