anecdotes
parents ; famille ils se sont rencontrés au collège. ou au lycée. c'est un détail sur lequel ils ne parviennent jamais à se mettre d'accord, mais c'est peut-être parce que papa craquait déjà sur maman alors qu'elle, elle n'savait même pas comment il s'appelait ni à quoi il ressemblait. coup de coeur immédiat, love at first sight. "l'amour comme il n'existe plus", qu'ils aiment répéter quand ils voient ces couples qui ne tiennent pas, ces garçons dont leur fille est toujours tombée amoureuse sans savoir s'accrocher. ça n'a surpris personne que les deux emménagent ensemble alors qu'ils venaient à peine de terminer leurs études et qu'ils n'avaient pas de relation stable. ça n'a non plus surpris personne lorsqu'elle a annoncé être enceinte de son enfant alors qu'ils venaient à peine de se fiancer. enfant pas vraiment prévu mais accueilli avec autant de douceur que de bonheur, on ne peut pas dire que mailee ait jamais été malheureuse. famille modeste mais gamine pourrie gâtée. mailee a toujours été la princesse de son père, la petite reine de sa mère. celle qui inondait les deux de bisous et de câlins en rentrant de l'école, avant de s'élancer vers ses devoirs qu'elle affectionnait tant. éducation simple mais respectable, on lui a toujours montré cette ligne à ne pas franchir. politesse, respect, générosité. mailee ne s'est jamais
(ou presque) fait remarquer autrement qu'en bien. des résultats scolaires bons, autant d'amis qu'elle pouvait avoir de boutons d'acné sur la figure en grandissant. elle a toujours fait la fierté de ses deux parents qui aimaient la mettre en avant et subjuguer le reste de la famille, aux repas de noël, en leur vantant ses petites merveilles et ses beaux mérites. si mailee y accorde moins d'attention maintenant qu'elle est à une heure et demi de chez elle, elle continue d'échanger quotidiennement appels et textos avec ses parents qu'elle affectionne comme personne.
aidan ; fire in my heart comme cul et chemise. les soeurs halliwell mais à deux. un duo semblable à celui de clover et sam. une amitié qu'même un ouragan n'aurait jamais pu détruire. une rencontre alors qu'elles étaient encore en couche-culotte, encore à se baver dessus et à essayer de glisser un carré dans un triangle sans trop comprendre. leurs mères étaient amies, se voyaient quotidiennement. ça a contribué à faire naître cette flamme qui n'est jamais éteinte. là où il y avait mailee, il y avait aidan. meilleures amies, elles se sont accompagnées dans toutes ces périodes stressantes et importantes aux yeux de n'importe quelle fille. les contrôles surprises, les premiers coups de cœur et coup de blues. les premières chutes, le premier bal, les premières danses. elles savaient tout l'une de l'autre, et ce ne serait mentir de penser qu'elles n'avaient aucun secret l'une pour l'autre. c'était censé durer éternellement, ça aurait pu et ça aurait dû. mais y a forcément fallu qu'un alcoolique donne un mauvais coup de volant en pleine sortie d'école. quinze ans, à jamais. ce qui a suivi : des larmes, beaucoup de pleurs. des mots qu'elle n'aura jamais pu prononcer, d'autres qu'elle aurait aimé lui répéter au moins une dernière fois avant qu'elle s'en aille. aidan pour toujours.
a swan song papa avait beau l'aimer de tout son coeur, il était pas sûr que sa fille soit faite pour la danse. elle avait la douceur d'une danseuse étoile, mailee. elle en avait la légèreté, la justesse. ce qu'ils n'avaient pas, c'était la quantité monstre de pognon qu'ils demandaient pour inscrire leur fille de six ans dans un cours de danse classique. comment est-ce qu'on peut justifier de tels tarifs pour des cours de tutus et de pirouettes ? ça n'avait aucun sens. mais c'était ça ou rien. la gymnastique, elle en faisait assez à l'école pour ne pas vouloir en faire en tant qu'activité extracurriculaire. le foot, elle évitait, préférant ne plus se prendre le ballon dans la figure comme ça lui était déjà tant arrivé (les garçons sont des animaux violents). la danse était son choix le plus logique. parce que sa cousine en faisait, parce qu'elle était obnubilée par les ballets qui passaient à la télé le dimanche après-midi, ces mêmes ballets devant lesquels son père roupillait en la gardant dans ses bras. mailee l'a décidé, papa l'a écoutée. elle a pris ses premiers cours à six ans et demi dans des collants un peu trop grands et des chaussons d'occasion. l'amour absolu. des sensations comme jamais ressenties. mailee chérissait autant ses cours de danse que ces soirées passées au fond de son lit avec un pot de glace devant sa série préférée sur netflix. un moyen de détourner le regard des atrocités du monde, un monde différent d'exprimer des choses qu'elle n'ose jamais prononcer. une passion qu'elle a abandonné peu avant d'entrer à la fac. par manque de temps, par manque d'argent. la danse lui reste aujourd'hui un manque.
