Through the Shattered Glass [Sheng]

Un SMS envoyé, tout simplement. Elle ne savait pas très bien ce qui lui était passé par la tête et Lidiya détestait cela. Elle voulait juste sortir du loft qu'elle occupait; ces derniers temps, elle supportait de moins en moins d'être enfermée. Alors elle sortait, avec des amis ou seule. Se perdait souvent chez des inconnus, les murs de son habitation commençaient à l'insupporter. Pas bon signe ça... Elle avait adoré son loft pendant un long moment. Aujourd'hui, elle avait besoin de changement; alors elle s'était confié à Yoni depuis quelques mois sur son envie de changer de décors et de partir sur Harbor. C'était justement là qu'elle LUI avait finalement donné rendez-vous. Oui, ça l'avait aussi surprise de cliquer sur son nom plus tôt dans la journée, mais elle s'était rendu compte qu'il y avait pas mal de monde qu'elle n'avait pas vu depuis un certain temps. Peut-être qu'il était arrivé le moment d'affronter quelques démons. Elle lui envoie rapidement une adresse après qu'il ait accepté son invitation. Elle choisit un bar excentré, une sorte de petit pub aux allures anglaises, perdu au bout de la jetée. Beaucoup pourrait se dire que l'endroit serait populaire mais non, il y a juste la fréquentation qu'il faut. Et l'ambiance à une certaine heure de la journée devient toujours intéressant.
Rituel obligatoire et sortant plus tôt avec un autre groupe d'amies, Lidiya s'apprête ; elle applique les différentes couches de maquillage dictées par la société si on veut encore être dans le coup. Elle hausse les épaules. Après tout, elle s'en fiche. Elle n'a rien à prouver à personne, et elle n'a jamais aimé porté trop de poudre ou autre. Elle opte pour quelque chose de léger et se contente seulement d'accentuer ses yeux avec des couleurs sombres, faisant ainsi ressortir ses yeux azures. Restaurant chic choisi par ses compères, elle optes pour un jean sombre et un haut argenté aux fines bretelles et au décolleté plongeant. Elle passe autour de son coup, venant se perdre sur son buste la longue chaîne qui contient son alliance depuis si longtemps. Mais aussi ce que l'Asiatique convoite et n'a toujours pas réussi à récupérer. Un petit sourire étire les lèvres de Lidiya; il ne pensait tout de même pas qu'elle n'allait pas le provoquer un minimum ? Il n'aurait peut-être qu'à demander aujourd'hui... S'il voulait retrouver son précieux objet. Bien entendu, il possédait aussi une chose importante qu'elle voulait de nouveau avoir. Elle soupire alors qu'elle pense à son père qui lui manque. C'était entièrement sa faute, elle n'était pas rentrer à Noël. Mais elle n'avait pas eu la force. Elle jette sur ses épaules un manteau plus chaud, noir. Sang Russe coulant dans ses veines, elle ne craint pas le froid de cette saison, elle l'apprécie même ! Ça lui rappelle chez elle... Après le restaurant où elle n'a que très peu bu pour pouvoir conduire à son second rendez-vous, elle arrive rapidement sur les lieux. Elle arrête la voiture un peu avant le bar et enlève ses talons pour se retrouver sur la plage. Le vent soulève des cheveux dorés qui n'ont qu'une couleur sombre avec la nuit qui a déjà étendu son manteau d'encre. Elle reste là, pendant un moment, à fixer les vagues qu'elle peut distinguer à l'aide de la lumière de la lune ou des phares de voitures qui passent de temps en temps. Reflex idiot, ses doigts viennent se poser sur son alliance. Elle joue un moment avec alors qu'elle prononce doucement son prénom : Ivan...
Peut-être que Yoni a raison, peut-être qu'elle est toujours sous son emprise, inconsciemment. Nouvelle bourrasque de vent qui vient l'arracher à ses réflexions. Elle hausse les épaules. Ce n'était pas le moment de s'apitoyer sur son sort ! Elle aurait tout le temps de se poser des questions, plus tard ! Elle remonte dans son véhicule et finit par atteindre sa destination finale de la soirée. Elle soupire en s'extirpant de la partie conducteur et entre dans le pub. Le patron a déjà tamisé les lumières et lui adresse directement un signe lorsqu'il la reconnaît. Oui, elle a l'habitude de venir ici, de jouer au billard ou encore aux fléchettes. Il n'y a pas foule aujourd'hui, c'est parfait. Elle constate que Sheng n'est pas encore là, ce qui semble logique vu qu'elle est arrivée un peu avant l'heure donnée plus tôt dans la journée. Lidiya s'approche alors du comptoir:

- Salut Carl ! Comment vas-tu ? Tu me donnes la même chose que d'habitude s'il te plaît ?

Et la pinte de bière termine devant elle quelques minutes plus tard. Lorsque le liquide frais et ambré vient rencontrer ses lèvres, elle sait qu'elle peut enfin se détendre. Ou pas. Car il vient de passer la porte, elle le voit là, sortir de l'encadrement.

