l'arroseur arrosé (w/roman)

l'arroseur arrosé ★ ─ w/ @Roman H.-Abbott

arrêt starbucks on the way, obligé. jamais sans ton venti iced, sugar-free, vanilla latte with soy milk. c'est tout comme une scène de film bombardé de clichés avec des mauvais acteurs. une fois les pieds en dehors du taxi, tu fais glisser les lunettes de soleil le long de la glissière de ton nez fin, analysant les bâtiments qui se dressent sous tes yeux, cherchant à prévoir ce qui t'attends derrière les portes closes du numéro vingt-deux. la langue s'enroule sur la paille pour en aspirer le nectar et éviter de gâcher le gloss appliqué à perfection sur les lèvres, jaugeant d'un rapide coup d'oeil le quartier, tandis que derrière, le moteur de la voiture vrombit et disparaît dans un nuage de fumée, provoquant au passage une brève quinte de toux. un soupir, et les longues jambes franchissent à coup de deux les escaliers qui mènent à la porte maudite. déjà prête à mettre en pratique les dernières techniques de drama apprises lors de tes leçons secrètes de théâtre et de comédie musicale, avant même que la porte ne s'ouvre sur une silhouette que tu ne reconnais que parce que t'as scrollé son profil dans la voiture. autrement, les souvenirs sont flous, embués par les shooters de trop avalés lors d'une soirée pas si mémorable. tu t'souviens que de ses mains sur tes hanches et de sa langue au fond de ta gorge, sur la banquette arrière de la voiture qu'il avait essayée, une fois de plus, de te piquer, alors que tu tenais à peine sur tes deux jambes sur le bord du trottoir. roman « hulk jr » abbott, que t'rapportaient meetsa et google comme ragots. ce même qui gardait captive ta carte d'identité. et si ce n'était pas tant pour la récupérer que tu t'étais pointée, y'avait dans les bribes de souvenir et dans les échanges cette envie de jouer, au risque que t'en échappes la balle (sans mauvais jeu de mot avec son ancienne carrière de joueur de tennis).

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Les raisons qui t’ont poussées à lui filer l’adresse de l’appartement, plutôt que de lui remettre sa carte d’identité à la Adams, restent encore assez floues. Il y a un petit air de défi, définitivement, et la curiosité de faire sa rencontre sobres. Jusqu’ici, la jeune femme s’est surtout révélée douée pour te mettre sur les nerfs mais au fond, cette situation dans lesquelle vous vous êtes retrouvés à deux reprises t’amuses surtout beaucoup. Elle ne peut certainement pas en dire autant mais ça t’est bien égal, pour être tout-à-fait honnête. C’est presque trop facile de la voir finir folle de rage, pour un maudit taxi, même si elle a su se détendre très - peut-être trop - rapidement lors de votre dernier covoiturage. Les SMS échangés ont eu le don de te divertir, à défaut d’autre chose, et tu es bien curieux de découvrir l’humeur qu’elle te réserve cette après-midi. En pantalon de survêt et t-shirt, ce n’est pas vraiment dans une tenue chic que tu l’attends et tu n’essayes même pas de faire un effort de dernière minute. Il n’y a de toute façon que deux issues à cette conversation ; soit les vêtements tomberont assez vite pour n’avoir aucune importance, soit elle repartira avec sa carte et une petite insulte. D’un côté comme de l’autre, ce n’est que secondaire - accessoirement, tu aimerais finir ton épisode de TWD avant son arrivée. Le timing est presque trop parfait pour être vrai, on sonne à la porte alors qu’il te reste moins d’une minute d’épisode, que tu décides de terminer avant de bouger ton cul du fauteuil pour aller ouvrir. Sixième, la deuxième porte à droite. Tu signales à l’interphone et ouvres la porte en attendant son arrivée à bon port. Appuyé dans l’encadrement, sa carte dans l’une de tes mains, un sourire en coin prend place sur tes lèvres lorsqu’elle s’échappe de la cage d’ascenseur. C’est bon, tu as fournis toutes mes coordonnées à tes potes? Avant de l’inviter à entrer, elle veut peut-être que tu lui laisses le temps d’envoyer un dernier signe de vie.

