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w/ @Billie O'Malley
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Je ne suis pas bête, je le sens bien que les choses sont différentes. Différentes parce que Billie culpabilise de ne pas avoir été là quand j'ai eu mon accident, différentes à cause de cette dispute qui a d'ailleurs mené à cet accident. Elle est aux petits soins avec moi, Billie. Elle m'accompagne à mes rendez-vous chez le médecin, marche avec moi tous les soirs car les médecins m'ont recommandé de ne pas rester trop sédentaire malgré ma blessure à la cuisse qui me fait encore assez mal. Elle m'aide même à changer mon pansement tous les soirs depuis que nous sommes arrivées au Spring Break. Elle est parfaite et ça ne fait qu'augmenter mon sentiment de culpabilité. Parce que moi aussi, je m'en veux. Je m'en veux de l'avoir déçue, je m'en veux de lui avoir fait de la peine. Je sens qu'on doit avoir une discussion elle et moi, même si elle ne doit pas être agréable. Parce qu'au fond, on a jamais pu vraiment se parler comme on devait le faire après notre dispute et je sens que ça ne fait pas du bien à notre relation de rester dans cette zone grise. Un soir, on se balade sur la plage et on s'arrête pour s'allonger sur le sable et regarder les étoiles. Il fait un peu frais, mais ce petit vent marin et le bruit mélodieux des vagues fait rêver. Je dois faire attention avec ma cicatrice de ne pas l'infecter, mais avec mon bandage et mon short, ça devrait aller si on se contente de s'allonger et pas de rouler dans le sable. Après un léger silence, je dis, "j'ai été inconsciente pendant presque 24h, j'ai lu sur internet que pleins de gens voyaient des choses dans ces moments là. Des choses qui prouvaient que y'a bien quelque chose après" Je tourne le regard vers la blonde, l'air grave. "J'ai rien vu.. rien du tout.." Et ça me terrifie. Parce que ça remet en question tout ce dont je crois. La vie après la mort, cet espoir que l'existence de ma soeur ne s'est pas arrêté aussi soudainement et qu'elle est quelque part, heureuse.

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Vacances merdiques. J'vous jure. Je regarde la mer, la plage, j'absorbe ces paysages sublimes, je teste les cocktails et découvre de nouveaux parfums. Retrouve quelques amis, en éloigne d'autres. Sauf que ça grignote, à l'intérieur. Dès que je m'éloigne, dès que je recommence à respirer correctement, on m'le remets dans le décor. Ou, toi, tu le plantes à mes côtés. Mes problèmes, j'aime à les cacher sous le lit, jusqu'à les oublier complètement, disparus sous une épaisse couche de poussière. Y aurait fallu davantage de jours, loin. Je capte pourtant, j'y arrive, des moments de bonheur purs. Suffit de fermer la porte, d'éloigner le reste du monde, et de n'y voir que toi. Mais, parait-il que je n'ai pas le droit de t'enlever aux autres, même si c'est pour nous sauver. Les inspirations sont plus agréables, sur cette plage désertée de mauvaises nouvelles. J'parviendrais presque à te regarder sans avoir le ventre qui se serre, en voyant le bandage à ta jambe. Dommage collatéral d'une guerre, qui, et c'est presque drôle de le soulever, se fait pour toi. Guerriers élancés dans la bataille, aux gestes trop amples, trop brusques, déchirant la frêle poupée. Chacun tirant sur un bras ; déchirant le cœur au milieu. Les orbes dans les étoiles, qui ne fournissent aucune issue. J'aimais ce silence. J'aimais quand tu ne doutais finalement pas, d'une partie de ce que je te susurres. « Et.. ? Tu as besoin de ça pour t'assurer qu'il y a bien quelque-chose après ? » C'est humain, je suppose. Remettre en question ce qui est assuré en face, pour espérer le vivre soit-même. Technique du lit, j'fourre ça encore en-dessous. « Ce n'est pas une science exacte. » Ca serait trop simple. « T'étais peut-être pas suffisamment proche de la mort. » Les récits sont nombreux, mais pas systématiques. La mort s'amuse à nous tenir, au bout de son fil. Un début de sourire aux commissures, mes doigts qui viennent chercher les tiens. « Ce qui est plutôt une bonne nouvelle. » C'est un peu trop tôt pour te laisser glisser vers les limbes.

