marée noire (caesian)

Pourquoi il viendrait ? Pourquoi il serait là ? Probablement parce qu’il veut l’être. T’aider, être une épaule où te reposer. Vieux démons de ces habitudes à la solitude qui font surfaces. Personne ne dehors d’Adriana n’a été vraiment là pour toi. Il arrive, lui. Qu’est ce que tu vas bien lui dire, hein ? Tourbillon infernal dans le creux de tes entrailles. Les nouvelles d’Ivy, Caesar qui se rapproche à grand pas de ces chiottes où tu caches ton corps en fœtus sur le sol blanc, froid. Qu’est ce que tu vas lui dire ? Les yeux embrumés, le cerveau éclipsé. La porte qui s’ouvre, les pas qui se tiennent en face de toi. Ton front est posé sur ton avant-bras, lui, sur tes genoux ramenés contre toi. Sans même relever la tête, tu sais que c’est lui. C’est son parfum qui vient d’enlacer ton âme toute entière. Pourquoi est ce que je ne comprends jamais rien à ce qu’il se passe dans ma vie ? J’sais pas ? Y’a une volonté d’me boycotter da ma propre existence ? Trop existentielle pour toi. Merde Caesar j’ai peur. Peur de ce qui vient de te tomber sur les épaules. Erin, ton ex et auteure de tes cicatrices indélébiles finalement internée à l’autre bout du pays et l’existence d’un mini toi ? C’est trop.

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jeudi 28 avril, all for one fondation Les messages qui inquiètent réellement, les sourcils qui se froncent et une décision probablement trop hâtivement prise. Tu m'as dit non et pourtant, j'ai persisté. Hors de question d'abandonner quand y a un truc qui va pas, quand y a un truc trop "grave" comme tu m'avais confirmé. J'aime pas te savoir comme ça, encore moi enfermé dans des toilettes alors j'débarque, j'ouvre la porte et te découvre, referme derrière moi avant de me poser devant tes genoux, à les prendre entre mes paumes. Y a ce silence que je te laisse rompre. "Mat ..." Mais y a rien qui sort, pas de mots réconfortants, j'suis pas bon à ça. Alors j'm'avance un peu, j'viens attraper tant bien que mal tes joues entre mes mains, j'viens retrouver ton regard remplis de larmes, je viens embrasser tes lèvres, poser mon front contre le tien. "T'es pas seul pour traverser tout ça." J'comprends pas tout, j'ai pas toujours les mots mais j'suis là.

Lèvres posées contre les tiennes, ce regard fuyant que tu laisses s’interposer entre vous. La honte ? non. La peur ? Oui. Celle qu’il te voit si faible, si fragile Qu’il contemple comme t’es si facile à briser. Pour ça, pour autre choses, pour tout. Nez qui renifle pour une délicate symphonie entre ces murs sinistres. Une main qui extirpe ton téléphone de ta poche, quelques secondes pour ouvrir la conversation meet avec Mila. Tu lui donnes, sans un mot, sans rien de plus. Impossible de parler. Messanges échangés sur cet enfant, le tiens. Ta fille. Une fille. Deux ans. Sa mère, ton ex, violente. Celle qui t’a détruit sans jamais se retourner pour s’excuser. Mila veut venir dans quelques jours ou semaines, sans dates fixes, sans informations certaines. Elle veut venir ici, avec le mini humain portant tes gênes.

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jeudi 28 avril, all for one fondation Y a ces palpitations qui m'font vibrer, qui m'font sentir vivant et que je veux te faire sentir à travers l'épiderme de mes lèvres. J'veux que quand tu me regardes, t'aies envie de sourire et de rayonner comme à ton habitude. Mais c'est pas le cas. C'est loin de l'être. Loin d'être le cas. Et t'ouvres ton tel les yeux trempés, et tu me montres l'écran. J'vois des messages, j'vois leur contenu. Et j'sais pas quoi dire. J'tombe sur le cul en face de toi, la main qui accroche mon front, ma mèche qui tombe sur le visage. J'sais pas quoi faire, ni quoi dire. "Je ..." Je suis pas prêt pour ça. "On fait quoi ?" On est censé faire quoi ?

Est ce que tu dois être heureux, triste ? Aucune idée. Tu le sais juste : tu es vide. Vide de sens, vide de compréhension. Pourquoi te l'avoir caché ? Pourquoi te laisser sans nouvelles, sans informations. Jour au lendemain abandonné avec l'improbable réalité qu'elle était enceinte. Tu soulèves la tête pour le fixer quand ses mots se font entendre : on. Quelques secondes de latence. Comment ça "on" ? Est ce qu'il veut vraiment plonger les deux pieds dans tous tes infinies problèmes ? C'est une déclaration à long terme ? Mille questions, au moins. Sans réponses pour l'instant. Qui le resteront, encore un peu. Je t'aime. Ta main s'est collée au revers de la sienne, carresser son derme d'une phalange quand ton regard fixe le mouvement. J'en sais rien. J'ai une fille. Sa mère est internée, son.. père est un suicidaire instable. Je suis pas reconnu comme son père forcément, enfin encore. Je sais même pas comment on fait ? Elle a deux ans. Tu ricanes, nerveux. Je sais pas.

