(rotian) you came into my crazy world

@Matian Escamilla Premier week-end de travail au BadGirlz. Tu danses, tu te déhanches, tu bouges comme si ton corps n'était qu'un palpitant lancé sur la course folle de la vie, de l'envie. Tu pourrais faire ça encore et encore, t'adores cette sensation, cette plénitude. Les bases qui crachent la musique, et quelques regards qui s'attardent sur toi. Tu les tiens avant de les ignorer, tu donnes le tempo et tu pourrais faire ça toute la foutue soirée. Pourtant il y en a un que tu ne détournes pas, de regard, enfin plutôt de visage. Un inconnu dans la foule, près du bar, l'air un peu perdu, les pupilles dans le vide enfin en tout cas partout sauf sur toi. T'as jamais vu un type aussi beau, il a l'air tout droit sorti d'une pub de parfum, de celles où le type marche au ralenti sur un terrain de foot avant d'aller au vestiaire laisser tomber sa serviette. Tu mords inconsciemment ta lèvre et a du mal à décrocher ton regard de lui, mais tu le fais parce que tu sais qu'on te demande de regarder partout, que tout le monde en ai pour son argent. C'est la fin de ta session et on vient te chercher. T'as chaud et t'es fatiguée, mais t'as pas envie de rentrer. T'échanges la robe colorée que t'avais contre une petite robe noire aux bretelles presque invisibles et te presses jusqu'au bar afin de t'assurer que d'aussi près il est tout aussi voir encore plus beau. T'as une boule dans le ventre, la crainte que l'inconnu ai disparu. Mais ce n'est pas le cas. « Quel cocktail je dois essayer ? » Tu parles très fort pour qu'il t'entente et t'es trop dans l'euphorie pour t'appliquer sur ton accent alors t'espères qu'il a tout compris, au pire c'est pas grave tu devras le repérer plus près de son oreille.

Comme un vulgaire âne utilisé. Qui est le plus con entre l’âne et toi ? L’animal n’a pas vraiment le choix alors que toi.. t’as accepté de le faire par simple gentillesse. Un vrai pote qui va chercher des sachets de drogue qu’il ne prend même pas. Loyal jusqu’à la prison. Certainement le genre de taulard à faire passer des téléphones en douce pour les collègues de cellules, prêt à prendre 5 ans de plus pour eux. En réalité, tu veux t’aérer, sortir, plonger tes pensées ailleurs. Billet de dernière minute pour le monde extérieur. Pourtant le dernier endroit où tu voudrais te trouver, ton cul posé sur ce tabouret de bar, Badgirlz. Mauvais souvenirs qui s’enchainent entre les effluves de l’alcool. Sans entrevoir le piège se refermer sur toi, elle est là. Comme un sursaut quand sa voix brûle tes pensées avant de pouvoir els terminer -est ce déjà, possible ?-. Ton regard qui s’est perdu dans le bois du bar, sans même encore tourner les yeux vers elle. J’en sais rien enfaîte j’y connais rien, je prends toujours la suggestion du barman et j’finis toujours un verre que j’aime pas. Tu ricanes cette dernière gorgée cul sec. Ton visage se tourne enfin. Ton sang ne fait qu’un tour, rapide, putain de montagne russe et le myocarde n’est pas prêt. Elle lui ressemble, non, c’est surement elle, non. Ca ne peut pas. Quelques secondes de vide quand tes orbes en mélange de vert et marron continuent de la dévisager. Heu, excuses moi tu ressembles beaucoup à quelqu’un que je connais.. Ton ex, disparue, violente. Tu veux partir loin, mais tu bouges pas. Le cocktail… j’sais pas... T'as oublié le sachet à récupérer, error system.

