@Astra Rothschild J'ai merdé. J'ai merdé tellement de fois que j'sais plus vraiment comment marcher avec toi. Si on marche, d'ailleurs. Dans cette ancienne version de nous, on s'percutait, on s'envoyait valser et on en avait bien rien à foutre de nous voir tournoyer dans la vide ; puisqu'on se récupérait quelques pas plus loin. Tu t'es vautrée, j'ai pas su te rattraper. J'ai essayé. En m'impliquant, ton évasion, puis en m'éclipsant, puisque c'était de l'air que tu me demandais. J'ai accepté les foulées en arrière, même si entre nous, le fossé commençait à devenir trop vaste pour mes jambes pourtant étirées. J'te regarde de l'autre côté de la rive, et désormais que ces doigts osent se tendre en ma direction, que veux-tu que j'fasse d'autre à part m'élancer dans un saut le plus incertain ? Ca se saurait, si on était conscient de notre propre mortalité. J'envisage même pas l'idée de m'planter au milieu. J'y vais clairement. Avec de l'élan, les cheveux hirsutes et le cœur bien accroché. On lui dira de se taire, lui qui s'exprime mais ne se fait pas entendre. C'était ton dernier examen écrit, aujourd'hui. J'le sais parce que j't'écoute quand tu te plains. J'ai laissé plusieurs jours s'écouler, entre ma proposition et ce jour. Stratégie ou peur que tu te défiles à nouveau sous ma chair, j'en sais rien. On dira stratégie. On dira que j'connais pas la peur, que j'suis comme toi. La vérité, c'est que j'ai jamais pu accepter que ça nous arrive, tout ça. Parce qu'on est Astra et Horace. On est insupportables d'instabilité, bruyants, bordéliques, électrons chargés à bloc d'impulsivité. On aurait pu baiser devant une foule après s'être donné en spectacle cacophonique, le sang chargé d'une pléiade de produits. On aurait pu tout faire, sauf ça. C'est pas nous, ce qu'on dessine depuis six mois. J'sais que le temps va à l'encontre de ce que je gueule, mais j'refuse de m'dire qu'on est cette définition chiante. J'demande pas grand chose, tu sais, juste que t'arrives à nouveau à m'regarder sans te rappeler. Dans un autre langage, j'crois que ça ressemble au pardon. Alors j'ai pris tes clés sous la paillasson, et j'ai aménagé ta salle de bain. Lumière éteinte, veilleuse qui projette une lumière rose, et des étoiles aux murs. Le bain bouillant, une bombe de bain multicolore qui sera poussée dans la flotte quand l'heure de ton arrivée sera venue. Un joint roulé parfaitement, posé dans une coupelle. Un verre rempli. Des bonbons acidulés dans un bol. Parfait mélange pour des gosses turbulents. Les pétales de roses, c'est pour ceux qui s'aiment. Et comme on sait pas c'que c'est, de la porte d'entrée à la porte de la salle de bain, y a trois-quatre shots sur le sol. Bordéliques, j'vous dis.
(Horace Dawson)
the broken
l'enfant terrible a les bras écorchés par les ronces, il n'a pas peur de l'orage, sur sa route tous les feux sont oranges.