Sushis et chantilly

C'était la vie. On faisait des plans, on se projetait dans un futur bien organisé, bien rangé qui nous ressemblait, et puis d'un coup, pour une soirée trop arrosée, pour des sentiments mal maîtrisés, tout était bouleversé. Tout se modifiait et il fallait refaire les calculs. réfléchir autrement. Parfois c'était pour des jolies opportunités, d'autres fois le destin se jouaient des êtres humains. Il y avait pire nouvelle, en tout cas, qu'un enfant à naître, et si les circonstances n'étaient pas les plus idylliques, Diego allait devenir père et elle était certaine qu'il remplirait ce rôle là à merveille. L'enfant à venir aurait de la chance, elle en était certaine.
Et en attendant sa naissance d'ici quelques mois, autant profiter du futur papa qui allait voir ses nuits s'écorcher à la vitesse de la lumière. Donc tant qu'il avait encore un peu d'énergie… Les sous-entendus sont limpides et la chaleur monte alors qu'il la provoque du regard et de ses mots. Elle a presque l'envie de ramener ce "tout à l'heure" à "maintenant", de dire tant pis au sushi, d'empoigner sa main et de le ramener chez elle illico presto. Mais Abril sait se tenir et noie plutôt sa frustration dans son verre.

Heureusement leur commande arrive rapidement et elle plonge avec délectation sur ses sushis, les trempant consciemment dans le gingembre et la sauce soja.

– Tu savais que le gingembre était un aphrodisiaque ?

Sourire entendu alors qu'elle en rajoute un peu du bout de ses baguettes.

– Même si je doute que ce soit utile entre nous.

Oh non, clairement, il n'avait pas besoin de ça pour avoir plein d'idées sur la suite de leur soirée et de leur nuit.

sushis et chantilly with @Abril Ojeda   
C'était loin dans mes projets et pour dire la vérité, c'était vraiment pas du tout dans mes projets. De devenir père et en plus que la femme qui est enceinte de moi n'était qu'une relation d'une nuit. Et même un mariage à Las Vegas étant complètement ivres, une nuit de folie, une belle lune de miel. Bref, tout ça pour arriver à devenir papa. Je préférais ne pas y penser même si c'est réel et qu'il va falloir assumer. Pour l'instant j'aimerais simplement profiter entièrement de ma vie de célibataire, sans avoir des responsabilités à gérer. Je vais devoir même m'organiser pour arriver à tout gérer une fois l'enfant nait, mais il y a le temps même si il passe vite. Je préfère penser que je passe des bons moments et des nuits torrides en ta compagnie, j'ai jamais été déçu de celles-ci. J'ai déjà bien hâte de passer au dessert même alors que je déguste le champagne qui coule le long de mon gosier. Les sushis qui arrivent enfin et je peux les tremper dans la sauce soja sucrée avant de les engloutir un à un. Tout à coup, mon sourire s'élargit sur mes lippes en t'entendant. Ah ouais?! Bizarrement, je n'en doute même pas... Et c'est comme si tu lisais dans mes pensées, tes paroles me font rire, te provoquant totalement du regard. On a vraiment pas besoin de ça... Je te sens déjà toute chaude tout comme moi... Finissons vite ce repas que je te montres à quel point je suis très chaud, trop étroit dans mon pantalon et que j'aurais bien envie de te faire monter au septième ciel.

Les sushis étaient bons, la sauce soja juste assez sucrée sans être écœurante, et pourtant Abril avait déjà hâte que le repas se termine. Pouvoir s'éclipser en douce pour rejoindre l'appartement qu'Angèle avait en plus déserté pour la soirée, afin de prendre ce fameux dessert promis à base de la bombe de crème chantilly qui les attendait patiemment dans le frigo de la cuisine de sa colocation. D'un autre côté, tenir ainsi ne faisait que monter la tension entre eux, intensifiant chacun de leur regard qui brûlait d'une flamme presque lubrique. Il avait raison ; elle avait trop chaud et ses pensées étaient déjà en roue libre, se rappelant des dernières fois où ils avaient consommé leur attirance mutuelle l'un pour l'autre. Moments bien agréables, surtout qu'il n'y avait rien d'autre à gérer qu'un bon moment passé ensemble : règles clairement établies, juste deux amis qui s'envoyaient en l'air, se marraient bien, et ne ressentaient rien de plus l'un pour l'autre. Parfois, la simplicité avait du bon.