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jeudi 28 avril, all for one fondation Peur qui commence à prendre à la gorge, à la serrer un peu plus que la normale, j'm'étouffe discrètement, à deux doigts de clamser sous les questions qui coulent et débordent de la tête. Pourtant, j'étais là pour te rassurer moi, pour être là alors que j'ai qu'un envie et c'est pas la bonne : fuir. Mais comment peut-on fuir quand tu prononces les trois mots incapables à sortir de ma bouche ? Ces trois mots que je peux chérir autant que détester. Dans ta voix, ils semblent ... parfait. Pourtant y a ces mots, ces lettres que je vois encore accrochées à l'écran de ton téléphone. Puis je te blottis contre moi, te fait tourniller pour sentir ta respiration parcourir ton échine contre mon torse. J'fais peut-être ça pour pas que tu vois l'eau salée perles contre mes joues sous la peur du destin. "C'est Erin ? Chuuuut dit pas ça de toi. T'as le droit à pas être au top tout le temps et ..." Et quoi Caesar ? Dis la vérité maintenant. "... C'était ma faute." De t'avoir laissé, lâchement abandonné sans même voir ce que tu représentais. "Ok ..." Alors on est deux pauvres paumés. On fait quoi dans ces moments ? On se contente de se caresser les mains du bout des ongles, on se contente de pose son menton sur la tête de l'autre et de serrer ses cuisses contre ses hanches. "On rentre ? Tu avais prévu quoi au boulot aujourd'hui ? Est-ce que je dois prévenir ta soeur ? Tu ... Je peux t'aider -en dehors des toilettes, c'est pas que j'aime pas mais je suis sûr que quelqu'un a lâché son incontinence sur le sol..."

Donné comme une évidence. Quelques mots succins étroitement gardés pour toi depuis plusieurs jours débités sans vraiment en contrôler le flux sortant. C’est dit, comme ça. Sur un sol faux blanc senteur javel d’un couloir de chiotte. Surement pas le plus romantique, hein. Mais c’est quand tu le vois, quand tu sens sa présence, que les actions passent avant les paroles : c’est maintenant que tu l’aimes vraiment. Il n’a pas répondu, simplement ton corps ramené contre le sien comme réponse. Non ce n’était pas toi. C’était Estrella, Sheyenne, tout le reste. Toi et ta façon légendaire de vivre tes émotions en puissance décuplée. Tu te relèves finalement, mains qui tapotent ce cul aplatis par les longues minutes par terre. Adriana le sait, elle a vu les messages aussi. Je vais juste prévenir que je pars. Une fois sortie de la fondation, l’air qui passe dans ta nuque, rappel à la réalité dans lequel t’es. Tu comptes m’aider comment ? Non pas que je doute de toi hein. Mais j’sais même pas ce que je suis censé faire moi-même. J’suis censé être content ou triste ? J’en sais rien. Soupire profond quand le regard se tourne vers les passants. Puis c’est comment un gosse à deux ans ? Déni total. Tu sais je comprendrais si tu veux pas.. vivre ça. Ton regard s’est planté dans le sien, cette fois.

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jeudi 28 avril, all for one fondation Si, c'était un peu de ma faute au fond, ce besoin de choisir les mauvaises personnes probablement pour remarquer que les bonnes sont toujours là, juste à côté. "... et moi." Je le sais, un sourire, une phalange sur ton cou avant que les doigts n'attrapent ta nuque. Alors j't'aide à te relever, j'acquiesce tes mots, incapable de trop réfléchir à autre chose, processus qui je le sais sera long, malgré tout ce que je pourrais dire, j'suis pas prêt, j'm'en sens pas capable. Qui vais-je devenir ? Toi t'es fait pour ça, t'as toujours voulu d'un gosse et c'est peut-être ton unique opportunité. Mais moi, je serais quoi si cette gamine vient à prendre trop de place dans ta vie ? Tu vas m'évincer ? Me demander de partir, tu me pousses déjà à prendre la fuite, tu m'ouvres la porte et j'ai peur de la prendre pour que tu la refermes. Alors j'traverse pas et je te suis, au secrétariat pour que notifie ton absence, les yeux bouffis, rougis. J'descends les escaliers à tes côtés, les iris perdus dans un vide certain. "On va faire un truc, rentre dans la voiture." Puis j'nous conduis dans ce bar e-sport. J'sais que c'est ton truc de redevenir un gamin parfois. C'est ça qui fera de toi quelqu'un de bien pour cette petite. Moi ? Qu'une vilaine ombre sur le tableau blanc que vous formerez.