- Sheng ..., qu'elle prononce simplement, fâcheuse habitude qu'elle a pris de l'appeler ainsi.

Ambiance toujours électrique alors qu'ils se retrouvent dans la même pièce. Aujourd'hui cependant, la russe ne souhaite pas faire des dégâts. Après tout, lors de leur dernière rencontre, ce ne fut pas le cas ... Alors pourquoi rompre cette nouvelle... Tradition ? Nous verrons bien. Car ils ont maintenant officiellement tous deux rejoint le bar du bout de la jetée, son endroit plus ou moins secret, à elle.

Il passe le pallier pour venir la rejoindre au comptoir en quelques enjambées. Il commande la même chose alors que son regard croise brièvement celui du patron. Le nouvel arrivant prend la même chose qu'elle et elle hoche la tête doucement, comme pour marquer une approbation qu'elle n'a pas à donner.  Car après tout il est assez grand pour boire ce qu'il veut. Et laisse le liquide ambré imbiber un peu plus son système, se délectant de la sensation de fraîcheur mais à la fois amer que le breuvage peut laisser au palet. La russe n'a jamais apprécier tout ce qui était trop plat, trop fade, que cela soit en matière de nourriture mais aussi de personnes qu'elle peut fréquenter. Mais après tout, en ce qui concerne le dernier point, elle est plus ou moins la seule juge en la matière. Et force est de reconnaître que parfois... Son avis peut se retrouver un peu trop "tranchant". Elle étouffe un petit rire dans son verre lorsqu'il lui dit que visiblement ralentir l'alcool n'était pas forcément dans ses bonnes résolutions pour cette nouvelle année qui vient juste de pointer le bout de son nez. Elle penche la tête sur le côté et passe une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille droite. Des bonnes résolutions... C'est fou, elle a oublié d'en prendre alors qu'elle tapait dans le sac de la salle de boxe. Ou alors qu'elle se trouvait chez elle, un verre de vodka à la main à 00h01 le 1er Janvier et que son téléphone avait commencé à vibré sans retenu sur sa table basse. C'était à ce moment là qu'elle avait vidé d'un trait le contenu et était partie se coucher sans même prendre le temps de consulter les veux électroniques qu'elle pouvait recevoir. Elle avait traversé son loft dans le noir et Morphée n'avait pas tardé à lui rendre visite. Seul amant de sa nuit. Non, elle n'avait définitivement pas pris de bonnes résolutions. Comme à son habite, elle finit par le regarder dans les yeux et hausse un sourcil :

- Tu voudrais que je fasse défaut à la réputation de mon peuple ?! Ou que j'ose faillir à la mienne ?! Hors de question !

Et son visage s'éclaire d'un nouveau sourire. Alors que le verre de Sheng arrive sur le comptoir, elle attrape sa pinte et vient rapidement la faire tinter à leur nouvelle compère. C'est sa façon à elle de trinquer avec lui, si elle peut dire. Et il ne peut s'empêcher de placer une petite remarque sur l'amabilité qu'elle peut avoir avec ses étudiants, faisant certainement référence à leurs querelles que trop connues des couloirs de l'université. Elle hausse les épaules, avant de faire pivoter son tabouret de manière à se retrouver totalement face à lui:

- Mmmm... Je ne martyrise pas mes étudiants figure toi... Et tu n'as techniquement pas été l'un des miens. Tu n'as jamais suivi mes directives à la perfection...

*Et ce n'est pas ce dont j'avais envie* qu'elle a failli ajouter. Mais il était peut-être encore tôt pour répondre de façon trop éhontée à ses piques.

- De toutes les façons, la perfection c'est rare, subjectif et... Ennuyeux...,Qu'elle se contentera de dire avant de prendre une nouvelle gorgée.

S'il avait marché à la baguette, leur jeu n'aurait pas été si divertissant. Car oui, Lidiya avait fini par trouver leurs répliques quasi quotidiennes... Amusantes. Et si elle avait appris quelque chose c'était bien que Sheng était loin d'être ennuyeux. Au début il était difficile pour elle de pouvoir le supporter, il lui tapait sur les nerfs, malgré le fait que leur rencontre n'avait pas été la plus désagréable. Mais c'était l'après qui lui avait laissé un goût amer. Ce qu'il s'était permis de prendre, sans son accord. Ce qui lui manquait... Ou avait manqué. Aujourd'hui, elle comptait toujours récupérer son bien à un moment... Cependant elle se disait que la rune qui était si importante pour elle était en sécurité là où elle était. Tiens, quelle est donc cette sensation étrange ?! De la... Confiance ? Pour lui ? On aura tout vu !
Puis elle lâche ses iris quelques secondes pour jeter un coup d'oeil au sac qu'il a apporté avec lui et elle tente de l'interroger, désignant l'objet qui est à ses pieds d'un mouvement de tête.Peut-être parce que pour une fois, elle veut en apprendre plus sur son monde.

