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Louder than Words

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Sunset Grill
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14 02 2022 »

Si l’an passé ils n’ont pas réellement pris la peine de souligner d’une quelconque activité cette date que l’on a pour habitude d’attribuer aux couples, préférant une escapade parisienne deux jours après, plutôt que de se laisser tenter par le commercial d’une Saint Valentin déjà démodée. Cette année, c’est différent, la vérité, c’est que ça l’est de plus en plus depuis quelques temps. Leur relation évoluant, chaque jour, chaque instant. De ce fait, aujourd’hui, c’est avec Simon Ross qu’elle a rendez-vous, et non avec Dutch Cooper, une chance que ce soit pour les deux, qu’il n’a de cesse de battre, son cœur. Aimant avec rage, ses deux visages, pour lui, ça fait plus d’un an qu’elle a fait naufrage.

Et parce que depuis septembre dernier, il est devenu bras droit de cette médecin frigide à souhait, ils doivent une nouvelle fois se fondre dans les mondanités, les banalités que l’hindoue et lui-même se sont évertués à organiser, un truc romantique au point de vous faire dégobiller. Une floppée de mise en scène destinées à faire tomber les gens amoureux, à provoquer le sentiment d’être heureux. Le genre de rendez-vous qu’ils n’ont jamais vraiment vécu tous les deux.

D’un commun accord, ils doivent donc se retrouver ce soir, afin de jouer le jeu, d’observer les autres couples et de se moquer rien qu’un peu. Et même si ce n’est pas une Saint Valentin commune, elle a pris le temps de s’apprêter. De se rendre fatale, irrésistible comme seule sait l’être Joey. Maquillée et habillée, parée de rouge et noir, fendant l’espace de toute sa candeur, alors qu’elle fait son entrée dans le lieu devant lequel le taxi vient de la déposer. Et parce qu’ils ne sont pas venus ensemble, lorsqu’elle le voit accoudé au bar, l’incendiaire opte pour un amusement auquel elle s’est adonnée de nombreuses fois avant de n'appartenir qu'à toi. Draguer pour obtenir ce qu'elle désire et mieux jeter. Elle se penche sur le comptoir, elle aussi, hèle le serveur en un mouvement de main, en quelques secondes, il la remarque, car on ne peut passer à côté de ce que sa silhouette peut dégager. Joséphine, lorsqu'elle entre dans une pièce, elle dégage ce magnétisme d'une beauté unique. Qui se permet de commander, l’air malin, « Un whisky sur glace, » de biais, elle ressent son regard sur elle, une caresse dont elle se délecte, mordant un sourire, « et, c’est ce monsieur qui m’invite. » Désigne Dutch de son index, comme s’il était un inconnu, l’un de ces hommes que manipuler, elle aurait pu.

(c) DΛNDELION

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LE 14/02/2022
Sunset Grill

@Joséphine Porter

L

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Ils sont nombreux dans cette ville les cœurs délaissés parce que j’en décompte déjà un certain nombre venus ce soir ici se présenter. Rien ne leur a été demandé excepté ce qui leur ferait plaisir de rencontrer histoire de les apparier au mieux. Une tâche qui incombait plutôt à Foster parce qu’étant une femme elle aurait assez de recul et d’empathie pour saisir les subtilités écrites entre les lignes. L’indoue s’est même prêtée au jeu en ajoutant son nom à la longue liste des célibataires en mal d’amour. Mais elle est en retard pour la première fois ce qui est plutôt surprenant de sa part. Et si je suis ici moi aussi ce n’est qu’en tant que spectateur de la scène, ne pouvant m’offrir le luxe d’être l’un des protagonistes de ces rencards en ce qui me concerne. Inutile d’en faire espérer une avec un numéro bidon donné à la fin de ce tête à tête sans issue.

C’est ici dans ce club à la fois branché et au décors soigné que nous nous sommes promis de nous retrouver, une fois rafraichis et changés. Le mariage de Lyra, j’aurais préféré l’éviter mais c’était le vœu de Joey, une promesse qu’elle souhaitait à tenir. Comme d’accoutumé je suis sur place le premier, accoudé là contre le comptoir à les observer commencer à jouer, à se duper les uns les autres, à enjoliver une vérité sous des faux semblants joliment apprêtés. Dans le coin là-bas une quarantenaire souhaite faire gober à son partenaire qu’elle vient juste de dépasser la petite trentaine afin d'éviter de se faire direct friendzoner. Et lui là-bas, venu avec un pull aux couleurs des sapeurs-pompiers alors qu’il s’est déclaré comme jardinier sur papier. Mentir pour mieux séduire, on le fait tous, moi le premier.

