Invité
est en ligne
Invité
tu prenais enfin l’habitude de cette nouvelle routine bien solitaire qui s’était installée. depuis ta rupture avec kaiden tu avais eu beaucoup de travail dans lequel te noyer. les examens, les répétitions de danse pour la représentation. quand la rentrée est venue tu n’avais soudainement plus grand chose. le travail pour tes études évidemment mais rien en dehors de ça. tu t’es renfermée depuis plusieurs semaines, reyna. certaines mauvaises habitudes ne semblent pas pouvoir être changées. tu passes tes journées à travailler, à bosser comme une acharnée pour maltraiter ton corps au 144 dance. réveil, travail, danse, dormir. on répète le cycle chaque jour. ton portable est en silencieux quand il sonne la première fois le cinq février, tu ne remarques rien. c’est en te préparant à te rendre au studio de danse que tu écoutes le message sur ton répondeur. l’esprit et le corps qui se paralyse soudainement avant que tu ne réalises pleinement ce qui se passe. tu le perds. quelque part tu l’as déjà perdu tu le sais mais savoir qu’il était encore là, quelque part, était aussi tortueux que rassurant. et tu es réellement sur le point de le perdre. tu te précipites à l’hôpital ce soir-là, tu es si ingérable qu’on te menace de te traîner vers la sortie. t’es un bordel à deux doigts de frapper ceux qui sauvent des vies. c’est à peine si tu comprends ce qui se passe. kaiden en soins intensifs, opéré d’urgence, explosion, brûlures, des greffes de peau. t’es même pas autorisée à le voir. ni ce soir-là. ni le lendemain. ni le jour d’après. t’es bloquée dans le temps, reyna. t’es incapable de travailler, t’es pas venue au studio, tu n’as même pas prévenu. tu reçois des nouvelles du médecin quand t’as fini de harceler la secrétaire au téléphone. tu en viens même à détester kaiden pour t’avoir gardé dans sa liste de contacts en cas d’urgence. tu aurais presque préféré ne pas savoir que tu avais manqué de le perdre définitivement. égoïste et sûrement une pensée aberrante. une de plus, une de moins… la délivrance arrive quatre jours après le premier appel. il peut recevoir des visites, enfin. tu te prépares en pagaille et débarques aussi vite que tu le peux à l’hôpital. quand tu arrives dans sa chambre, il semble s’être rendormi. il est bandé, tu serais inquiète de le savoir encore vivant si tu ne voyais pas sa poitrine bouger discrètement. tu décides simplement de t’asseoir, de le regarder. ton coeur brisé en mille morceaux depuis l’explosion, tu sens une légère chaleur en toi, enfin. chaleur amère quand tu vois son état, quand tu repenses au fait que tu aurais pu le perdre. ton esprit semble en veille, tu mets de côté tout ce qu’il t’a fait et tout ce qu’il a à ses côtés est la reyna folle amoureuse de lui. en veille aussi parce que tu ne veux pas t’effondrer en voyant les bandages dans lesquels son corps est prisonnier. t’es pas là pour pleurer reyna, tu es là pour être forte, pour lui. tu détournes le regard à peine une seconde et quand tu reposes tes yeux sur lui, tu constates qu’il est réveillé. tu aurais pu pleuré si tu n’étais pas si épuisée et éteinte après ces derniers jours. “l’altruisme te tuera un jour, faut que t’arrêtes.” pas les paroles les plus chaleureuses pour accueillir quelqu’un qui a frôlé la mort il y a quelques jours. mais tu es là, à son chevet. tu peux pas offrir plus que ça. parce qu’autrement tu ne pourras pas regarder son état sans t’effondrer. "tu me dis s'il y a un problème, ok ? j'appellerai les infirmiers."
@Kaiden Winston
(Invité)