l'amour ; failure fille facile, ou gamine amoureuse de l'amour elle-même. personne ne sait vraiment, mais mailee bouderait la première affirmation qu'elle trouverait abjecte. élevée devant des rom-coms sur le câble, à bouffer des fanfictions honteuses et des romances de la plume de john green. mailee se devait d'être le genre de fille à ne vivre que par amour. pour dylan, ce gamin pour qui elle craquait en primaire alors qu'il était pas vraiment beau, qu'il bouffait tout le temps des trucs sortis de son nez mais qu'il parlait comme s'il avait six ans de plus. mature comme pas deux. pour maxwell et ces bonbons qu'il aimait partager avec elle à la cantine du collège entre deux blagues nulles qui la faisaient rire. pour felipe et cet accent
caliente qui lui cramait le bas-ventre au lycée. ou encore pour julian et ces mélodies douces qu'il aimait lui intimer avec sa guitare, après les cours. des relations sans importances, d'autres qui en avaient davantage. la vérité, c'est qu'elle a eu le cœur brisé à chacune de ses ruptures. un cœur brisé qu'elle recollait en allant voir ailleurs, convaincue qu'elle avait besoin des bras d'un garçon pour aller mieux.
l'amour ; le dernier l'amour, encore et toujours. une rupture désastreuse, un garçon quelle a peut-être surrestimé du haut de ses seize ans. le besoin d'autres choses, de faire une croix sur les garçons et de se focaliser sur ses examens. elle s'est fait une raison : tous sont des enfoirés (au moins jusqu'au prochain). mais bon. elle a continué d'être active sur instagram, de répondre à ces nombreux dms qu'elle recevait mais qu'elle décidait de ne pas bloquer. les mecs chelous qu'elle préférait insulter pour les merdes qu'on lui envoyait, les fuck boys qui s'approchaient d'elle comme ils s'approchaient de dix autres filles en même temps. parmi cette foule quelque peu déprimante, declan. un physique à en faire tomber un paquet, une majorité déjà bien atteinte et dépassée que ses parents (ni son entourage) n'auraient approuvés. mais des compliments comme on lui en a jamais dits, des mots doux comme elle en a jamais entendus. le genre d'hommes à être totalement hors de sa ligne de mire... de ceux dont t'as seulement la possibilité de rêver. sauf que lui... était là, juste là. un like, un commentaire, une conversation. d'inconnu, il est devenu une connaissance qu'elle aimait appeler le soir venu et les lumières de sa chambre éteintes. un crush qu'elle n'osait pas définir, un ami proche qui en savait plus sur elle que la plupart de ses amies. naïve, imprudente. ils se sont vus à la fête foraine qu'était organisée dans un coin de la ville qu'ils partageaient. le feeling est resté le même. son crush s'est intensifié ce soir-là. la façon dont il tenait sa main, dont il la regardait, s'adressait à elle. il était différent des garçons de son âge : il avait le permis, il avait de l'argent, il avait un toit. il la traitait comme une princesse, comme si elle était la seule fille au monde, c'est ce qui la faisait craquer. ils ont commencé à se voir plus fréquemment. de sorties le week-end, elle a commencé à aller passer la nuit chez lui lorsqu'ils en convenaient ainsi, mettant l'une de ses amies dans le coup pour expliquer ses disparitions à ses parents. c'était beau, magnifique. un rêve éveillé. la plus belle relation qu'elle ait jamais eue.
l'accident ; le life changer elle avait les connaissances, mais était plutôt mauvaise en pratiques. si elle n'était pas vraiment bête et connaissait les bases en terme de contraceptifs... mailee a fauté. en oubliant de prendre la pilule, en surestimant les capacités d'un foutu truc en latex. "ça n'arrive que dans les films", c'est comme les accidents de la route ou ces gens qui se font avoir par la foudre. le jour où l'infirmière du lycée lui a donné un test de grossesse, elle a cru fondre en larmes. enfin, elle a fini par le faire lorsque celui-ci s'est avéré positif. remise en question de l'intégralité de sa vie, de la relation avec son amant, de son avenir aussi. elle l'a d'abord avoué à sa mère : long silence, elle l'a rassurée en lui disant que ça allait aller. son père a suivi, a été moins tendre. pas question d'avorter. c'est pas dans leurs valeurs, et mailee n'en a pas la force. ils se font tous à la nouvelle. personne ne sait qui est le père, elle a mis ça sur la tête d'un mec rencontré en soirée. c'est encore plus la honte. mailee accueillera un enfant dans neuf mois, ils aviseront ensuite. ça s'est mieux passé qu'elle l'aurait imaginé. avec lui, un peu moins. il est pas prêt à ça, il est prêt à rien. il est plus âgé, il a un travail, il a une copine (elle savait pas, forcément). s'ils continuent aujourd'hui de s'envoyer des textos de temps à autre, il ne fait plus partie de sa vie et ne le fera plus jamais. elle accepte à contrecœur ses virements mensuels et lui donne, lorsqu'il le demande, des nouvelles de cet enfant qu'il l'a condamnée à élever seule.
