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Le silence des anges (TW : stalking)

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Le silence des anges



Je déclique la béquille de mon bolide du bout du pied et le stabilise avant de me diriger vers la façade de « Chez Roy ». J’en suis sûr à 99.9 pour cent : t’es bien le doux visage qui se cache derrière Devious. Ce casque qui dissimule non seulement tes traits féminins mais aussi tes longs cheveux blonds comme les blés n’aura pas suffi à me tromper. Qu’est-ce qui me fait dire ça ? Eh bien ma poule, j’ai passé la dernière semaine à te traquer, à tenter de trouver un truc - non, LE truc - qui pourrait te convaincre de me balancer les infos que je cherche.

Sans appât, t’as aucune raison de te confier à moi : on n’a rien en commun ; on se connaît ni d’Ève ni d’Adam, et je pense pas être le genre de mec qui ferait partie de ton entourage. Ce petit secret que j’ai découvert à ton sujet, ce sera mon plan B. Le détail que je glisserai comme une lame métaphorique le long de ta joue si tu refuses de coopérer, car si tu caches ta véritable identité, j’imagine que tu dois avoir une bonne raison de le faire et que ça te ferait chier que quelqu’un vienne ruiner tous tes efforts. Au fond, ça m’intrigue, je l’admets.

Pourquoi les courses ?

Qu’est-ce qui te chauffe tant là-dedans ?

Tu dois avoir un côté sombre, petit ange. T’en fais pas, j’te veux aucun mal. C’est pas après toi que j’en ai, mais après ton frérot. Ouais, vois-tu, il a une dette envers moi. Et comme par hasard, quand ça a été le moment de la rembourser, il a tout bonnement disparu de la surface de la Terre. Pouf ! Plus de trace sur les réseaux sociaux, impossible de mettre la main sur lui. Évaporé, le mec.

Les gens qui n’ont rien à se reprocher ne disparaissent pas comme ça.

Mais chaque branche appartient à un arbre, et chaque arbre possède des racines. Et toi ma belle, t’es la seule racine vers laquelle j’aie réussi à m’agripper. Aucun signe de ses parents : une mère décédée et un père soi-disant absent. Comment je suis parvenu jusqu’à toi ? On a tous nos petits secrets. Tu sais pas que les rats connaissent les meilleurs raccourcis sous terre ? 

En menant l’enquête, j’ai localisé l’endroit où tu travailles, dans le cambouis et la ferraille. Et d’une manière ou d’une autre, je sais que tu vas me mener à lui. Alors je suis venu accompagné… de ma « fidèle moto » : une carcasse récupérée chez un pote que je compte te confier comme la prunelle de mes yeux. Tu verras, je vais tellement insister pour que tu me la répares que tu pourras pas me dire non. Et j’ai une liasse de billets prête à te tomber dans la main pour te faire pencher vers le droit chemin. Faut que je me rapproche de toi, que je gagne ta confiance. Pour que tu me révèles ce que tu sais. Ça risque de prendre un peu de temps mais… le jeu en vaut la chandelle. J’ai pas d’autre piste, de toute façon. La partie commence. Je te conseille de suivre les règles du jeu, et tu t’en sortiras sans un bleu. 


— Héhoooo ! Y a quelqu’un ?

J’ai pénétré dans le garage avec la discrétion et la prudence d’un rongeur à la recherche d’un casse-croûte. Mes observations m’ont indiqué que tu étais de service, aujourd’hui… alors, où te caches-tu, petit ange ?
- code by moore -


HJ:
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La musique dans le garage résonne et mon apprenti profite d’une pause pour prendre un café. « Une tasse chef? » Je lève les yeux au ciel et m’essuie sur ma combinaison en me redressant. « Angèle. Pas de chef ici, trouves moi un autre surnom mon petit sinon tu vas vite rentrer chez toi. » Je souris en parlant. Je ne veux pas le virer, loin de là, il est extra, mais, chef… C’est bizarre non? Moi chef ? 22 ans même pas et … Non.. J’étais pas prête encore à me faire appeler de la sorte. « Tu me la prépare, je finis juste un truc. »
Une pièce à resserrer, un petit truc de rien mais avec la machine la force serait plus puissante. Après un moment à me battre avec mon écrou, il vient à mon secours. « Là.. Une force masculine c’est pas mal. » Un clin d’oeil et je ricane. « Tu plaisantes là, je te met KO quand je veux. » Il me tends mon café et la discussion file vers d’autres horizon.

Le jour de repos du lundi, surtout celui après le bal, et les vacances. « Je pense qu’on prendra un gros week end en juillet et un en aout si ça te va? » Il a l’air ravi de l’annonce. Parfait, nous formons une bonne équipe. « T’as entendu? » Je fronce les sourcils. « Nope.. Au boulot ! » De retour à la tâche, la pause fini, nous avançons de concert sur deux voitures, je lui montre les gestes techniques qu’il n’a pas encore acquis et lui m’avance sur des trucs plus simple. Une voix raisonne dans l’atelier. « On est là ! » Je sors de la Dodge dont je m’occupe et avance vers l’homme. « Bonjour, que puis-je faire pour vous? » Je retire le cambouis de mes mains et garde mon sourire pour le client qui vient de faire son entrée dans mon garage. Bref coup d'oeil à l'horloge, mon apprenti à bientôt fini...