- Alors ? C'était comment ?

"Tant mieux", qu'il prononce simplement. Lidiya penche la tête sur le côté alors qu'elle perçoit cette pointe d'amertume. Elle se doute que la situation de Sheng ne doit pas être la plus... Facile. Qu'il a certainement rencontré des gens qui n'en avaient pas après lui mais plutôt pour ce qu'il pouvait posséder. Ce qu'il pouvait leurs apporter d'un point de vue matériel. Elle n'est pas ainsi, ou sinon c'est qu'elle a toujours chercher la connaissance et si elle vous approche, c'est qu'elle juge que vous pouvez lui apporter quelque chose, d'un point de vue plus spirituel, si on peut dire. Elle pose une main sur son avant bras qu'elle presse légèrement, geste si étrange pour elle a son encontre quand on connaît les tréfonds de leur relation tendue:

- Tu sais, il n'y y rien de mal à juste.... Respirer parfois. Se laissez aller, ne plus penser à rien.

C'était d'ailleurs souvent pour cela qu'elle venait ici, qu'elle marchait des heures des heures dans le sable, à fixer la mer et l'horizon. L'air marin avait le don de l'apaiser. Elle avait des souvenirs agréable lorsqu'elle était petite et qu'elle partait en vacances avec ses parents, au bord de l'eau. Des souvenirs heureux, où elle n'avait que peu de problème. Mais également d'autres, plus... Complexes dirons nous.
La blonde est amusée lorsqu'elle surprend l'échange qu'il a avec le gérant des lieux. Elle accorde un large sourire a Charles et porte une main à ses lèvres pour étouffer un rire. Le patron a toujours été un peu bongon mais une fois qu'on le connaissait il était facile de reconnaître qu'il avait le cœur sur la main. Il avait rapidement pris Lidiya a la bonne et il n'était pas rare qu'ils fassent la fermeture, les jours calmes, à refaire le monde autour d'un bon verre de whisky. Ici, c'était un peu son coin à elle, son endroit secret... Qu'elle venait de partager pour la première fois.Et avec Sheng qui plus est ! Peut-être qu'elle était prête à réduire les dégâts dans leurs échanges. La preuve en était ce soir... Qui sait... Une nouvelle fois, il prononce une phrase qui l'intrigue, alors qu'il répond à sa question: il fera mieux la prochaine fois. Elle le comprends. Elle est pareille, une copie plus ou moins pâle tant leurs domaines sont éloignés, tant leurs univers sont loins et à la fois, elle a vécu cette pression, ce moment où l'on s'attend à ce que la personne soit première en tout, ne fasse aucun faux pas. Et la déception que l'on peut lire dans les yeux des autres si jamais cela arrivé. Lidiya frissonne doucement en repensant à l'ubique fois où il lui a semblé décevoir son père, lui, son plus grand modèle. Ils ne se sont rien dit, mais avec la façon dont il l'a regardée, elle n'a pas eu besoin, elle a tout de suite compris et cela lui a brisé le coeur. Pincement qui revient lorsqu'elle y repense, même aujourd'hui. Comme quoi, nos vieuf démons peuvent être si simples. Elle hausse de nouveau la voix pour s'intéresser plus longtemps à lui, chose qu'elle a rarement faite, en général il avait tendance à lui taper sur les nerfs. Les couloirs de l'université pouvaient alors rapidement devenir un vrai champ de bataille :

- Il faut toujours que tu sois le meilleur dans tout ? C'est toi qui veut ça ou des personnes tierces ?

Comme à son habite, la russe n'y va pas par quatre chemins, détestant tourner autour du pot. Elle est directe et c'est à prendre ou à laisser. Mais ce n'est pas un reproche, juste de la curiosité plus ou moins bien placée. Elle est mal placée pour le juger, elle qui veut toujours atteindre les sommets dans son domaine de prédilection. Elle ne peut que le... Conseiller ?! Peut-être bien. Encore faut-il qu'il en ai besoin, ou qu'il ne voit pas ce qui peut sortir de sa bouche comme un reproche. Il faut dire que cela avait été une habitude. Et maintenant ? Seul l'avenir nous le dira... Sa bière arrive à la fin, elle fronce brièvement les sourcils lorsqu'elle voit le fond de son verre. Elle relève la tête et interpelle le patron à nouveau :

- Carl, tu me sers quelque chose de plus fort ? Je te fais confiance...

Il hoche la tête et revient. Avec un verre, plus petit que le précédent, contenant un liquide ambrée. Il lui indique une bouteille de whisky, un single malt d'Écosse. Elle approuve d'un sourire furtif et elle reporte son attention sur son "ôte":

- Tu m'accompagnes ? C'est pour moi...

Peut-être un moyen de lui tendre un drapeau blanc ? Allez savoir.