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Massachussetts General Hospital un jour en février #rplibre
Fin du tour de ronde. Mon dernier patient me préoccupe. Sa tumeur ne cesse d’évoluer malgré les traitements. Cette vie est pourrie. Mais je continuerais l’essai thérapeutique, j’ne lâcherai rien. J’me battrais pour eux et ne cesserai de leur donner de l’espoir. J’suis épuisée. J’suis restée au bloc tout le matin et j’ai enchaîné l’après-midi avec les visites. Réunions pluridisciplinaires en chaîne, j’termine pratiquement sous les rotules. Il se fait tard et la faim se fait ressentir. Dernier rapport tapé sur l’ordinateur et j’me casse de cet étage où la douleur et le combat sont le dénominateur commun. J’emprunte l’ascenseur, les cernes sous les yeux, le corps courbaturé. Les couloirs sont connus par coeur alors que cette hôpital ressemble à un vrai labyrinthe. Droite, gauche, gauche droite. La grande salle de ravitaillement apparaît. Sous les néons, quelques membres de famille ou certains professionnels dînent. Ce soir c’est la fête dans la salle des infirmières, une connaissance diplômée d’Harvard vient d’avoir un bébé. Franchement, j’sais pas si j’aurais la force de rendre les sourires. Plat chaud récupéré, je me cale à une table et surfe sur mon téléphone. Je rattrape tout ce que j’ai loupé de la journée. C’est fou à quel point ce monde avance vite. Les photos qui défilent, j’me dis que certains vivent leur meilleure vie pendant que d’autres s’usent. Et puis je termine mes spaghettis et ouvre le paquet de bonbons acheté au distributeur. Le premier passe bien, mais le second reste coincé et tout à coup, j’manque cruellement d’air. J’me lève en panique, les yeux exorbités, la main sur la gorge. J’suis à l’hôpital, il devrait bien y avoir quelqu’un qui sache faire la manoeuvre d’Heimlich.
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