sincerity is scary (lex)

17 JUIN 2022 ; 19H00. Ça fait probablement cinq fois que tu vérifies l’angle du tapis à l’entrée de ton appartement; t’as tout sauf l’habitude d’inviter quelqu’un chez toi, surtout sur un coup de tête. Ton moment de spontanéité a été dicté par ta curiosité dominée par ton inquiétude face aux derniers mois où Lex t’a laissé dans un silence total. Ce serait exagéré de dire que t’avais peur pour sa vie, mais quand t’as eu aucune nouvelle après un projet qui devait se réaliser en février, t’es resté avec un mauvais feeling. Tu peux pas dire que t’as tant cherché à comprendre non plus, tu lui as envoyé trois sms concernant le fait qu’elle pouvait te réécrire n’importe quand pour prendre rendez-vous, t’as jamais été plus loin que de garder tes questions pour toi. C’est pourquoi t’es là en ce moment à ranger six bières au frigo, tu sais que dans moins d’une heure elle est censée être là. T’assumes pleinement que dernièrement, t’as besoin de compagnie beaucoup plus que dans les derniers mois. Un moyen de ne pas sombrer dans ta noirceur dont l’ampleur est toujours un mystère. Une autre raison qui s’ajoute au pourquoi tu bois presque tous les soirs, c’est pas ta fierté, mais tu compenses avec une dépendance pour ne pas retourner à de pires habitudes.

Tu regardes l’heure au même moment que tu te permets de t’ouvrir une première bière, elle est sur le point d’arriver. T’es pas nerveux, t’espères juste que ton invitation a pas été perçue d’une façon déplacée qui serait quand même normale de penser, c’est un vendredi soir, un peu trop facile de laisser place à certains sous-entendus. T’as juste pris un congé spécial aujourd’hui, manque d’employés et puis les prix à la hausse, t’as connu de meilleurs jours. Tu diriges ton attention sur le dessin que t’as laissé sur la table de la cuisine, t’as espoir de refaire de Lex ta cliente; c’est surtout parce que t’as jamais eu la chance de lui montrer le résultat final, t’as une fierté un peu narcissique face à ton art. Tu choisis d’aller fumer une cigarette avant qu’elle arrive, c’est plus fort que toi c’te poison. T-shirt blanc, jeans noirs légèrement déchirés, c’est clairement à se demander si t’as que ça comme vêtements parce que c’est ton style un bon six jours sur sept. Tu éteins ta cigarette et tu commences à te retourner vers la porte pour y entrer que t’entends la voix de Lex derrière toi.

@LEX REYNOLDS

Tu l'avais recroisé sans réellement faire exprès. Faut dire qu'avec tes soucis financier et tout ce qu'il s'était passé dernièrement t'avais pas encore pu reprendre contact avec tout le monde et t'évitais aussi d'autre personnes, comme ta cousine Rosie par exemple. Pour Caleb, c'était différent, t'avais jamais eu l'occasion de lire ses messages, ton père les ayant sûrement effacé dès la réception de ceux-ci. Il avait tellement contrôlé ta vie ses derniers mois que t'ignorais donc qu'il avait cherché à être bien veillant avec toi. Puis maintenant, t'as pas non plus l'argent pour prétendre à te faire tatouer à nouveau, ton projet t'ayant un peu sortit de la tête avec tout ça parce que c'est clairement plus une priorité pour toi. T'avais encore du mal à assumer de devoir travailler pour avoir de l'argent. Bon ton job de serveuse est sûrement pas le pire job que tu pouvais trouver, mais c'est pas non plus le meilleur, toi tu préférais pouvoir faire autre chose que de servir des clients pas toujours aimable ou souriant. Enfin soit, la question n'est pas là. Ton service fini pour la journée, tu passes rapidement à ta pseudo coloc, parce que t'es plus une squatteuse qu'autre chose, même si Braden semble totalement accepter cette situation de dépendance que tu as sur la villa. Toi, ça te fout quand même super mal. Tu pourrais presque faire la manche. T'es tombé tellement bas et pourtant tu te laisses pas aller, tu continues à sourire parce que si tu perds ton sourire, c'est là que tu t'avoueras vaincue et toi, t'es une battante.

