TW • Return of the Jedi • Xiver

Les choses ne se sont pas réellement déroulées comme ils l’avaient tous espéré et le classement fut sans appel, à l’image de sa prestation qualifiée de médiocre. Il n’a pas su voir venir les coups que son adversaire lui portait, n’a pas été assez rapide dans ses enchainements ce qui l’a conduit à terre bien trop rapidement. L’étudiant aura eu beau se révéler, jamais il n’aura réussi à l’envoyer au tapis malgré les coups décrochés. Trop… américanisé comme certains dans son dos ont préféré souffler. Alors assis sur le banc où son soigneur lui désenveloppait les mains, silencieusement il s’est repassé les combats qui l’avaient amené jusqu’au dernier où tout a basculé. Trop confiant, trop sûr de lui, il avait sous-estimé son opposant, une erreur qui lui avait couté cher puisqu’encore tenu en échec pour la seconde fois de sa vie. Dans quelques temps un autre tournois aurait lieu mais ses récentes prouesses allaient forcément  le discréditer aux yeux du monde et des sommités du milieu, qualifié mais de peu. « Tu vas te refaire. » Il en a serré les poings malgré l’encouragement du vieillard lui rendant sa pleine liberté avant de disparaitre après que le plus jeune l’ait d’un hochement de tête solennel, une dernière fois, salué. A présent il lui fallait se confronter aux quelques paparazzis qui faisaient le pied de grue derrière les portes du complexe depuis l’annonce de sa défaite et éviter d’apparaitre sur les clichés qu’ils se feraient un plaisir de placarder dans leurs torchons dès le petit matin.

Le sac pesant à l’épaule il a préféré prendre de la hauteur pour fuir, accédant au toit- terrasse pour les inspecter par-dessus le faible marche pied. Deux ou trois fourgons avaient pris position sans compter les planqués qui trépignaient leur appareil à la main. Avec un peu d’élan il lui serait aisé de passer sur les escaliers de secours du bâtiment à côté. Alors il avait dans un premier temps jeté son sac malgré les crampes le lacérant pour reculer et sauter. Le bruit de la ville avait couvert le son métallique des barreaux qu’il avait heurtés mais personne ne l’avait remarqué, excepté les quelques habitants des logements dont un gamin qui venait de s’approcher de la vitre alors qu’il descendait les escaliers. D’un coup de talon il avait fait sauter le verrouillage de la dernière échelle pour descendre en sécurité dans la ruelle menant de l’autre côté, à l’abri des regards médiatiques. C’est en métro qu’il fit le reste du trajet jusqu’au domicile où son oncle l’attendait, impassible derrière son bureau à observer les rayons du couchant irisant la baie. Des reproches ont été faits et il sut comme d’accoutumée les absorber, ravalant sa fierté sans mot dire comme le veulent leurs traditions. Il fut même question qu’il ferait mieux de se mettre à la natation, plus à l’aise dans l’eau visiblement, un beau retour de bâton, une très bonne leçon.

Le lendemain le ton était déjà plus léger, comme si de cette conversation à sens unique rien ne subsistait. Et pourtant l’héritier ne fut pas surpris lorsque son oncle aborda de nouveau le sujet pendant le petit déjeuner, tous agenouillés autour d’une table à peine surélevée.  Puisqu’il manquait de pratique alors il se verrait imposé un maitre à penser et peu importe ce que ça lui couterait. L’étudiant accepta parce qu’il n’avait pas d’autre choix, songeant déjà aux problèmes que leur posera la présence d’une femme sous son toit. A méditer oui, mais plus tard…

Quelques jours passèrent et il fut temps de retourner sur Boston, voyageant toujours léger en affichant un profil portant toujours les stigmates de son dernier combat. Il s’arrêta le soir dans un bar excentré voir une amie qui tantôt l’avait textoté, juste pour discuter parce qu’il n’était pas particulièrement pressé de rentrer, de devoir annoncer les changements qu’on lui avait imposés. Alors peut-être un peu tard, il effleura finalement son palier et déposa lourdement son sac dans l’entrée pour s’apercevoir que la télé était toujours allumée. Souriant malgré son faciès délabré, il est allé, poussé par sa curiosité, constater que rien n’avait changé : elle et son plateau de légumes découpés qu’elle n’avait presque pas touché devant l’une des nombreuses chaines documentaires de ce monde qu’elle ne verra jamais en entier. Elle est assoupie, peine à se réveiller et c’est en silence qu’il vient s’assoir à côté, se posant une seconde pour observer les paysages océaniques devant eux défiler. C’est à l’un de ses soupirs qu’il réagit, détaillant ses traits qui petit à petit s’animent, adoptant cette moue renfrognée à la lisière d’un éveil forcé, moment qu'il choisit pour lui glisser : « T’es en retard il est 9h. Les cours ont déjà commencé. »

