not ready for a family reunion

 ✷ not ready for a family reunion ✷

La jeune femme vient de laisser son meilleur ami devant l’hôpital avant qu’il n’y prenne sa garde. Elle a passé l’après-midi à ses côtés et maintenant qu’il est parti travailler, stella sent l’ennui pointer le bout de son nez. Son instinct premier serait d’aller dans un centre commercial et foncer dans des boutiques. Mais au fond, ce ne serait que combler un manque, un petit trou dans son cœur qu’elle ne semble pas réellement savoir comment le remplacer. Et l’idée de foncer acheter des vêtements, qu’elle ne mettra probablement même pas, est ridicule. Alors à la place, stella se décide à se rendre au café, afin de se prendre une petite boisson et une douceur. Est-ce que ce n’est pas mieux de combler ce petit vide avec de la bouffe ? Certainement pas, pour beaucoup c’est synonyme de prise de poids. Pas pour stella qui parvient toujours à éliminer ses excès, merci la morphologie de ses ancêtres biologiques, à défaut de les appeler sa famille. Elle pénètre dans le café, se commande son caramel macchiatto, son cookie chocolat blanc maccadamia et s’apprête à s’installer à une table pour déguster son goûter, lorsqu’elle tombe face à face avec bastian. Bien sur qu’il fallait que ça arrive à un moment donné. Ils ne pouvaient pas tous les deux vivre dans cette ville sans ne jamais se croiser. Stella a toujours redouté ce moment, cet instinct fatidique où son passé, cette frange de sa vie qu’elle a toujours enfoui au fond d’elle, viendrait se mêler à son présent. Bastian. Son oncle biologique. L’histoire familiale de stella n’est pas un secret. Ses parents n’ont jamais caché avoir adopté la jeune femme, cherchant à briser certains tabous en Espagne. Et bien évidemment, la question de qui étaient les parents de biologiques de stella avait été soulevé dans la mesure où la jeune femme appartenait à une aristocratie espagnole, populaire et connue du grand public. Et stella avait bien sur fini par apprendre qui était cette famille qui l’avait abandonné, sans jamais avoir cherché à rentrer en contact avec eux. Ils l’avaient abandonnés, et stella n’avait aucun intérêt à les rencontrer. Sa famille était celle qui l’avait adopté, élevé, aimé et chéri. Mais voilà, bastian, le frère de son père biologique vivait à boston, stella le savait, il le savait aussi, et la rencontre s’imposait à eux aujourd’hui. « Oh euh… bonjour. » Elle bafouille, perdant ses moyens, elle d’ordinaire si sure d’elle, si confiante. Mais ce pan de sa vie vient l’ébranler, dans ses retranchements les plus profonds.

 ✷ not ready for a family reunion ✷

Le café où je me trouvais était fort sympathique. Je m'y retrouvais assez souvent avant une nuit de travail. De quoi prendre cinq bons cafés afin de survivre toute la nuit. Et je ne parle même pas de leur cookies. Un pure délice. J'ai pu tous les goûter et je n'arrive toujours pas à me décider sur mon préféré. Alors je varie, selon mes humeurs du moment. Devenant un habitué, je commence à connaitre les serveurs et même le propriétaire ! Alors que j'allais sortir, pour prendre un peu l'air frais de cette fin d'hiver, je me retrouvais face à ma ... nièce. Alors ça, je ne m'y attendais pas. Je connaissais son existence, mais ça s'arrêtait là. Après avoir appris son existence, j'en avais à peine touché un mot à mon frère. Ils avaient eu leurs raisons, et je ne voulais pas les rabaisser. Je n'avais pas non plus tenter de la contacter : pensant que si elle voulait le faire, elle le ferait. Ce qui n'était jamais arrivé d'ailleurs. Ce pourquoi j'en avais presque oublié son existence. "Bonjour ?!" Est ce que je devais continuer mon chemin, l'air de rien ? Je tentais de sonder son regard, afin d'avoir une réponse. "Stella, c'est bien ça ?" Je m'en rappelais, sans en être vraiment sûr. Ou alors tentais-je de dissimuler le fait que j'avais retenu son prénom et peut-être secrètement eu l'envie de tout de même faire sa connaissance. En l'observant, je voyais bien le lien de sang. Elle ressemblait énormément à mon frère. Et ses cheveux ... les mêmes que sa mère. C'était peut-être bête : mais oui, elle avait exactement la même chevelure que sa mère biologique. "Ca va ?" Et à peine eu-je prononcé cette question que je m'en voulais. Elle ne voulait peut-être pas me parler. Que l'on continue tous les deux notre chemin, à faire comme si l'on ne s'était jamais croisé. Enfin bon ... elle était la seule décisionnaire à ce moment là. Si elle décidait de partir, je ne lui en voudrait pas. Après tout, mon frère et ma belle soeur avaient déjà pris assez de décisions pour elle,  à la faire adopter.

