it's scary how we look alike (k&e)

boston city hall. vendredi 11 février 2022 w/ @Katalia Borgia

Mon regard sur Karl, je soupire fortement. Il y en a pour trente minutes de marche, je ne vais pas mourir ! Et celui que je considère comme un deuxième père ne peut s’empêcher de lever les yeux au ciel et de me faire signe de monter dans la voiture. Depuis quelques jours, j’ai la grossesse difficile. J’ai l’impression de perdre mon pouvoir, mon indépendance et je déteste cela. Purement et simplement. J’ai envie de leur dire - à lui comme à mon frère et mon fiancé - que je suis enceinte et non pas une maladie ! Mais il semblerait qu’en plus d’être interdite de voyager en avion - merci chéri - me voilà interdite de marcher une petite demi-heure dans le froid de Boston. J’avais besoin de ce temps pour me vider l’esprit, pour profiter un peu, pour regarder ces buildings que j’observais de manière quotidienne avant de déménager chez Jeremiah, enfin d’emménager avec lui. Assise sur la banquette arrière, la ceinture attachée, les bras croisés sur le ventre plus que rond, je fronce les sourcils et souffle Je ne suis pas une enfant ! Pourtant, je réagis comme tel à ce moment précis. Et puis, merde à la fin, mon rendez-vous est dans quarante cinq minutes, on va y arriver bien trop rapidement ! Mais Karl me connait assez pour faire un détour par Dunkin et me prendre un Boston Cream ainsi qu’un thé - et quelque chose pour lui aussi. La bouche pleine, je dis Surtout avec des donuts comme ça, faut que je marfche. Je bafouille presque et souris timidement, ne pouvant que le remercier de ce geste, de cette attention qu’il a toujours eu pour moi. Il a beau être mon employé, c’est plus que cela entre nous, surtout après tant d’années à me conduire aux quatre coins de la ville. Lorsqu’il est l’heure de mon rendez-vous, je quitte l’habitacle chauffée de la voiture pour me diriger vers la mairie et son service en charge des démarches administratives et tout ce qui est en lien avec les naissances. Je suis rapidement reçue et pose toutes mes questions sur la double nationalité - dont je bénéficie - mais dont j’aimerais aussi que les jumeaux bénéficient. Un paquet de fascicules en mains, je quitte le bureau de l’agent en question et, sur la sortie, une jeune femme attire mon attention. Je crois reconnaître Katalia mais, peu sûre de la chose, je ne l’interpelle pas. Au lieu de cela, je la suis passer d’une salle à l’autre et quand je la reconnais vraiment, je souris légèrement. Comme quoi, on se ressemble vraiment. ​​Bonjour Mademoiselle Borgia. Que je dis rapidement, lui faisant un signe de la main en m’approchant d’elle. Comment vas-tu ? Cela fait un petit moment que nous ne nous sommes pas croisées. Il faut dire qu’entre le travail, la préparation de toutes ces missions à déléguer, je n’ai eu le temps de rien… Et envoyer un message à l’une de mes anciennes étudiantes - demi-soeur - pour lui souhaiter une bonne année semblait un peu trop étrange et ce, même pour moi.