l'arroseur arrosé ★ ─ w/ @Roman H.-Abbott

tu poireautes un peu devant la porte, bien vite convaincue qu'il te fait tourner en bourrique et qu'il se moque de toi depuis sa fenêtre. il s'était pas gêné les premières fois, en te laissant piétiner le trottoir à la sortie des bars, sans aucun remord. il avait une tête de petit con. en fait, il avait pas que la tête, il avait la chanson qui allait avec. tu soupires, prête à tourner les talons s'il ne vient pas t'ouvrir dans les trente prochaines secondes. t'as peut-être l'air d'une nunuche, mais t'es pas si bête, malgré les apparences. et t'es surtout pas patiente. fuck it, ciao. tu referais faire une carte, et l'idiot valait pas le coup que tu fasses le piquet devant l'entrée. mais tout juste comme tu penses à déguerpir, qu'une voix se fait entendre dans l'interphone, t'indiquant la direction à suivre pour rejoindre son appartement, que tu trouves sans trop de mal : il se tenait dans l'encadrement de la porte, l'air moqueur, ou peut-être narquois, son sourire te donnant l'impression qu'il détenait un secret qu'il n'était pas prêt à partager. manquait plus qu'un détail. tu soulèves ton téléphone dans sa direction, un clic résonnant dans le couloir. tu tournes l'appareil vers lui pour lui montrer la photo que t'avais prise de lui. me restait plus qu'à leur envoyer ta gueule. t'as l'air de te préparer à faire un mauvais coup, j'me trompe? tu lui renvoies un sourire, t'approchant pour t'adosser contre l'encadrement de la porte à quelques pas de lui, tendant la main vers lui, paume ouverte vers le plafond, lui faisant signe d'un geste clair de te rendre ce qui t'était dû. t'avais pas l'impression qu'il te la rendrait si facilement, pourtant. pour ton info, j'déteste qu'on me fasse attendre. je croyais que t'avais appris ta leçon la dernière fois, hm. t'hausses les épaules, enroulant ta langue autour de la paille de ton drink starbucks pour en siroter le contenu, l'air parfaitement innocent, sans le quitter des yeux.

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Cette rencontre t’intrigue un peu et pour dire vrai, tu te fais un peu chier dernièrement. Toute distraction qui sort un peu de l’ordinaire est la bienvenue et Simone, elle te l’offre sur un plateau d’argent. Ce sera peut-être trop rapide pour réellement en tirer un quelconque amusement mais cela reste à voir. Au pire, tu n’auras jamais perdu que trois minutes de la journée à aller lui ouvrir la porte, ce qui est loin d’être un drame. C’est tellement facile de l’énerver, à se demander si elle se rend compte d’à quel point elle te facilité la tâche lorsque tu cherches juste à la titiller. Comme à chaque rencontre, c’est une mine renfrognée qu’affiche la brune lorsqu’elle arrive sur le palier, ce qui te fait sourire de plus belle. Pas mal pour une photo prise par surprise. Tu commentes en observant son écran, sans réellement y prêter attention car la tête que tu as sur la photo t'importe peu. Assure toi de leur filer mon meetsa au passage. HULKJR. Ça s’écrit comme le superhéros, ne fais pas d’erreur. Tu dis, tout sourire, te retenant d’ajouter que tu peux faire sauter le haut si cela augmente tes chances que l’une d’elle te contacte. Si seulement tu en avais quelque chose à faire de ses potes. Il t’arrive de ne pas faire la gueule ou de ne pas te montrer impertinente ou c’est naturel chez toi ? Tu demandes, tout en levant la carte sous ses yeux, toujours coincée entre ton pouce et ton index. Tu n’essayes même pas de la mettre hors de sa portée - ce serait pourtant facile, vu sa petite taille -, seulement à l’obliger à faire un pas de plus dans ta direction et la récupérer elle-même. Elle est tout à toi. Libre à Simone de la récupérer et faire demi tour, ou faire durer un peu plus cette petite rencontre. De ton côté, tu ne feras rien qui la force d’une manière ou d’une autre à entrer. Je dois te faire signer un papier comme quoi tu as récupéré ton bien ou je peux te faire confiance?

