@Camille Harrington & Kitt
Alors les yeux rivés Sur les étages Pourvu que rien n'arrête le voyage. En apesanteur Pourvu que les secondes soient des heures En apesanteur Pourvu qu'on soit les seuls Dans cet ascenseur.
Il avait pourtant joué dans Grey’s anatomy, même si c’était un personnage extrêmement secondaire. Pour autant, il n’arrivait toujours pas à passer outre la vision des blouses blanches, l’odeur et l’ambiance aseptisée de ces derniers. Même si pour le coup, c’était pour de vrai cette fois-ci. Il avait toujours l’impression de ne pas se sentir à sa place, qu’un vigile allait finir par l’alpaguer en lui demandant ce qu’il faisait là pour le mettre dehors le plus rapidement possible ou qu’il allait attraper une maladie rien qu’en respirant l’air qui lui picotait toujours le nez en ces lieux. Venir à l’hôpital, surtout à cet hôpital précisément lui laissait un goût de cendres dans la bouche. La dernière fois qu’il y avait mis les pieds, c’était pour accompagner son compagnon d’alors dans l’une des épreuves les plus difficiles qui soient. Il ne sait pas comment il aurait réagi à sa place. Rien que l’idée de perdre son père, quant bien même les occasions de se retrouver leur manquaient, lui fit courir un frisson le long de son échine dorsale et lui serra un cœur déjà bien malmené. Il détestait les lieux et, à peine venait-il de mettre un pied à l’intérieur, il souhaitait déjà en partir, sans honorer son rendez-vous pourtant nécessaire. Rien de bien grave ne l’avait amené ici, bien évidemment. Juste un contrôle classique de ses grains de beauté. L’expérience de son grand-père avait suffisamment marqué la famille pour savoir qu’il fallait toujours vérifier. Du moins quand le jeune néerlandais y pensait et sous réserve de trouver un médecin capable de l’examiner sans solliciter de sa part le paiement d’un rein en contrepartie, compte tenu de sa mutuelle d’artiste extrêmement réduite, plus encore loin du paradis social que pouvait représenter son pays d’origine. Il jeta un coup d’œil autour de lui, ayant l’impression de se perdre dans le dédale des couloirs. L’accueil lui avait indiqué que le cabinet médical se trouvait au septième étage mais seules les portes de l’ascenseur l’attendaient pour l’y mener. Sa précédente et malheureuse expérience encore en mémoire, il avait bifurqué pour prendre les escaliers qui montaient du hall d’entrée à l’étage suivant. Mais une fois arrivé là, il s’était retrouvé bien ennuyé, entouré de signes de passage interdit qui l’intimait de faire demi-tour et de se résoudre à prendre l’ascenseur.
La main légèrement tremblante, il appuya donc sur l’ascenseur pour l’appeler et espéra ne pas devoir se retrouver seul dans ce dernier. Malheureusement pour lui, lorsque les portes s’ouvrirent, il dut faire un pas en avant pour constater que personne ne se trouvait dissimulé dans les recoins. « Ca va aller, Kitt. » murmura-t-il à son égard, tentant de se motiver et de se donner du courage de manière logique. « Quelles sont les probabilités pour que tu te retrouves coincé une fois encore dans un ascenseur en panne ? Elles sont nulles. Et puis, c’est un bâtiment moderne dont les ascenseurs sont régulièrement vérifiés et empruntés. Tu t’inquiètes pour rien. » Si une caméra offrait la vision du jeune homme en train de se parler à lui-même, celui qui visionnait les images s’inquiéteraient sûrement en pensant qu’un patient s’était échappé de l’aile psychiatrique. Kristofer prit une profonde inspiration et, comme on retire un pansement ou une bande de cire, il appuya rapidement sur le bouton du 7e. Voilà, c’était fait. Ce ne serait qu’une poignée de secondes avant de rejoindre l’étage désiré et tout irait bien. Son cœur rata un battement et il n’eut pas le temps de se restreindre lorsqu’il sentit soudainement l’ascenseur s’arrêter dans un soubresaut. Déjà, il sentait les larmes envahir son champ de vision tandis que le noir l’entourait avec fracas. Il sentit sa bouche se tordre en un rictus de panique avant que le ding sauveur de l’ascenseur lui fit réaliser que les ténèbres qui l’avaient entourées trouvaient leur origine dans le fait qu’il avait fermé les yeux. Ces derniers se posèrent sur les portes métalliques qui s’ouvraient doucement avant de bifurquer sur le 5 écrit en lettres rouges dans la cabine. Quelle idée de prendre l’ascenseur en cours de route et lui faire manquer d’avoir une crise cardiaque ?! Ses yeux sombres glissèrent sur le nouvel arrivant dont il ne vit que la blouse blanche. « Au pire, tant qu’à être coincé, autant l’être avec un médecin. » pensa-t-il à haute voix sans s’en rendre compte. Son regard accrocha alors le visage du propriétaire de la blouse blanche qui lui disait quelque chose. Même sérieusement quelque chose…
(Kristofer Vermeer)
❝ I thought I needed space to find my balance. ❞ But I might need a hand and If you could be that I might need some help to find my balance.