@Ella Marriott-W. Ces recherches là, surement que tu aurais du poster les commencer ailleurs, à Milan par exemple. Mais t'imagines qu'il faut bien savoir commencer quelque part. Et si à l'habitude et par le passé, t'avais tendance à chercher à contacter un privé pour un oui ou pour un non, cette fois c'est différent. Parce que t'as cette sensation, cette impression, que c'est pas l'histoire de quelqu'un d'autre que tu veux chercher à mettre en lumière, non non, c'est ta propre histoire. L'idée qu'il y ai une autre personne en ce monde qui partage le même sang que toi (même si c'est qu'à moitié), ça te glace le sang, justement. T'aimes pas ça, t'as horreur de cette idée, de ce cauchemar. Tu sauras pas non plus vivre sans en avoir le cœur net. C'est pour ça que t'es là aujourd'hui à farfouiller dans les archives publiques de la ville. T'es pas douée à ça, mais tu t'acharnes quand même. Peut être que t'auras un coup de chance comme ce jour de décembre dans le bureau de ton père à Milan. Toi t'es plus douée pour les enquêtes sur les réseaux sociaux, une vraie fouine pour certains, une experte pour d'autres, comme pour ton copain qui en profite bien dès qu'il te demande d'apprendre quelque chose. Mais là, ça n'a rien donné. Tu vas perdre la tête si tu continues à t'entêter comme ça, mais tu vas encore plus mal le vivre si tu te voyais abandonner en si bon chemin. Faisant une pause pour rejoindre les toilettes, tu reviens sur tes pas, prête à te fatiguer encore les yeux et épuiser ta patience. Assise dans l'un des espaces communs, devant ton pc et une piles de documents à côté, tu portes ton mug de thé désormais froid à tes lèvres avant de le reposer d'une légère grimace à cause de son amertume. Une voix attire ton attention cependant « Bonjour Mademoiselle Marriott ! » ça à fait le tour de tous les médias, bientôt elle deviendra Madame. « Très bien merci et vous ? Vos fêtes de fin d'année se sont bien passées ? » A vrai dire non, ça ne va pas, pas du tout. Mais quelle idée de laisser entrapercevoir tes peines et tes démons à la femme que t'admires et que tu veux voir t'admirer en retour ? Inutile. « Bonjour Karl. » tu salues poliment l'homme dans son ombre, te souvenant de son nom. Tu penses forcement à @Yoni Joseph. Lui aussi bien souvent derrière ou côté de toi, enfin, ça c'est lorsque tu ne t'entête pas à échapper à sa vigilance. « Qu'est ce que vous faites ici ? » tu demandes avec un sourire. C'est plus de quoi prolonger l'échange et entamer une discussion, que de faire preuve de mauvaise curiosité.

Le rendez-vous n’a pas duré trop longtemps. Ou peut-être bien que si parce que lorsque je croise le regard de Karl en sortant du bureau, je comprends qu’il s’inquiétait pour moi, tout simplement. Je trouve ça beau, merveilleux et rassurant de le savoir toujours veiller sur moi. Je ne sais pas si Jeremiah lui a demandé de le faire - cela ne m’étonnerait pas pour être honnête - mais j’apprécie le geste quel qu’en soit l’initiative. Alors que nous nous dirigeons vers la sortie, mon regard capte un mouvement et un visage que je connais. Rapidement, je me dirige vers la brune C’était merveilleux et féerique. Et toi ? Tu as pu rentrer dans ta famille ? Pour Jeremiah et moi, ce sont nos familles qui sont venues nous rejoindre à Boston, une année encore. J’espère que l’année prochaine, nous pourrons embarquer les jumeaux, Cameron et aller fêter Noël et la Nouvelle année de l’autre côté de l’Atlantique. J’aurais voulu me battre un peu plus avec Jeremiah pour y aller mais je n’ai pas eu le courage. L’avion m’est interdit par monsieur depuis quelques semaines et maintenant, ce sont aussi mes talons hauts qui ont disparu. Je suis presque à plat là et j’en suis tellement déboussolée et consciente que je ne cesse d’essayer de cacher mes pieds sous tous les meubles que je trouve sur mon chemin. Une salutation vers mon employé - ce qui me touche - plus tard, je tire la chaise de la table voisine à celle qu’elle occupe et me mets assise dessus, un léger sourire sur le visage. On ne dirait pas comme ça mais… Karl avait raison, je n’aurais jamais été capable de marcher tout ce temps sans en sentir les effets pendant plusieurs jours : je suis fatiguée de ma semaine et j'ai hâte de retrouver mon fiancé, ses bras mais surtout ses mains pour me masser les pieds. Je suis venue pour quelques renseignements au sujet de la nationalité des jumeaux. J’aimerais qu’ils aient les deux nationalités. Américaine mais aussi anglaise. Pour la première, il ne devrait pas y avoir de soucis puisqu’ils sont nés sur le territoire mais pour l’anglaise… Ce serait une petite bataille administrative quand ils seront là. Et il se peut même que je la laisse à Jeremiah. Je voulais accoucher à Londres pour être sûre qu’ils aient l’anglaise qui, a mes yeux, est plus importante que l’américaine… Ce n’est peut-être pas l’idée du siècle de souffler ces mots dans un bâtiment administratif américain mais je suis anglaise, Jeremiah est anglais… Ça coule de sens pour moi. Mais mon cher et tendre fiancé refuse que je monte dans un avion alors, on va devoir se contenter de leur donner la double nationalité… Ce qui me fait rouler des yeux, plus de manière surjouée qu’autre chose. Ce n’est pas très grave. Et puis, si nous choisissons de les appeler London et Poppy - c’est peut-être mieux que London naisse à Boston qu’à London, justement. Et toi ? Tu as l’air d’avoir du pain sur la planche. Avec ses documents, son écran lumineux, cet air concentré qu’elle avait jusqu’à ce que j’arrive… Bien sûr qu’elle avait du pain sur la planche !