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w/ @Billie O'Malley
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J'ai pas envie d'aller sur ce terrain, parce que j'suis terrifiée. Terrifiée de ce qu'elle pourrait dire, terrifiée de ce que je pourrais dire moi aussi. On a quand même terminée nos échanges sur une dispute et nous étions censées mettre les choses au clair ce matin là, quand je devrais la rejoindre et que je me suis mangée un arbre à la place. Cette conversation, elle a été décalée mais elle doit avoir lieu, parce qu'elle plane au dessus de notre couple même si on fait semblant de ne pas la voir. Plutôt que de se lancer à corps perdu dans la conversation qui fâche, je lui parle de ce qui s'est passé pendant mon accident. Ou ce qui ne s'est pas passé. Un point positif de cette histoire aurait été que je puisse avoir la preuve de ce que je cherche depuis des années, mais ce géant trou noir me fait douter plus que jamais. J'hausse les épaules à sa première question, le regard hypnotisé par le tissu bleu nuit qui se déroule au dessus de nous. Elle a peut-être raison, je n'étais peut-être pas assez proche de la mort. Un léger sourire se dessine sur mes lèvres quand je sens ses doigts chercher les miens et j'ouvre la main pour accueillir la sienne, comme deux parties de nos corps parfaitement moulées pour s'assembler l'une dans l'autre. "tu as probablement raison..", que je murmure avant de fermer les yeux quelques secondes. "j'suis désolée, Billie..", que je fini par lui dire avant de tourner la tête vers elle. Sincère. "j'ai jamais voulu te blesser ou te faire passer pour une idiote.." J'suis juste maladroite dans mes agissements. Maladroite ou naïve, j'en ai aucune idée. "j'veux tout sauf te faire du mal.." Et elle le sait. J'lui ai dit que je tombais amoureuse d'elle, alors c'est la dernière chose que je veux. C'est pour ça que j'ai pris ma voiture si tôt ce matin-là alors que je déteste ça. Parce que je savais que je l'avais blessée et je ne voulais pas rester sur une dispute aussi importante.

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w/ @Eowyn Clark
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D'apparence solides, je nous sens friables depuis cette dispute. Le problème c'est que j'ai beau retourner la conversation dans tous les sens, je n'arrive pas à trouver une tournure qui pourrait nous arranger toutes les deux. Alors, reprenons où ça s'est arrêté. Quand on devait s'expliquer et que la nature s'est mise entre nous. C'est compliqué d'en vouloir à un arbre. Moins, d'en vouloir à celle qui t'as poussé à parcourir cette distance. J'sais pas, j'la fais tellement, j'oublie fréquemment quelques mesures de sécurité élémentaires, sans m'en tirer avec trop d'égratignures, que j'en oublie que nous ne sommes pas tous composés d'une dose d'adrénaline bien trop dosée. J'ai oublié les peurs. J'ai oublié la tienne. Obsédée par cette impression acide que tu me laissais au fonds de la gorge. J'suis partie. Et c'est sûrement aussi horrible que ça en a l'air. Le fait que j'n'ai été au courant de rien sauve peut-être une partie de mon karma. Alors, je tente de me rattraper. Et dans cette belle idée, il y a aussi le fait de creuser dans le sable, et y laisser les plus gros morceaux de ma rancœur. Ne racle pas trop la surface ; je ne l'ai pas enterrée bien profond. Regarde, il suffit que tu doutes de l'après, pour que j'en vienne à penser que tu doutes aussi de mes récits. Toi, mon plus fidèle soutien. Se battre, donc. Fermer les yeux, encore. Le faire vraiment, pour humer le salin de l'air. Si j'reste comme ça, est-ce que j'échappe à la discussion qui arrive ? « Je sais Eo. » Mes doigts qui serrent doucement les tiens et mes paupières qui se serrent l'une contre l'autre. J'me laisserais bien tenter par l'idée de laisser cette conversation en l'état. Mais même moi, j'ai compris que ça ne serait pas possible. Une inspiration. Les prunelles ouvertes sur le ciel. « Le truc c''est que.. » On a fait une jolie promesse, devant toi Eo. Sauf qu'Il comme moi, personne n'y croyait. « C'est fait. Et sûrement que je t'ai blessée moi aussi. » Dans la jalousie, dans la complexité d'une relation que je n'vois pas comme toi. « J'aurai surement dû te rejoindre, plutôt que de te faire venir jusqu'à moi en pleine nuit. » Les orbes qui glissent sur toi, jusqu'à s'accrocher aux tiennes. « C'est pas grave. » C'est faux, putain c'est faux. « J'ai choisi de rester. » De revenir. De fermer les yeux. De perdre pour nous laisser une chance. Tu vois, j'sais pas dire de belles phrases, mais j'sais te faire passer en priorité.