@Jax S. Madden
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« On » est là ? Comment ça, on ? Du coin de l’œil, j’aperçois un mec en train de bidouiller une bagnole un peu plus loin au fond de l’atelier. Heureusement, c’est toi qui m’as répondu, et voilà que tu avances vers moi avec ton petit sourire angélique. Donc, c’est toi qui tournes le volant de la boîte ? On vient à peine de se rencontrer et tu continues déjà de m’impressionner, petite patronne.

— Hey, bonjour. (Je tourne un regard penaud vers la bécane.) Euh… c’est ma nouvelle moto. Enfin, nouvelle… ça se discute… mais quand je l’ai vue, j’ai pas pu résister. Une Ducati Scrambler Desert Sled, un vrai modèle vintage, comme tu peux le voir. Pour une bouchée de pain !

Je reporte les yeux vers toi avec une moue émerveillée. La familiarité de mon ton n’est pas anodine : si je veux te soutirer des informations le plus vite possible, faut qu’on devienne potes le plus vite possible. Pas de temps à perdre avec le vouvoiement, ni avec des politesses inutiles.

— On m’a recommandé ton garage en me disant que c’était le meilleur de la ville, que vous saviez réparer les carcasses les plus démolies et les transformer en carosses, style Pimp My Ride! (Je te fais un clin d’œil en référence à cette vieille émission de MTV où de vieilles bagnoles se faisaient relooker par des gangsters.) Je sais qu’il y aura du boulot… que ça peut prendre des semaines… mais j’ai de quoi payer ce qu’il faudra. Alors, tu peux m’aider ?

J’te fais les yeux doux, puis lance un bref regard vers le type plus loin qui est en train de frapper sur un truc en métal. Le « bang, bang, bang » de l’outil se répercute dans mon crâne comme la balle qui risque de le traverser si je récupère pas rapidos le fric que me doit ton frère.

- code by moore -
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Les plaisanteries, les préparations pour les vacances, les grands weekends, les moments que j'allais pouvoir passer avec Jérémy... Les bonnes discussions avec mon apprenti, si j'avais découvert le travail en équipe depuis peu, même si ça m'avait fait peur, il y avait de bons côtés à la chose. Je n'étais plus seule au garage, la compagnie me faisait du bien et en plus je pouvais éviter les nuits en tête à tête avec la compta.

Un bruit ? Etrange, je m'attendais pas à avoir du monde à cette heure-ci. Mon apprenti avait presque terminé et moi j'allais pouvoir enfin rentrer, me poser et profiter de la coloc avant de rejoindre mon amoureux. Mais il avait eu raison. Une voix résonne dans l'atelier. Sortant de sous la voiture dont je m'occupe, je file saluer l'homme qui se tient devant moi. Un nouveau client, encore jamais venu ici, je me serais souvenu de son visage pour sur.

Mon regard qui suit le sien, je découvre une moto dans un état un peu catastrophique. Etant plus Harley que toutes les autres marques, j'aimais quand même le côté ancien de cette bécane. "Une bonne affaire mais un paquet de travaux à prévoir, je ne suis pas sûre que vous allez y gagner au change." Et sûrement du travail pour nous. Bosser sur de vieux modèle des motos ou voiture d'exception était toujours un plaisir.

Ne prêtant même pas attention au tutoiement, nous étions jeune, j'avais pas envie d'être mon père tout de suite et d'être catalogue et comme vieille harpie alors c'était loin de me déranger. Dans mon regard, on peut lire l'étonnement. Une recommandation? Vraiment? Il était loin le temps où les gens arrivaient à me faire confiance facilement parce que mon père était là. Certains clients avaient déserté en apprenant que je reprenais l'affaire. Trop jeune, trop inexpérimentée.... Trop fille. "Le meilleur je sais pas mais oui j'aime ce genre de défi. Je n'ai pas peur des épaves." Je repensais à la Firebird que j'avais refait de A à Z avec mon père, la première et la Demon qui avait suivi et qui me servait pour les courses la nuit.

"Euh .. Je peux la remettre sur roue la personnaliser, il me faudra peut-être un peu de temps, effectivement mais c'est possible. Tu as envie de quoi ?" Je m'approche du modèle et commence à regarder carrosserie mécanique un peu tout ce qui traîne, voir combien de temps cela pourra nous prendre.
"Chef j'ai fini il est l'heure." Je me tourne vers l'apprenti et hoche la tête. "Ça marche bonne soirée à demain et oublie pas les croissants." Son rire résonne dans le garage et il fuit rapidement avant que j'ai le temps de lui demander autre chose. "Alors une idée ?" Levant mon regard vers le client en me mettant à genoux pour regarder d'un peu plus près la moto.