@Ella Marriott-W. Cette fois ce n'est pas un faux prétexte qui l'a mis sur ta route, c'est un véritable hasard. T'aimes cette idée. T'aimes l'idée qu'elle vienne vers toi après t'avoir remarqué, que l'intérêt n'est pas à sens unique. « Noël dans la famille de mon copain à Florence, et après quelques jours dans la mienne à Milan. Et comme à chaque fois que je reviens de l'Italie, j'ai encore le mal du pays. » tu ris doucement. C'était le deal avec tes parents dès le premier jour, des études dans la prestigieuse université d'Havard, et rien que des études. L'Italie, t'as toujours su au fond de toi qu'il n'y a que là bas que tu te sens chez toi. Tu la regardes tirer une chaise pour s'installer pas loin, et l'écoutes en hochant doucement la tête de haut en bas, donner la raison de sa venue. « J'aime beaucoup l'idée, et je suis sure qu'eux l'aimeront aussi dans quelques années lorsque ça va grandement leur faciliter la vie pour voyager ! » Tu te souviens encore comme si c'était hier de tout ton parcours administratif pour obtenir ton visa étudiant pour préparer ton arrivée sur le sol Américain, une vraie misère. « Il a surement raison. » tu souris doucement en ne pouvant t'empêcher de remarquer comme son baby bump ne cesse de s'arrondir au fil de vos rencontres. T'imagines que la meilleure solution à ce stade, c'est de ne prendre aucuns risques malgré la tache compliquée niveau administratif. Tu la regardes rouler des yeux au ciel de façon théâtrale, ne peut pas t'empêcher de sourire tellement t'es maitre toi aussi dans l'art de sur-jouée tes réactions. On dirait bien que t'as trouvé une autre experte dans le domaine. Tu serais même probablement très lassée de découvrir qu'on vient marcher sur tes plates bandes si seulement ce n'était pas elle, elle que tu te plait de plus en plus à admirer. T'hausses faussement modestement les épaules à sa question avant de glisser un regard sur ton pc et la pile de documents à côtés. « Comme une soudaine envie de voyage à travers l'histoire. » Tu ne le sais pas encore, mais tu ne trouveras absolument rien ici. Cette inconnue née le 13 mai 1992 n'est pas née sur le sol Américain, il n'y a donc aucunes raisons que tu trouves des réponses ici, mais il faut bien commencer quelque part, non ? Tu peux pas retenir la confidence en refermant le dossier qui était devant toi et en inclinant le buste dans sa direction « La thématique du jour semble être les naissances. Je suis dans les registres, j'ai l'impression de faire de la plongée en ayant oublié mon tuba. » autrement dit t'es noyée.

