TW •• Winter's Tale • Xiver

Afin d’arriver à mener à bien ses projets, c’est son majordome que l’amérindienne a su charmer, parvenir à le convaincre de mettre en place sapin et décorations en plein cœur de son salon. Rien de très imposant pour ne pas envahir l’espace qui est le sien. Seulement depuis qu’elle est arrivée à Boston, elle s’en est amourachée, des fêtes de fin d’année. Puis, c’était un peu aussi sa façon de le remercier. Justifier d’une tradition son envie de lui offrir un présent. Deux à dire vrai, qu’une fois encore, elle a pu récupérer grâce à son employé.

Alors avec l’un de ses fins sourires, elle salue Manfred lorsqu’il lui signifie se retirer dans ses quartiers car Monsieur va bientôt rentrer. Et les secondes s’égrènent tandis qu’elle l’attend, observant de ses prunelles ambrées les boules et étoiles scintillantes, jusqu’à entendre le bruit significatif de son portable vibrant. Notification d’un sms. Numéro inconnu. D’un effleurement du pouce, elle déverrouille, ouvre le message. Sa respiration se bloque lorsqu’elle aperçoit l’image. Il y a cette fraction de seconde durant laquelle elle prend conscience de son personnel naufrage. Le temps de réaliser qui se trouve sur le cliché, elle s’enrage. Ça se craquèle à l’intérieur d’elle, tandis que les minutes s’amoncèlent. Jusqu’à ce qu’elle perçoive le son de ses pas, feutrés comme à chaque fois qu’il entre et qu’il prend la peine de se déchausser.

Et quand il parvient a son champ de vision, elle en a des envies de vomir faute de ses émotions. Le cellulaire toujours en main, elle s’essaie à se contrôler. Réalisant la tempête qu’elle tente d'essuyer. « Je… » avec rapidité, du plat de ses paumes, elle érafle ses joues afin d’effacer ses larmes qui ont coulé. Celles qu’elle n’a pas pu retenir faute de sa nervosité. Cet énervement qui est venu étreindre ses membres entièrement. Les contracter jusqu'a l'empecher de s'animer, avant qu'il ne vienne dans le salon, pour la trouver.
Là voilà donc qui se redresse, plus assurée parce que le temps a aidé, qu’elle a moins de mal à se déplacer et sur son torse, forte de sa surprise, elle frappe en un coup sec, heurt qu’il ne pourra pas contrer, avec le téléphone sur lequel sa paume est crispée. « T’as couché avec elle. » Malgré sa promesse, et de lui signifier, avec une photo accompagnée d’un Joyeux Noël, Wendy en a eu la délicatesse.       

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Le regard gavé de reproches, elle en a oublié le reste, cette bonne humeur dont elle s’était étouffée, elle s’en déleste, par instinct de survie, elle troque le tout en faveur de sa personnelle protection. Elle se hait de se sentir martyr, pourtant, ses sentiments, elle n’a eu de cesse de les fuir. De se persuader qu’elle n’est rien. Se convaincre que sa présence ici lui suffisait pour le temps que ça devait durer. Elle doit se retenir pour ne pas se remettre à pleurer, lorsqu’elle ressent ses entrailles s’écarteler, alors qu’il ose lui demander ; « Avec qui ? » Avec la seule qu’elle t’a interdit. Car elle n’est pas crédule au point de penser que tu ne passes pas des moments lascifs dans d’autres lits. Bien qu'elle ait appris à maitriser ses élans de jalousie.

Cependant, ici et maintenant, c’est à cause d’elle, qu’elle souffre, qu’elle se trouve au bord du gouffre. L’unique qu’elle t’ait intimé de ne pas toucher. Celle qui passe son temps à la brimer. A se moquer. A éprouver un plaisir malin à la faire subir. Celle qu’elle considère comme la pire. « Avec elle. » elle expectore d’une voix quasiment étranglée. Elle ne saurait compter combien d’émotions elle s’essaie à gérer, à contrôler. Celles qui prennent le dessus sur les autres, et qui font que la Colombe s’emporte. « Mais puisque tu préfères faire celui qui ne comprend pas, » elle attrape l’une de ses paumes avec véhémence afin de déposer dans cette dernière le téléphone avec lequel elle vient de l’asséner. « tu n’as qu’à regarder par toi-même. » Et de son être, Haiwee s’éloigne. Parce que le contact avec sa peau, elle est totalement incapable de le supporter. Le moindre impact dégueulant d’électricité. Elle en a des envies de vomir, elle se débecte à cause de l’affection qu’elle peut, malgré tout pour lui, nourrir.         

