Jeudi 16 Décembre.
Je l’avais aperçu. Sa silhouette. J’allais franchir la porte du Lord Hobo lorsque je l’avais vu là. Lui. Tom. Mon Sweetheart ou peut-être devrais-je plutôt dire mon ancien Sweetheart. Cet ancien ami qui avait été mon témoin de mariage avant que je n’apprenne qu’il travaillait de mèche avec mon père. Il était le responsable du saccage au studio de mon mari. Il était le responsable du saccage au Lord Hobo. Et, même s’il n’avait pas commis lui-même les blessures résultants de ces actes, il était bien trop coupable à mes yeux. Si coupable que je ne parvenais pas à le pardonner. Si coupable que nous ne nous fréquentions plus depuis que la nouvelle était tombée. Les contacts s’étaient coupés. Les vies s’étaient séparées. Tom faisait sa vie de son côté et je faisais la mienne tentant d’oublier ce qu’il avait pu me faire. Nous faire. À Lukas et moi. À mes proches et moi. Il avait modifié ses horaires au Lord Hobo pour ne plus me croiser et ça me convenait parfaitement. Cependant, ce soir, comme un idiot, j’avais oublié qu’il avait le service avant le mien. J’avais oublié qu’il risquait d’être là si j’arrivais un peu en avance. Stupide gamin qui se retrouvait soudainement face à la réalité. Imbécile gosse qui restait un peu trop figé devant l’entrée du Lord Hobo. Les iris rivées sur Tom qui se trouvaient derrière le bar, je sursautais soudainement lorsque quelqu’un toussait derrière moi pour faire savoir sa présence. Marmonnant des excuses, je me décalais de l’entrée pour leur laisser la place et je me dirigeais lentement vers l’entrée de derrière. Tom. Tom. Tom. Trois mecs. Une arme. Une balle. Tant d’impacts. Le mauvais film se rejouait à l’intérieur de ma tête. M’appuyant contre le mur de la ruelle, je me laissais lentement glisser soudainement incapable de respirer. Ça tournait trop dans la tête. ELLE se plaisait à me torturer. L’horreur me dévorait. Le cœur cognait beaucoup trop fort dans la poitrine. Je me sentais étouffer. Je me sentais compresser. Gamin perdu qui devenait le dommage collatéral d’une simple vision. Je l’avais à peine vu et j’étais à terre. Je l’avais simplement aperçu et j’étais si aisément renversé. Me laissant totalement tomber au sol, je m’empressais de sortir mon téléphone pour contacter ma boss. Je soufflais quelques mots pour dire que j’étais malade et que je ne pouvais pas venir ce soir. Je savais d’ores et déjà qu’il me serait impossible de travailler derrière le bar ce soir. Je savais que je ne parviendrais pas à me concentrer. Le film se déroulerait trop vivement dans la tête. L’horreur pulserait trop réellement dans l’existence. Je préférais fuir.
Fuir loin de cet endroit regorgeant de souvenirs douloureux. Fuir loin de ce bar où j’avais tant de mal à travailler depuis des mois. Fuir loin de ces images qui voulaient s’imposer dans la tête. Fuir loin de cette vie qui me bouffait lentement par moment. Fuir et tout oublier. Et, pour ça, j’avais le parfait plan. Mordillant nerveusement ma lèvre, j’hésitais un bref instant. Devais-je prévenir mon mari de mon acte ce soir ? Devais-je l’informer de ce que je comptais faire ? F*ck, je n’en savais rien. Je ne voulais pas donner vie à des secrets, mais je voulais profiter de ma liberté. Ne pas me sentir contraint de rentrer. Ne pas me sentir enchaîné loin de ce qui pourrait me faire du bien. Rangeant le téléphone, je me décidais à lui écrire seulement lorsque tout serait terminé et je me relevais d’un pas bancal. Hélant un taxi, je me glissais à l’arrière de celui-ci marmonnant l’adresse du People's Republik. Cet endroit où je me rendais régulièrement depuis quelques semaines. Cet endroit où je pouvais vivre à nouveau de ces combats qui faisaient tant de bien. Ces combats qui vidaient la tête et abîmaient le corps. Ces combats qui effaçaient les images et faisaient taire la voix un instant. Ces combats qui n’étaient pas sans danger, mais dont je ne savais pas me passer. Le véhicule ne tardait pas à s’arrêter. Bien trop perdu dans les méandres de mes horreurs, je n’avais même pas fait attention à la route. Fouillant dans mes poches, je tirais de quoi payer la course avant de me diriger vers l’entrée du club. La même routine prenait place. Je rentrais. Je buvais un peu. Je payais l’argent demandé. Et je finissais dans la cage pour me battre. Un seul et unique combat. Un combat que je perdais ce soir. Gamin bien trop entraîné dans sa tête. Gosse qui s’était peut-être laissé faire pour éradiquer les choses qui me rongeaient. Le combat prenait fin sur cette défaite et je ne tardais pas à m’évader du lieu. M’éloigner pour ne pas céder à l’appel de la rage et de la violence. M’éloigner pour ne pas demander un nouveau combat qui pourrait me foutre totalement à terre. M’éloigner pour ne pas faire de bêtise. M’éloigner et respirer. Je m’échouais à quelques rues du People’s Republik une bouteille d’alcool en main et des blessures bien trop visibles sur l’être. Lèvre et arcade ouvertes, je boitais à cause de cette douleur éveillée dans la jambe. Il n’y avait rien de grave. Demain, j’aurai des bleus et sans doute un œil au beurre noir. Mais, ce n’était pas si grave. J’allais bien. C’était ce que je tentais de me répéter alors que je portais la bouteille à mes lèvres. J’allais bien n’est-ce pas ?
