(mickey) Still don't know my name

@Mickey Ainsworth « Ecourtées ? » Tu répètes spontanément avant de te mordre la lèvre. Ca te regarde pas, ça t'a échappé tout seul et pourtant… pourtant t'as l'impression de comprendre. « Oh vous attendez un enfant ? » C'est pas possible tu enchaines les bourdes. La caféine semble alors avoir désormais pire effet que l'alcool. Et si ce n'était pas du tout le cas ? Tu t'enfonces, ça ne te regarde pas c'est un sujet privé. T'es gênée, ton cœur pulse et le sang colore légèrement tes pommettes alors que tu viens à fourrer une cuillère entière de gâteau dans ta bouche pour te faire taire. Tu mâches assez vite pour pouvoir réagir « Oh c'est super ! J'adore la cuisine. » T'es même plutôt douée pour ça même si tu l'admettras jamais. Tu t'en doutes seulement, parce ta famille, tes amis, et même toute la Currier font toujours des pieds et des mains pour gouter ce que tu prépares. Faut pas être particulièrement observateur pour comprendre que son activité le passionne, il n'y a qu'à regarder ses airs et ses pupilles qui prennent en éclat. Tu déposes la cuillère à côté de ta part de gâteau presque terminée et bois encore dans ton café qui commence à tiédir « Pas souvent, d'habitude c'est plutôt lui parler. » Il doit surement penser au téléphone quand toi t'évoques plutôt le côté morbide de tes mots qui s'élèvent dans le silence sans jamais savoir trouver leurs réponses.

@Elsie Barlow diner restaurant 12.03.2022

J'esquissais un sourire à ta réaction. Pour le coup, c'était une réaction sincère et qui n'était pas feintée de quelque façon que ce soit. Quand finalement la question arrivait, c'était bien plus grand que mon sourire fendait mon visage. — ouais, un mini moi ou une mini elle. hâte de savoir le sexe du bébé Clairement, c'était la plus grande nouvelle que je pouvais espérer avoir en ce moment dans ma vie. Être papa du bébé que porte Gaïa, c'était quelque chose de tellement beau, tellement pur, tellement fort. J'ferai tout pour eux, vraiment tout. Ma famille envers et contre tout. Expliquant ce que je faisais dans la vie, tu semblais être intéressée par le côté cuisine. Faut dire que dans l'appartement Ainsworth-Murdock, c'était souvent dans les cuisines qu'on nous retrouvait. Elle comme moi avions cette passion et on s'en délectait pas mal. — tu pourras aller regarder un de ces quatre, si t'en as envie Non loin de moi l'idée de te forcer en quoi que ce soit. Mais assez parlé de moi, j'étais sûrement un peu trop curieux quand il s'agissait de ta mère, de la lettre que tu lui écris. Est-ce que c'était régulier ? Occasionnel ? Visiblement, c'était un one-shot puisque tu semblais être du genre à lui parler plus qu'à lui écrire. — je vois... j'veux pas paraitre indiscret, si vous voulez pas en parler ou quoi... n'hésitez pas à me dire si je vais trop loin Des fois, je me sens sans limite et ça peut froisser la personne en face. — elle habite loin ?

