freak (alma)

il entend les bruits sourds de la sono qui résonnent dans la pièce fermée, entre deux éclats de rires des membres de valhalla heureux d'être là et les acclamations des quelques supporters du jeune courageux tiré au sort pour boire cul sec les trois verres qu'on lui remplit sans répit. il voit les sourires, la décontraction et les accolades viriles avant les bises délicates sur les joues des filles. il entend un gémissement étouffé de rire à sa droite, détourne les yeux du challenger professionnel à ce stade pour les apercevoir les caresses au creux de la nuque, sur la cuisse, dans les cheveux. il n'imagine pas les mots d'amour, se contente de changer de pièce en jurant intérieurement les comportements. il sent l'ivresse, la chaleur et la sueur -et plus il entend plus, il voit plus, il sent moins, il se sent à sa place.
perdu dans un autre univers au milieu de tant d'étoiles dont il connait la plupart, il se demande pourquoi avoir accepté d'être venu. pourquoi avoir suivi son pote dans l'espoir de voir un sourire sur son visage alors même qu'il avait décommandé à la dernière minute et qu'il devait être cloué au lit à présent.
il décide de sortir dehors. toujours autant solitaire. il est content de voir que les membres du gang soit heureux de faire la fête. quand on ne les connait pas, on pouvait comprendre qu'ils étaient seulement des délinquants, qui voulaient faire leur propre loi. mais quand on regardait l'asiatique, il était bien différent des autres. il dégageait une aura bien plus sombre que celle de ses camarades. on pouvait lire sur son visage qu'il était prêt à en découdre, prêt à vous montrer que votre existence ne sert à rien. cigarette à la bouche, il se pose sur le trottoir. regardant droit devant lui. rien à l'horizon. aucune personne d'un autre gang rival n'était pas là pour venir mettre l'huile sur le feu. cette soirée est bien trop calme.

Un appel d’une jeune femme que je suivais régulièrement au centre communautaire Darnell, un appel au secours que j’avais eu dans l’après midi, et la jeune femme ne voulait voir personne d’autre que moi. Elle avait besoin d’aide et je n’avais pu refuser, passant mon après midi et une bonne partie de la soirée à discuter avec elle, cherchant à l’aider au mieux, puis avait commandé une pizza, que nous avions mangé ensemble, avant de lui proposer le visionnage d’un film, devant lequel elle avait fini par s’endormir. Alors, je l’avais laissé aux soins des employés, leur laissant mon numéro au cas où. On m’avait déposé et je ne voulais pas déranger à nouveau, surtout que je n’habitais pas extrêmement loin et qu’un bus passait un peu plus loin.
Je remontais vers Charles River, les rues étaient animées, les gens sortaient à nouveau, avec le retour du beau temps. La nuit tombait pourtant déjà, et j’avais hâte de rentrer chez moi. Alors que je passais devant un bâtiment qui semblait animé, je reconnus la silhouette d’un homme que j’avais croisé, quelques fois seulement et surtout depuis l’incarcération de Cylian. Je décide quand même d’aller le saluer, parce qu’il prend de mes nouvelles régulièrement depuis. « Salut Percy… Comment tu vas ? » Mes mains viennent automatiquement se placer sur mon ventre, où mes bébés sont pour une fois pas trop agités, préférant plutôt m’embêter quand j’essaie de me reposer.

poser sur le trottoir, regard fixe. il regarde droit devant lui, cigarette à la main. on pourrait presque croire qu’il attendait une bande de délinquant. une atmosphère pesante règne autour de lui. il y a tout qui défile dans sa tête. son travail, le gang, ses inquiétudes en rapport avec son ex petite amie et j’en passe. normalement, si on connait bien l’asiatique, on sait très bien qu’il s’en fiche de tout. il n’a jamais caché à qui que ce soit son côté violent. il n’a pas honte de dire qu’il a tabassé son ancien patron. il s’en souvient encore maintenant. il revoit celui-ci tentait de faire des choses pas très net à une de ses anciennes collègues. lorsque percy s’était jeté sur lui, c’était clairement pour le tuer. une femme ça se respecte. il a seulement pris un casier judiciaire pour avoir frappé son supérieur. par contre, celui qui avait agressé la jeune femme, a écopé d’une peine d’emprisonnement.
sa tête se tourne directement vers la voix féminine qui venait de le saluer. il reconnait de suite la femme qui se trouvait debout. – yo alma. ça va et toi ? la grossesse se passe bien ? il sait que ce n’est pas évident avec le père qui n’est pas présent. celui-ci est incarcéré. il sait simplement qu’elle peut gérer toute seule et c’est quelque chose qu’il admire. lorsqu’on a un bébé, il faut faire des choix et visiblement, elle savait quoi faire. il écrase sa cigarette et se lève tranquillement. – qu’est-ce que tu fais dehors à cette heure-ci ? ce n’est pas vraiment l’endroit à fréquenter lorsqu’on sait qu’il y a une fête de gang pas très loin d'ici.

