le lâcher prise ; adrian

Le retour à Boston est un peu plus compliqué que prévu Soenn. Tu le savais, tu avais anticipé la suite du mois de mars. Tu savais que les révisions allaient être au centre de tes journées. T'es un putain d'acharné du travail, tes études te plaisent et tu comptes bien terminer, cette année encore, major de ta promo. Au moins dans ton domaine, l'informatique. Penser autant aux révisions t'arrange un peu. Tu as moins de temps à penser à Beverly. D'autant plus que ces derniers temps, la discussion est devenue plus amicale qu'autre chose. Quand tu tentes de lancer un compliment, ça retombe assez vite. Comme si quelque chose s'était brisé entre vous. Quelque chose de difficilement réparable. Tu devrais t'en inquiéter et tout faire pour arranger les choses mais tu t'es convaincu de ne plus te poser la moindre question à son sujet. Tu vis au jour le jour et découvres ce que le destin a en réserve pour toi. Pour l'instant, cela te réussi assez bien. Tu es redevenu le Soenn d'avant, le vrai Soenn. Et c'est donc avec le vrai toi qu'a rendez-vous Adrian. Vous avez prévus de vous voir pour passer un peu de temps ensemble. Rien de concret pour l'instant, vous êtes du genre à faire au feeling et vous décider sur le moment. - Salut mon vieux, putain t'as une sale mine, que tu lâches en le voyant ouvrir la porte de chez lui. Accolade amicale que vous vous faites. - L'amour fait des ravages sur toi, regarde ta gueule, j'ai presque envie de t'apporter une crème anticernes, te marres-tu en haussant les épaules pour le taquiner un peu. Tu sais la galère que ça peut être de ressentir des choses pour un homme ou une femme.

w/ @Adrian Goldberg

@Soenn Westbury — Les hostilités sont lancées alors même que je t'ouvre la porte de chez moi. Certes, le sommeil fut difficile. Certes, les dramas ont pris le dessus. Il est inutile de nier que même avec des cernes, je demeure l'un des plus bels hommes de la ville. ❝ Tais-toi et rentre, catin ❞rigole-je en t'indiquant la marche à suivre avant de refermer la porte derrière toi. ❝ T'attaques sec, enfoiré. Attends, j'me suis douché, j'aurai pu t'accueillir en jogging, torse nu, cheveux en pagaille. T'aurais pas kiffé. ❞ Tu es toujours taquin mais toujours bienveillant avec moi, et c'est exactement ce qu'il me faut. On a beau avoir cette attirance purement sexuel, ce truc qui nous fait dépasser le cadre d'une amitié banale, il y a cette forme de confiance et de compréhension qui caractérise si bien ce lien qu'on a. Avec toi, même si on se parle sans gants, il y a toujours ce respect, cette fraternité qui fait que je ne prends rien à coeur. ❝ Bon, l'joli coeur qui s'est fait tout beau pour m'retourner, il raconte quoi ? ❞ ricane-je presque alors que nous avançons jusqu'au canapé du salon. Mes colocataires sont absents pour le moment, mouvement prémédité de notre part. Nous n'avons clairement pas envie qu'on nous fasse chier. ❝ Car d'mon côté, amour ou pas amour, avec Corey, c'est pas d'exclusivité. J't'avoue que là, ça m'faisait vriller l'idée d'être direct en couple. J'peux pas, pas maintenant. Trop de baises que j'vais louper, c'est pas possible. ❞ Je pose mes fesses sur le canapé, écartant les jambes comme le plus gros charo des hôtes de ces bois. ❝ Tu m'connais, j'ai besoin d'appartenir à personne. ❞ Même si Corey, je l'aime, c'est une évidence. La situation me peine, mais je préfère ravaler cette négativité et la chier pour mieux ingérer le positif que je peux capturer.

