Confidence is the feeling we have before knowing all the facts • Sofia

Sofia & Channing.

J'étais au volant d'une voiture de secours, une Dodge Challenger que j'avais dénichée rapidement après l'attentat. De voir ma voiture exploser et se retourner pour s'affaler sur le toit n'avait pas été le plus choquant ce jour là mais, je préférais ne pas y penser. Il n'y a avait pas eu que des véhicules calcinés sur le Yard et chaque détail ressurgissait parfois dans mon esprit; au moindre détail qui était relié au drame, les souvenirs refluaient subitement. Je pénétrai dans Central Square en observant les appartements, je ralentis et observait un instant celui de Sofia, quelqu'un pouvait être devant et m'informer de son absence. Je l'avais prévenu que je passerai, pour m'enquérir de son état mais je savais qu'elle feintait de se porter aussi bien qu'elle l'affirmait, et elle ne voulait peut-être pas être assaillie de question. Mais elle n'avait pas dû bouger de l'appartement dans le cas où elle aurait avalé quelque chose. Je pensais à des médicaments ou à de la drogue, je ne savais pas si elle était capable de me mentir là-dessus. Dans un créneau, j'insinuai la voiture entre deux véhicules. J'observai à nouveau la façade de l'immeuble puis décrochai ma ceinture. Je refermai tranquillement la portière après être descendu. Une jeune femme retint la porte de l'entrée, je hochais la tête pour la remercier de cette attention. Je me retrouvais à tambouriner la porte de l'appartement après une ascension par les marches. Je ne la penser pas claquée au point de ne pas répondre mais je continuais à cogner doucement. Je collai l'oreille sur la porte pour entendre de la musique ou alors pour discerner une voix. « Sofia ! C'est moi. Il y a quelqu'un là-dedans ? dis-je en martelant la porte. Elle partageait l'appartement donc quelqu'un répondrait. « Je vais la biper, annonçais-je à voix haute en apercevant une curieuse sur un pallier voisin, mais j'attendais surtout qu'on réponde à la porte.

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Je me réveillais avec difficulté, tirée de mon sommeil par les tambourinements qui cognaient contre la porte d’entrée. Je ne m’étais même pas sentie partir, je m’étais endormie comme une masse sur le canapé. Je remarquais que le livre – que j’étais entrain de lire avant ça – s’était retrouvé par terre. Je le ramassais et le posais sur la table basse avant de me relever du canapé. Je me sentais toute faible. J’avais sûrement un peu abusé de ma dose de médicaments. Au moins, quand je suis dans cet état là, je me trouve bien trop faible pour penser, réfléchir, angoisser, paniquer. Je me regardais dans le miroir près de la porte d’entrée. Je n’avais pas très bonne mine. J’avais l’air malade et fatiguée. Je recoiffais rapidement mes cheveux avant d’aller ouvrir la porte à Channing. C’est vrai qu’il m’avait dit qu’il passerait. En plus, ça tombait bien, Oxana et Presley n’étaient pas là, alors j’avais le loft pour moi toute seule. Je n’avais pas eu cours aujourd’hui et je n’avais pas fait grand-chose de ma journée. Chose qui ne me ressemble pas. Je déteste être inactive et ne rien faire. Je déteste encore plus m’endormir en pleine journée. J’ouvrais la porte et un sourire se fendillait sur mon visage lorsque je vis le jeune homme – « Salut. » - Je me demandais combien de temps il avait frapper à la porte avant que je vienne ouvrir. J’ajoutais alors : « Désolée, je me suis un peu endormie et je ne t’ai pas entendu frapper à la porte, mais entre. » - Je le laissais entrer dans le loft et refermait la porte derrière lui – « Alors, que me vaut l’honneur de cette visite ? » - Demandais-je avec un nouveau petit sourire. Les sourires… j’avais de plus en plus de mal à en décrocher. La plupart du temps, je me forçais pour essayer de sauver les apparences. Seulement, je n’ai jamais été très douée pour cacher mes émotions. Ça se sent quand je ne vais pas bien, tout comme on remarque tout de suite ma joie quand je suis heureuse. Je suis expressive, c’est un vrai problème. Enfin, ces derniers temps je suis plutôt inexpressive, parfois dans le vague totale et ailleurs. J’espérais que cette visite de Channing se passerait bien. Qu’il n’allait pas se montrer trop… curieux disons. Je sais bien qu’il se doute que quelque chose cloche chez moi, mais je refuse d’en parler à quiconque.