Quand je la vois là, concentrée devant son écran d’ordinateur, je me dis que je devrais tout lui dire, tout lui avouer. Katalia, j’ai appris il y a quelques mois que mon géniteur n’est personne d’autre que ton père. Nos parents étaient amis et ils se sont mis d’accord sur cette conception et… chacun a repris son chemin avant même ma naissance. Ma mère ne m’a avoué cela qu’il y a quelques mois, après une énième conversation où je me plaignais de mes frères, de leur comportement envers moi et tout ce qui va avec. Je crois qu’elle a voulu me donner l’option de fonder une relation fraternelle avec quelqu’un d’autre. Et je pourrais la remercier pour cela mais quand je la regarde, je me dis que je foutrais peut-être sa vie en l’air. Fille unique, a-t-elle réellement envie de me connaître comme une demi-soeur biologique plus que comme une professeure, une mentor ? Je n’en sais rien. Il n’y a qu’elle qui pourrait prendre la décision mais ayant peur du refus, je m’enfonce dans mon mutisme actuel. Je préfère la laisser parler et l’écouter au sujet de son séjour en Italie. Oh… Je ne peux que comprendre. C’est la même chose avec l’Angleterre pour moi. Dieu merci Jeremiah a un bel accent anglais et je n’ai qu’à fermer les yeux et lui demander qu’il me parle pour m’y croire. Il n’y a pas un jour où l’Angleterre ne me manque pas mais je sais que notre vie est ici. Sans Cameron, je doute que nous serions encore à Boston mais l’aînée Simoes-Williams est importante. Et puis, aucun doute que si notre résidence principale était de l’autre côté de l’Atlantique, c’est Boston qui me manquerait. En tout cas, que nous vivions d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique, je souhaite leur donner la double nationalité. Cela leur permettra, comme elle l’énonce, de voyager plus facilement, mais je veux aussi qu’ils aient ce lien avec ce grand-père qu’ils ne verront jamais. C’est mon père qui était américain et qui a tout fait pour que j’ai cette nationalité comme mes frères et sœurs mais surtout comme lui. Il voulait que je fasse partie de sa famille, que je sois une Marriott grâce à l’adoption et non pas une pièce rapportée lors de la rencontre avec ma mère. Il me manque. Il a probablement raison mais ne lui dis pas. Je continue de faire la tête dès qu’il mentionne son voyage à Londres en février, mettant en avant quel fiancé horrible il fait de me priver de voyager. J’espère le faire plier mais si je suis intransigeante sur la santé des jumeaux, Jeremiah est pire que moi. Je n’aime pas le fait de devoir rester coincée ici mais bon… Une grossesse gémellaire est déjà une grossesse à risque et avec mes soucis gynécologiques, je ne veux pas risquer quoi que ce soit. De toute façon, je ne m’en remettrais pas s’il venait à arriver quelque chose aux petits à cause de mon caractère et mon envie de toujours avoir ce que je veux. Alors, je prends mon mal en patience. Il n’y a que ça à faire de toute façon. Et curieuse, je lui demande rapidement ce qu’elle fait ici. C’est joli pour travailler mais je doute que ce soit autorisé. Une envie de voyage à travers l’histoire. La thématique est ici, aucun doute. Je souris et hoche doucement la tête avant qu’elle précise son action. Ah, je me suis trompée. Les naissances. C’est aussi quelque chose d’intéressant. À ce point ? Que je demande, un peu déçue pour elle. Quand on fait ses recherches et qu'on ne trouve pas la réponse, il n’y a rien de plus frustrant. Tu as demandé de l’aide à quelqu’un ? Parce que ça peut vite ressembler à chercher une aiguille dans une botte de foin… Après tout, on compte près de 380 000 naissances par jour dans le monde. Constant intéressant, effrayant et presque décevant. Les jumeaux ne seront pas si uniques que ça aux yeux du monde mais aux nôtres… C’est totalement un autre discours. Que j’ai hâte de les voir, mes deux sur 380 000.