 ✷ not ready for a family reunion ✷

La surprise semble être de mise des deux côtés. Lui n’en plus n’avait pas prévu de rencontrer sa nièce biologique en se levant ce matin, à n’en pas douter. Mais voilà, le fait est qu’ils sont là, face à face, l’un envers l’autre. Et l’inconfort semble lui aussi s’être épris de bastian. Gêné, il lui adresse un bonjour incertain, et s’enquiert de savoir quel est son prénom. Il doute. Stella elle, pas le moins du monde. Elle connait son nom, par cœur. C’est un nom qu’on ne peut pas oublier, pas quand cet homme fait parti de sa famille biologique, « Stella oui, Castellano. » qu’elle précise, fièrement et un brin provocatrice, comme pour rappeler qui elle est, qui l’a élevé, à savoir, pas la famille des bach. Elle n’a jamais caché son adoption, ça n’a jamais été un secret. Et c’est toujours avec fierté qu’elle a montré son appartenance aux castellano. Mais face à bastian, ses certitudes et sa confiance en elle si naturelle sont particulièrement ébranlées. « Bien sur, je vais bien. Comme un jour de repos qui se termine par une sortie café. » Ne pas montrer qu’elle est surprise, qu’elle ne sait pas quoi faire ou quoi dire, montrer de la confiance, comme toujours. « Et vous, vous passez une bonne journée ? » Que c’est pathétique qu’elle pense en son fort intérieur, cette conversation si banale, parlant de la pluie et du beau temps, alors qu’il y aurait pourtant, tant à dire. Mais sont-ils prêts à se dire ces choses-là ? « Franchement, est-ce qu’on va faire ça ? Cet échange banal et superficiel ? » Non pas qu’elle manque de temps, et qu’elle préfère l’utiliser à meilleur escient. C’est simplement qu’elle n’a pas envie de perdre du temps, et c’est bien là, la différence. « On sait très bien qui l’on est biologiquement parlant l’un pour l’autre, nul besoin de se voiler la face. » Mettre les pieds dans le plat, planter le décor et dire ce qu’il en est, Un peu la marque de fabrique de stella.

 ✷ not ready for a family reunion ✷

Stella me sembla avoir du caractère. Ce qui ne m'étonnait pas. Que ce soit vis à vis du sang ou de ce qu'elle a vécu. Je ne sais pas comment le dire, mais à la voir maintenant, avec son petit caractère ne me surprenait pas du tout. Je l'avais imaginé de la sorte. Et cela me faisait presque plaisir de ne pas m'être trompé à son sujet. Je l'écoutais me dire qu'elle passait une bonne journée et hochais de la tête tout en souriant. "Ca va aussi. Comme une soirée de travail qui commence par plusieurs cafés." Allait-elle mal prendre ma réponse ? Je ne la cherchais pas. Je soulignais juste le fait qu'alors qu'elle terminait sa journée, moi, je la commençais. Et nous nous retrouvions au milieu, dans ce café. Je trouvais cela plutôt marrant. Mais à voir la suite de la conversation, je ne sus pas trop où me placer. J'avais presque envie de lever un drapeau blanc. Hey, ce n'est pas moi qui t'ai abandonné. Je n'y suis pour rien moi. "On va se calmer d'accord." Dis-je calmement. Je ne cherchais ni l'affront ni de nous voiler la face tous les deux. En fait, je n'attendais rien du tout de sa part. Juste, je me plierais à ses envies. "Tu veux aller t'asseoir ?" Je lui montrais de la tête une table qui venait de se libérer justement. "On peut se tutoyer peut-être non ?" Je ne voulais pas que cette rencontre se fasse trop formel. On pouvait peut-être devenir amis... avant de devenir un oncle et une nièce. "Ecoute, je ferais ce que tu veux. Si tu veux partir et ne pas me parler, il n'y a pas de soucis. Si tu veux bien t'asseoir et discuter, de tout, de rien, de tes parents... biologique, de notre famille, je suis pour aussi..." Mon regard dans le sien, je rajoutais. "Je n'ai rien fais moi..." Et je ne peux même pas dire que j'avais cautionné leur geste car je n'avais même pas été au courant.

