Maitre du jeu
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Personnage non jouable
Joshua avait commencé une journée somme toute assez calme et relativement satisfaisante. Il avait pris des nouvelles de certains de ses amis déployés en Europe de l'Est. Ces amis étaient ses hommes et, même s'ils ne risquaient pas leur vie à l'instant, les savoir loin était source de frustration. Après toute une journée à animer des travaux dirigés pour des élèves de licence, de master, où il avait pu les initier à la grande stratégie, le militaire avait pu échanger avec ex sur l'actualité internationale et répondre à leurs interrogations, leurs angoisses parfois aussi. Alors que le jour frais et tendre du printemps jouissait d'encore quelques heures avant d'être remplacé par la nuit, l'officier partit au centre commercial pour prendre un café. Ses derniers cours terminés, une pause s'imposait, et le centre commercial offrait son lot d'enseignes où l'on y trouvait des cafés et des cookies. Josh veillait à conserver au maximum les boissons caféinées pour ses opérations militaires et les gros trajets en voiture, leur préférant, en temps de paix, le chocolat chaud. Avant cela, il passa déposer son uniforme de cérémonie chez un tailleur pour quelques retouches, les vêtements de l'armée étaient sa seconde peau. Mais il savourait les tenues civiles comme aujourd'hui, une chemise retroussée autour des biceps, un t-shirt, un chino et des chaussures bateaux ; Joshua slalomait entre les styles vestimentaires au gré de ses envie, en passant de l'apparat de l'officier en week-end à l'accoutrement détendu du bûcheron du Kansas avec une aisance prodigieuse.
Enfoncé dans une banquette en cuir au fond du café, à savourer ce bruit constant mais neutre, qui chassait les bruits de rafales des derniers mois, l'officier doctorant feuilletait tour à tour le New-York Times le Wall Street Journal et le Washington Post pour se tenir à jour de l'actualité intérieure et étrangère, lire certaines recensions d'ouvrages ou des critiques de films. La vie du monde actuel était aussi inquiétante que fascinante, surtout compte tenu de son métier et de ses (futures) responsabilités. Une moustache de cacao surplomba la sienne, blonde, sous son nez. De quoi soulever les moqueries d'un enfant avec sa mère. Les journaux terminés, Josh dévora des revues scientifiques en science politique. Son criterium noircissait les feuilles de commentaires, renvois et citations, des choses qui lui seraient utiles assurément dans la rédaction de sa thèse et de son prochain article. Il souhaitait aborder les thématiques comme l'innovation doctrinale des pays vaincus à l'aune des military innovation studies, un camp assez miné et demandant des connaissances multidisciplinaires en histoire, sociologie, sciences politiques, stratégie assez exigeantes. A peine eut-il fini de dévorer les revues qu'il se rendit compte que le soleil se faisait plus rougeoyant plus faible. D'un coup d'un seul, ses journaux et revues furent jetés dans sa musette, ça allait être l'heure de son rendez-vous avec M.Walt, son directeur de thèse au Belfer Center. Celui-ci, comme M. Allison, était au courant de l'emploi du temps atypique de ce doctorant atypique, mais lui avait à coeur de ne pas faire perdre du temps à ses mentors. Un billet sur la table, Joshua salua les serveurs qu'il finissait par connaître et déambula dans le centre commercial jusqu'à un ascenseur pour gagner du temps. Visiblement, il ne semblait pas être le seul à être pressé.
Comme la journée ne pouvait pas être absolument parfaite, l'ascenseur s'arrêta avant d'avoir touché le rez-de-chaussée. Voilà qui était fâcheux pour tout le monde. Un de ses camarades d'infortune agressa le bouton. Il en décocha un sourire attendri. Au moins quelque chose avait été tenté. Et Joshua était partisan de ces coups de sang contre les technologies modernes. Quand bien même ce fut inutile, il fallait montrer au machine que l'Homme était capable de les détruire en cas d'énervement. C'était le seul moyen de leur faire comprendre à ces connes. Le militaire leva la tête, l'ascenseur faisait partie de ces modèles avec une trappe d'évacuation, il y avait peut-être quelque chose à tenter, mais le risque était que le bordel redémarre au moment où ils en sortiraient par le haut. L'étudiant prévint donc son prof d'un retard à prévoir avant de retourner à la situation. « Ne t'agite pas comme ça, tu gaspilles ton oxygène et on risque d'être à court... » plaisanta Josh d'un ton pince sans rire avant d'esquisser un sourire en coin. « Nan ne t'inquiète pas, je me doute que tu dois être pressé mais pour le moment tâchons de ne pas tout faire buguer et si le problème persiste, on trouvera une solution un peu plus acrobatique. »