@Ella Marriott-W. Perdue c'est bien ce que t'es. Dans les documents mais pas que. A vrai dire t'es surtout perdue dans tes propres idées, tes propres pensées. Voulant comme d'habitude savoir te débrouiller toute seule même si tu ne sais absolument pas par où commencer. Ca ne t'a jamais empêché d'obtenir ce que tu voulais. Mais cette fois… cette fois t'as l'impression que c'est différent. T'as beaucoup plus de mal à te concentrer depuis que tu tentes la sobriété. Lorsqu'on te parle, en cours, ou bien ici, aujourd'hui. Ces documents qui défilent devant toi ne font aucun sens. Ca te frustre tellement. Ella arrive comme une véritable libération. Elle t'extirpe sans le savoir de tout ça, et tu retrouves même le sourire en sa présence. « A ce point. » tu répètes ses mots en hochant la tête de haut en bas, l'air résolu. « Non… j'aime me débrouiller toute seule. Mais je pense que je ne commence pas au bon endroit. » Commencer tes recherches sur le sol Américain, ce n'est pas l'idée du siècle. Très probablement que t'aurais du faire ça en Italie directement. Tu plisses le nez, soupires longuement, redresses le menton pour la regarder. Elle est dans ses pensées, concentrées mais pourtant ne semble pas prête à enclancher le départ, toujours installée sur sa chaise sans laisser son langage corporel émettre le moindre souhait de s'en aller. Alors sans même t'en rendre compte, tu bouges légèrement ta propre chaise, de quoi lui faire plus correctement face, et penches le buste en déposant tes avant bras sur la table, ton attention toute avancée vers elle. « Est-ce que je peux vous révéler un secret ? » T'attends à peine qu'elle acquiesce que tu continues « J'ai une amie qui vient de découvrir que son père à eu un premier enfant, je l'aide dans ses recherches. » Modeler la vérité c'est ta spécialité. Ce que les autres ne savent pas de toi, ils ne peuvent pas l'utiliser pour te faire du mal. « A croire que j'ai bien de suivre des études d'affaires internationales et pas de d'investigations. » tu ricanes après avoir soufflé comme un secret.

Je ne peux que comprendre l’envie de la brune que de se débrouiller toute seule. Lorsque l’on se débrouille seule, on ne doit rien à personne et il y a une certaine fierté quand on arrive à ses fins. Mais des fois, il faut savoir demander de l’aide, tendre la main. C’est moi qui dit cela, celle qui a du mal à demander de l’aide à son fiancé quand elle galère à enfiler ses chaussures. Alors quelque chose de plus gros… N’en parlons même pas. Si tu le sais… Arrête de perdre ton temps ? Que je demande le plus légèrement possible. Je ne veux pas la faire baisser les bras dans sa recherche, quelle qu’elle soit mais si elle ne commence pas là où il le faut, ça ne sert à rien de s’acharner pour rien. En plus, elle le sait. Ce n’est pas Katalia que d’agir ainsi et je m’inquiète rapidement pour elle. Cela viendrait d’un peu nul par mais je sais ce qu’elle vaut et ça, ce n’est pas digne d’elle. Mes yeux sur elle, quand elle se penche vers moi, je me redresse autant que possible, rapidement bloquée par mon ventre toujours plus gros. Les deux cacahuètes là-dedans prennent vraiment beaucoup trop de place. À ses mots, je bouge légèrement ma tête de haut en bas. Oui, bien sûr qu’elle peut. Est-ce que ce serait le début d’une relation un peu plus amicale, un peu moins professionnelle ? C’est ce que je souhaite, que ça vienne normalement jusqu’à ce que je décide qu’il est temps de lui annoncer la nouvelle, de lui dire que nous avons le même géniteur en commun et que je le sais depuis un petit moment. Pourquoi je n’ai rien dit ? Par peur que ça ne colle pas, par angoisse de voir une énième relation fraternelle me glisser entre les doigts. Ça n’a jamais été l’amour fou avec Camila, Eliott m’en a toujours voulu de partir pour Oxford et avec Dimitri, ça a longtemps été en dent de scie avant d’être la plus belle relation de ma vie… Le tout qui a fini par s’effondrer et me laisser le coeur brisé. Les mots de la jeune femme me parvienne et je continue d’acquiescer. Elle ne sera pas seule dans la découverte alors, si une de ses amies vit la même chose qu’elle. Et je crois que ça me rassure. On a toujours peur d’être seule dans ces moments mais ce ne sera pas le cas de Katalia. Eh bah ça alors. Que je souffle en souriant légèrement. Comment l’a-t-elle découvert ? Si ce n’est pas indiscret. Est-ce que son amie a reçu de réelles informations ? Ou lui a-t-on juste dit qu’elle avait de la famille quelque part sur le globe. J’en suis curieuse. Ma mère m’a annoncé la nouvelle de la manière la plus simple qui soit, autour d’un thé. Pas pour se débarrasser de l’information mais pour me permettre de créer une nouvelle relation avec une demi-sœur. La famille a toujours été si importante pour moi. Si vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas. Je suis bientôt coincée chez moi avec interdiction de travailler… Alors il va falloir que je m’occupe ! Je doute que Katalia ait envie de me confier ce projet, elle a été claire sur le fait qu’elle aime se débrouiller seule. Enfin, ne serait-ce que pour réduire les dossiers à analyser après. L’aîné de la famille de son amie a-t-elle été adoptée, reconnue ou autre ? Cela peut faciliter les recherches. Et à ce moment, je me rends compte à quel point je suis heureuse que Jeremiah ait appris l'existence de Cameron avant qu’elle soit une adulte et que son lien avec les jumeaux soit difficile à créer. Bon, pour le moment, il s’agit juste d’elle qui embrasse mon ventre mais elle sera une très bonne grande sœur, aucun doute là dessus.

