show must go on ((ft. namkyu))

Le voile de la nuit s’installait tout doucement sur Boston la vieille. La ville étudiante était en train de s’endormir petit à petit pour la majorité des habitants mais pas pour tous. Daisy, vêtue comme à son habitude de façon chic avait décidé de sortir se délecter dans un bar de la ville sans la moindre compagnie. Étonnant venant d’elle qui adorait en général la compagnie masculine. Il était rare de la voir sortir en solitaire, en réalité, elle était terrifiée de la faire à cause de son ex violent mais, elle n’avait pas non plus envie de se sentir dépendante des hommes avec qui elle couche pour se déplacer dans la ville. À l’hôpital, elle se sentait en sécurité parce qu’elle était toujours surveillée par quelqu’un. Ailleurs…. c’est une autre question. Le Drink avait finit par être l’endroit idéal. Posée à l’intérieur, elle commande un cocktail rouge passion et se laisse détendre par la musique qui trouvait dans le bar. Autour d’elle, un groupe de potes était en train de discuter, leur conversation n’était pas vraiment audible mais elle avait en tout cas l’air bien animée. Il y avait aussi deux jeunes femmes dans une conversation profonde, peut-être qu’elles étaient en rendez-vous amoureux qui sait ? Et puis à une table juste à côté de la sienne, un jeune homme était en train de déprimer sur son verre, le doigt qui dessinait lentement le cercle du récipient. l’écossaise ne sait pas trop quoi faire, elle n’est pas venue là dans l’optique de draguer quelqu’un ou de repartir au bras d’un homme pour s’envoyer en l’air lors, elle reste statique, juste ses doigts se mouvant pour textoter à sa meilleure amie qui était de service ce soir et porter son verre jusque ses lèvres.

Elle devait être assise depuis plusieurs minutes maintenant quand un couple s’approcha d’elle pour lui demander une faveur. En réalité le bar était blindé de monde et les places étaient limitées. La dame étant enceinte, Daisy finit donc par céder sa place et se retrouver debout en plein milieu du bar avec son cocktail à peine entamé. Elle regarde le comptoir, aucune place n’est disponible alors, elle regarde la table du garçon seul. Qui à faire, c’était mieux de s’asseoir avec lui, il n’avait pas l’air si méchant après tout, il avait plus l’air d’un chiot abandonné qu’autre chose. — excuses-moi ? qu’elle commence d’une voix toute douce, ne voulant pas lui faire peur dans sa mélancolie. — ca te dérange si je m’assois ici ? J’ai du laisser ma table à quelqu’un d’autre. si il refusait alors elle ne savait plus quoi faire à part descendre sa boisson d’une traite et rentrer chez elle. Après tout peut-être que Netflix serait une meilleure compagnie ? Gucci, sont petit chien pouvait lui servir de chauffage pour qu’elle se détende totalement et finir par s’endormir. De toute façon, demain elle n’avait pas besoin de se rendre à l’hôpital alors elle pouvait aisément dormir longuement.

Les yeux perdus dans son verre dont il fait lentement bouger la boisson alcoolisée qu'il contient, il en est réduit à passer sa soirée seul dans un bar pour noyer sa peine dans l'alcool. Il ne comprend pas bien la décision de sa petite amie, ancienne petite amie même s'il ne se fait pas encore totalement à l'idée, puisque tout semblait très bien se passer entre eux. Pas la moindre dispute, pas le moindre nuage noir au dessus de leur tête. Simplement une annonce brutale sans lui laisser le temps de répliquer quoique ce soit. Il n'a même pas envie d'en parler à ses amis.es, pas envie d'entendre leurs phrases réconfortantes alors qu'ils ne connaissaient quasiment rien de leur relation. Alors il fait semblant d'garder le sourire en balançant des phrases toutes faites une de perdue dix de retrouvées mais il sent le creux béant qui ne cesse de grandir dans sa poitrine. Ce n'est pas seulement lui qu'elle a quitté, c'est aussi l'université et la ville, tout leur petit monde. Sans lui dire au revoir, sans préambule il doit juste se contenter de l'oublier alors qu'il est dans l'incompréhension la plus totale. Une voix le tire finalement de ses sombres pensées, il relève le nez pour plonger son regard dans celui de la demoiselle qui lui fait face. Il secoue la tête, jette un regard autour de lui en se rendant compte qu'il n'a même pas fait attention à la foule présente dans le bar. — Heu oui tu peux t'assoir. Je ne compte plus rester très longtemps de toute façon. parce que finalement à quoi ça rime ? il n'est pourtant pas le genre de garçon à s'apitoyer sur son sort habituellement mais cette fois il ressent une puissante douleur dans son coeur. C'est sa petite amie mais aussi sa meilleure amie qui est partie loin de lui donc il a la sensation désagréable que son monde s'effondre. — Vous me direz quand votre petit ami arrive, je partirai à ce moment-là. il consent à lui adresser un sourire sans couleur, simplement un sourire éteint comme machinal.