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A peine éveillée, entre deux mondes d’où il souhaite d’un murmure la tirer, elle se soustrait doucement de ses songes pour l’écouter. La réalité la rattrape un peu trop violemment lorsqu’elle percute enfin sur le sous-entendu qu’il lui a glissé : en retard pour des cours alors qu’elle en a déjà loupé pas mal en début d’année.   « Quoi ?! »  Elle se sait sur la sellette, dans le viseur des enseignants qui ont remarqué son absence. Non pas parce qu’ils ont vu le vide à sa place mais tout simplement parce que son départ a été ébruité par les étudiantes les plus zélées. L’amérindienne a laissé tomber, voilà le bruit de couloir qui a couru les murs récemment de l’université. Perdue les premières secondes où elle pose son regard tout autour d’elle, elle tente maladroitement de se redresser, accrochant ses doigts malhabiles sur le dossier pour brusquement être soulagée par le manque de visibilité au-dehors. Haiwee, toujours aussi candide et naïve, traits de caractère qui pourraient le toucher s’il s’offrait la faiblesse d’en afficher le sourire. Alors rassurée elle laisse doucement rouler sa tête contre de matelassé du canapé. « T’es pas drôle, Xian. » Reproche qu’elle accompagne de sa main posée sur son épaule, un geste qu’il dénote, avant de la voir se refermer sur elle comme une enfant en manque de sommeil l’aurait fait. « Je ne t’attendais pas. » Alors pourquoi le préciser ? Piètre menteuse qui souhaite nier la vérité. « Je croyais que tu étais en vacances… » Et il aurait préféré, se ravisant vers le plat de légumes coupés pour le survoler de ses doigts avant d’en choisir un au hasard, jouant avec sous ses yeux figés, le regard vide au souvenirs douloureux de ce qu’il s’est passé, son orgueil bafoué. « Tu me racontes ? »  Et de toutes celles avec qui il pourrait en parler, Haiwee est certainement la femme envers qui il souhaite plus que tout garder le secret.

Alors porté par son élan cette fois sa main ne s’arrête pas au-dessus de l’assiette mais bien sur la télécommande pour d’une pression éteindre l’écran, plongeant dans le silence l’appartement. « Ce n’est pas très excitant. » Il a connu mieux comme aventure et celle-ci ne gagne pas à être relatée, bien moins captivante que tout ce qu’il a pu jusque là lui conter. « Et puis il se fait tard, » sans compter qu’il est fatigué, qu’il vient de traverser les océans pour revenir étudier et qu’il doit rapidement récupérer du décalage pour reprendre les cours dès le levé. Alors ce bout de cucurbitacée toujours entre les doigts finit par être glissé entre ses dents afin de lui permettre de se relever et auprès d’elle venir se pencher, grondant entre ses lèvres fermées. « Peut-être pas 9h du matin mais, » 9h du soir bien passées c’est certain. Avant qu'elle n'ait le temps de comprendre ses attentions il glisse sa main sous ses genoux repliés pour quelque chose qu'il lui a été reproché et qu'il ne sera bientôt plus capable de lui offrir, une fois sous surveillance rapprochée. De l'autre, c'est son flanc qu'il éperonne pour la soulever malgré les courbatures que ce voyage a engendrées et lentement la conduire dans cette chambre qu'elle a retrouvé. Rien n'a été modifié, comme si jamais elle n'était partie retrouver les siens début janvier. Près du lit il ralentit pour la déposer, la laisser s'allonger et contre toute attente la surplomber, passant son bras à l'autre bout pour se laisser tomber à coté.