Il te faut une dizaine de minutes pour te préparer, enfilant une jupe noire assez courte et un débardeur de la même couleur , tu brosses rapidement ta chevelure bleutée et fini par attraper ton sac et enfilée tes chaussures à talons. T'en a marre de porter tes baskets avec le travail, là c'est une occasion pour toi de te sentir un peu plus comme avant. Lex la provocante, Lex la mondaine. Sauf que tu finis quand même dans les transports en commun pour aller jusqu'à chez lui. Regard déplaisant d'un quarantenaire qui si tu l'avais pas déjà foudroyé du regard t'aurais probablement déjà proposé un plan douteux ou serait passé à l'action pour tenter de te toucher le cul. T'aimes clairement pas le métro.

T'arrives finalement à l'adresse que Caleb t'as donné. T'es jamais venue chez lui, c'est une première. L'habitude des rencontres dans son salon de tatouages, pourtant toi t'as pas réfléchis plus que ça quand t'as accepté sa proposition de le voir en dehors des heures de travail. T'en a marre de réfléchir à tout et de toute façon tu dois rendre des comptes à personnes. "Salut Caleb !" Lances-tu alors qu'il te tourne le dos pour rentrer chez lui. Tu l'avais aperçu en t'approchant, de loin t'avais eu quelque doute de savoir si c'était lui ou non, bien que la tenue inchangée de celui-ci aurait dû te le confirmer bien plus tôt. "Tu vas bien ?" Tu t'avances alors vers lui pour lui faire la bise comme deux amis qui se retrouvent depuis un bail.

T’as tendance à être lunatique, le trafic constant dans ta tête quand tu prends pas ta médication, c’est carrément chaotique. À force de consommer la même dose, tu sais qu’une tolérance s’est installée donc les jours où t’es en congé, tu mets sur pause les comprimés et optes pour quelques bières de plus. Ça explique pourquoi t’as même pas remarqué que Lex approchait ton appartement pendant que t’étais sur le point de retourner à l’intérieur. Tes lèvres affichent un sourire au moment où tu fais face à elle; tes yeux se posent directement dans les siens. -  “Hey! Pile-poil à l’heure!” Un petit rire s’échappe, c’est vrai qu’elle est là à l’heure convenue, mais c’est subtilement une façon de la piquer, il y avait un faible pourcentage en toi qui doutait de sa présence ce soir, allusion au rendez vous manqué. La bise terminée, tu fais signe de la main droite de te suivre à l’intérieur, pour ensuite répliquer à sa question. - “Quand j’pense pas trop au boulot, ça va. Toi? Bien franchement, j’suis surpris que tu sois là. J’ai aucune idée de ce qui t’a morphé en fantôme dans les derniers mois, mais j’imagine que t’as quelques anecdotes à m’compter..” T’as de la misère à accepter que ta passion est devenue source de stress, mais tu dis pas ça pour te plaindre, quand on te demande comment tu vas, t’es direct, tu réponds ce qui te passe à l’esprit. Tes traits se montrent sincères, tu ne veux pas la brusquer, c’est pas ton intention qu’elle ait l'impression d’être sur le point de se soumettre à un interrogatoire. Tu peux juste pas nier que t’as certaines attentes afin de réussir à y comprendre quelque chose.

Tes jambes s’activent quelques mètres pour atteindre le tiroir de la cuisine où tu y laisses tes menthes vertes, t’as horreur de l’odeur de la cigarette même si t’es fumeur. Une en bouche, ça ne t’empêche pas de prendre une gorgée de ta bière la seconde suivante, regard posé à nouveau sur Lex, tu lèves ta bouteille en la faisant vaciller quelques fois de gauche à droite. - “T’en veux une?” T’en as rien à foutre qu’elle soit âgée de dix-neuf ans, t’es canadien, t’as été élevé dans un système où l’alcool est légal à dix-huit ans, l’initiation étant souvent plus tôt que ça. Tu prends notion de ce que porte Lex discrètement, venant à la conclusion que si tu n’étais pas informé de ces sept années qui vous séparent, tes plans seraient sans doute différents. Tu te sens automatiquement mal/déplacé d’avoir dansé quelques secondes avec cette idée dans ta tête, tu reprends une gorgée et redéposes toute ton attention à la hauteur de son visage. Alors que tu arrives à l'étape de lui proposer de s'asseoir, tu regardes Lex se diriger vers les tabourets qui entourent le comptoir, pas besoin de la guider, elle fait comme chez elle et ça te convient parfaitement.  
@Lex Reynolds

