(Wade) You know it's not the same as it was

Dans le vie, il faut savoir mesurer sa chance, mesure l'envergure de ses privilèges, j'ai connu les frères et sœurs de Wade bien avant le drame, et désormais, je fais ce que je peux pour l'épauler du haut de mes vingt et un an. Si je suis encore une gamine, j'ai grandit au milieu d'une grande fratrie, si bien que j'ai quelques réflexes, que j'ai cette habitude d'évoluer au sein d'une meute, et de diverses personnalités. Cette famille je m'en suis entichée, elle est un peu celle que j'ai ici, la mienne étant restée à Bath. Et aujourd'hui, j'avais eu envie qu'on passe simplement un moment ensemble toi et moi, moment fun et chill comme on s'en autorise rarement. Toi de par la charge de ton activité, moi avec les partiels qui approchent j'ai besoin d'un sas de décompression. Et l'univers semble l'entendre, il fait beau, grand soleil, truc de dingue d'avoir un peu de douceur en ce printemps, comme la promesse de l'été à venir, rien que ça et on se sent mieux. J'ai sorti la salopette en jean et un sweat bordeaux revêtant le blason de ma fac, nattes pour dompter les boucles, gamine éternelle, quand je viens te rejoindre. De dos, paumes plaquées sur tes prunelles, je souris comme une enfant. « BOUH » Je suis idiote parfois, mais c'est aussi pour ça qu'on m'aime.

Amusée comme une gamine, que je suis encore un peu quelque part. Je sautille toute hantée par ma frénésie puérile, les pommettes légèrement colorées de ma hargne. « Elle a les meilleures blagues, elle a su de qui apprendre ! » dis-je en laissant mes billes bleutées se poser sur les tiennes. Retrouver la mer est toujours une chose appréciable, qui vient me reconnecter à mes origines anglaises. « Evidemment. » Je le prends toujours lorsque je me rends au bord de l'eau, question de principe. Parfois je ne l'utilise pas, mais je ne veux pas avoir à regretter de ne pas l'avoir pris, même si il fait moins douze dehors. « T'es chiche de te baigner ? » Allumée jusqu'au bout que je suis. « Le goûter ou le dîner n'en sera que meilleur ! » J'ai besoin d'une pause, d'une soupape fantasque au milieu de toutes ces révisions, de me réconcilier ne serait-ce que l'espace d'un instant avec ma folie.

Simple rire enfantin et fantasque qui résonne à ta réponse. Tu sais parfaitement qu'elle tient de toi mais peu importe c'est plus drôle de prétexter ne pas savoir. Là, je suis occupée à me laisser porter par la folie de notre instant, challenge ridicule qui va pousser les vices de mes fantaisies un peu plus loin encore. Je n'ai plus été fantasque depuis trop longtemps et avec toi, j'ai toute confiance de le faire. « Yeaaaaah !! Allez ! » Dis-je en me retrouvant rapidement en costume de bain, peau laiteuse et exposée, je cours comme une folle. « Le dernier à l'eau est une dinde arc-en-ciel ! » ça veut rien dire et ce serait même plutôt cool, mais ce serait pour la beauté du challenge !! Je ris, et ça fait du bien, criant lorsque la fraîcheur aqueuse vient réveillée mes récepteurs tactiles. « Merci ! » dis-je en te souriant. C'est bon d'avoir un semblant de foyer ici sur Boston qui me rappelle la maison. « Je pourrais m'habituer à vous squatter ! » dis-je en t'éclaboussant et en riant à nouveau. « Alors, pas trop fraîche ? » On sera que plus heureux une fois au dehors. La joie saine des méfaits accomplis.

J'aime ta maturité et j'aime aussi tes folies. Tu as pas de problème à osciller entre les deux. Responsable de famille malgré toi et gamin invétéré. Moi j'aime célébrer tes deux facettes, mais aujourd'hui, c'est la deuxième qui a besoin de s'exprimer. J'aime être avec toi et avec Ian et Nana aussi, parce que vous me rappelez la famille que j'ai pas ici à Boston. Bien sûr, il y a mon frère, mais c'est pas celui dont je suis la plus proche et c'est pas pareil. « Tu crois ? » dis-je en riant. J'oserai pas, mais honnêtement au fond de moi, ça me tente plutôt. « Tu verras ce sera pire en sortant, mais profitons juste du moment. » On se sent vivants et forts, comme si on avait accompli un exploit incroyable que d'autres dingues comme nous réalisent pourtant tous les jours. Je suis en pleine forme oui, parce que je suis bien ici avec toi. « Comme dans Narnia ? » dis-je en pouffant mais version océanique. Et j'aime la référence au Titanic, à l'inversion de nos rôles qui nous sont prédestinés. « Un vagabond dans le sou, épris de rêves et de liberté qui vient dévergonder une jeune bourgeoise opprimée par sa propre condition, le pied. » dis-je en plongeant pour aller explorer cette porte imaginaire, réapparaissant quelques instants plus tard. « Sauf que pour nous, y'aura de la place pour deux sur la planche de l'armoire. » Je refuse tout destin tragique aujourd'hui.