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Assise en travers du fauteuil qui est devenu au fil de ces mois d’habitation officiellement le mien, je me laisse bercer par le crépitement du feu de la cheminée, tournant les pages d’une nouvelle encyclopédie sur le thème de la chirurgie, éternellement encline à ce désir d’en apprendre toujours plus, tout au long de ma vie. Jusque dans les journées de repos, je n’ose pas m’arrêter. Et j’ai beau essayer, m’évertuer, l’évidence se trouve dans le fait que je ne parviens pas à me concentrer, il y a bien des courants contraires dans le fil de mes pensées. Une floppée incalculable de faits que je ne parviens pas à maitriser. Comme l’étranger, l’invasion orchestrée. Le cadeau envoyé par mon ancien-actuel fiancé. Une venue pour laquelle je n’aurais tout simplement pas pu dire non. Enfin, deux venues, s’il me fallait préciser. Les prunelles finalement posées sur le chien allongé à côté du mien. Car faute du manteau de neige qui a recouvert le sol extérieur, Mad et Glasgow sont là, sur le tapis, les paupières closes, depuis quelques minutes, endormis, et Trent me flinguerait certainement en contemplant cette scène s’il vivait encore ici.
Alors en un soupir, je tourne le visage vers la fenêtre, les derniers flocons s’étiolant, au grès de leurs envies, au grès du vent, tandis que je referme mon bouquin, et le laisse retomber sur la table où se trouve une tasse de café non terminée. Mes phalanges l’enserrent, elles éprouvent la céramique gelée, viscéralement je m’écœure de l’idée de l’achever bien que normalement, ce soit un acte que j’aurais fait. Il faut croire que même ma relation avec la caféine elle a changé en cette nouvelle année. J’étouffe, c’est tout ce que je sais. Et la neige, cet effet, elle ne l’a pas arrangé. Mon regard attiré par la silhouette qui est en train de descendre les escaliers, je perds le fil de mes réflexions déjà désordonnées.
Dans notre trio, c’est Madmartigan qui se relève en premier. Suivi par moi, de près. Animée par mon envie soudaine de bouger. Prendre l’air, respirer. Pallier l’asphyxie. Avant qu’elle ne soit trop grande, et décliner ma vision sur lui. « Je vais faire un tour… » que j’annonce, une invitation briser la glace de notre relation, de cette nouvelle colocation. « avec Mad et Glasgow veut venir aussi. » Je me dirige vers l’entrée, dans le but de récupérer une paire de bottes et un manteau approprié. « Vous nous accompagnez ? » Et parce que j’ai une sensation d’être trop autoritaire dans ma façon de parler, j’ajoute un sourire, afin de parapher, signe en lui tendant, de ma voiture, les clefs. « Sur la neige, le verglas, j’suis pas douée. » Je tente de m’expliquer, sa présence nécessaire, preuve en est, l’accident lors de la tempête de l’an dernier. Autrement dit, j’ai besoin d’être accompagnée. Mais c’est une vérité que je ne peux pas me permettre de murmurer.
HARLEY-
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