for you i'd do anything. — (( louvena ))

mardi 11 janvier, après-midi. — les envies subites de femme enceinte, ça te connaît, faut bien l’avouer ; et t’as toujours été heureuse d’avoir à tes côtés cette amie qui te suivait dans chacune d’entre elles. alors, aujourd’hui, les rôles sont inversés : une glace en plein hiver pour les beaux yeux de yelena, toi, ça te va bien. t’as décidé de la récupérer directement sur le campus, t’en profiteras au passage pour lui conter toutes les dernières péripéties de ta vie et pour écouter les siennes ; parce que vous le savez toutes les deux, vos vies ne sont jamais de tout repos. c’est sûrement ce qui fait que vous vous entendez si bien, d’ailleurs. lorsqu’enfin tu reconnais sa silhouette au loin, tu fais de grands gestes avant de t’exclamer tout en accélérant le pas : « bébééééé, je suis là !!! » a l’opposé d’elle, dans son dos. t’attends qu’elle se retourne pour trottiner un peu plus et faire mine de lui sauter dessus avant de te raviser à la dernière seconde pour l’attraper dans tes bras. « t’as eu peur, avoue ? » lui sauter dessus enceinte, certainement pas l’idée du siècle.

mardi 11 janvier, après-midi. — Les premières envies arrivent. Tu pensais y échapper et pourtant les voilà ! De la glace, t’as envie de glace, Yel, beaucoup de glace. Au chocolat, à la menthe alors que tu détestes ça, et aussi au caramel beurre salée. Oh oui, tu veux toutes les glaces que tu peux trouver. Mais tu commences à être fatiguée, t’en peux plus et t’as hâte de pouvoir faire sa connaissance. Peur qui te paralyse encore un peu, t’appréhende les derniers mois, mais tu l’aimes déjà cet enfant. Mère célibataire, tu ne sais pas si tu réussiras à relever le défi, si tu seras une bonne mère mais tu sais que tu seras entourée. Tu pianotes sur ton téléphone, fin des cours qui sonne comme un soulagement, t’attends Louve avec une impatience insolente. Tu réponds à ta meilleure amie par de grands gestes à ton tour. Sourire qui étire tes lippes, tes yeux s’écarquillent lorsque tu la vois trottiner jusqu’à toi. Tu fermes un oeil, peur qu’elle te saute dessus, elle se ravise et ses bras s’enroulent autour de toi J’avoue, un petit peu, je me suis demandée si t’étais vraiment folle à ce point ! éclats de rire qui résonne et tu serres tes bras à ton tour. Comme tu le peux en tout cas. bébé, je suis énorme, regarde moi ça ! déjà 10 kilos de plus au compteur, et ton gynécologue t’a bien fais comprendre que ce serait 15 kilos qui s’afficherait sur la balance à la fin de ta grossesse. merci merci merci, j'ai tellement envie de glace !

t’as l’art de ne jamais passer inaperçue et ça te convient terriblement bien ; te fondre dans la masse n’a jamais été ce que tu préférais, au contraire. alors cette fois n’est pas coutume, la voix rauque qui se hausse au milieu du campus sans gêne et les grands gestes qui l’accompagnent avant de te mettre à trottiner jusqu’à ta meilleure amie ; les têtes qui se tournent pour t’observer, certaines d’un air complètement ahuri. après avoir fait mine de lui sauter dessus, tu te mets à rire à sa réponse. « folle oui, à ce point non. enfin, je sais plus si ça relève de la folie ou d’envies meurtrières sur ce coup-là ! » parce que oui, t’es assez inconsciente de manière générale mais pas au point de risquer la vie d’un être innocent. trois baisers que tu déposes rapidement sur sa joue pour te mettre à l’observer alors qu’elle te dit qu’elle est énorme. « tu te fous de moi ? t’es magnifique !! » faut dire que toi, la grossesse, t’adores ça. les bébés, les ventres arrondis, les femmes. c’est certainement l’une des plus belles choses à tes yeux. « alors allons chercher cette succulente glace, j’ai la dalle en plus ! » la vraie question étant : quand est-ce que t’as pas faim ? ta main glisse dans celle de ta meilleure amie et tu te mets à marcher. « par contre, à part le mcdo ou un supermarché, t’as une idée d’où on peut trouver de la glace ? » t’avais pas pensé à ce point-là, tu dois bien l’avouer.