(soraya) outnumbered

@Soraya Arnault — Je me sentais comme dans un lion en cage. Les visites étaient pas encore autorisées et j’étais juste bloqué dans mon sentiment d’inutilité. Ma mère venait d’être admise ici, de perdre le bébé qu’elle portait depuis bientôt neuf mois, et j’étais dans l’interdiction de la voir. Je n’avais aucune idée de ce qui s’était passé, de pourquoi, comment, quelles conditions. Des réponses, c’était tout ce que je voulais mais visiblement, c’était pas pour maintenant. Alors je sortais à l’extérieur, dans le but d’extérioriser tout ça. Regardant la première personne qui fume, je m’approche d’elle afin de lui demander simplement. — hey, désolé de te déranger. t’aurais pas une cigarette pour moi s’il te plait ? J’étais même à la payer cette clope s’il fallait.

Tu n’arrives pas à rentrer à l’intérieur de cet hôpital. T’en as ras le bol de devoir faire tout ces examens qui ne font que renforcer le diagnostic. Tu as une espérance de vie qui vient de sa raccourcir. Maladie génétique, cadeau de ton père déjà parti depuis quelques années. Obliger de l’annoncer à tes frères et sœurs dévastés. Alors tu fumes cette cigarette. Ouais t’as déjà plus de cœur, autant taper sur les poumons quitte à crever. Depuis quelques temps, tu as l’impression que ta vie sans problème, toute simple est partie en vrille. Tu es en colère et c’est la faute de personne au final. Tu te sens comme un cobaye, un rat de laboratoire et ça n’en finira jamais tant que t’auras pas pousser ton dernier souffle. Tu le sais t’as plus le droit de vivre comme les autres et finalement tu n’es pas sure de vouloir jouer le jeu. Tu sors de tes pensées lorsqu’un gars te demande une cigarette. —Tiens. que tu lâches en sortant la cigarette de ton paquet. Il a pas l’air bien lui non plus. Tu lui tends ton briquet.

@Soraya Arnault — C'était pas comme ça que je voulais que l'enfant ne naisse pas. Non pas que je voulais ma mère malheureuse, parce qu'elle a jamais été aussi heureuse que depuis qu'elle attendait cet enfant, mais c'était encore un rejeton de mon père et je ne voulais pas qu'il grandisse avec un paternel pareil. Alors fallait que j'évacue tout ça, l'anxiété créée par l'état de santé de ma mère en cet instant. Dehors, j'avais besoin d'une dose de nicotine. J'étais pas un fervent adepte de fumer, mais là c'était nécessaire. M'approchant de toi, tu semblais encline à m'offrir ce que je voulais. Glissant la cigarette entre les lèvres et l'allumant avec le briquet que tu me tendais, j'attendais d'avoir inhalé la première fois pour te remercier. — merci... j'en avais besoin Je te rends le briquet avant de me caler contre le poteau, tentant de me calmer petit à petit.

Esprit rebelle depuis toute petite. Tu décides de t’en prendre à tes poumons, quand ton cœur est déjà foutu. T’as besoin de cinq minutes pour te donner assez de courage. Tu n’as pas envie d’entendre encore les docteurs te dirent ce qui cloche chez toi. Tu le sais déjà, t’as vu ton père souffrir de cette maladie pendant des années. Tu l’as aussi vu perdre la vie. Tu sais ce qui t’attend. Vivre dans l’ignorance rendait les choses plus faciles jusque-là. Tu as pris un gros coup sur la tête. Alors quand le jeune homme vient te demander une cigarette, tu lui donnes. Tu te dis que comme toi il doit en avoir besoin. Le briquet fini dans ta poche. — Ouai, je vois très bien ce que tu veux dire. Tu tires sur sa ta cigarette et tu laisses la fumée s’envoler. — Est-ce que ça va aller ?

@Soraya Arnault — C'était un coup dur. Pour ma mère, mais aussi pour moi. L'imaginer dans cet état était difficile et je ne sais pas si elle va réussir à s'en relever. Je n'avais aucune information, rien qui puisse me dire comment elle allait, si elle réussirait à retrouver l'envie d'avancer. De ce que je sais, elle y tenait beaucoup à cet enfant, sûrement plus qu'à moi à l'époque. Comme si cet enfant était sa nouvelle mission. Mais ce fut un fail et je ne savais même pas pourquoi. Cigarette entre les lèvres, je me délectais de l'effet sur mon organisme avant de tourner le visage vers toi, inconnue qui m'a offert un de ses bâtonnets toxiques. — y'a pas le choix, je suppose que je dis en haussant les épaules. Moi ça allait. Elle ? C'était pas vraiment sûr et certain malheureusement. — t'es là pour quoi toi ? Une demande sûrement un peu trop personnelle, mais j'avais besoin de me changer les idées.