Je l’avais aperçu. Sa silhouette. J’allais franchir la porte du Lord Hobo lorsque je l’avais vu là. Lui. Tom. Mon Sweetheart ou peut-être devrais-je plutôt dire mon ancien Sweetheart. Cet ancien ami qui avait été mon témoin de mariage avant que je n’apprenne qu’il travaillait de mèche avec mon père. Il était le responsable du saccage au studio de mon mari. Il était le responsable du saccage au Lord Hobo. Et, même s’il n’avait pas commis lui-même les blessures résultants de ces actes, il était bien trop coupable à mes yeux. Si coupable que je ne parvenais pas à le pardonner. Si coupable que nous ne nous fréquentions plus depuis que la nouvelle était tombée. Les contacts s’étaient coupés. Les vies s’étaient séparées. Tom faisait sa vie de son côté et je faisais la mienne tentant d’oublier ce qu’il avait pu me faire. Nous faire. À Lukas et moi. À mes proches et moi. Il avait modifié ses horaires au Lord Hobo pour ne plus me croiser et ça me convenait parfaitement. Cependant, ce soir, comme un idiot, j’avais oublié qu’il avait le service avant le mien. J’avais oublié qu’il risquait d’être là si j’arrivais un peu en avance. Stupide gamin qui se retrouvait soudainement face à la réalité. Imbécile gosse qui restait un peu trop figé devant l’entrée du Lord Hobo. Les iris rivées sur Tom qui se trouvaient derrière le bar, je sursautais soudainement lorsque quelqu’un toussait derrière moi pour faire savoir sa présence. Marmonnant des excuses, je me décalais de l’entrée pour leur laisser la place et je me dirigeais lentement vers l’entrée de derrière. Tom. Tom. Tom. Trois mecs. Une arme. Une balle. Tant d’impacts. Le mauvais film se rejouait à l’intérieur de ma tête. M’appuyant contre le mur de la ruelle, je me laissais lentement glisser soudainement incapable de respirer. Ça tournait trop dans la tête. ELLE se plaisait à me torturer. L’horreur me dévorait. Le cœur cognait beaucoup trop fort dans la poitrine. Je me sentais étouffer. Je me sentais compresser. Gamin perdu qui devenait le dommage collatéral d’une simple vision. Je l’avais à peine vu et j’étais à terre. Je l’avais simplement aperçu et j’étais si aisément renversé. Me laissant totalement tomber au sol, je m’empressais de sortir mon téléphone pour contacter ma boss. Je soufflais quelques mots pour dire que j’étais malade et que je ne pouvais pas venir ce soir. Je savais d’ores et déjà qu’il me serait impossible de travailler derrière le bar ce soir. Je savais que je ne parviendrais pas à me concentrer. Le film se déroulerait trop vivement dans la tête. L’horreur pulserait trop réellement dans l’existence. Je préférais fuir.
Fuir loin de cet endroit regorgeant de souvenirs douloureux. Fuir loin de ce bar où j’avais tant de mal à travailler depuis des mois. Fuir loin de ces images qui voulaient s’imposer dans la tête. Fuir loin de cette vie qui me bouffait lentement par moment. Fuir et tout oublier. Et, pour ça, j’avais le parfait plan. Mordillant nerveusement ma lèvre, j’hésitais un bref instant. Devais-je prévenir mon mari de mon acte ce soir ? Devais-je l’informer de ce que je comptais faire ? F*ck, je n’en savais rien. Je ne voulais pas donner vie à des secrets, mais je voulais profiter de ma liberté. Ne pas me sentir contraint de rentrer. Ne pas me sentir enchaîné loin de ce qui pourrait me faire du bien. Rangeant le téléphone, je me décidais à lui écrire seulement lorsque tout serait terminé et je me relevais d’un pas bancal. Hélant un taxi, je me glissais à l’arrière de celui-ci marmonnant l’adresse du People's Republik. Cet endroit où je me rendais régulièrement depuis quelques semaines. Cet endroit où je pouvais vivre à nouveau de ces combats qui faisaient tant de bien. Ces combats qui vidaient la tête et abîmaient le corps. Ces combats qui effaçaient les images et faisaient taire la voix un instant. Ces combats qui n’étaient pas sans danger, mais dont je ne savais pas me passer. Le véhicule ne tardait pas à s’arrêter. Bien trop perdu dans les méandres de mes horreurs, je n’avais même pas fait attention à la route. Fouillant dans mes poches, je tirais de quoi payer la course avant de me diriger vers l’entrée du club. La même routine prenait place. Je rentrais. Je buvais un peu. Je payais l’argent demandé. Et je finissais dans la cage pour me battre. Un seul et unique combat. Un combat que je perdais ce soir. Gamin bien trop entraîné dans sa tête. Gosse qui s’était peut-être laissé faire pour éradiquer les choses qui me rongeaient. Le combat prenait fin sur cette défaite et je ne tardais pas à m’évader du lieu. M’éloigner pour ne pas céder à l’appel de la rage et de la violence. M’éloigner pour ne pas demander un nouveau combat qui pourrait me foutre totalement à terre. M’éloigner pour ne pas faire de bêtise. M’éloigner et respirer. Je m’échouais à quelques rues du People’s Republik une bouteille d’alcool en main et des blessures bien trop visibles sur l’être. Lèvre et arcade ouvertes, je boitais à cause de cette douleur éveillée dans la jambe. Il n’y avait rien de grave. Demain, j’aurai des bleus et sans doute un œil au beurre noir. Mais, ce n’était pas si grave. J’allais bien. C’était ce que je tentais de me répéter alors que je portais la bouteille à mes lèvres. J’allais bien n’est-ce pas ?
@Nathaniel Ducret
(Neal T. Hood-Spritz)