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Je ne sais pas vraiment comment on quitte ce monde, comment on arrive à se contenter d’un bar où il n’y a rien sous ses yeux et tout en arrière boutique. C’est mieux pour les affaires - et plus légal - mais je ne sais pas. Ce n’est pas le fait de gérer un club qui m’anime mais bien celui de gérer le Nirvana. Je n’aurais jamais mis un centime de mes économies, une minute de mon temps, dans l’acquisition d’un bar ou d’un club banal. Je ne voulais pas vraiment poser ma marque, faire mon affaire. C’est le Nirvana qui m’a convaincu de me lancer maintenant, tout de suite. Et il n’y a que le Nirvana qui aurait pu me convaincre de cela. C’est l’ambiance, la folie, les bons souvenirs qui m’ont convaincu. Et peut-être bien aussi le fait que je connais ce lieu, que je le porte au plus haut dans mon coeur. Tout cela, c’est important. Je ne l’ai jamais oublié, malgré mes années dans la sphère la plus haute du monde de la pornographie. Toujours dans un coin de ma tête et clairement un chemin forcé à chacun de mes retours - peu nombreux - sur Boston. Le turnover est important et c’est quelque chose à laquelle j’essaye de remédier autant que possible. Débaucher Joséphine serait une victoire mais je sens que ce n’est pas prêt d’arriver. Elle y pense. Mais jusqu’à l’action, le chemin est encore bien long, ça se voit, ça se ressent. Zut, me voilà démasquée. Que je finis par souffler, un sourire sur le visage, ne cherchant pas à cacher mes intentions. De toute façon, je suis grillée comme un bout de poulet sur un barbecue alors pourquoi nier et passer pour une andouille doublée d’une menteuse ? Très peu pour moi. Surtout dans le domaine du travail. Au moins, elle sait que la porte est ouverte, que l’invitation est lancée. Celle de nous rejoindre de manière ponctuelle ou définitive d’abord. Et puis, celle de danser, de revivre. Je sais ce que le Nirvana a à offrir et à quel point il est difficile de repartir lorsque l’on a fait un pas dans cette direction, celle de la libération. Mes yeux sur les danseuses, je vérifie que tout se passe bien et propose ce deal entre nous : me montrer ses talents quand il n’y aura plus personne. Je m’attendais à une chouille de négociations mais ce n’est pas du tout le cas ce qui élargit le sourire sur mes lèvres. À moitié convaincue, voilà ce qu’elle est. Merci de ce sacrifice. Que je lance en riant légèrement alors que ma main et la sienne se lient. C’est un contrat, qu’on le veuille ou non. Je souris et à sa demande, je regarde autour de moi, jugeant et jaugeant si je peux m’absenter quelques minutes. Pas trop longtemps. Ces mots soufflés, je me penche par-dessus le bar et attrape l’oreille de l’équipe que je place rapidement autour de la mienne. Le boîtier dans la main, je descends de mon siège et lui fais signe de me suivre. S’il y a un problème, je suis sur le canal 6. Que je dis rapidement à la barmaid principale et me dirige vers la sortie. Je ne fume pas mais chaque moment passé avec Joséphine est toujours intéressant. Alors, dis-moi tout… Aucune information sur notre connaissance commune ? Je parle bien de mon mari. Il ne m’a jamais trop parlé d’elle alors je me demande s’ils sont toujours aussi proches que ça. Pas jalouse, juste curieuse. Et elle avait l’air de mon côté pour notre petite mission alors ça me chagrinerait de voir que je n’ai plus d’alliés. Aucun doute que le commun des mortels me dirait de divorcer pour lui laisser la voie libre ou lui foutre la paix. Manque de bol, c’est mal me connaître. Et ce mariage blanc, j’en ai toujours autant besoin pour rester sur le territoire. Le papier n’est malheureusement pas définitif.
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