– La prochaine fois on devrait prendre à emporter.

Pas sûr cependant qu'ils parviennent à trouver un moment pour manger dans ce genre de cadre. Et puis finalement ça n'avait pas que du mauvais, ça lui avait aussi permis de se confier sur sa vie, d'aller au-delà de cette simple attirance physique, parce que l'amitié ça avait du bon également.
Avalant son dernier sushi, Abril s'essuie ensuite la bouche avec sa serviette puis termine son verre, un sourire à fleur des lèvres et un clin d'œil adressé à son interlocuteur.

– Je sais pas toi, mais quand tu auras fini je crois qu'on ferait mieux de ne pas trop s'attarder par ici et de plutôt aller dévorer le dessert chez moi.

Dessert qu'elle entendait bien savourer une bonne partie de la soirée.

sushis et chantilly with @Abril Ojeda   
En faites, je ne m'étais pas imaginé te parler de cette aventure qu'il m'arrivait en ce moment. J'voulais tout simplement passer du bon temps et une excellente soirée à tes côtés et non me confier sur ce mariage à Las Vegas et ce bébé en route. Forcément, tu me connais trop bien et tu savais que j'avais un truc qui me tracassait alors je te devais la vérité parce que je n'aime pas mentir non plus et faire comme si tout allait bien alors que parfois ça m'arrive. Pour ne pas inquiéter les autres et surtout ne pas les ennuyer et gâcher ce beau moment. D'autant qu'avec tes sous-entendus ainsi que ton pieds qui frotte doucement ma jambe jusqu'à mon entrejambe afin de me chauffer un peu, ça me fait directement penser à notre nuit de folie qu'on allait sans doute passé. On passe toujours des agréables moments tous les deux et si bien, qu'on recommence encore et encore. Je vais t'offrir ton plus beau cadeau d'anniversaire. Hm... Bonne idée. Et je sens bien qu'on va pas manger toute de suite si on prends à emporter. Ou alors on aura d'autres idées en tête qui vont faire qu'on va plus avoir faim d'autre chose que de sushis... Et cette amitié est si simple avec toi, sans prise de tête parce qu'il n'y a pas que le sexe entre nous, c'est facile de bien s'entendre avec toi. Ce jeu de regards devient intense alors que j'engloutis les derniers sushis. Bizarrement, j'ai déjà bien mangé et il me manque plus que le dessert à savourer... Que j'attends avec impatience... C'est donc une invitation à vite finir tout ça et payer l'addition. En même temps tu m'aguiches et je suis faible. Je porte ma coupe de champagne aux lèvres et fini donc ce breuvage. C'était excellent. Je te regarde comme pour demander si on pouvait enfin savourer le dessert.

Ils sont intenables, mais ils ont en trop parlé, se sont trop teasés pour ne pas en avoir envie. Et le gingembre n'a rien à voir avec tout ça, ce sont plutôt leurs hormones qui s'expriment, qui les font achever leur met rapidement, avec cette envie de commande l'addition pour disparaître chez elle le plus rapidement possible. Il n'est encore jamais venu dans son tout nouvel appartement, l'occasion de lui montrer cette chambre bien plus grande qu'elle a désormais et dans laquelle ils comptent bien s'amuser. Ça ne ressemble plus à sa petite chambre d'étudiante dont le lit une place grinçait et sur lequel il faisait bien souvent d'ailleurs l'impasse, lui préférant le bureau. Tout est facile, et c'est sûrement pour ça que ça marche aussi bien entre eux, quelques messages de temps en temps, que ce soit en tant qu'amis ou amants, aucune prise de tête pour beaucoup de délices. Ils verraient si la nouvelle paternité de Diego allait changer quelque chose, mais ça ne servait à rien d'anticiper, mieux valait encore vivre le moment présent.
Elle le regarde avaler ses derniers sushis avec un sourire coquin et le simple fait de parler de dessert en la déshabillant du regard fait remonter un frisson dans son corps. Elle peut le sentir en ébullition, le désir envahissant déjà son être et c'est fort à parier qu'il en va de même pour lui.