@Jax S. Madden (désolé pour le temps... :s)
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C’est bien, c’est exactement ce que je veux : un paquet de travaux. L’occasion de revenir souvent, de taper la discut’ et petit à petit, gagner ta confiance. Dis-moi, petit ange… combien de temps ça prend pour que tu te confies, hein ? Deux jours, deux semaines, ou deux mois ? Le plus tôt sera le mieux, mais j’ai de la patience à revendre. Ton apprenti parti, on n’est plus que tous les deux dans le garage et je me demande si t’accepterais d’aller boire un verre… mais peut-être que je mets la charrue avant les bœufs. Si je commence comme ça, tu vas croire que je te drague, et tu risques de te braquer. Non. J'ai pas le droit à l'erreur.

— J’la veux comme neuve. Peinture jaune et rouge comme sur les vieux modèles. Et réparer tous ses petits bobos, bien sûr.

Je tapote le rétro droit de la bécane comme on caresserait l'oreille d'un bon chien-chien… et la pièce se détache dans ma main. Oups. J’esquisse une moue embarrassée avant de te tendre le morceau cassé. Bah ouais, j’sais pas quoi en faire, moi !

— Tu penses que ça prendra combien de temps ? Je pourrai venir jeter un œil de temps en temps pour voir comment ça évolue ? Parce que… j’suis assez spécifique dans mes préférences de couleur, donc si t’as des échantillons à me proposer, j’veux bien qu’on en essaie plusieurs. Oh, et combien coûte la caution ?

J’imagine que tu vas pas commencer à bosser gratos, qu’il faut que je te prouve que j’ai de quoi entamer de si gros travaux. Et ça tombe bien, car j’ai reçu une belle petite somme l’autre jour. Rien en comparaison de ce que me doit ton frangin… mais on en reparlera plus tard.

- code by moore -
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Comme neuve.. Ok c’était pas gagner, pour une épave de la sorte, bon elle roulait surement.. Mais après niveau carrosserie. « Les meilleurs, je vois un peu.. Pas de petites touches perso? » Je demande en continuant à observer la moto, les touches de rouilles, les éraflures, les choses évidentes à modifier, à réparer,.. Je lève les yeux d’un coup en entendant le bruit du rétro et un rire me prends. « Ça va être peut-être un peu plus long que prévu. » Dis-je en attrapant le morceau cassé.

Je le dépose sur une desserte que je fais rouler auprès de la moto. 
« Je pourrais pas te dire comme ça, je dois la démonter, si je le fais demain je pourrais t’appeler pour le devis. Bien sur tu pourras venir autant de temps que tu veux.. Deux semaines peut-être… Sauf si je dois commander des pièces plus loin que prévu ou de la peinture. » Je me redresse et le regarde. « J’ai un nuancier dans le bureau.. Pour la caution.. 100 dollars, et les papiers de la moto. Je suis pas du genre à m’inquiéter avec un modèle comme celui là , tu reviendras j’en suis sûre. » Et surtout s’il n’avait pas de quoi payer, je garderais ce bijoux une fois restaurer je pourrais le revendre.. Donc c’était tout à son avantage de revenir.

« Tu veux voir les couleurs maintenant? »
Ma journée était terminée, mais je pouvais d’ici sentir les petits plats d’Abril, j’aurais juste à rentrer après pour le dîner.
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Des touches perso ? Hm, disons que le but étant de la revendre une fois qu’elle sera neuve en espérant doubler la thune que j’aurai dépensé dans les réparations, vaudrait mieux éviter les « petites touches perso ».

— Ok, nickel.

Je sors les $100 en cash, prêt à conclure ce marché, ainsi que les papiers demandés, que je te tends. J’ai tout prévu, vous croyez quoi ?

— Y aussi toutes mes infos, nom, prénom, numéro de téléphone…

Tu me proposes d’aller décider des couleurs maintenant, mais je sens que t’as sûrement passé une longue journée, que je risquerais d’abuser de ta patience. Je sais me montrer sympa, parfois, donc je secoue la tête avec un sourire compatissant.

— Nan, t’inquiète. Ça presse pas. Puis, faudra d’abord lui faire un peu de chirurgie avant de la maquiller, pas vrai ?

Je tapote le siège de la bécane et rabaisse mes lunettes de soleil sur mon nez.

— Merci. Tu m’appelles pour le devis, hein ?

Ton doucereux, mais assez innocent pour que tu ne croies pas que je suis un gros lourd. Flirter, c’est tout un art. Un qu’on ne devrait jamais précipiter. Après un dernier signe de la tête, j’te lâche enfin la grappe et ressors du garage en sifflotant. Siffler, ça donne l’impression que tout va bien - plutôt cool dans les situations de vie ou de mort. Je tâcherai de m’en souvenir, quand j’aurai un flingue braqué sur la tempe.

Nan, naaaaan...

Pensons positif. Ouais, mon temps est compté, mais je crois en ma bonne étoile. Puis, avec ton aide, petit ange, qui sait ? On parviendra peut-être à mettre la main sur ton démon de frangin.

FIN DU RP

- code by moore -
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