ARES RAAD ► Robert Pattinson

PASSE : Vous avez déjà senti votre cœur sortir de votre cage thoracique ? Sentir le vide vous entourer, de vous englober comme si vous planer, votre âme se dissiper de votre corps, et votre âme errant dans votre tête sans aucun but ? Ouais, c’est vachement descriptif comme sensation non ? Pourtant c’est exactement ce que j’ai pu ressentir à l’annonce du décès de mon frère. Je me souviens encore du jour, c’était un mercredi. J’étais encore gosse, on jouait d’habitude à l’extérieur de notre baraque et bizarrement, ce jour, il avait préféré sortir avec des potes, plus âgés que moi, j’ai pas vraiment voulu comprendre et à cet âge, c’est pas étonnant qu’on préfère traîné avec nos potes plutôt que nos petits frères. Faut croire que lorsque nous avons une habitude et que celle-ci est brutalement modifié, c’est que quelque chose va arriver, de bon, comme de mauvais. Et cette fois, je savais au fond, que le restant de mes jours n’allaient plus être les mêmes. Je saurais pas vraiment expliquer ce qu’il lui est arrivé, je crois que cette partie, mon cerveau, ma mémoire a préférée l’effacer. Mais garder bien en tête tout le bouleversement que ça à fait. J’entends encore les hurlements de mes parents, ce chaos dans le quartier, j’entends encore les ambulances, la police franchir la porte, la tête baissée, préparé à annoncé une mauvaise nouvelle. Les jours qui ont passés, furent à mon avis, les plus compliqués a surmonté, parce que vous êtes encore baigné dans ce deuil et vous devez pourtant rester apte à prendre des décisions pour l’enterrement et le après. Comme si t’avais juste pas envie de cracher à la gueule de chaque personne qui s’approche de toi avec pitié. Mon frère nous a quitté à l’âge de quinze ans, alors que moi, j’en avais juste treize ans. C’était un beau enterrement, on avait peu de moyens, mais le quartier avait décidé de nous aider à construire quelque chose qui pouvait le représenter. La paix, la justice, le fait qu’il aimait tout particulièrement le foot. Mes parents se sont séparés après trois mois, voire quatre, j’en suis pas très certain. J’ai vite été placé en famille d’accueil parce qu’aucun des deux n’avait la tête sur les épaules. Ils avaient oubliés qu’ils avaient un deuxième gosses, ou peut-être que c’était bien trop douloureux de me voir grandir et pas l’aînée. Je peux comprendre, ouais. Fin, je tente de le comprendre.
À force d’être placé un peu partout, je me suis rapproché de plusieurs gars plus grands, sans doute j’avais encore ce besoin d’être protégé, et d’être aimé d’une façon dont on me l’a retiré si brutalement. J’ai commencé à avoir une certaine colère en moi, voyant que mes parents ne cherchaient pas à prendre contact avec moi et qu’au contraire, ils préféraient me laisser entre les mains de l’état plutôt que sous leurs toits respectifs. Faut croire que déjà à cet époque j’étais un putain de boulet. Mais il y a du bon dans ce genre de choses, vous allez pas me croire, mais on fait vite des connaissances, et dans ce milieux on est obligés de s’aider, parce que clairement… Sinon, on finit sans rien, et on finit à terre dès que quelqu’un nous cherche. Alors, peut-être que les clichés sont vrais, peut-être qu’on les nourrit même, mais c’est un peu comme tout. Tu as le droit de prendre ce chemin, ou de le quitter.
J’ai décidé de le prendre.
Je voulais faire comme mon grand-frère, je voulais montrer que j’étais fort, que j’avais de la grande gueule, que je savais me débrouiller, que je savais viser haut, comme lui. Mais nous étions bien différents. Tellement différents que mes choix, n’ont été que mauvais. Je me souviens de ma première décision, honnêtement c’est pas compliqué. Je devais avoir dans les alentours de dix-huit ans, la majorité, du coup personne ne pouvait m’obliger à rester dans le foyer, parce qu’à force aucune famille ne voulait de moi, et je m’étais barré, sans l’ombre d’une hésitation. On était quatre à faire ça, j’étais le plus jeune de la bande. On s’est barré, les étoiles dans les yeux. Tu vois le truc ? Le début d’un film hyper cliché où les pauvres veulent devenir riches et font absolument tout pour l’être ? Mais ça n’a pas été le cas. On est tombés dans la seule option. C’était de vendre pour juste avoir de la bouffe, traîné dans les rues, dormir sous les ponts. C’était radicalement la définition du mot survivre. Mais comme j’ai dit précédemment, nous avions eu le choix. J’ai vécu de longues années ainsi, entre vendre de droite à gauche, être entouré des mêmes gars qui faisaient partie de la bande, et qui bizarrement s’est agrandit avec les années. Parce que ouais, des gamins désespérés, y en a carrément partout. Des gamins plus aimés, des gamins plus protégés, y en a à tous les coins. Si vous vous posez la question sur mes parents, j’ai revu quelques fois ma mère, elle est tombée dans une merde qui est la drogue, je crois même qu’elle a dû tester tout et n’importe quoi, vu l’état dans lequel elle était. Elle me reconnaît à peine, elle se souvient à peine de son deuxième enfant.
Mon père ? J’en sais rien, j’ai plus aucune nouvelle, faut dire que j’ai entendu des rumeurs comme quoi il avait quitté la ville avec une nana, pour tout recommencé. Ouais, il pouvait m’embarquer dedans, ouais, il pouvait se dire que son fils méritait pas franchement le passé qu’il a eu, et qu’il pouvait encore s’en sortir. Mais même pas un mot. Même pas un regard, rien du tout. Alors je me persuade que je mérite tout ça, que je mérite cette vie.