Longue journée qui venait de s’écouler. Elle ne pensait sérieusement pas que s’impliquer dans le centre communautaire Darnell prendrait cette ampleur, à passer la soirée en compagnie d’une jeune fille de là-bas, pour son bien, malgré sa grossesse bien avancée et qu’elle devrait plutôt rester au calme chez elle. Mais elle ne s’attendait pas vraiment à voir un ami de Cylian par hasard. Il me salue presque immédiatement en retour, s'enquérant de ma santé. Je m’adosse au muret, et lui souris. “Ca va, tout se passe bien, un peu fatiguée, mais c’est normal !” Je hausse les épaules. Bien sûr que j’ai hâte d’accoucher, mais je sais aussi qu’avec des jumeaux plus tard j’accoucherais, mieux ce sera, alors je me fais patiente, au moins jusqu’à fin août, pour accueillir mes bébés. “ Je suis bénévole au centre Darnell, à deux pas d’ici… Un petite m’a appelée en début d’aprem, parce qu’elle était pas bien… et j’y suis allée, je viens d’en partir…” Peut-être que je devrais pas être aussi gentille, mais c’est dans ma nature, constamment, sûrement à mon détriment. “Et toi ?”

cigarette à la bouche, il écoute les paroles de la demoiselle. il connait celle-ci grâce à un type qui est membre de son gang, mais ça fait bien des mois qu'il n'a pas de nouvelle de celui-ci. - je crois que tout le monde est fatigué ces temps-ci. elle a ses raisons d'être fatiguée et la raison est plutôt voyante. percy, c'est à cause du boulot et des membres du gang avec qui il traine. il en a marre de couvrir les conneries des autres, mais il est bien obligé. il veut que tout le monde s'en sorte et il veut que tous ses proches soient bien. il a également conscient qu'il ne pourra pas aider tout le monde, mais il fait de son mieux. - t'es bénévole depuis quand ? ce n'est pas une chose que ferait percy, il a déjà son entreprise à gérer et faire du bénévolat à côté, ça le tuerait plus vite que prévu. il doit se reposer au maximum avant de pouvoir enchainer quelque chose à côté de son boulot et du gang. - il y a une fête, mais je suis mieux dehors, ça commence à me souler un peu d'écouter les autres. en réalité, s'il retourne là-bas, il risque de décocher un coup de poing à quelqu'un et ce n'est pas le but. - tu veux que je te raccompagne ? demande-t-il en souriant. on sait jamais, il ne veut pas qu'elle tombe sur quelqu'un de dangereux.

Je hoche silencieusement la tête à sa remarque, c’est vrai que cette période est fatigante, pour tout le monde, pour quoi exactement ? je ne peux pas vraiment le dire, mais c’est une certitude. Je connais assez peu Percy, mais les rares fois où je l’avais croisé, il n’avait pas l’air aussi peu vif. Je souris à sa question. “Je sais pas exactement, depuis un an et demi je dirais ?” Ca devait être à peu près ça, depuis le temps, même si je n’en avais pas réelle idée. Mais j’aimais bien le lien qui s’était tissé avec certains jeunes au centre, par la force des choses et du temps. Je fronce les sourcils à sa réponse. “Reste pas ici alors, surtout si rien ne t’y oblige ?” Qui aimait rester à une fête qui le saoule en plus ?  personne très probablement, à part peut-être les avides de potins. “Je veux bien ! J’aime pas trop quand il fait nuit comme ça….” Je me rappelais toutes les nuits à rentrer tardivement, seule, du Sun Rock et j’avais toujours préféré qu’on me raccompagne le plus près possible de chez moi.