 ✷ not ready for a family reunion ✷

C’est d’une banalité cet échange. L’impatience de la jeune femme se fait sentir lorsque ses doigts tapotent nerveusement, dans un rythme décousu, son gobelet de café. L’homme face à elle tente de sourire, surement une main tendue vers elle, mais la jeune femme n’en veut pas et s’énerve rapidement. Son sang espagnol ne fait qu’un tour et est fidèle à sa réputation, un sang chaud, impulsif. Il l’intime de se calmer, ce qui donne envie à la jeune femme de lui envoyer son café à la tronche. Personne ne lui dit quoi faire, encore moins lui. Elle serre un peu plus son gobelet, au risque qu’il explose et qu’elle en mette partout. Mais il propose d’aller s’assoir, cette fois sous forme de proposition et non d’ordre, ce qui faire redescendre brièvement la jeune femme d’un ton. Elle acquiesce à sa propostion et se dirige vers la table qu’il lui désigne. « Le tutoiement c’est un emmerdement. En Espagne, on a pas ce problème. » Rappelant au passage son appartenance à l’Espagne, à ce peuple qu’elle aime si fort, marquant un peu plus l’écart avec la famille bach, ayant d’autres origines. « Ils ne sont pas ma famille, vous n’êtes pas ma famille. Nous partageons un adn, c’est tout. Du jour où ils ont décidé de m’abandonner, ils ont perdu tout droit de m’affilier à leur famille. Mais dans un sens je leur suis reconnaissante. Je n’ai pas eu à grandir parmi des lâches mais plutôt aux côtés d’une famille incroyable, forte, aimante, les meilleurs parents du monde. » Sa poitrine se gonfle de fierté lorsqu’elle mentionne sa famille, une pointe de tristesse vient titiller la jeune femme à l’évocation de son père, dont le décès est encore bien trop récent à ses yeux. « Non tu n’as rien fait. C’est pour ça que si un jour tu as besoin d’un don de moelle osseuse, je le ferai, car tu n’as rien demandé et ça pourrait te sauver. Mais rien de plus. » La jeune femme est certes réputée pour être tétue, mais aussi pour être contradictoire. Cette proposition si surprenante qu’imprévue est à l’image de la jeune femme, une surprise contradictoire. Mais stella reconnait, à demi-mot qu’en effet, il n’y est pour rien, il n’est pas son père ou sa mère, il n’a visiblement pas pris la moindre décision. Du moins, c’est ce qu’elle imagine. « Tu étais au courant ? Tu savais que j’existais quand je suis née et qu’ils m’ont abandonné ? » Boum, les pieds dans le plat, mais au moins la jeune femme préfère avoir le cœur net.

 ✷ not ready for a family reunion ✷

La journée commençait plutôt mal pour moi. Même s'il s'agissait du début de soirée. Je connaissais bien l'existence de Stella, maintenant. Mais je n'avais pas cherché à la contacter, car pour moi, si elle voulait, elle l'aurait fait. Je ne voulais pas m'imposer. Mais lorsque j'entendis ses paroles, je compris à quel point elle en voulait à ses parents. Ou non même pas. Elle s'en fichait. Elle les avait rayé de sa vie. Je n'étais donc que le visage d'un mauvais souvenir. Souvenirs qu'elle avait tenté tant bien que mal de ne pas se rappeler. Mais qu'est ce que j'y pouvais ? On ne choisit pas sa famille. De sang. Elle est bien placée pour le savoir. "J'espère ne jamais avoir besoin d'un don de moelle osseuse." Ce fut la seule chose que je trouvais à dire oui. Je comprenais qu'elle n'avait pas envie de me parler ou d'en savoir plus. Et c'était son choix. Malgré tout, elle avait tout de même accepté de s'asseoir à mes côtés. Je compris qu'elle allait tout de même me poser des questions, sinon elle n'aurait pas accepté. Et lorsque je l'entendis me poser cette question, je lui souris, gêné. "Non pas du tout. Et lorsque j'ai appris ta connaissance, il y a peu, j'ai tenté de leur en parler. Je me suis pris un mur." Un peu comme avec toi, il y a quelques secondes. "Je suis désolé, je ne peux pas te dire ce qui a pu les motiver à prendre cette décision." Qu'elle veuille le savoir ou non. "Mais je suis content de voir que tu as été acceptée dans une bonne famille." Elle ne pouvait pas jalouser ses géniteurs, ou sa famille de sang. "C'est triste à dire... mais tu as été la gagnante dans cette histoire." Est ce que je faisais bien de dire cela ? Je ne savais pas. Mais en même temps, j'étais aussi paumé qu'elle dans toute cette histoire.