@Matian Escamilla La morosité semble éprise de lui. Que fait-il dans un endroit pareil pour fixer le bois sombre du bar et bouder les cocktails ? Il s'est perdu ? Ou est-ce qu'on l'a perdu ? Trop de questions, pas de temps pour les réponses. Il prend la parole, mots que tu comprends à peine à cause de la langue et surtout de la musique. L'Anglais n'est pas ta langue naturelle, c'est l'Allemand. Surement pour cette raison que tu as cet accent plus que prononcé, à couper au couteau. Il redresse le nez et tourne la tête vers toi. Pendant un instant le temps semble interminable, tu vois dans ses pupilles l'étonnement, l'angoisse, l'incompréhension. Il est stone ou bien ? Tu fais semblant de rien remarquer et ricanes bêtement lorsqu'il s'excuse « Pas de soucis, ça arrive. » Il butte sur les mots, parle du cocktail et toi tu fais un signe à ton collègue le barman « Sers nous un mètre de vodka. » Avec l'alcool les visages se dérident et les langues se délient. « Qu'est ce tu fais là ? » tu te sens obligée de demander, t'es trop curieuse. Apparemment ce n'est clairement pas la raison suivante : passer un bon moment.

Non ça n’arrive pas. Ça n’arrive pas d’être tétanisé devant le sosie de son ex violente et torturée mentalement. Ca n’arrive pas de ne même plus savoir quoi faire entre l’envie de rester pour admirer ce que t’as aimé tant d’années en dépit de tout et l’envie de fuir parce que merde ton cœur va exploser de vivre ça. Mais elle reste là, elle veut te faire boire, elle veut te garder dans son piège sacré. Et toi ? Tu dis rien, tu vas boire aussi. Tu vas profiter de ce moment bizarre et surement chialer toute la nuit et t’en écorcher la rétine. Qu’est ce que tu fais là, toi ? Tu sais même plus. Trou noir. J'en sais rien. Stricte vérité. Et toi ? Aucuns souvenirs de l’avoir vu danser quelque part dans l’assemblée, mémoire balayée. Qu’est ce que tu fous avec un mec qui te dis que tu ressembles à son ex et qui a l’air totalement perdu ? Ravale cette salive au gout de fer amer. Tu tournes les yeux un instant. Un élan de confiance en toi qui revient du fond de tes entrailles. Tu vois bien que ça me déstabilise alors, c’est un plaisir sadique que tu fais là ? Ton regard est posé sur ce mètre qui se prépare.

@Matian Escamilla T'es hypnotisée, par la beauté de ce garçon, par le mystère qui se dégage de lui. Tu fais mine de pas bien l'entendre lorsqu'il te parle pour t'approcher, si proche que tes narines se retrouvent chatouiller par les effluves de son eau de Cologne au milieu de toutes les saveurs amères ou sucrées des cocktails de ton collègue. « Je travaillais, je viens de terminer. » T'es surprise par ses mots, provoques même un léger mouvement de recul alors que tes sourcils se arquent. « L'idée de te déstabiliser, ça me plait. Mais savoir que c'est parce que je ressemble à ton ex, beaucoup moins. » Tu ricanes comme une idiote, incapable d'imaginer toute l'ampleur que peut prendre cette ressemblance dans sa tête, dans ses souvenirs. T'es soudainement très philosophe « J'ai cru entendre qu'on avait tous des sosies sur terre, pourquoi il a fallu que le mien te fasse du mal. » tu soupires longuement, t'es pas idiote au point de pas savoir compris que cette ex n'est pas un bon souvenir. Y'a qu'à regarder sa tête, c'est comme s'il avait vu un fantôme apparaitre juste devant lui. Le mètre de shoots arrivent devant vous, sur un petit plateau qui tourne, les shooters sont de pleins de couleurs différentes. Tu fais tourner le plateau comme une roue et attends qu'il s'arrête pour prendre le verre qui tombe juste devant toi, t'attends qu'il t'imites. « Au passé à enterrer. » tu lèves ton verre vers lui pour qu'il frappe dedans avec le sien.