big little lies | emile

@Emile de Navarre allongé dans ton lit, ton regard était plongé dans la contemplation du plafond blanc. t'étais perdu dans tes pensées, ressassant sans cesse ce que tu avais trouvé une heure auparavant dans l'ordinateur de ton oncle. un site de sugar baby. il n'y avait rien de pire que de découvrir de telles choses concernant un membre de sa famille. tu préférais faire l'autruche et ne rien savoir de la vie sexuelle des de navarre mais ce fameux site t'avait interloqué. que faisait-il là-dessus ? entretenait-il des jeunes femmes ? qui sait, peut-être que tu connaissais l'une d'entre elles. le vibrement de ton téléphone te ramena à la réalité. le livreur de pizzas était arrivé. tu descendis jusqu'à la porte d'entrée en hâte, récupérant les deux boîtes. — les pizzas sont là ! crias-tu dans l'immense maison, ne sachant dans quelle pièce se trouvait actuellement ton oncle. tu t'installas à table, l'attendant patiemment. tes jambes bougeaient vivement sous la table, signe de nervosité. ta curiosité était bien trop piquée. c'était ce soir ou jamais. comment allais-tu t'y prendre ? aucune idée, mais t'allais y parvenir.

@Timothée de Navarre il vaque à ses occupations dans son bureau, roman de langue française en main. les choses simples sont finalement celles qui lui apportent le plus de plaisir. pas besoin de se mettre derrière les fourneaux ce soir puisque les pizzas sont commandées, il se permet donc de prendre son temps. se perd dans sa lecture, rêvasse dans les nuages. pas l'ombre d'un doute dans son coeur, pas l'ombre d'un retournement de situation. ce soir il va passer une soirée tranquille avec son neveu. sa voix traverse les murs, emile rejoint le jeune homme dans la salle à manger pour se mettre à table. — t'as bien pensé à les prendre sans anchois ? relation conflictuelle avec ce poisson au goût déplaisant et que certains pizzaïolos aiment déposer sur leurs oeuvres d'art culinaires. le mondain incline la tête, perçoit légèrement la nervosité de son neveu. langue qui claque contre son palais, silence qui se brise. — qu'est-ce que tu as avec ta jambe ? plissement des yeux. — tu me caches quelque chose ? 

@Emile de Navarre les bruits de pas de ton oncle résonnent dans la grande maison. tu pris une profonde inspiration, affichant alors un sourire rayonnant. faire comme si de rien n'était, voilà ce que tu allais devoir faire. attablé face à ta pizza quatre fromages, tu poussas celle d'emile vers sa chaise. — oui j'avais précisé au téléphone, lui répondis-tu tout en soulevant le couvercle en carton afin de t'assurer qu'il n'y avait pas d'anchois. — c'est bon, il n'y en a pas, le rassuras-tu tout en te réinstallant sur ton siège, commençant à couper les parts de ta pizza. nerveusement, ta jambe s'agitait sous la table. t'essayais de trouver un moyen d'aborder le sujet de ce fameux site sans pour autant lui avouer que tu avais fouiné dans son ordinateur portable. c'était une mission complexe mais réalisable. — hein ? bégayas-tu, cessant soudainement de bouger ta jambe. — ah nan rien du tout, j'suis juste affamé, mentis-tu en baissant le regard vers ta pizza. ne pas croiser son regard, sinon tu serais cuis. — bon appétit, glissas-tu d'une petite voix.

@Timothée de Navarre il baisse les yeux vers sa pizza sans oublier la nervosité de son neveu traduite par les mouvements incontrôlés de sa jambe. il fronce les sourcils, fixe son regard sur le visage de celui qui partage son sang. c'est presque lui qui l'a élevé alors il le connaît par coeur. sa langue claque contre son palais, il pose ses couverts sur sa table pour abandonner quelques instants sa pizza. — êtes-vous en train de mentir à votre oncle, timothée de navarre ? il n'est pas en train de le gronder - emile ne s'énerve jamais sauf en cas de faute ou bêtise grave. mais il remarque bien que son neveu ne lui dit pas toute la vérité, il cache quelque chose. — tu commences à m'inquiéter. qu'est-ce que tu veux ? t'as besoin d'argent ? de la maison pour une soirée ? il écarquille brusquement les yeux en même temps qu'une pensée traverse son esprit. — t'as été viré d'harvard ? 

@Emile de Navarre emile te connaissait par cœur. il t'avait élevé comme son propre fils et il t'était impossible de lui échapper indemne. il savait que tu lui mentais ouvertement et que tu lui cachais quelque chose. l'estomac noué, tu pris quand même la peine de couper des parts de pizza, priant intérieurement pour qu'il abandonne, qu'il change de sujet et que plus personne n'en parle. tu l'entendis déposer ses couverts, signe qu'il allait définitivement essayer de gratter jusqu'à ce que tu cèdes. — nan j'mens pas, continuas-tu en esquissant un sourire mal assuré. tu l'écoutas énumérée toutes les choses qui lui venaient en tête. mais rien de cela ne correspondait à ce que toi, tu avais en tête. il n'avait donc nulle idée de la découverte que tu avais faite. — ouais j'ai grave besoin de la baraque pour fêter mon expulsion d'harvard, raillas-tu amèrement, lui décochant un regard amusé. — rien de tout cela, ne t'en fais pas. mes préoccupations sont minimes, tu peux en être certain, le rassuras-tu maladroitement, prenant une part de pizza malgré que l'appétit se soit envolé.