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c'est vrai, pas mal du tout. mais tu tires un peu la gueule. et dans mon souvenir t'étais un peu plus charmant. provoquer le diable n'est pas sans danger, mam'zelle Rae. d'autant plus que c'est pas tout proche de la vérité, car c'est la première fois qu'tu poses sur lui un regard sobre; et c'était pas déplaisant pour les yeux. comme quoi, même bourrée, t'avais encore l'oeil pour choisir de beaux spécimens. toujours un peu chiants, arrogants et frais-chier... mais plutôt beau gosse dans l'ensemble. Ça s’écrit comme le superhéros, ne fais pas d’erreur. c'est à peine si tu lèves à nouveau les yeux de l'écran pour lui offrir un d'tes plus beaux doigts d'honneur. délicatesse signée Simone Rae, la seule et l'unique. quoi? t'as bien dit JERKJR? et le sourire en réponse au sien, marqué à moitié d'un t'as vu ça? et d'un va te faire foutre bien senti. nul besoin de cracher tes mots en venin pour qu'il en saisisse le sens, si? et pourtant, c'est pas que les insultes t'atteignent réellement, mais chaque fois elles parviennent à éteindre une petite lueur en toi, à craqueler la surface, creusant des failles depuis bien longtemps enfouies, enterrées et recouvertes de couches de « tout va bien » prétentieux. c'est presque imperceptible, que n'en ressens rien, et pourtant, le fossé se creuse, les blessures d'autrefois se rouvrent en douce.. et il t'arrive de fermer la tienne, quand t'as rien d'intelligent à dire? un roulement d'yeux, tu le toises, alternant entre la carte et son visage étincelant de malice. tu la saisis entre tes doigts, frôlant les siens au passage, grimace aux lèvres lorsque tu ranges le précieux trésor égaré au fond de ton sac à mains. un silence s'installe, vous avez l'air de deux bêtes à vous regarder ainsi en chien de faïence. t'es pas prête de serrer le plateau de jeu tout de suite, t'as pas joué tes dernières cartes. à vrai dire, t'as même pas encore tiré la main gagnante, et t'es pas prête de fold ta mise. bon alors, qu'est-ce que t'attends pour me proposer de rentrer? je vais pas signer ce foutu papier dans le couloir. visiblement non, beau gosse: tu pouvais pas me faire confiance. et tu lui faisais pas confiance, non plus, à sa belle gueule d'ange infernal.

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Il faut croire que c’est plus facile de supporter ta présence avec quelques verres dans le nez. Et sur ces bonnes paroles, tu lui adresses ton plus beau sourire. Il n’y a aucun fond à ces paroles, quand bien même la brune semble pire que douée pour jouer - avec tes nerfs principalement -, seulement le besoin d’avoir le dernier mot. Piquer, c’est quelque chose que tu sais faire aussi. Aucune réaction au majeur qu’elle dresse en ta direction mais un éclat de rire au nom de profil qu’elle déforme. Je ferais le changement pour tes beaux yeux, et ceux de tes copines, si ce n’était pas déjà pris. Et ce point, tu peux lui accorder car c’est plutôt bien trouvé. Elle a beau être une casse-couilles de première catégorie, ce serait mentir de ne pas admettre que sa répartie a le don de t’amuser. Jamais. Dis-tu fièrement à la question qu’elle te retourne. Ce serait bien triste, la vie, si les gens n'ouvraient leur gueules que lorsqu’ils ont un truc d’utile ou intelligent à dire. Ca ne ferait clairement pas de tort de temps en temps mais ce n’est pas un bénéfice que tu planifies de lui accorder. A quoi bon, vous vous retrouveriez à vous regarder dans le blanc des yeux très rapidement, n’ayant pas échangé un traitre mot qui n’avait pas pour but d’emmerder l’autre depuis votre première rencontre. La carte est récupérée, balancée sans cérémonie au fond du sac et tu patientes en silence pour ne pas lui refermer la porte sur le nez si mademoiselle a décidé que vous n’en aviez pas fini. C’est à peine si tu parviens à cacher un sourire victorieux lorsque Simone demande à entrer. En silence, tu donnes un coup dans la porte pour qu’elle s’ouvre en grand et invite la brune d’un geste du menton à entrer dans l’appartement. Le rangement n’est pas parfait mais il ne faut pas trop en demander à trois mecs en colocs, ça a déjà été bien pire que là. Tu bois quoi ? Je te sens tendue, ça ne peut que te faire du bien. Un petit verre histoire de détendre les pauvres muscles de sa mâchoire. Pour ta part, ce sera un verre d’eau car les écarts, tu ne les accordes qu’en de rares occasions pour le bien de ton régime et ce n’est pas au beau milieu de l’après-midi que tu vas griller ta carte joker.