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Elle a essayé d’enrayer, durant ces jours, ces mois, ce qu’elle éprouve lorsqu’elle le voit, cette sensation d’aller mieux quand il est là. Depuis la fin de l’été, sa déception, ses sentiments, l'amérindienne, elle les combat. En guerre contre elle-même, faute de ses faiblesses et de ne savoir comment avouer qu’elle l’aime. Malgré et pour son caractère, la bienveillance dont il est capable tout comme ses travers. Alors quand il pose son regard sur l’écran, elle a le cœur à l’envers. Quelques secondes s’étiolent, lesquelles lui permettent de prendre pleinement conscience du pourquoi elle est dans cet état. « La garce » De le lui avoir révélé ? Haiwee, elle ne le voit pas sous cet angle, à dire vrai. C’est étrange parce qu’elle ce n’est pas contre la rousse qu’elle est énervée. Elle en crache même une expiration, dépitée. C’est lui qui l’a profondément blessée, en décidant de la posséder, de laisser ses envies de lasciveté l’emporter. Elle, à l’inverse, elle n’a fait que l’érafler.

Elle s’aperçoit, au rire déplacé dont il fait preuve, qu’elle n’est pour lui absolument rien, que ça lui fait ce genre de mal, celui qu’on amalgame aux chiens. Ca se contracte, dans toute sa carcasse, aussi douloureux qu’une claque. L'évidence de ce qu'elle peut signifier ; une œuvre de charité, une paria dont il a pitié. « C’était pas par plaisir. » Il ose lui dire. Sans réaliser que pas par plaisir, c’est indubitablement pire. « Mais tu ne peux pas le comprendre » Touchée par ce qu’il pense être une vérité, de fait, son regard vers lui se redresse, une grenade qu’il vient de dégoupiller. Les émotions qu’elle retenait tant bien que mal, prêtes à exploser. « Oh bien évidemment, » c’est à son tour de rire nerveusement face à son aveuglement, « la Haiwee ne comprend jamais rien. » Torturée par son envie de le frapper, de lui faire payer cette sensation de trahison, même s’il n’y a aucune définition à donner à leur relation. Elle désirait compter un minimum pour lui, jusqu’à se demander ce qu’elle fiche ici.
Récupérant de sa main droite en un mouvement véhément, sur la table basse, son présent, elle débute une liste inutile, « Trop naïve, trop crédule. » Stupide, à la lisière du futile. « Tu avais promis. » A la piscine, durant l’épreuve, avant qu’elle ne t’invite à la rejoindre sous cette douche encline à la chasteté. « Ou là aussi j’avais mal compris ?! » C’est de tous les étages de son bâtiment qu’elle est en train de chuter, et rien ne pourrait la rattraper, une Haiwee devenue furie.            

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Elle a beau s’évertuer à chercher son regard, elle se contente de se heurter au fait qu’il fuit le sien. Elle aimerait, vraiment, ne pas lui en vouloir autant. Parvenir à minimiser le fait qu’il l’a trahie, avec les autres elle a appris à atrophier la jalousie, mais tout diffère ici, parce que c’est Wendy. Si elle l’a fait, c’était dans le but de la blesser. Ce n’était pas Sheng son réel intérêt. Alors elle lutte encore pour ne pas pleurer, tandis qu’il se mure dans un silence quelques secondes durant, à la recherche de ses arguments. Tout en sachant qu’ils ne seront pas suffisants. « Y’a rien de réel, rien de sincère. » Avec elle ou entre vous ? Car l’esprit de l’amérindienne ne parvient pas à faire la part de tout. « Ca ne compte pas, » oui, parce que dans ton monde rien ne le fait. Rien n’a d’importance lorsqu’on peut tout acheter. Quand on évolue dans un univers doré. A la différence d’Haiwee, qui prend à cœur tout ce qui peut lui arriver. « J’ai fait ce que j’ai fait pour ma société, » avec ces quelques mots, elle a l’impression qu’il vient de tout balayer. Le château de carte représentant ses sentiments, éradiqué. L’édifice qui, à l’évidence, n’aurait jamais dû exister. « Haiwee devrait le comprendre. » Oui mais, aussi compréhensive soit-elle, Haiwee, elle n’est pas capable de tout entendre.