@Timothée de Navarre est-ce une tempête qui se prépare au dessus de leur tête ? il plisse les yeux, émile. dubitatif devant les propos de son neveu, dubitatif devant cette jambe qui s'agite sous la table. il n'aime pas voir un membre de sa famille contrarié alors il essaie de creuser, il essaie de comprendre. (en vain). il croque dans une part de pizza, manque de s'étouffer en entendant la raillerie de timothée. il s'essuie la bouche avec le coin de sa serviette, plonge son regard dans celui du perturbateur. — ça te fais rire de faire peur à ton vieil oncle ? il fronce les sourcils mais n'est pas le moins du monde énervé contre le jeune homme. ça le rassure de savoir que son comportement n'est pas lié à une expulsion de l'université. — j'espère bien que tu finirais par m'en parler si c'était quelque chose de grave. parce qu'ils se disent tout dans la famille, presque tout. — tu as passé une mauvaise journée à la fac ?

@Emile de Navarre faire comme si de rien n'était, c'était bien plus compliqué que tu ne l'avais imaginé. il te connaissait par cœur. tu avais beau vouloir lui faire croire que tout allait bien, il savait pertinemment que c'était faux. maintenant qu'il avait compris que quelque chose te trottait dans la tête, il n'allait pas arrêter de te poser des questions, jusqu'à ce que tu craques. t'avais plus qu'à rester flanqué dans tes positions et prendre que tout va bien dans le meilleur des mondes. — mais il n'y a rien ! je t'assure que tu n'as pas de quoi avoir peur, assuras-tu en croquant vivement dans ta pizza, cachant tes mensonges dans la bouffe. tu haussas les épaules à sa question. — j'ai passé une journée lambda à harvard. rien de dingue aujourd'hui, la routine, hasardas-tu. de toute évidence, emile ne se doutait pas une seule seconde de la trouvaille que tu avais faite sur son ordinateur portable. — et toi, bonne journée ? tu sors ce soir ? lui demandas-tu, tournant enfin les projecteurs vers lui.

@Timothée de Navarre le marteler de questions n'est peut-être pas la solution idéale pour obtenir des informations. alors il se résout à ne plus en poser, à simplement croquer dans sa part de pizza tout en fixant son neveu du coin de l'oeil. ne finira-t-il pas par lui parler de lui-même s'il en ressent le besoin ? probablement que si, il est inutile d'insister. — d'accord d'accord, je te crois. il capitule en apparence mais garde ses interrogations dans un coin de sa tête. un silence pesant qui s'installe au dessus de leur tête, qui flotte dans l'atmosphère. — pour une fois qu'il ne s'y passe pas grand chose dans cette université. à croire que leurs étudiants ont toujours des problèmes. il est peut-être un peu chauvin sur les bords, préférant vanter le savoir-faire des universités parisiennes. à la question de son neveu il hausse négligemment les épaules. — des investisseurs nerveux et des clients exigeants, toujours pareil. visiblement dans ce pays son nom n'est pas suffisant pour acheter la confiance totale de ses investisseurs. — non, je pensais rester tranquillement ici. tu as besoin de la maison ?

@Emile de Navarre tu voulais en savoir davantage sur ce que tu avais eu le malheur de trouver sur l'ordinateur d'emile mais tu ne savais pas comment y parvenir. la question pouvait être ouvertement posée mais tu n'avais nullement envie d'occasionner la quelconque gêne. même si la question te démangeait, tu fis comme si de rien n'était, continuant à manger ta pizza tout en essayant de trouver un moyen d'esquiver les questionnements de ton oncle. — pour une fois que j'ai passé une journée lambda, rectifias-tu d'un léger rire, prenant ton verre d'eau pour boire une gorgée. tu acquiesças à ses propos par rapport au taff. ça ne servait à rien de rebondir là-dessus, autant aller à l'essentiel. tu lui demandas ce qu'il comptait faire ce soir. qui sait, peut-être qu'il souhaitait sortir pour retrouver l'une de ses sugar baby. tu frissonnas rien qu'en y repensant. — non, non, je n'ai pas besoin de la maison, assuras-tu. qu'emile soit là ou non, cela ne t'empêchait pas d'accueillir du beau monde. — dis-moi tonton, dis-tu en fronçant quelque peu les sourcils. — tu vois quelqu'un en ce moment ? lui demandas-tu, scannant sa moindre réaction. — simple question, j'te trouve juste différent ces temps-ci. encore plus souriant que d'habitude et ça, en général, c'est dû à l'amour, souris-tu. allait-il mordre à l'hameçon ?