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TW / Mort
Atypical
« Temperance, c’est compris ? » J’en relève les prunelles vers lui, un brin embuées par l’envie de pleurer, si bien que je me permets de lui préciser, désagréable à souhait. Comme je ne le suis jamais. « C’est Tee. » Alors il soupire, pour se reprendre comme je viens d’indirectement lui demander. « Tee, tu dois te calmer. » J’exècre lorsqu’il nous impose une proximité, mais ça va avec le traitement de longue durée. Et j’en déglutis, je déteste ce genre de traquenard dans lequel je suis tombée. « T’as rempli ton calendrier ? » Celui sur lequel je me dois de noter chaque crise ou chaque tremblement. Celui que je sors de mon sac pour lui glisser. Il prend la peine de l’observer même s’il n’y a pas de doute à avoir, avec les résultats de mon IRM, il le sait déjà. Qu’en ce moment, rien ne va. « Temperance… » Il soupire, alors je m’énerve pour lui dire. « Je sais. » Je sais que je vais mourir, ce n’est pas la peine de raviver mes souvenirs. D’un mouvement de main, je vais balayer mes traits, les possibles larmes qui pourraient s’être échappées. Je sais aussi que ces derniers temps j’ai agis comme si malade, je ne l’étais pas. « On va ajuster le traitement. » J’abdique, ma tête se hochant. « Je veux pouvoir aller en Afrique cet été. » Ce ton, il le connaît, celui du dernier vœu. Durant plusieurs secondes il reste silencieux. « D’accord. » Il tranche tout en me donnant cette nouvelle ordonnance. « Merci. » Je crache de moitié, et me relève afin de sortir de son cabinet. Une fois la porte passée, je prends le temps de fermer les yeux, de reprendre ma respiration, et de faire le tri dans ma déraison. J’hésite, j’envisage d’appeler ma mère, mon père sauf que je refuse de me plaindre, de les inquiéter, alors mon meilleur ami serait probablement une bonne idée, avant de songer qu’il n’est pas au courant, ce dernier. Alors faute de ne pas savoir ce que je veux, je me décide pour la cafétéria de l’hôpital et me noyer dans du café. Dans la file pour patienter, je ne regarde pas, croyant que les personnes avancent, je le fais de quelques pas, et si je réalise qu’ils ne bougent, c’est parce que l’esprit ailleurs, comme une idiote que je suis, je fonce sur toi. « Excusez-moi. » Mais parce que je suis mourante, on peut dire que j’ai tous les droits.
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