il avait tellement l'air désemparé, tel un enfant abandonné et sans repère. Daisy était assez curieuse, elle se demandait ce qui avait pût le mettre dans cet état et pourquoi il bugait autant sur son verre vide. alors, en tirant la chaise et posant son cocktail sur la table, elle finit par pencher doucement la tête sur le côté pour capter son regard et lui accorder un sourire. — merci beaucoup. qu'elle lui dit simplement avant de poser son sac  main sur la table et regarder un peu partout autour d'elle sans un mot. c'était un peu gênant à vrai dire parce qu'elle ne le connaissait pas et qu'elle se retrouvait en quelque sorte forcé à la cotoyer. l'air gêné, elle finit par porter son verre contre ses lèvres avant de soupirer doucement. ca devait etre ridicule d'un point de vue extérieur de les voir tout les deux comme ca, comme si ils venaient d'aborder un sujet sensible et qu'il n'avait plus rien à se dire à part se supporter l'un et l'autre parce qu'ils seraient venus ensembles ici. la langue qui claque doucement contre son palais, Daisy finit par ouvrir la bouche. — il y a du monde aujourd'hui, c'est étonnant. et puis, elle voulait tenter de lui changer les idées peu importe ce qu'il vivait. que ce soit une rupture ou la perte d'un emploi ça revenait au même, il était visiblement triste. — je peux te payer un verre ? pour te remercier. qu'elle finit par lui demander. et puis bon, si il avait quelque chose à faire passer, c'était peut-être le meilleur moyen ? ca évitera aussi qu'ils se regardent dans le blanc des yeux ou qu'ils ne se regardent pas du tout.

après tout qui à etre ici avec de l'alcool à la main il vallait mieux profiter pour se libérer au maximum. sa langue humidifie doucement sa lèvre inférieure avant d'appeler le serveur pour qu'ils puissent commander autre chose à boire et la jeune femme se permet de rajouter quelques trucs à grignoter sur la commande. c'est elle qui paye alors autant qu'il profite. le garçon repartit, elle pince doucement les lèvres avant de regarder le garçon en face d'elle. elle n'avait pas envie d'empiéter sur sa vie mais bon, sa curiosité été maladive. — tu as passé une mauvaise journée que tu avais l'air de méditer sur ton verre vide ? parfois c'est préférable de parler même à un inconnu et ne pas broyer du noir puis ça évitera qu'il ait des pensées bizarres. il avait l'air jeune, ça serait dommage tout de même. — tu es étudiant ? ça ne serait pas étonnant. Harvard ou la MIT, il y avait beaucoup de monde par ici.

la situation n'est-elle pas devenue un peu gênante ? quand il était seul le regard fixé sur son verre c'était différent, maintenant la présence de la jeune femme l'oblige à lever la tête. il a l'impression que tout le monde les observe - ce qui est sans doute faux. mais lui trouve ça bizarre parce qu'ils ne se connaissent pas, ne se parlent pas. il n'a pas franchement envie de parler de toute façon. la tristesse lui tord les cordes vocales et humidifie ses yeux donc c'est mieux qu'il fixe son verre vide d'un air rêveur. elle brise le silence de la table et il relève le nez pour jeter un nouveau regard autour de lui puis lui répond par un simple haussement d'épaule. du coin de l'oeil il la toise, il ne la connaît pas et visiblement elle est venue ici seule et n'attend personne. elle fait bien ce qu'elle veut, il n'a pas envie de se mêler de sa vie. en tout cas elle a l'air de vouloir engager la conversation puisqu'elle appelle le serveur pour lui payer un verre. il en a bien besoin. — tu n'étais pas obligée. il a simplement l'impression qu'il lui fait pitié. mais il n'a rien demandé lui, il était très bien seul à sa table. un sourire cynique s'étire sur ses lèvres quand elle lui pose la fameuse question. une mauvaise journée, une mauvaise nuit. et les futurs ne seront pas mieux, c'est certain. — on peut dire ça, oui. ça se voit tant que ça ? les autres savent qu'il est habituellement très enjoué, plutôt blagueur. mais aujourd'hui il est déprimé, les yeux plongés dans son verre. — oui, j'étudie à harvard. et toi ? il ne se souvient pas de son visage sur le campus mais il est loin d'avoir retenu tous les visages. puis si jamais elle est dans le bâtiment de littérature il risque pas de la connaître.