– Pas autant que ce qui va suivre.

Voix enjôleuse alors qu'elle rassemble ses affaires et qu'ils se lèvent pour aller régler l'addition. Abril n'est pas du genre à se laisser entretenir, surtout par les hommes, mais cette fois-ci pourtant elle ne tente pas de sortir son porte-monnaie et de se battre ; après tout il a promis de l'inviter pour son anniversaire et elle veut bien l'accepter. Et puis il n'y a pas une seconde à perdre… Leurs affaires réglées, elle attrape sa main pour les mener à l'extérieur, la fraîcheur du mois de mai les attrapant dans son filet. Ils n'ont fait que quelques pas qu'elle se retourne pour plaquer ses lèvres contre les siennes, petit avant goût à ce qui suivra quand ils seront arrivées à destination…

sushis et chantilly with @Abril Ojeda   
Je suis prêt à parier que tu ne tiendras pas une minute de plus une fois arrivés à ton domicile. Je te sens déjà désireuse de passer au dessert tout comme moi. Rien que nos regards et nos sourires nous trahissent. Après de multiples confidences et de sérieux, de parler d'avenir incertain et d'un futur bébé, il fallait penser à autre chose et surtout au présent. Ainsi soit-il. J'ai bien envie de t'offrir mon cadeau là maintenant. Soutenant ton regard à tes mots qui me font sourire de plus belle. Ce sourire bien malicieux et coquin qu'on reconnait. Hm... J'en ai l'eau à la bouche. Tu me donnes déjà bien envie là maintenant alors qu'est-ce qu'on attends. J'ai terminé mes sushis ainsi que ma coupe de champagne. Tout était excellent, mais t'as bien raison parce que la suite va devenir bien meilleure. Je réclame l'addition, la paye d'un coup de carte de crédit et une fois debout, elle attrape ma main, se dirigeant à l'extérieur du restaurant. Nous faisons quelques pas et sans m'y attendre une seconde, tu me prends par surprise en venant plaquer tes lèvres contre les miennes, baiser que je prolonge avec intensité... Un baiser qui en dit long sur la suite des événements à venir et qui me tarde de passer à la suite. Venant entourer mes mains autour de tes hanches pour intensifier le baiser, ma langue qui danse avec la tienne. Il fallait couper court un peu trop vite à mon goût à cet échange intense pour que je vienne prendre ta main et t'emmener jusqu'à ma voiture que j'ouvre, te laissant t'installer côté passager et prenant place au côté conducteur, refermant la portière pour ensuite démarrer le véhicule. Accroche toi bien, ma belle. Lançais je en t'adressant un clin d'oeil. Le véhicule roule jusqu'à ton domicile.

Clairement, ils ont tous les deux faim, et d'autres choses que des sushis. Elle lui a promis un dessert à base de crème chantilly et ne compte pas y déroger ; tant pis pour la carte des desserts pourtant alléchante du restaurant, ils devront se passer de leur commande alors que les deux jeunes récupèrent leurs affaires et laissent le courant les porter à l'extérieur. Extérieur dont elle profite pour lui rouler un patin bien intense que Diego accueille en l'intensifiant, leur langue s'enlisant dans une danse dont ils ont le secret et annonciatrice d'une belle suite de soirée.
Mais si toutes ses hormones sont en ébullition, ils ne peuvent décemment pas coucher devant un restaurant et il leur faut bien rompre l'échange pour qu'il puisse attraper sa main et la tirer en direction de sa voiture. Heureusement, le trajet ne sera pas trop long… ce qui ne l'empêche pas de se la jouer provocatrice. Remontant sa robe à la lisière de la décence, ne laissant cependant encore rien apercevoir. Ses mots en revanche, en disait long…

– Au fait je t'ai pas prévenu ? Je ne porte pas de petite culotte.

Elle avait lâché l'information sur le ton de l'innocence alors que la voiture se garait dans l'allée juste devant le garage. Puis, sans lui laisser le temps de réagir à sa phrase, elle tira sur la poignée de la voiture afin d'ouvrir la portière et de s'en extraire, un regard provocateur dans son sillage alors qu'elle commençait à marcher en direction de la porte d'entrée.