A peine tu lui fais remarqué ta présence qu'il se retourne vers toi pour te laisser entendre que t'es à l'heure. "J'le suis toujours quand j'ai pas des emmerdes." Parce que t'es pas conne, tu sais que tu lui as fait perdre de l'argent avec le rendez-vous que t'avais pas pu annulé. Pour un tatoueur c'est la misère quand les clients agissent de la sorte. Tu le sais, parce que ta tatoueuse sur Amsterdam t'en avait parlé plus d'une fois et même en la suivant sur les réseaux sociaux t'avais eu l'occasion de voir plus d'un coup de gueule de sa part. Pourtant, tu t'étales pas trop. T'as pas envie de commencer à balancer toute ta vie et pourrir l'ambiance, parce que si t'es là, c'est clairement pas pour avoir une séance de psy'.

Tu le suis alors à l'intérieur, comme son invitation gestuelle te le proposait, puis en même temps, t'allais pas non plus rester sur le seuil de la porte toute la soirée, sauf s'il voulait te claquer la porte au nez et se venger de ton absence à ce fameux rendez-vous, mais si c'était le cas, il ne t'aurait clairement pas donné son adresse, ni même proposé de te voir son jour de congé. Sauf que tu poses la question à pas poser. Comment ça va. Il tourne pas autour du pot. "En vrai, j'ai zéro anecdotes et j'ai pas envie de gâcher la soirée alors on va éviter d'parler de ça, sauf si c'est réellement pour ça que tu m'as fait venir." T'en doutes, mais tu poses quand même la question. Tu sais pas ce qu'il peut bien penser et toi t'en as marre de parler de ton père, de son attitude avec toi et de justifier ton absence. "Mais toi, explique pourquoi ça va pas au taff." Parce que dans tes souvenirs, il semblait kiffer son job et être très enthousiasme, vis à vis de ton projet par exemple... Mais bon, ça remonte à six mois alors forcément, il a pu se passer des choses. Peut-être que t'es pas la seule conne à avoir prévu pour un rendez-vous finalement infaisable.

Tu le suis dans son appart' pour finalement arriver dans la cuisine. Tu te permets de poser ton sac sur un meuble pour être un peu plus libre dans tes mouvements et étant dans un lieu privé, tu ressens pas le besoin de le garder prêt de toi. "Clairement que j'en veux une !" Parce que t'es une adepte des soirées, tu uses même de faux papiers pour pouvoir aller au soirée. T'as commencé trop tôt à sortir, et maintenant dans ton pays tu pourrais le faire sans soucis, mais pas ici. T'aurais peut-être du rester là bas et te planquer chez tes potes plutôt que de changer de continent. T'avais pas réfléchis à ça surtout, mais ici, en cas de gros pépin, tu pouvais toujours allez chez Rosie, ton père ne pourrait pas intervenir sans un délai ensuite. Tu te poses alors sur l'un des tabourets du comptoir, croisant tes jambes tout en regardant Caleb en attendant qu'il te parle du pourquoi il se sent mal quand il pense à son travail, parce que toi, tu comptes pas balancer les merdes que ton père t'as fait, ou alors pas tout de suite, peut-être un peu plus tard quand t'auras bu un peu pour pas avoir l'impression de détruire l'ambiance.

Trop sensible? Sans intérêt? L’élément déclencheur reste inconnu, la perche tendue à deux reprises retourne au destinateur, tu calcules sa réticence. Des emmerdes, on en a tous à un moment ou un autre. Mais de dire qu’en prenant l’temps d’en jaser maintenant, ce serait gâcher la soirée, ça sonne à nouveau l’alerte en toi qui se doute que l’histoire est loin d’être inspirée d’bonbons et de licornes. C’est pour ça que tu peux pas rajouter ton grain de sel avant d’échanger de rôle; c’est toi qui doit piétiner en premier l’jardin des confidences, t’as donné matières à ce qu’elle gratte un peu plus autour de c’qui tourne pas rond avec toi dernièrement. Au boulot. Si seulement y’avait que ça. -  “J’avais pas prévu qu’le manque d’employés allait dégénérer à ce point là. Travailler pour quatre, ça t’fais vieillir à un bon ratio de 5 ans pour une année.” tu souffles tes mots avec de l’indifférence, tu veux pas déballer tout ce qui se passe ni donner la sensation que tes problèmes sont plus importants que les siens. Au contraire, tu voudrais que ce soit elle qui soit en charge de la conversation mais dès qu’elle accepte la bouteille, tu fais 1+1 et tu te mets à sa place. Pourquoi parler d’choses qui nous ramènent à l’ombre si y’a possibilité de s’évader le temps d’une soirée. Tu lui tends donc ce que tu viens de lui proposer et tu termines hâtivement à expliquer ce qui te tourmente. - “Puis les gens se plaignent des prix donc l’achalandage suit le même déclin que vivent une bonne poignée d’commerces. C’est rare que j’ai de bons conseils mais j’te donne mon meilleur; si tu veux pas avoir des cernes d’deux centimètres, tu vas pas te lancer en business dans les prochains mois!” C’est le soir, le moment où t’as généralement le plus d’énergie mais tu l’sais que Lex peut voir la même chose que tu viens de décrire sous tes yeux.


