mardi 4 janvier. — l’esprit en vrac et la colère à son summum, tu sillonnes les chemins du campus pour accéder à ton bâtiment. l’iphone collé à ton oreille, la voix qui s’élève contre ton interlocuteur qui se trouve être ton banquier, t’es clairement sous pression. au lendemain de ta sortie de garde à vue pour une suspicion de blanchiment de fonds et de trafic d’armes, tous tes comptes se retrouvent vidés ici aux états-unis ; à croire que le destin s’acharne. et, quand au coin de ce bâtiment tu tournes sans faire attention, trop pris par ta conversation et par les ordres donnés à ton banquier de se débrouiller pour que les fonds soient à nouveau sur tes comptes dans la semaine, ton corps percute violemment celui d’une autre personne. « putain. » que tu maugères pour toi-même avant de poser ton regard sur ladite personne, totalement inconnue. « je te rappelle. » le téléphone aussitôt décollé de ton oreille pour le glisser dans ta poche, tu tends machinalement ta main pour aider ta victime à se relever. « désolé, j’aurais dû faire plus attention. tout va bien ? »
mardi 4 janvier. — t'es matinale ce matin. tu t'es levée pour aller courir un peu. plus habile dans l'eau que sur terre, tu t'es donnée de nouvelle résolution. tu pars tranquillement, habillé confortablement. écouteur dans les oreilles, tu n'entends plus le monde qui t'entoure. dans ta bulle, à l'abri de tout le monde. t'es plus discrète ses derniers temps, ta grand-mère ne t'adresse toujours pas la parole et pour faire court. c'est le bordel avec tout le monde, le seul avec qui rien n'a changer, c'est zed. tu cours, tu t'évades avant de te prendre subitement quelqu'un. sacré bonhomme. t'es à terre, écouteur éparpillé au sol. tu fronces les sourcils quand il continue à parler à son interlocuteur. en vrai, t'es déjà prête à lui bondir dessus si il ne s'excuse pas. tu l'observes. il raccroche et toi tu prends tes écouteurs. main que tu fais exprès d'ignorer. " c'est pas grave. " tu frottes tes cuisses pour retirer les saletés. " faites attention, juste. " que tu dis en haussant légèrement les épaules. tu pointes son téléphone du doigt. " il a l'air d'avoir réussi. " sourcils de l'inconnu qui se fronce. " vous semblez énerver. " histoire de paraitre plus clair.
colérique depuis ton plus jeune âge, tu t’es pourtant rarement retrouvé dans un tel état ; parce qu’aujourd’hui, tu sens qu’absolument tout te file entre les doigts. personne ne sait, si ce n’est lyse ; elle l’a su sans que tu le veuilles, avec ce foutu stage chez ton avocat. toi qui voulais la protéger envers et contre tout, au risque de la perdre définitivement pour l’épargner de ce que tu représentes, tu t’es senti pris au piège quand t’as appris qu’elle savait alors que tu lui mentais droit dans les yeux sur ces quelques jours d’absence. alors, forcément, quand t’as découvert qu’au lendemain de ta dispute avec elle et de ta longue garde à vue tes comptes avaient été vidés sans que ta banque puisse intercepter ce bordel, t’as vu rouge. le téléphone glissé dans ta poche, tu tends ta main à cette inconnue qui se retrouve au sol par ta faute. cette même main qu’elle semble ignorer, fierté que tu trouves drôlement mal placée. le bras replacé le long de ton corps alors que t’écoutes vaguement les remarques qu’elle te balance comme si elle s’apprêtait à te faire une leçon de moral ; franchement pas le moment. alors quand elle pointe ton téléphone et te dit qu’il a l’air d’avoir réussi puis rajoute que tu sembles être énervé, t’esquisses un sourire narquois. sérieusement ? « ça arrive à tout le monde il paraît. » et tout le monde a ses raisons. « je vois que la chute vous empêche pas de parler, ça a l’air d’aller. » parce que, accessoirement, t’attendais de savoir si tout va bien de son côté mais sa réaction te fait penser que oui.