@Mickey Ainsworth Heureusement pour toi, le bonheur prend possession de ses traits suite à ta question intrussive et plus que spontanée. Ses lèvres s'étirent et en un large sourire, et ses pupilles pourraient prendre le pas sur ses mots tellement elles sont expressives. « Félicitations ! » Donner la vie, élever un enfant, c'est tellement un bonheur que t'aimerais connaitre un jour. Pas de suite, mais c'est pourtant l'un de tes rêves. Il faut dire que le fait d'avoir grandit dans une famille dysfonctionnelle te rend assez fileuse à ce sujet ; t'as pas assez confiance en toi pour savoir avec certitude que tu saurais éviter un parcours aussi douloureux à ton futur enfant. « Quel est le nom de la chaine ? » Tu sors ton téléphone de la poche de ton jean pour en ouvrir l'application YouTube et annoter son pseudo pour le retrouver plus facilement une fois arrivée chez toi. Tu reposes le téléphone sur la table et fixes longuement la lettre entre tes doigts suite à sa question. Un blanc s'installe alors que t'es noyée de tes propres pensées, la vérité te brule la langue et pourtant c'était si agréable de faire comme si la situation n'était pas compliquée que t'as envie de continuer. Mais tu sais pas si t'as le courage, ni même l'envie à vrai dire. Tu replis délicatement en deux la lettre, la déposes sur la table juste devant ton buste et laisses tes paumes à plat sur cette dernière. Le regard toujours sur tes mains, tu finis par ouvrir la bouche, d'abord en silence avant d'admettre doucement « Elle est loin, elle est au ciel. » T'as envie de redresser le nez et lui avouer avec un sourire que "c'est ok, ça fait longtemps, ça va" mais le poids cette fois ne pèse pas que dans ton cœur, il pèse aussi sur le haut de ton crane et tes épaules et t'empêche de redresser le buste.

@Elsie Barlow diner restaurant 12.03.2022

Rencontre fortuite, qui ne risque pas de survivre à la journée. Mais quelques fois, c'était juste ce qu'il fallait. Une discussion avec des personnes qui ne nous connaissent pas. J'avais l'impression de patauger mais c'était pas grave, cette conversation me faisait du bien et j'osais espérer qu'il en était de même pour toi. — merci ! j'ai hâte mais je flippe pas mal J'suis déjà papa, mais la situation avec Maddie est compliquée, puisque j'avais quand même loupé trois années de sa courte vie. Heureusement qu'on s'est rattrapés tous les deux, mais c'était loin d'être gagné. J'étais passé du parfait inconnu à son père adoré. Et c'est tout ce qui compte. — mickeymouse, mais avec un x à la place du i... m, x, c, k, e, y, m, o, u, s, e finissais-je par épeler, trouvant ainsi ça plus simple que de te laisser deviner, au risque que tu tombes sur la chaine de quelqu'un d'autre. Puis va savoir pourquoi, ma question sur ta mère a imposé un blanc. Il était pas lourd mais il était étrange, comme si une information importante m'échappait. En même temps, comme j'disais, je patauge pas mal, puisque je ne sais rien de toi. Finalement, tu te laissais entrainer dans la confidence. Lettre pliée sous tes mains, tu finissais par admettre l'éléphant dans la pièce. Elle n'était donc plus de ce monde, ta mère. Comme la mienne tu me diras. — oh... que je réussissais simplement à sortir. Tête qui se baisse, l'air désolé que tu ne pouvais pas voir finalement. — j'suis désolé Lèvres pincées, j'avais l'impression d'avoir vraiment fait une boulette. Main qui glisse à l'arrière du crâne, signe de gêne ultime. — j'ai perdu la mienne aussi, et mon père. y'a une quinzaine d'années Je sais même pas si ça peut te rassurer ou pas, mais je soulevais l'info, histoire que tu comprennes que c'était le combat de bien des gens, même ceux face à toi. Mais après, que sais-je de la relation que tu pouvais avoir avec elle, hein ?

tw : suicide
@Mickey Ainsworth Tu notes avec application, sachant pertinemment que, c'est vrai, tu iras voir. T'es souvent et étonnamment curieuse et depuis le début de cette conversation très matinale, il t'inspire des choses positives, t'as donc naturellement envie d'en découvrir un peu plus. D'ailleurs, si ça avait été quelqu'un autre, une personne moins patience, surement moins bienveillante, c'est sur que t'aurais pas finis par révéler la vérité. Ta mère n'est pas de l'autre côté de l'Etat, ni du pays, ni même du monde, elle est partie pour toujours et ne reviendra jamais auprès de toi. Elle n'a pas été prise par le destin, ni par le temps, ni même par la cruelle loterie hasardeuse de la vie, non, elle est juste partie. Elle a elle-même décidé de vous laisser, de prendre son envol depuis le troisième étage alors qu'elle n'avait pas d'ailes. T'étais qu'une gamine, une adolescence et ça remonte ; mais au fond, la raison pour laquelle elle avait fait ça ? C'est surement la chose que tu chercheras encore à comprendre jusqu'à la fin de tes propres jours. Tu redresses enfin le buste et relèves le menton pour sourire tristement lorsqu'il annonce qu'il est désolé. Il a l'air gênée et perdu, passe une main dans sa nuque et tu te sens toi-même gênée et désolé de l'avoir mis dans une situation pareille. « Excuse moi, je voulais pas te mettre mal à l'aise… » T'es aussi embêtée pour ça que pour ta propre peine. Exit le vouvoiement automatique et poli, les confessions attirent comme un aimant la proximité aujourd'hui. Tes sourcils se froissent et ton cœur se resserre, il a l'air jeune, il ne devait être que tout gamin lorsque c'est arrivé « C'était dans quelles circonstances ? » T'es trop intrusive, tu le sais directement lorsque t'ouvres la bouche, c'est sorti tout seul.