En allant chez le Dudley, tu sais d'avance que tu vas passer une bonne soirée. Si y'a bien une personne qui n'est pas prise de tête, c'est bien lui. Sur ce point, vous vous ressemblez beaucoup, hormis le petit passage à vide que tu as eu avec Beverly, te voilà de nouveau en selle. Tu éclates de rire en voyant sa gueule minée d'inquiétude. - Attends parce que là tu t'es préparé pour moi ? Mec, t'aurais mieux fait de m'accueillir torse nu en jogging, ça m'aurait fait plus d'effet, te marres-tu en le dévisageant de haut en bas, le sourcil levé et l'oeil accusateur. Tu entres dans son appartement et enlèves ton manteau que tu poses n'importe où. Tu t'en tapes des conventions, tu fais comme chez toi. T'es déjà venu plusieurs fois ici, c'est comme ta maison. - Que dalle. J'ai passé un putain de bon spring break et m'voilà le nez dans les révisions. Hâte d'être aux prochaines vacances mais faut que j'assure l'année. Et toi vieille pute ? Toujours pas avec ton gusse ? que tu lui demandes en rigolant également. Aussitôt demandé, aussitôt répondu. Adrian se lance dans un monologue concernant son ex. Tu l'écoutes avec attention, tu croises même les bras contre ton torse. - Mh ? Et la vraie raison c'est quoi ? Il t'a foutu un vent ou quoi ? Il avait l'air si déterminé à se remettre en couple avec lui. Tu contournes le canapé et viens te poser. - Ce soir tu m'appartiens. Pas de Cory, ni de Bervely ... T'attends quoi pour nous servir à boire ? Qu'on se mette dans l'ambiance. Et tu sors un joint parfaitement roulé de ta poche. J'suis pas venu les mains vides.

w/ @Adrian Goldberg

@Soenn Westbury — Je roule des yeux, rire aux lèvres. ❝ Quel connard, ferme ta bouche et pose toi si tu veux être servi comme un roi. ❞ Avec toi, c'est simple et indémodable. Je crois même que le sexe est venu par pure curiosité et aussi par ennui. Comment a-t-on même dériver là ? Car on se ressemble beaucoup, peut-être un peu trop. ❝ Les révisions, faut passer par là mais j'comprends, la fête me manque déjà. Et sinon... Toujours le même trottoir, les mêmes clients. ❞ On ricane, on se lance des regards qui se cherchent, comme toujours. ❝ Nope, il m'a pris la tête alors j'lui ai pris l'cul. ❞ Ce n'est même pas important que le déroulement soit vrai, on a besoin d'être vulgaire et se choquer sans le faire. C'est notre manière de communiquer. ❝ Nan, en vrai, il m'a vraiment pris l'chou et j'me suis dit "wow, j'veux pas d'ça" et puis, j'me suis habitué à mon célibat, tu vois ? ❞ Et s'il y a bien une personne ici bas qui peut me comprendre là-dessus, c'est bien toi. ❝ Damn, préparé l'bro ❞ clame-je en voyant le joint tout en me dirigeant vers la partie passe-plat pour amener les deux verres déjà plein. ❝ Tu m'prends pour qui. Ce verre là, c'est pour toi, pour ravaler Beverly et celui-là, c'est l'mien, pour que j'fasse de même pour Corey. Après ce verre, il existe plus que toi et moi. ❞ Je ne sais pas pourquoi mais avec toi, c'est si simple et classique. On rigole, on se pousse presque, on se titille à la mort et on couche sans aucune gêne, sans aucune honte, sans aucune limite même et après on joue, on dort et on se traite comme des frères ensuite. C'est un cercle loin d'être vicieux. Je me sens vivant, je me sens compris. ❝ Et si jamais, tu vois la boite à côté d'toi ? C'est d'la K. Pour planer un peu sans être hyperactif. ❞ Je finis par me poser à côté de toi, déboutonnant déjà ma chemise. ❝ Bon, sinon, t'as ken récemment ? ❞ Je suis curieux de voir à quel point tu passes à autre chose. As-tu même osé agir en dehors d'ouvrir ta bouche pour me faire comprendre que tu es un homme libre ? À toi de me le prouver.