La porte s'ouvrit enfin sur Sofia, je remarquai son sourire chatoyant et me fendis d'un sourire moi aussi. « Tu vas bien ? » Je n'attendais pas tant de réponse puisque j'espérais répondre à cette question moi-même. Je déposai un bisou tendre sur sa tignasse brune puis j'entrai dans le loft en toisant les lieux. « Je me soucie de toi, arguai-je en guise de réponse en me retournant vers elle, mon sourire était à présent teinté d'un sous-entendu. « Tu es allée en cours, aujourd'hui ? » Le teint livide de Sofia m'inspira de fouiller des yeux le mobilier attenant, je savais que c'était indiscret alors je me ravisai aussitôt. J'ôtai ma veste et la déposai soigneusement au dessus du dossier du canapé. « Ce n'est pas toi d'être couchée à une heure pareille, je me trompe ? Je veux dire, on est en fin d'après-midi. » Je la dévisageai un moment. Tu fais toujours de la danse ? J'en ai fais une fois, c'était très drôle. Je m'époumonai un instant, hilare, mais je m'interrompis en muant ma ferveur en sourire. Ma question trahissait mes doutes sur son état, peut-être que j'étais anxieux alors que je ne devais pas l'être, après tout elle sautait du lit à l'instant. Mais elle n'était pas la même qu' à la reprise, elle se morfondait, je le voyais. Elle était encore bouleversée à cette période mais elle était elle-même, avec tout le charme de l'étudiante et l'élégance de la danseuse. J'obliquai les yeux vers la jonchée, toujours debout. Je ne pensais pas remarquer de chose en particulier mais c'était plus fort que moi. Si elle avait confiance en moi, elle ne me cacherait rien, on avait discuté de certaines choses et tout allait mieux selon elle. Elle jouait bien avec les mots.

« Tu te soucies de moi, c’est adorable… mais je vais très bien. » - Je décrochais un petit sourire. Un sourire utile pour cacher mon véritable état d’esprit. Je n’allais pas bien. Channing n’était pas idiot. Il se doutait bien que quelque chose n’était pas normale avec moi. Quand nous nous sommes rencontrés, j’étais la fille qui faisait des crises de panique, parce que j’étais traumatisée par l’attentat. Enfin, ce qu’il ne savait pas c’est qu’il ne s’agissait pas que de l’attentat. Les semaines qui avaient précédés ce drame avaient été difficiles à gérer pour moi. L’attentat s’ajoutait à ça. C’était trop pour une fille comme moi. Je ne pouvais pas faire face à de tels évènements – « Euh, je n’avais pas cours et comme mes amies ne sont pas là, j’en ai profité pour rester à l’appart et me reposer. » - J’observais le jeune Dunster tandis-ce qu’il reprenait la parole. Je soupirais. Encore ces suspicions. Pourquoi est-ce qu’il était à ce point persuadé que je n’étais pas moi en ce moment ? Bon, d’accord, c’était vrai, mais j’aurai aimé qu’il ne s’en aperçoive pas. Je l’avais laissé trop se rapprocher de moi et maintenant, il me connaissait assez bien pour savoir que je n’étais plus la même – « Non, tu te trompes pas. C’est juste que je suis un peu patraque. Je crois que j’ai du prendre froid et… et puis avec les cours je prends pas assez de temps pour me reposer. D’où la sieste en pleine journée. » - Expliquais-je. J’espérais que cette explication lui suffirait. Il me dévisageait un moment, ce qui eut le don de me mettre mal à l’aise. J’avais l’impression qu’il me détaillait afin d’essayer de deviner ce qui n’allait pas – « Bien sur que je fais toujours de la danse. C’est toute ma vie. » - J’avais bien l’intention de devenir danseuse professionnelle. C’était dans mes projets depuis mes cinq ans – « C’était drôle ? Parce que tu n’arrivais pas à suivre le rythme et les pas ? » - Je le charriais gentiment. Peut-être qu’il penserait que ça allait si j’étais capable de lancer une plaisanterie. Je marquais une courte pause avant de reprendre la parole : « Est-ce que tu veux boire quelque chose ? » - Je me dirigeais vers la cuisine. Elle était ouverte sur le salon, alors ça me permettait de voir et d’entendre Channing.