aidan ; love in my heart elle décrira sa grossesse comme délirante. si elle avait encore beaucoup à découvrir de la vie lorsque son ventre s'est mis à enfler, elle ne se jugeait pas prête à découvrir... tout ça. les nausées, la prise de poids, les rendez-vous médicaux, la faim de loup, les envies sur lesquelles elle n'arrivait pas à mettre d'étiquettes, ses crises d'anxiété. son accouchement a duré de longues heures. elle s'est sentie mourir de nombreuses fois, mais c'est bien lorsqu'elle a entendu ses premiers cris qu'elle s'est sentie revivre. un p'tit gars comme elle en attendait un. tout petit, tout fin, tout léger. une plume. un enfant qui n'arrêtait pas de pleurer, son fils. une raison de vivre qu'elle avait eue du mal à accepter mais dont elle a pleinement pris conscience ce jour-là :
le 7 juillet 2020. elle a passé les semaines suivantes à se reposer, à s'occuper de son fils, mais aussi à préparer sa rentrée. mailee s'est redécouverte, a donné un autre point de vue à cette nouvelle qu'elle avait toujours eu du mal à digérer. si elle n'était pas faite pour être mère, elle allait se donner la chance d'essayer, au moins pour lui.
harvard ; complicated life le cinéma ; les études. deux passions communes qu'elle a décidé d'allier en franchissant l'entrée du campus fin août 2020. sérieuse, motivée. elle découvre la vie universitaire et les études supérieure avec les yeux qui brillent. aidan reste chez ses parents ; sans en avoir la garde légale, parents et fille ont pris la décision commune de les laisser s'en occuper pendant ses études, le temps d'avoir une situation. mailee révise et suit ses cours la semaine, prend le train chaque week-end pour rentrer à la maison près d'un enfant dont elle ne sait pas encore bien s'occuper : mais elle essaie d'apprendre. avec beaucoup d'efforts. si l'euphorie et l'envie de découvertes lui occupent l'esprit au tout début de sa première année de fac, mailee avouera souffrir du manque de son fils les mois qui suivront. habitée par un sentiment d'échec, d'abandon. elle sait que son fils mérite mieux mais n'est pas capable de le lui offrir. pas encore. et pourtant, son téléphone a sonné début mai. des soupçons de problèmes de santé pour son père, l'incapacité de ses parents à pouvoir s'occuper de son fils actuellement. mailee n'a eu d'autres choix que de rater les cours pendant une semaine pour aller le chercher, et revenir avec lui à boston. c'est la panique, c'est la merde. heureusement que les vacances approchent.
en vrac elle a une photo de son fils en fond d'écran. la première photo qu'ils ont pris ensemble, alors qu'elle était encore shootée dans un lit d'hôpital et qu'il avait pas les yeux encore bien ouverts. x elle a une peur bleue du noir, un problème d'enfance pas encore résolu. x elle flirte souvent (sans la volonté de se poser) sans mentionner son statut de mère célibataire, convaincue que ça fait fuir ceux à qui elle s'intéresse. x elle dépense à outrance, fait pas vraiment attention quand elle met un truc dans le caddie. mauvaises habitudes qui finiront par la mettre sur la paille. x mailee est allergique (pas littéralement) aux légumes verts. non pas qu'elle est immature, mais ça la dégoûte pas mal. x elle a conservé ses premiers chaussons de danse. en sale état, ils trainent dans sa chambre d'adolescence, près des quelques photos de groupe prises avec ses amies à cette époque-là. x des rêves plein la tête, elle a écrit une bucket list à l'anniversaire de ses dix-huit ans. un saut en parachute, un voyage à paris, un massage thaïlandais, une nuit à disney world. tout s'y trouve. elle y jette un oeil de temps en temps. le temps passe. x elle a réalisé quelques courts avec le vieux camescope que son père lui a offert pour ses quinze ans. des trucs cons, faits avec les moyens du bord et aucun budget. tous en ligne sur youtube, elle les a passés en non-répertoriés dès son entrée à harvard, quelque peu honteuse de ses oeuvres mal jouées et foutrement risibles. x