Tu détournes ton attention vers le salon où ton mini gadget est branché. - ”Ok Google; ouvres youtube musique et fais jouer la playlist 2022.” La même qui joue au studio, comme ça y’a pas de chances que “cotton eye joe” se fasse entendre sur tes autres listes random. Ça se voit que tu manques de politesse face à ta visite, t’as même pas demandé si ça la dérangeait. Mais toi, t’en as besoin. Quand t’as passé un moment sans en mettre, t’as l’impression que t’as un début d’acouphène; tu continues d’te promener dans les rues de Boston avec tes earpods le volume à 100%, une des raisons pourquoi tes oreilles commencent à faire défauts.
@Lex Reynolds

Tu pourrais jouer au jeu des confidences avec lui, lui balancer tout ce qui va pas dans ta vie depuis que t'as disparu des radars, mais en vrai, t'as pas envie de faire chier ton monde avec ça, c'est pas ton genre. Toi t'es cadavres tu les laisses dans le garage, même pas dans le placard, et surtout tu tentes de pas les trimballer avec toi. Toi, tu veux toujours avoir l'air de la fille positive que pas grand chose peut atteindre et qui tient tête quand on la fait chier. C'est pas tout les jours faciles, mais c'est comme ça que tu veux être. Le genre de fille sympa comme à cet instant où tu t'entends lui proposer de l'aide alors même que t'as déjà trouvé un taff et que t'aimerais garder du temps pour lui. "Tu sais, je suis plus étudiante, alors si t'as besoin d'aide, je peux voir pour venir t'aider d'une façon ou d'une autre, bon j'ai un taff de serveuse, mais genre quand j'ai fini chez Mike, je viens t'aider. Si ça peut te soulager un peu et me faire pardonner mon absence, c'est avec grand plaisir." T'es trop gentille, Elio arrête pas de te le dire et un jour tu vas vraiment te retrouver dans des belles emmerdes... Enfin t'y es déjà à cause de William, mais ça tu peux le dire à personne, pas même pour plaisanter. Chantage de merde qu'il te fait, mais tu l'as bien cherché aussi... Tu savais qu'en jouant avec le feu tu risquerais de te brûler et là, tu t'es clairement pas loupée...

Tu prends alors la bière qu'il te donne le laissant poursuivre sur ses explications. Avant t'aurais réagit d'une toute autre façon quand il parlait de prix, mais maintenant, c'est clair que comme tu fais attention à ton argent, t'as plus vraiment la même relation avec les dépenses qui peuvent paraître futile pour d'autre. Mais tu comprends quand même pas pourquoi ça atteint aussi son domaine et tu réfléchis en buvant une première gorgée de ta bière. "Les gens sont cons. Ils pensent juste qu'à leurs gueules sans penser aux conséquences de leurs égoïsmes." Souffles tu alors sans réellement donner plus de précision parce que dans ta tête, tout ça c'est plus que clair. Le gars qui veut un beau tatouage, il doit y mettre le prix, pas juste penser à sa gueule et avoir quelque chose de beau pour que dalle alors même que le tatoueur il prend le temps de travailler en amant du moment ou la personne se fera piquer. C'est pas juste une histoire de quelques heures. "Beaucoup négliges le temps de travail." Tu finis par rajouter, malgré tout.

Tu laisses alors se détourner de toi pour mettre de la musique alors que tu continues de siroter ta bière écoutant maintenant la musique qu'il vient de mettre. "Sinon, tu participes au Summer Camp? " Question des plus randoms parce que tu veux changer le sujet, parlé de quelque chose de plus appréciable autant pour lui que pour toi.