Alors qu'elle m'expliquait la raison de sa sieste, je me disais que c'était peut-être vrai, et je ne voulais pas la troubler outre-mesure avec mes questions. Mais elle avait changé depuis un moment, cela dit, on traversait tous de mauvaises périodes. J'espérais seulement qu'elle soit insensible aux psychotropes ou autres, je l'avais connue plus énergique et de la voir comme ça, c'était un sentiment étrange. Je m'esclaffai à sa plaisanterie, je n'étais pas d'accord. « Je n'étais pas si mauvais, le prof n'était pas adapté, voilà, et ma raquette me convient mieux, rétorquai-je avec légèreté. J'oubliai alors que Sofia n'était pas en mesure de danser mieux que moi à ce moment, du moins, j'avais cette sensation. On se tût un petit moment puis elle me proposa un rafraîchissement – « Ce n'est pas de refus, je te remercie. » Tandis qu'elle rejoignait la cuisine, je me dirigeai vers le canapé. Je m'assis et m'adossai confortablement, j'avais besoin de décompresser. Je jetai un coup d'œil vers le seuil de la cuisine puis je scrutai le salon. La température dans le loft était bonne, elle n'avait pas dû attraper froid comme elle le prétendait - « [color:f18e=1E90FF]Tu as de la fièvre, Sofia ? Il fait bon, ici. » J'avais parlé suffisamment fort pour qu'elle m'entende, ma voix portait bien en toute circonstance. J'attrapai le livre posé sur la table basse et je tentai de diluer mes pensées dans la lecture de l'introduction – « Passe sur le court un de ses quatre… quand tu seras en forme. » Je tournai une énième page en me demandant si elle appréciait le tennis. J'oubliais les codes et les articles de loi avec le sport, c'était un bon équilibre. En pensant aux cours, je décidai de rendre le livre à la table basse puis j'inclinai la tête en arrière sur le dossier. Je fermai les yeux - « Prend ton temps ! » Je regardai vers la cuisine puis je me repoussai du dossier du fauteuil. Je posai les genoux contre le sol puis je me baissai pour observer sur et sous l'espace de la table basse. Je fis un peu de bazar entre les magazines et accessoires mais j'ignorais ce que je cherchais. Je connaissais bien Sofia, pourtant j'avais le sentiment qu'elle me blâmerait si elle savait pourquoi je mettais en désordre sa table basse. Si elle n'avait pas été claire avec moi sur son état, cette indiscrétion m'était permise. Je restai au vigilant au retour de la jeune femme en agitant ce que je trouvais sur l'étendue de la table.

« Très bien. Un jour, j’essayerai de t’apprendre quelques pas de danse, si tu veux. » - Répliquais-je. Channing était plus porté sur le tennis. J’allais donc dans la cuisine pour préparer une boisson pour mon invité. De la cuisine, je lui demandais ce qu’il voulait boire. J’en profitais aussi pour sortir quelques gâteaux au cas où il en aurait envie. Je fronçais les sourcils à sa question. Pourquoi est-ce qu’il me demandait si j’avais de la fièvre ? Je ne lui répondis pas tout de suite. C’est vrai que je lui avais dit avoir attraper froid. Depuis qu’il était entré ici, Channing ramenait à chaque fois la conversation à moi, à mon état. Je savais très bien où il voulait en venir. Je savais très bien qu’il s’inquiétait pour moi et qu’il me soupçonnait de ne pas être dans mon assiette. Il n’était pas le seul d’ailleurs. Mon entourage commençait à se poser des questions. Le « mur » que j’avais essayé de créer pour cacher la vérité faiblissait. On commençait à apercevoir la faille. Il reprenait la parole, me proposant de passer sur le court de tennis un jour – « Ouais, pourquoi pas. Je fais rarement de tennis, mais ça pourrait être sympa. » - Les sports que je pratiquaient étais principalement la danse et les arts martiaux depuis mon agression. Lorsque je relevais la tête afin d’observer Channing, je remarquais qu’il n’était plus confortablement installé sur le canapé. Il semblait chercher quelque chose sur la table basse – « Tu as besoin d’aide ? Tu cherches quelque chose peut-être ? » - Répondis-je sur un ton un peu plus froid que d’habitude. J’avais horreur qu’on fouille dans mes affaires. Surtout qu’il ne s’agissait pas que de mes affaires.