@Elsie Barlow diner restaurant 12.03.2022

Je ne m'attendais pas à ce que la conversation prenne une telle tournure. Disons principalement que je ne m'attends jamais au pire. Alors quand tu m'annonces que ta mère est décédée, ça me faisait un coup. Je te connaissais depuis quelques dizaines de minutes et pourtant, je me sentais comme connecté. Impossible à rationaliser ce sentiment, mais il était bel et bien là. Ta mère est décédée et j'en étais désolé, oui. Comme pour beaucoup de gens, c'est la première réaction qui vient, qu'importe si on est habitué ou non à perdre des gens dans sa vie. J'en avais pas fini avec le deuil, c'était intégré à ma vie et je n'avais pas le choix que de vivre avec. — non, non, t'en fais pas... je suis pas mal à l'aise. c'est juste... on sait jamais comment trop réagir ? C'était bien là toute la difficulté du process. Nous on ne sait pas comment réagir et les gens en face non plus. Certains prennent la chose avec un peu plus de légèreté quand d'autres sont totalement atteints. Confessions assez rapides sur la perte de mes parents. Histoire que tu ne sois pas la seule à te confier sur cette absence douloureuse. — accident de voiture. l'hiver à philadelphie a été fatal pour eux... et j'en subi encore les conséquences tous les jours Je tirais mon t-shirt vers le bas histoire que tu puisses voir les deux cicatrices superposées l'une sur l'autre le long de mon sternum. Accident qui a fragilisé mon cœur et qui m'a valu une première greffe puis une seconde. Disons que fallait que je me tienne à carreaux si je voulais garder cette nouvelle chance.

tw : deuil
@Mickey Ainsworth Faire des confidences à l'inconnu qu'il se trouve être, c'est perturbant. Ça te fait frisonner et peut être que demain tu seras gênée, mais aujourd'hui ce n'est pas encore arrivé. C'est étrange mais... ça te fait du bien. C'est comme te délester d'un poids. C'est pas comme devoir tenir le regard de tes amis, ceux qui savent et te connaissent, ceux qui te tiennent. Là c'est différent, et c'est une première de présenter ta peine de la manière qu'il te plait. C'est surement pas un hasard si au début de la conversation, t'as présenté les choses d'une manière différentes. Comme si elle n’était qu'un bel astre incapable de te laisser dans le noir, et non plus trou noir provoqué par une collision d'étoiles. « C'est vrai, ni quoi dire. » La preuve en est tes questions que tu juges maladroites. « Une opération ? » Tu laisses complètement tomber le café, il est froid de toute manière. T'es intriguée, fascinée par la justesse de son ton et la délicatesse de ses mots. Observant pas plus qu'il le faudrait les cicatrices qu'il présente, ton regard va se perdre à travers la fenêtre, là où le soleil donne de toutes nouvelles couleurs à la pièce. C'est les survivants, ceux qui restent, qui doivent vivre avec les blessures et le manque, il en est clairement la preuve vivante.