@Ella Marriott-W. Sa question resonne en toi et vient étirer un fin sourire sur tes lèvres légèrement rosées du maquillage de ce matin « J'avais besoin d'aller au bout de mon idée… maintenant c'est chose faite. » tu rétorques en refermant d'un bruit sec l'écran de ton ordinateur. Ce dernier tu finis par le glisser dans sa fine et luxueuse pochette beige qui elle même va dans ton sac. Si tu avais été toute seule tu te serais levée pour partir, mais là tu ne bronches pas, parce qu'elle est là. Ta confidence semble retenir toute son attention, à sa manière se s'approcher aussi, sourire et surtout te questionner ensuite. « Dans des papiers, des affaires de son père. » Cette fois, c'est ton histoire. Mais ça elle ne le sait pas. A vrai dire jusqu'à aujourd'hui personne ne le sait, et personne ne le saura. Il y a seulement Ottis, parce qu'il était avec toi au moment de cette découverte qu'à chamboulé ta vie et surtout tous tes beaux idéaux de famille, depuis. C'est une contradiction notoire qui s'invite dans tes mots ensuite, mais parce que la promesse de passer un peu plus de temps avec elle est l'idée la plus séduisante que t'as entendu depuis plusieurs jours « Quelle proposition attrayante, pourquoi pas. » Si ta cousine savait ça, que c'est Ella Marriott qui te proposais aujourd'hui de prendre cette place dans tes recherches quotidiennes, elle serait verte de jalousie. Enfin c'est ce que t'aimes à penser. « On va peut être se découvrir des passions d'enquêtrices. » tu ricanes sur le ton de la confidence. Ton téléphone se met à vibrer dans ta poche, et tu fronces les sourcils en voyant l'heure. Tu ne décroches pas cependant, ça attendra plus tard. « Mince, j'ai un cours d'ici peu. Vous allez dans la direction de Cambridge ou pas du tout ? » L'idée de partager une course en voiture te tenterait bien si jamais l'occasion se présenterait.

Allez au bout des choses. Je ne sais pas pourquoi mais je crois qu’une fois que la surprise sera passée, la colère aussi probablement… Puis l’incompréhension et  l’acceptation de la situation, je crois qu’elle et moi, on risque de vraiment bien s’entendre. Il y a les cours, bien entendu, mais aussi cette philosophie de vie. Et je suis heureuse de voir que l’homme que ma mère a choisi pour tomber enceinte est un homme avec qui elle devait partager énormément de valeurs. Nous sommes similaires et pourtant nous n’avons pas été élevés par les mêmes personnes. C’est beau, c’est joli, c’est agréable. Et ça m’arrache un sourire content, de ceux qui se placent là sans que l’on sache trop pourquoi. J’ai l’impression qu’il y a presque une confiance qui s’installe au fur et à mesure de ses confidences. Malgré le fait que ses affaires disparaissent les unes après les autres, je n’arrive pas à me résoudre à terminer la conversation. Je l’écoute, acquiesce, retiens tous ces mots, ces informations. Et lui demander est la dernière option qu’elle veut tenter, je suppose ? Ce que je peux comprendre. J’ai toujours voulu tout savoir par moi même avant de demander à mon père et aujourd’hui, j’aimerais pouvoir lui poser des dizaines de questions pour ne plus avoir à chercher, à réfléchir. Mais est-ce que j’aurais le même discours s’il était toujours là ? Je.. N’en sais rien. J’aimerais pouvoir y répondre mais ce n’est pas le cas. Je me prépare pour pouvoir être la meilleure maman-espionne qui soit. J’en ris légèrement mais c’est vrai. Je ne peux pas savoir ce qu’il va se passer avec les jumeaux, la relation que l’on aura et leur confiance en moi, en nous, pour se confier. Mais je ferai comme avec mes frères et ma petite soeur : les réseaux