TW | Boys are back | MANNENG

Entre ses doigts, il joue de son briquet, un geste rotatif aussi bien que répétitif. Clairement, l’objet ne lui sert à rien, car il ne fume pas, même s’il vapote sur une électrique parfois. Il apprécie seulement l’idée de jouer avec le feu de façon maitrisée. Et de fanfaronner, aussi, c’est vrai, il n’ira pas jusqu’à le nier. Se donner des airs et feindre des mauvaises manières. Faussement énigmatique et dangereux.

Il est donc là, accolé contre la devanture du Drink, dans l’attente de voir débarquer l’un de ses acolytes. Petite fête improvisée en cette fin d’année scolaire, examens et bal de fin d’année déjà positionnés en sujets démodés. Qu’on se le dise, durant les deux évènements, l’étudiant s’est emmerdé. Passés haut la main pour les premiers, et belle plante à son bras lors du dernier, ce qui lui a valu un message de sa fiancée lui rappelant de danser tant qu’il y est encore autorisé.

Dans ses réflexions jusqu’à ce qu’à la faveur des minutes défilantes, la silhouette de son coéquipier se dessine. « Pas trop tôt. » il maronne dans sa barbe, pour la forme. Et parce qu’ils en ont parlé il y a quelques minutes à peine par messages interposés, pour le saluer, il se permet de directement l’aviser ; « Un seul autre mot sur ma très chère sœur et je me fais la tienne. » Même si les relations ne sont absolument pas égales, du point de vue de l’espagnol, ça n’en reste pas moins une menace, même si sa voix est teintée de légèreté. Non, le fait qu’il ait touché à Lola, il n’a pas appris à le digérer, il se contente de faire semblant de s’y être accoutumé. Préférant se convaincre que l’innocence de sa cadette n’est pas entachée.

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En un dernier mouvement rotatif, il range la flamme dans la poche arrière de son jeans, allant malaxer les axes de sa mâchoire d’une main, quand l’étudiant Adams vient lui balancer, du ton sarcastique qu’il lui connaît. « T’as un couvre-feu peut-être… » Non, certes, mais il estime qu’elle n’attend pas, la fête. Qu’ils ont assez trimé toute l’année alors qu’il est temps de décompresser et de redevenir amis avant d’être adversaires, leurs couleurs justifiant ce faire durant les mois scolaires.

Alors la porte, il finit par la pousser, avancer d’un pas mais patienter sur le palier, à croire que le vestibule vient soudainement de le passionner. Justifiant un soupir de la part de l’espagnol, à l’orée de lui demander, s’il s’est ramolli au point d’hésiter. Sauf qu’il avorte cette pensée quand il se décide à transformer le chantage de baise de sa sœur en un acte presque parfait. « et tu as ma bénédiction » Derechef, il en grimace, parce qu’à cause de cette foutue phrase, elle ne vaut plus rien, sa menace. Il balaie donc l’option de la main, se contentant de suivre son chemin. Lui emboitant le pas, jusqu’à ce qu’il se cale contre le comptoir, devenu le QG potentiel de leurs futurs déboires.

Enjoué quand il s’assoit sur l’un des tabourets, joue un rythme incomplet sur le boisé, avant de le toiser. « Je devrais donc me contenter de te péter les dents. » Si jamais il reparle de Lola, parce que les coups donnés à l’époque n’ont clairement pas été suffisants. Mais parce qu’ils ne vont pas passer ce moment sous le signe du passé, il balance sa commande à l’intention du barman, désignant par la même occasion, le groupe de ceux avec qui ils sont censés ce soir jouer aux plus cons. « Tête à tête ou bien… ? » Ils vont rejoindre ceux qu'il avait annoncé en message. Ne désire pas faire le forcing pour une soirée à faire joujou avec ses copains, Sheng est bien l’un des seuls avec lequel Manny n’impose rien.

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Rien qu’à l’imaginer encore, l’espagnol en a la nausée, parce qu’ils trainent toujours dans sa tête les restes du moment où il est tombé sur eux. Alors forcément, pour l’asiatique désigné comme l’un de ses plus proches amis, passé le sujet sous silence, ça vaut mieux. Il n’a toujours pas digéré et ce n’est pas près de changer. « Si tu parviens cette fois à me chopper. » En riant à demi, il redessine l’arc de sa mâchoire - une nouvelle fois - à l’aide de son pouce, visiblement nerveux à l’idée du fait de devoir réellement réitérer. L’adrénaline, la rage qu’il pourrait éprouver… Manny n’a pas de doute qu’il y parviendrait. Et cette fois, il s’appliquerait… à lui péter le nez.

Gardant le silence, foutant volontairement Lola de côté, il choisit de commander et de partir sur un tout autre sujet. C’est-à-dire la suite de leur soirée. Sauf qu’à l’évidence, ce n’est pas du goût de l’Adams, parce qu’il réattaque sans que le Pfo ne soit préparé. « Mais j’ai compris. Tu ne veux pas de moi en beau-frère » Mais c’est qu’il le fait chier et ce coup ci, ce n’est pas à moitié. Et qu’il ne sait absolument pas s’arrêter. Ca en devient maladif à ce point, si bien qu’il lui en décoche un regard assassin. Mais qui se radoucit à la vue des cocktails apparaissant, jusqu’à ce que les doigts de Sheng attrape le sien, ce n’est même plus la peine de mettre la sœur sur le terrain, parce qu’il va vraiment le frapper, putain. « J'aime bien ta compagnie, mais c’est la sienne que je vise pour la nuit. » Le regard du latin se décline sur la brune désignée, ses lèvres s’étirant, quand il vient l’accuser de quelque chose qu’il ne pourra pas nier. « Pour que ma sœur ne soit jamais traitée à sa juste valeur ? » C’est-à-dire avec fidélité, respect et aimée. Lui aussi sait jouer aux conversations distendues et entre-coupées. Sous-entend clairement que l’homme d’une seule femme, il ne sera jamais. Puis finalement, il s’en revient au vif du sujet. « Ah ouais, mais elle, elle se mérite. » Il n’en sait foutrement rien, mais il a des envies de s’amuser avec son copain. « Le premier à cinq numéros aura le droit de demander le sien. » Et Manny, il connaît de Sheng sa passion pour les paris. Pour donner un nouveau sens aux soirées se pouvant être encline à l’ennui. Même si on ne s’emmerde jamais, avec eux, avec lui.

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