TAYLOR/SOFIA ❝ Don't let anyone decide for you. ❞

Il était aux alentours de dix-sept heures lorsque j’arrivais au Cambridge Common. J’avais passé toute la journée enfermée dans un amphithéâtre et j’avais besoin de prendre l’air. Surtout que le printemps avait enfin décidé de pointer le bout de son nez. Autant en profiter, non ? Et puis, il y avait aussi le fait que je n’avais aucune envie de rentrer à la maison, je partageais l’appartement avec mes deux meilleures amies. Depuis qu’Oxana avait découvert la vérité sur moi… sur ma petite addiction, nos relations étaient un peu tendues. Quant à Presley, elle ignorait encore tout… sauf si Oxana lui en avait parlé. Du coup, je ne savais pas trop comment agir. Je soupirais à ces simples pensées. Je marchais dans le par cet mes yeux s’arrêtaient sur le coin du parc qui était encore condamné. Il restait encore des vestiges des attentats de Janvier. Et quand je pense aux attenta récents à Boston, je ne peux m’empêcher de penser qu’on vit dans un monde de fous et cela ne fait qu’accentuer mon sentiment d’insécurité. Pas étonnant que j’en sois venue à prendre des calmants pour amoindrir mon angoisse. Je sortais brutalement de mes pensées lorsque je sentais qu’on me bousculait. C’est ça de « rêvasser » au beau milieu du passage. L’homme m’adressait a peine un pardon et qui continuait son chemin comme si de rien était – « Hé ! T’excuses pas surtout ! » - Râlais-je. En tant normal, je n’aurais pas râlé ainsi, mais ces derniers temps, j’étais beaucoup moins calme que d’ordinaire.

Je portais mon attention sur la jeune femme lorsque j’entendis le son de sa voix. Taylor était l’une de mes amies depuis quelques années maintenant. Trois, pour être exacte. Je me souviens encore de notre rencontre. Nous nous étions retrouvées assises côte à côte pendant le discours du doyen. Parfois, on rencontre des personnes avec qui le feeling passe tout de suite et c’est ce qui est arrivé avec la miss Goldsmith. Un sourire se fendillait donc sur mon visage en voyant mon amie – « Salut ! Hé bien je crois que tu viens de donner toi-même la réponse. C’est juste un connard qui n’a aucun sens de la politesse. » - Mes parents m’avaient élevé avec certaines valeurs et ils m’avaient aussi appris à respecter les autres et à être polie. Mais bon, tout le monde n’a pas la chance de recevoir une éducation digne de ce nom. Je soupirais pour essayer de me calmer. C’est dingue ! Avant ce genre de chose me serait passer complètement au dessus de la tête. J’ai toujours été une jeune femme calme et posée. Je suis capable de rester très calme face à une personne qui s’énerve contre moi (ce qui énerve encore plus la plupart des gens d’ailleurs). Il me semble que ce trait de mon caractère à disparu, depuis l’agression, depuis la bombe, depuis les cachets. Ces médicaments me rendent soit irritable, soit complètement amorphe quand j’exagère la dose – « Mais sinon ça va. » - Reprenais-je après un petit moment de silence – « Et toi, ma belle ? Encore le nez dans les bouquins à ce que je vois » - Je descendais mon regard sur un livre qu’elle avait entre les mains. Je supposais donc qu’elle était venue réviser au grand air. Après tout, c’est beaucoup plus agréable que de rester enfermé derrière un bureau.

« Ça, je veux bien te croire, ma pauvre. » - Répliquais-je lorsqu’elle me dit que les examens finiraient par la rendre folle. La période des examens est déjà suffisamment difficile quand on fait quelque chose qui nous plait, mais quand ce n’est pas le cas, c’est encore pire. Difficile de s’accrocher et de rester motivé lorsqu’on se retrouve contraint à étudier une filière qui ne nous intéresse pas. Je me demandais vraiment comment Taylor pouvait tenir. J’étais un esprit libre aimant suivre ses envies et vivre de ses passions. J’avais donc un peu de mal à concevoir la vie autrement. Je savais bien que tout le monde n’avait pas la même chance que moi. En plus d’être issue d’une famille fortunée, j’avais des parents qui me laissaient beaucoup de liberté – « Ouais, j’ai un peu de temps. J’ai fini ma journée en fait et j’avais besoin de prendre un peu l’air. » - Sur ces mots, je suivais Taylor jusqu'à la table de pique-nique où elle s’était installée avec toutes ces affaires. Je m’essayais face à elle et jetai un coup d’œil aux bouquins qui étaient posées sur la table – « Sérieusement, je me demande comment tu fais, rien que les titres des bouquins me donnent un début de migraine. » - Dis-je en ne plaisantant qu’a moitié – « Heureusement que je suis là, comme ça tu es obligée de prendre une petite pause. » - Je lui adressais un léger sourire.