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w/ @Eowyn Clark
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Je sais que ça fait peur, cette conversation. Parce qu'elle risque de ne pas être super agréable, parce que tout peut arriver. Peut-être que c'est aussi accentué par la peur de te perdre. Je sais que l'inverse est vrai ; elle n'a pas besoin de me dire qu'elle aussi est en train de tomber amoureuse de moi, je le vois bien. Elle tient à moi, elle tient à nous et je me doute bien qu'elle n'a pas tentée ce coup de poker en se mettant avec moi dans l'espoir que tout implose de cette manière. J'suis censée lui prouver que ça vaut le coup, tout ça : s'attacher, aimer. Mais bien entendu, il n'y a pas d'amour s'il n'y a pas des colères par ci et par là. J'espère juste qu'on arrivera à surmonter tout ça et je tiens à m'excuser, parce que j'ai clairement merdé. Comme beaucoup de fois dans nos disputes, même si je n'aime pas l'admettre. Elle dit qu'elle sait, ferme les yeux et ça me tord l'estomac. Parce que je le sens, qu'elle prend sur elle. Je le sens et même si ça me touche de la voir essayer d'éviter la collision, ça me fout mal parce qu'elle ne devrait pas avoir à faire ça. Je n'ai pas envie qu'elle devienne une bombe à retardement, c'est pire que mieux. Le regard rivé sur elle, je l'observe alors qu'elle essaie de trouver les mots, ses doigts serrant les miens. Je secoue la tête en l'écoutant parler et je me rapproche un peu plus d'elle, "j'ai insisté pour venir, c'est vraiment la faute de personne et encore moins la tienne.." Les doigts délicats glissent sur sa joue pour qu'elle tourne la tête et me regarde et je lui offre un léger sourire, "on va s'en sortir, mh ?" C'est une question presque rhétorique, parce que j'y crois. Je crois en elle, je crois en nous. "mais pour ça, j'veux vraiment pas que tu gardes quoi que ce soit pour toi, d'accord ?" Ça fait peut-être mal de se disputer, mais c'est encore pire pour notre couple si on se dit pas les choses. La communication, c'est primordial.

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w/ @Eowyn Clark
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Tu sais, j'me refais la soirée dans la tête, la nuit, le matin. Je pèse chacune de mes décisions, de mes répliques. Si j'étais honnête et un peu objective, j'nous mettrais chacune un mauvais point. Alors, quand la colère gagne, c'est à toi que je l'attribue, et quand, comme ce soir, le cœur est au calme, c'est sur moi que je tire. La fuite n'est pas la meilleure des solutions, mais elle est parfois la seule envisagée. J'avais peur des mots qui pouvaient passer à travers mes doigts. J'avais peur de nous abîmer de manière irréversible. Foutre en l'air ce joli château qu'on construit, en y mettant chacune, l'une après l'autre, une carte. Tu as les rouges, je possède les noires. On les empile, et de loin, c'est infaillible. De près, j'y vois quelques failles. Ca tremble parfois, mais ça tient bon. Ca nous ressemble. Et ca mérite d'avoir une chance. Qu'importe ce que je dois enterrer sous le sable. J'vois juste pas que j'en planque tellement, que c'est la base de notre édifice qui s'affaiblit. « Carrément. » Certaine, un sourire démarrant des commissures à la bouche. Doigts serrés, comme une promesse qu'on ne formule pas. La suite ? Plus compliquée. La promesse, j'la garde pour le fait qu'on va s'en sortir, hein ? Pas la suite. Parce que : « Eo.. on pourra pas être d'accord sur tout. Et y a surtout un point sur lequel on sera jamais d'accord. » J'ai pas besoin de la formuler, elle non plus. J'veux plus que son prénom abîme mes lèvres. J'préfère que ça soit ta bouche qui le fasse.  « Et ce point, ça sert à rien d'en parler. » De s'éclater contre un arbre, de partir à l'autre bout du pays. « Parce que toi, ça te rend mal, et que moi.. je déteste la façon dont ça me fait me sentir. » L'idiote du groupe, qui n'voit rien de ce qu'il se passe. La parano, qui s'fait des montagnes d'un rien. Celle qui aimerait juste qu'on la priorise, pour une fois, comme une enfant gâtée. « Me ment pas, c'est tout. » Si un jour tu dérapes, si un jour tu trouves une nouvelle piscine où il s'y trouve. « Le reste, laisse-moi gérer. » Digérer, avaler, me flinguer la gorge à force d'essayer. « Tu vaux le coup. » D'avoir un goût de rouille sur la langue.  

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