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Ecroulé sur le matelas, il laisse sa tête reposer lourdement sur l’un des deux oreillers, essayant de chasser de son esprit les dernières réflexions que son aïeul lui a crachées alors qu’il était à l’autre bout du monde quelques heures plus tôt, dans les locaux de leur compagnie. Qu'en serait-il s’il savait que son neveu partage son toit avec une gaijin… L’héritier ne se voile pas la face, il sait ce qu’il advient de ceux qui trahissent les préceptes les plus augustes : il serait châtié tout comme son père avant lui, au nom de traditions séculaires, d'un autre temps, qui ne se conjuguent plus avec ce présent. Des problèmes qu’il souhaite mettre de côté, harassé, surtout lorsqu’il ressent cet étrange contact venir sur lui s’apposer. Une œillade discrète sur les doigts fugueurs d’Haiwee et il ferme les yeux pour s’en délecter, en apprécier la douceur et la témérité, commençant lui aussi à sombrer.

Mais c’est un poids plus lourd qui le sort de sa torpeur, agréablement surpris lorsque ses paupières lui dévoilent l’amérindienne qui s’enhardit, cherchant à le dominer avec une assurance qu’il ne lui reconnait. A califourchon sur lui elle s’impose tendrement tandis qu’il se montre complice, son bassin piégé dans la chaleur de cet enchâssement.

Ses mains, elle les récupère pour les conduire lentement sous son bustier, les laisse choir sur le grain de sa peau halée. Elles n’en bougeront pas, son pouce droit flirtant avec la ligne de sa lingerie à la recherche d’un soupçon de détresse tandis qu’elle le caresse, remonte le long de son torse et s’affaisse jusqu’à pouvoir de ses yeux sonder la profondeur les siens. « Je peux être comme les autres, tu sais… » Mais il n’a jamais souhaité qu’il en soit autrement, l’appréciant pour ce qu’elle est, elle et ses opinions qui n’ont de sens que pour son peuple. Sa paume gauche quitte la tiédeur de son derme pour venir se perdre dans ses cheveux, replaçant une mèche venue onduler sur cette joue encore légèrement marquée du sceau de son canapé. « Tu le voudrais ? » Leur ressembler ? N’être qu’un corps, qu'une silhouette adulée le temps d’une nuit, emplie pour se voir au petit matin rapidement remercié, le réceptacle éphémère de ses envies... « Non » crois-le, il n’y a pas d’honneur ni de plaisir à partager le même lit que lui, « tu vaux bien mieux que çà » Haiwee.
Alors même s'il ne souhaite la voir endosser ce genre d'attitude, sa main encore posée sous le coton sillonne ses courbes, sa cambrure sauvageonne qui exalte la perversité, sur ses hanches qu'il souhaite mouvantes jusqu'à s'ancrer à son fessier. La subtilité réside dans leur posture engourdie, attirance indéfectible, de cette promiscuité qu'il réduit, ses lèvres flirtant furtivement avec celles de la sauvageonne avant d'oser l'interdit.

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Pouvoir prendre un corps, à tout moment et sans préavis, doux ou sauvage, tel est son bon plaisir, un privilège depuis longtemps établi. Mais elle… Elle n’est en rien un trophée, un territoire à posséder. De ses pensés inavouables qui le hantent depuis leur première rencontre il vient d’en esquisser les prémices, visions primales qu’il imprime sur ses lèvres lorsque les cuisses qui l’enserrent se referment plus fermement sur lui. Témoignage d’un désir qu’il partage malgré ses dernières paroles, il s’affirme lui aussi dans ce timide échange licencieux où les chairs se lient, s’apprivoisent petit à petit. De ce baiser dérobé est né une union à la griffe parfumée, d’un gout d’ailleurs qu’il ne pourrait comparer. Alors si elle se soustrait de lui pendant qu’il reste là à la contempler, ce n’est que pour mieux l’admirer lorsqu’elle se défait, entreprenante et féline, décline son impudeur entre les paumes de l’asiatique, ôtant son débardeur pour le laisser jouir de ses courbes féminines. « Donc, tu ne veux pas de moi ? » Il ne répondra rien mais son regard parle pour lui, changé et songeur face à ce dont la nature l’a pourvue, observant avec envie ce que cette dentelle peut receler de secret.

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