tw: deuil, mort

@Elsie Barlow diner restaurant 12.03.2022

— ouais, ni quoi dire Parce que dans le fond, c'est un sentiment que quasi tout le monde connait, la mort. Mais elle impacte toujours les gens de façon différente. Certains préfèrent ne pas en parler, d'autres sont si expansifs que c'en est gênant. Et d'autres lâchent des bribes de temps à autre. Je ne sais pas tellement dans quelle catégorie me placer et, au pire, on s'en fout. Le fait est que j'ai perdu mes deux parents et que j'en souffre encore aujourd'hui. — ouais, en quelque sorte. j'ai eu un problème cardiaque qui m'a poussé à me faire greffer... et après l'accident de métro, j'ai du me faire greffer une seconde fois C'était rare comme condition mais pas impossible. Double-cicatrice exposée, je finissais par lâcher mon t-shirt pour qu'il se remette correctement. Après un moment silencieux, brisé par le bruit autour de nous, de ces vies qui continuent quand nous, on est dans notre bulle, je finissais par reprendre la parole. — ça fait longtemps toi, qu'elle n'est plus là ? De ce que j'imaginais, c'était récent. Mais peut-être que je me trompais.

@Mickey Ainsworth Devoir surmonter ça non pas une fois mais deux ? T'es ébahie, surprise, et même admirative. De la manière avec laquelle il l'avoue et la façon dont il y l'air de gérer tout ça. « C'est fou, et tout se passe bien ? » Est-ce qu'il le vit bien ? Cela n'est visiblement pas un frein à ses projets, tu te souviens de sa confidence au sujet de sa future paternité. C'est fou à quel point la conversation à pu dévier aussi loin et aussi vite. Tu t'étonnes toi même de ta dextérité nouvelle à pouvoir échanger de la sorte. Un silence s'impose un instant, et t'es pas malheureusement de pouvoir laisser ton regard, tes pensées et tes songes dévier quelque peu. T'inspires longuement en regardant vers le soleil levant qui se reflète dans les baies vitrées des grands immeubles à côté. Ses mots pourtant happent rapidement ton attention « C'était en 2016. » ça parait si loin et pourtant tu t'en souviens encore comme si c'était hier, de cette nuit glaciale d'automne qui glacera ton sang jusqu'à la fin de tes jours.

tw: deuil, mort, greffe

@Elsie Barlow diner restaurant 12.03.2022

J'admets que j'ai un profil atypique, mais au moins, j'aime la vie. J'évite les conneries. Trop boire, trop de drogues. Tout ça c'est fini. J'ai appris ma leçon. Forcément, j'suis jamais contre une bière ou deux, ou un joint de temps en temps. Mais de toute évidence, mon rythme de vie avait radicalement changé. J'en suis presque à me mettre à courir le matin... preuve que je pars de loin. « pour l'instant ouais... pas encore eu de retour du cardiologue pour m'annoncer un rejet ou un truc qui va pas. après toujours compliqué de régler les stabilisateurs » Ça mettait quelques mois pour arriver à un résultat convainquant. T-shirt relâché pour éviter d'exposer que trop ces deux cicatrices pas si lointaines finalement. Et puis ma curiosité me poussait à te demander depuis quand tu vivais sans cette figure maternelle qui te manquait de toute évidence. « ... oh » C'est pas si vieux. Même si c'est quand même six années qui se sont écoulées depuis. Peu importe le temps qui passe, la douleur reste la même. « c'est un entre-deux assez étrange. si loin et pourtant si proche » soufflais-je avant de terminer mon café. J'attrapais un stylo dans ma veste et je gribouillais mon meetsa sur une serviette de ce diner. Me relevant en posant un billet puis attrapant mes affaires, je m'approchais de ta table. « tiens, mon meetsa. si jamais t'as besoin de discuter de tout, de rien... de ta mère aussi si l'envie t'en prend. un rendez-vous matinal autour d'un café ne fera jamais de mal » J'esquissais un sourire qui se voulait bienveillant. « je dois y aller mais... n'hésite pas à me contacter. ça me ferait plaisir de te revoir un jour » Ou peut-être que nos chemins s'éloigneront pour retourner à leurs vacations. Seul l'avenir nous le dira.