sociaux seront épiés de loin et je ferai mon maximum pour toujours être ouverte à la discussion même si cette dernière ne me plaira pas forcément. Et quand son portable nous rappelle à l’ordre, je me redresse légèrement, plantant mes mains sur la table. Je crois qu’elle vient d’être sauvée par le gong d’une discussion ennuyeuse avec moi. On est censé repartir vers la Rivière Charles mais on peut faire un détour. Karl ? Je tourne le visage pour voir mon employé se diriger vers nous et me demander ce que je souhaite. Sa main pour me lever déjà et puis, je lui propose le détour par Cambridge, ce qu’il accepte sans soucis aucun. C’est comme tu veux du coup. Que je dis à Katalia en rangeant ma chaise. Nos chemins peuvent se séparer là - jusqu’à ce qu’ils se retrouvent ou que je fasse tout pour que ce soit le cas - ou on peut continuer encore un peu… Mes yeux sur elle, j'ai presque envie de tout lui balancer pour que ce soit fait un point c'est tout. Mais je sais que ce n'est pas le bon moment ni le bon lieu. J'ai besoin de mettre ma vie en ordre - bien que ce soit un bordel organisé pour le moment - avant de tout bousculer. Je ne suis pas sûre de réussir à tout gérer.

@Ella Marriott-W. Sa question te percute, même si elle pense parler de ton amie, les faits sont bien là : elle parle de toi. « Ca a l'air oui. » T'acquisses avec un air nonchalant et un petit sourire triste. Ouais, lui demander la vérité en face c'est la dernière des solutions que tu choisiras. Et s'il te mens encore droit dans les yeux ? T'es lasse d'évoluer dans cette famille de menteurs, mais l'Adn Borgia coule dans tes veines et t'es encore (à ton plus grand malheur) bien trop liée à ton nom de famille pour décider de t'en éloigner pour te faire ton propre prénom. Vite tu te reprends et fais disparaitre cet air sur ton visage par un sourire bien plus chaleureux et qui te ressemble lorsque t'es en présence d'autres personnes. Après tout, t'as l'habitude. Certains diront que t'es hypocrite, toi tu dirais que t'es diplomate. Après presque deux ans à la tête de la plus prestigieuse maison de l'université, t'as su parfaire ton art de te montrer sous ton meilleur jour et surtout, surtout, gérer les susceptibilités. C'est tellement plus facile de sourire, même lorsque ce sourire est faux, ça fait plaisir aux autres et ca n'attire pas l'attention sur tes véritables pensées. Arrachée à cet échange par le temps qui file et tes responsabilités de bonne élève assidue et sérieuse, tu finis par le lever, récupérer ton sac qui contient ton pc, et prends la pile de documents que t'as emprunter dans tes bras. Direction la réception où tu rends les documents en tachant de suivre son rythme de marche à elle. Tes talons claquent sous tes pieds, l'endroit est particulièrement silencieux hormis vos voix qui s'élèvent à intervalles réguliers. « Je veux bien, avec plaisir ! Je suis en train d'organiser mon travail cet été et je ne dirais pas non à votre avis. » Inconsciemment tu la replaces à cette place de mentor, que t'as rêvé de lui donner et surtout de la voir accepter, et ça depuis votre toute première discussion rien qu'entre vous deux dans l'amphithéâtre il y a quelques mois de cela. Direction la sortie où Karl passe devant pour ouvrir la marche puis la porte de la voiture. Tu grimpes avant elle à sa demande et ne manque pas de reprendre bon train et naturellement la discussion. Basée autour de tes doutes, entre le fait de vouloir consolider ta place au sein de l'entreprise Borgia, ou bien découvrir un tout nouvel univers pour placer ton nom et surtout tes pions comme sur un échiquier au fil des années.