Je relevai la tête et j’aperçus Sofia, le visage plus grave et passablement irritée. Je m’attendais à ça, peut-être que je cherchais cette situation. Je ne la sentais pas totalement honnête avec moi. - « Pas grand-chose, tu n’as ni la grippe, ni la fièvre après tout, répondis-je, en me relevant. J’étais perdue avec elle mais l’affection était plus forte que la suspicion et le doute. Je m’enfonçai à nouveau dans le fauteuil, j’étais stupide de m’attendre à trouver des antidépresseurs, de la coke ou d’autres succédanés sur cette table. Je tournai la tête vers la Lowell après un silence de marbre - « Tu sais, je m’en fiche de ce que tu prends. Mais je veux savoir pourquoi, il y autre chose que la bombe ? Je voudrais être normal avec toi, mais tu caches des choses, tu le sais bien. » Je me levai et m’approchai d’elle. - « Tu as besoin d’un câlin, tu focalises trop tes pensées sur le passé.» Mon visage s’illumina d’un sourire tendre et affectueux alors que je me tenais en face d’elle. Elle n’avait peut-être pas envie de se laisser étreindre après le coup de la table basse. - « Désolé pour la table basse mais je te donne seulement un point de vue extérieur sur ton état, Sofia. » Elle avait le teint pâle et elle semblait distraite par moment. Je pensais à chercher le problème du côté de son passé avant l’attentat, c’était comme si cette partie était un mur, on ne s’était connu qu’après l’attentat et on avait tant et plus à découvrir l’un sur l’autre. Ce qui était évident, c’est que je l’avais connue plus éclatante. Ses colocs avaient dû voir que quelque chose n’allait pas, eux aussi, peut-être qu’elle ne leur parlait pas de ça à eux non plus.

Ce n’était pas possible ! Comment est-ce qu’il faisait pour cerner aussi bien la situation ? Pourtant, on ne se connaissait pas depuis énormément de temps. Mais c’est vrai que la façon dont on s’était rencontré nous avait rendus proche, d’une certaine façon. Cela m’agaçait d’être incapable de mieux cacher les choses. Je légèrement les sourcils lorsqu’il me soupçonna de prendre « quelque chose ». C’était si flagrant que ça ? – « De quoi est-ce que tu parles, Channing ? Je ne prends rien. Franchement, est-ce que tu penses que je serais capable de faire ce genre de choses ? » - Je jouais à la fille qui prenait mal ces suspicions, mais j'étais véritablement agacée pour d'autres raisons, parce qu'il avait raison. Avant toutes ces histoires, jamais je n’aurais imaginé devenir un jour droguée aux médicaments, ni a quoi que ce soit. Il s’approchait de moi et je levais mon regard bleu sur lui. D’après lui, j’avais besoin d’une étreinte réconfortante. Seulement, c’était la dernière chose dont j’avais envie vu son comportement. Je sais bien qu’il s’inquiète pour moi, mais ça m’agace. Il y’a des choses que je veux garder pour moi – « Honnêtement, je suis déçue par ton comportement. Tu viens ici, tu fouilles la table basse et tu me prends pour une droguée. Je croyais que tu avais une meilleure estime de moi. Ce n’est pas parce que je ne suis pas en forme que je me drogue. Je te l’ai dit, je suis malade et surmenée. » - Je marquais une courte pause – « Et je n’ai pas envie de me disputer avec toi, alors arrête ça. Cesse de chercher un problème là ou il n’y en a pas. Je vais bien. » - Je soupirais et détachait mon regard du jeune homme, baissant les yeux. J'en avais marre de tout ça.