Les années sont passées, et plus je mettais de l’argents de côtés et plus je me surprenais à vouloir quelque chose qui m’appartenais. Je vais pas dire que ça va être quelque chose d’immense, mais juste assez pour inviter des potes et de quoi les aider si besoin. Alors voilà, j’ai acheté le bar « Alves » c’est juste une grande pièce avec à côté des toilettes. Y a pas de place de parkings, y a juste deux, voire quatre tables quand les gens se tassent, et faut pas croire que l’alcool est de la bonne qualité, je vends ce qu’on me propose à bas prix. On peut fumer à l’intérieur, et surtout, je continu mon petit trafic dans ma petite bande. On est pas des bandits, on fait rien de mal, à part se transmettre quelques bons petits plans. Alors ouais, y a quand même de la drogue qui circule, mais en vrai, y a rien de grave. Je gère ce commerce tout seul, la plupart des serveuses font trois mois avant de réaliser que faire les putes dehors rapportait bien plus qu’un job soft. Je retiens personne, et surtout, je ne fais aucun contrat fixe, faut juste me faire confiance et être motivée à bosser comme une folle dans un endroit où la plupart du temps ce sont des gars bourrés qui de l’extérieur ne sont pas franchement très sympa. Mais j’ai quand même réussi ma vie, vous ne pensez pas ? Je veux dire, j’ai un appartement pour moi, que je paye chaque mois, j’ai mon bar. Alors ouais, je dépasse pas le seuil de pauvreté si on regarde les barres de la société, mais j’ai de quoi vivre, j’ai de quoi manger. Je tente même de donner en cachette de l’argent à ma mère, histoire qu’elle ne se laisse pas trop aller, même si c’est trop tard. Je suis persuadé que mes mauvaises décisions m’ont apporter quand même du bon. C’est peut-être con, mais c’est ainsi que je vois les choses. Je suis bercé dans le malheurs, mais j’y trouve peut-être mon bonheur.



PRESENT: Je suis parti. Je suis parti loin de cette ville, loin de mes démons. De ces ruelles qui autrefois m’enfonçaient dans mes souvenirs les plus cruels. Je ne suis plus le même. J’ai pourtant gardé mon bar, j’ai pourtant réussi à garder l’argent pour me garantir que si un jour je devrais revenir, je le pourrai. Pourquoi suis-je parti ? La douleur était trop forte, la peine, la solitude, elles me tenaient par la gorge comme des acharnées et je n’arrivais plus à respirer. J’étais là, à bout, à bout de souffle, mon Dieu. Je me sentais seul alors que autour de moi des milliers de personnes passaient, mais elles ne me regardaient même pas. Alors, je suis parti. J’ai pris quelques bagages, j’ai pris quelques argents, j’ai laissé six mois de loyers pour qu’à mon retour je retrouve l’odeur de mon chez moi. Je suis parti à Portland, vous voyez que c’est pas si loin, et pourtant la mentalité n’est pas la même. J’ai enchainé serveur, pour pas trop m’éloigner de mon job d’avant. Je voulais juste souffler, je voulais juste atténué la douleur que je pouvais ressentir dans mes tripes. J’ai tout laissé à Boston. Surtout elle. Je l’ai laissé, je l’ai abandonné, et j’espère que désormais quelques s’occupe d’elle comme il faut et que je n’ai pas à m’en préoccuper. Je peux vous assurer que je l’ai aimé, que je l’ai aimé si fort qu’elle me hante encore aujourd’hui, elle était si frêle, si douce, elle avait le cœur sur le bord des lèvres. Je ne pourrai jamais vraiment l’oublier, cars je sais qu’elle continuera à me hanter éternellement. Mais je ne pouvais pas rester, je n’avais pas de force pour ça. Cars oui, je suis faible. Je suis faible de tout ça, dès que je ressens un peu trop, dès que je peux voir à quel point je peux devenir sensible, je me renferme. Je me taille, et je sais que personne ne fera des recherches. Parce que c’est moi,
Parce que je suis Ares.
Parce que je suis cet enfant perdu, parce que je suis cet gosse qu’on a jamais aimé, parce que je suis cet homme isolé et perdu. Parce que je suis moi.
Alors j’ai médité, j’ai prié. J’attendais des signes venant des cieux, j’attendais qu’on me dise de revenir, que c’était bon, que je devais le faire. J’attendais tout ça. Alors après six mois, la paix m’a enveloppée, ma serrer dans ces bras. Je n’ai pas vraiment changé, je dirai plutôt que j’ai évolué.
J’ai évolué dans le sens où je savais que dès lors j’allais revenir, j’allais être seul. Que je ne voudrais plus revoir les gens du passé. Mais évidemment que je n’allais pas les éviter. Mais ils ne m’ont pas chercher. Alors à quoi bon leur adresser la parole ?
En revenant à Boston après six mois ailleurs. J’ai repris mon bar et mon appartement. J’ai repris quelques vieilles habitudes mais j’ai renvoyé les serveuses et j’ai simplement arrêté de trainer dans la merde. Je ne suis plus le même, mais je reste moi. Étonnant non ? Mais c’est toujours plus facile à dire qu’à faire. Je règle encore des choses d’il y a six mois où je continuais à vendre des merdes à n’importe qui. Mais je suis décidé à changer tout ça, je suis décidé à devenir quelqu’un de bien, ou même de simplement normal.
Alors à moi, à moi cette nouvelle vie.
Que l’aventure continue.