Carmen Gallower-Orhen . Abbey-Lee Kershaw

Mon histoire est celle de n'importe quelle autre fille. Je suis née dans une petite ville des Etats-Unis, mais je ne sais pas laquelle. En effet, je suis née sous x et je n'ai pas eu la chance d'avoir une vraie famille. J'ai été ballottée de familles d'accueil en familles d'accueil, et la seule qui ait bien voulu de moi plus que quelques semaines, c'était la famille Orhen, c'est pour ça que je porte le même nom de famille qu'eux. Mais un jour, j'ai fugué de chez eux. Aujourd'hui encore je sais pas trop pourquoi, peut-être parce que c'était devenu une habitude pour moi. En plus, j'étais jeune, je devais avoir quatorze ans. On m'a renvoyée ailleurs, dans une autre famille, et quand j'ai fêté mes seize ans, quand j'étais trop grande pour que quelqu'un veuille bien m'adopter, on m'a fichue à la porte. Les services sociaux n'en ont plus jamais rien eu à faire de moi, et au fond je les comprends un peu. On ne peut pas dire que j'ai été un cadeau : j'ai fugué d'à peu près toutes les familles dans lesquelles on m'a envoyée, je ne fichais rien en classe et j'ai été renvoyée de trois lycées. J'ai participé à quelques braquages, aussi, avec la petite bande de potes que j'avais, mais rien de bien important. Quoi qu'il en soit, ça a largement suffit pour qu'on me dise de dégager, et à partir de ce moment, je me suis débrouillée toute seule. J'ai été émancipée et j'ai commencé à mener la vie que je pouvais comme je le pouvais. C'était pas facile, au départ surtout parce que je n'avais pas d'appartement et personne vers qui me tourner. Je dormais le plus souvent dans des foyers pour jeunes filles mais franchement ça ne me convenait pas du tout.

Alors j'ai décidé de prendre les choses en main. Du jour au lendemain j'ai repris le l'école, je me suis trouvé un petit studio tranquille et j'ai fais ma vie dans mon coin. J'avais un petit boulot à mi-temps pour payer mes études et pour que je sois tranquille financièrement, et voilà. Rien de bien original, quoi que ça changeait déjà de tous ces gosses de riches qui n'avaient qu'à claquer des doigts pour obtenir ce qu'ils voulaient. Mais je m'en foutais. Ca me convenait. J'allais en cours, je faisais mes courses, je travaillais un peu mes cours, et le soir j'allais « travailler ». Pourquoi le soir ? Tout simplement parce que c'était un job de nuit. Je faisais 23h-4h du matin. C'était creuvant mais j'avais pas de mal à suivre les cours, alors je m'en foutais. Tout comme je me foutais des regards choqués qu'on me lançait quand j'étais habillée à la Pretty Woman et que je me baladais sur les Avenues mal famées de New-York. Qu'ils aillent tous se faire voir, moi, au moins, j'ai plus de mérite qu'eux. Et en plus, c'était bien payé.


Voilà à quoi s'est résumé ma vie pendant à peu près un an. Au départ, rien ne me destinait à aller à Harvard, bien au contraire. En vérité, je pensais même à arrêter mes études le plus vite possible : quitte à être une pute, autant l'être jusqu'au bout ! J'étais plutôt une belle fille et c'est pour ça qu'on me demandait souvent pour participer à des soirées, accompagner des personnes ou autre. Et là je gagnais encore plus. Je mentais sur mon âge, bien sûr, et ma fausse carte d'identité aidait bien. Pourquoi ne pas faire ça à plein temps alors ? Quoi qu'il en soit, je continuais le lycée parce que je m'étais rendue compte que j'adorais les sciences physiques et les mathématiques, bien que je n'en ai pas vraiment compris la raison. Les autres matières, je les délaissais complètement, mais ça... J'étais la meilleure et j'avais toujours les notes maximales. Les professeurs n'ont pas vraiment compris non plus pourquoi – je n'étais pas vraiment le stéréotype de l'élève modèle avec mes jeans déchirés et mes talons aiguille – mais l'un d'entre eux fini par vouloir me faire passer des tests de QI, et il s'avéra que j'étais surdouée. Maintenant encore, quand j'entends ça ça me fait bien rire ! Qu'est-ce que ça voulait dire « surdouée », au juste ? Rien du tout. Parce que malgré ça, tous les soirs je devais sortir.

Ils me firent finalement passer les examens d'entrée à l'université avec un an d'avance, et je fut reçue avec succès. Une fois de plus j'avais obtenue les notes maximales, et ils pensaient vraiment que j'étais une sorte de génie de la physique et des mathématiques. Un truc dans le genre . Le jour où le principal m'avait convoquée pour me dire que mes dossiers de candidature avaient reçu des réponses positives pour les meilleures universités du pays – Yale, Columbia, Darthmouth, et bien sûr Harvard – je ne pu m'empêcher de rire. Ah j'avais envoyé ça, moi ? Première nouvelle ! Mais finalement, c'était le principal s'en était chargé lui-même. Il avait même réussi à m'obtenir une bourse d'études pour Harvard, car il connaissait l'un des responsables des attributions des bourses. Pourquoi il avait fait ça, même au jour d'aujourd'hui je n'en sais rien. Et je m'en fout. Je me suis quand même inscrite à Harvard en sciences physiques et mathématiques, parce que je voulais quitter New-York et repartir à zéro, même si les vielles habitudes s'accrochent. C'est comme ça que je suis arrivée à Harvard à 17 ans. Mais malgré mon jeune âge, je suis major de ma promotion, ce qui surprend tout le monde. Et je suis même en avance sur le programme, au point que j'ai presque fini le programme de deuxième année alors que je ne suis qu'en première.