Un verre entre les doigts dont le fond ne cesse de tanguer et un silence, bref instant où les discours se sont tus, me fait me retourner. Joey, dans une robe fendue un peu à l’image de ce qu’elle avait cet après-midi mais endiablé, qui fait tourner les têtes et se fait remarquer, vient d’arriver. Elle parvient jusqu’au comptoir où elle daigne patienter quelques secondes, déroge à ses habitudes, elle qui d’ordinaire se plait davantage derrière le bar d’où elle est constamment sollicitée. « Un whisky sur glace, et, c’est ce monsieur qui m’invite. » Un petit manège dans lequel elle embarque le barman qui ne se doute de rien, captivé par son enjôleuse beauté, jusqu’à ce qu’il la serve et vienne me présenter la note. Plutôt osé, j’en conviens, surtout lorsqu’il vient m’expliquer qu’elle m’a désigné comme légataire de ses frais. « On parie combien que je pars avec ? » Un défi déjà gagné mais il n’en sait strictement rien, de l’argent facile sur une vérité voilée. Il hoche de la tête, hilare quant à lui, croyant que je ne suis qu’un gars lambda qu’elle s’amusera à plumer avant de le jeter, comme un outil dont elle n’aurait plus l’utilité. « Les conso. » Deux tournées seulement, voilà ce qu’il est prêt à payer de sa poche pour me voir échouer. Et levant mon verre à l'inconnue qui n'en est pas une, je tente la carte de l'affront, souhaitant la voir fulminer. « Dites-lui… qu’elle n’est pas mon type. »

MADE BY @ICE AND FIRE.

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Louder than Words

@Dutch B. Cooper

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De ses ongles, elle rythme l’échange sur les boiseries du comptoir, si déterminée que l’on ne peut éteindre son espoir, malgré tout, elle se fait patiente, docile, pour que l’employé, sa demande, il l’assimile. Armée de son sourire paré d’un rouge vif, cruellement dévastatrice, elle se complait dans son jeu lorsqu’il abdique… Quelques secondes avant qu’elle accueille le récipient, jusqu’à en mordre son inférieure de ses dents. Elle soupèse son visage dans la paume de sa main, accoudée tandis qu’elle souligne l’échange des deux hommes de son regard cristallin.

Entre ses phalanges, elle s’amuse à remuer le whisky, en un tintement de glaçons qui accompagne d’une fallacieuse mélodie, sa récréation. Et malgré la distance qui les sépare, sa voix, elle lui parvient, d’entre tous les bruits du monde. Elle est branchée sur la fréquence de ses ondes. « On parie combien que je pars avec ? » Un simulacre de rictus traverse ses lèvres quant elle se décide à y amener le verre. Bien que dans l’accomplissement de son mouvement elle marque un arrêt lorsqu’elle perçoit son amant proposer. « Les conso. » Une arnaque presque trop bien ficelée pour ces deux inconnus qui se connaissent en un schéma plus que parfait. Elle commence à boire, à la finalité, et s’étouffe, recrache à moitié en l’entendant articuler. « Dites-lui… qu’elle n’est pas mon type. » Derechef, elle lui décoche un regard meurtrier. Après cette journée en demi-teinte, sur le thème d’un mariage pour lequel il a rechigné, l’homme se permet de se faire désirer. Elle se le jure, ce soir, de lui faire payer. D’oser énoncer une telle malhonnêteté. Puisque Joey est une rose sachant à la perfection piquer.

Il s’en revient vers elle, alors, le petit employé. Pantin désarticulé. Devenue curieuse de la manière qu’il va utiliser afin de lui confier cette vérité. « Je… » penaud, ça lui file des frissons désagréables sur la peau. Elle qui a toujours préféré les hommes lorsqu’ils savent assumer. S’exprimer et porter leurs croyances en totem, comme le fait si bien celui qu’elle aime. « Il n’est pas intéressé. » Il se risque à avouer. Cette fois, elle en rit avec parcimonie, en se tournant vers lui, se servant de son index pour fusain, lorsqu’elle redessine la courbe de son visage d’un mouvement de sa main. Elle poursuit son œuvre, hypnotique, souligne sa bouche fine, en promettant d'une œillade à Dutch de desseins loin d'être catholiques, « Je crois que c’est un menteur. » soufflé, en un murmure, animée par la luxure. Elle termine son verre, d’un trait, et impose en un écho, amusée. « Alors vous pouvez lui dire qu’il va payer le deuxième aussi. » Pour avoir sorti une telle ignominie.

(c) DΛNDELION

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