Tu marches en effleurant l’enveloppe du bout des doigts. Le papier entaille ta peau avant que tu ne te rendes compte des mouvements robotiques qui gagnent ton corps pendant que ton esprit est ailleurs. Autrefois, tu voyais ton avenir se dresser sous tes yeux de façon claire. Tu marchais dans une direction précise d’un pas décidé. Tu te voyais comme une femme médecin accomplie. Tu vieillissais aux côtés de ceux qui avaient bercé ta vie, qui t’avaient vu te hisser au sein de la société. Aujourd’hui, lorsque tu regardais devant, c’est un avenir trouble qui tentait de se faire sa place, de s’imposer de façon discrète. Ton myocarde se contracte de façon anormale alors que dans ta tête, le bruit des monitorings se fait entendre. Tu es incapable de savoir s’il s’agit de ceux de tes patients ou, si c’est ton propre tracé qui a décidé de céder. La seule chose dont tu es certaine, c’est que l’on s’agite autour de toi. Lorsque tu reviens à toi, happée par le bruit sourd d’un klaxon sur la chaussée voisine, tu te rends compte que tu attends encore patiemment que le feu devienne vert alors que la foule avance de part et d’autre de ton corps, frêle et meurtri par tant de pensées négatives. Alors, tu secoues la tête en espérant rester connectée avec la réalité encore quelques années, juste le temps qu’Isaiah se fasse à l’idée qu’un jour ou l’autre, il faudra qu’il apprenne à vivre sans toi. Il a fait un pas en t’expliquant récemment qu’il ne pourrait pas vivre éternellement à tes côtés et qu’un jour, il prendrait son indépendance. Même si tu restes perplexe et légèrement déçue par cette prise de conscience, elle te fait sourire. C’est d’ailleurs ton frère qui te pousse à faire le premier pas. Baker a bien précisé qu’il fallait que tu sortes de sa vie et, tu respectes son choix. Mais, tu dois lui laisser cette lettre avant toute chose. Il doit lire ce courrier qui l’informe de ton état de santé, qui l’informe que tu lègues tout à ton frère mais, que tu espères qu’il prenne soin de lui, qu’il veille à sa sécurité. A Baker ce que tu laisses, c’est votre passé en commun et tes responsabilités. Tu sais qu’il a déjà beaucoup à faire avec ses sœurs mais, Riza est loin de chercher les ennuis comme peut le faire Isaiah. T’aurais aimé avoir confier cela à Kassim seulement, tu sais qu’il t’aurait envoyé chier. Tu n’es personne à ses yeux. Juste cette petite chose qui prêtant être forte mais qui, intérieurement et brisée par son passé et fragile à la fois. Tu sais qu’il ne veille sur toi que par respect pour son ami de toujours, son frère d’armes et tu ne veux pas lui être redevable de là-haut. Tu déglutis en arrivant non plus de l’immeuble du ténébreux. Tu inspires profondément en fermant les yeux comme pour ne pas flancher. Tu te dois d’aller jusqu’au bout. Tu t’approches et d’une main tremblante, tu laisses glisser la lettre dans la fente de la boîte sur laquelle est gravée son nom. Tu ignores s’il vit toujours ici, s’il s’est accordé des vacances. Tu n’as pas eu de nouvelles depuis votre dispute et sa mère t’a simplement préciser qu’il avait beaucoup de travail. Tu n’as cherché à la recontacter après cela, bien trop occupée à consulter les médecins quand toi-même tu ne tenais pas ce rôle. Trop occupée à servir des cocktails en essayant de ne pas t’écrouler sous le poids de la fatigue. La mission accomplie, tu presses le pas dans la rue où la foule semble se disperser à mesure que l’heure de pointe se termine. Il faudra bientôt que tu reprennes le boulot, si tu te sens capable de gagner l’hôpital aujourd’hui. Pour le moment, tu luttes pour ne pas craquer sous la pression constante que tu te mets, sous le poids de cette action que tu avais envie d’accomplir depuis un moment maintenant. La brise caresse tes cheveux et tu tentes de te concentrer sur cette sensation plutôt que sur tes peines et tes doutes. Tu marches d’un pas lent, regardant tantôt tes pieds effleurer le sol, tantôt la vie de chacun qui illumine ton quotidien dans le vide qui a élu domicile dans ton crâne depuis quelques semaines. @Baker Ridley-B.
(Jules Weaver)
some of us are aware, that it's good for us to care. some of us feel the icy wind, of poverty blowing in the air for those of us who simply like to socialize, for those of us who tend the sick and heed the people's cries. let me say to you, right on.