Pourtant, elle l’est tolérante, sur bien des choses, elle omet volontairement, en ce qui le concerne, une floppée de détails, qu’elle ne prendra pas la peine de lister, car elle déraille, de savoir que ton corps s’est perdu dans le sien, de t’imaginer abdiquer dans le creux de ses reins… « Pour ta société. » dans sa voix, c’est toujours douloureux. Ca ne minimise pas. « Ca c’était pour ta société ? » Le rire nerveux, elle en plaque sa paume contre son flan abîmé, à la recherche de la douleur physique afin de ne pas éprouver celle de son cœur, à nouveau, par lui, écorché. « De toutes celles que... » tu touches, quand avec elle tu ne le fais pas. Encore amère de cette affection qu’elle te porte, à attendre la réciproque. Mais il y aura, donc, toujours un immense faussé entre elle et toi. Elle espère, elle ne sait même plus pourquoi. Dans son esprit, l’on ne passe la nuit avec quelqu’un que lorsqu’on en a furieusement envie. Mais après tout, c’est peut-être différent lorsque ça se passe dans un jacuzzi. Possible que les règles soient redéfinies.
Amère et déterminée, cependant, elle s’approche certainement une dernière fois, elle accroche ses doigts, « Haiwee s’en va. » elle ose souffler, tandis qu’elle dépose le paquet, avant de se retourner. Et d’un revers de sa main, elle essuie de ses yeux les coins.            

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« Contrairement à d’autres, je compte bien satisfaire aux attentes de mes géniteurs, » les mots lui coupent derechef la respiration. Car la raison pour laquelle Haiwee s’est éloignée de son chemin, elle est ici et maintenant face à elle, à lui faire plus de mal que de bien. Cette affection qu’elle lui porte, envers et contre tout ce qu’on a pu lui dire, toutes les choses qu’on lui a conseillées, et surtout le fait de partir, de s’éloigner. Même Wendy le lui a soufflé, en se moquant d’elle lorsqu’elle a compris que l’amérindienne, pour lui, était tombée. Aujourd’hui, elle réalise combien elle s’est surtout trompée. C’est si douloureux de le constater, de ressentir sa confiance autant poignardée.

Elle garde le silence, plutôt que de répliquer et d’envenimer ce qui n’est déjà plus, à ses yeux, possible de sauver. « Tu l’ouvres alors que ça te dépasse. » Evidemment, comment ça aurait pu être autrement ? Haiwee jamais ne comprend. Elle te l’a bien dit, non ? Et puis elle se laisse surprendre à l’instant où il rattrape son bras, parce qu’elle ne veut plus jamais être touchée par toi. « Ton téléphone. » il expectore en déposant ledit objet entre ses doigts. Ca dégoupille quelque chose en son intérieur, qui se pourrait bien lui faire peur. Une perte de sa bonté, résultant d’un amour propre blessé. « Ca me dépasse… » Elle en exulte un rire nerveux, elle doit même se contenir pour ne pas lui redire le fait qu’il est réducteur, plutôt que d’expliquer et de se défendre de son erreur. Le téléphone qu’elle viendra récupérer, elle le colle à son front, tape plusieurs fois, en grimaçant de douleur et d’énervement jusqu’à lui cracher ; « Alors tes géniteurs voulaient que tu te tapes Wendy Witter ?! » C’est certain, oui, ça la dépasse totalement. Parce que si c’était une chose voulue de leur part depuis longtemps, elle imagine qu’il n’aurait jamais promis, il n’aurait jamais glané le fait de ne pas la convoiter.

Mais elle est guidée par cette jalousie qui ne veut pas la quitter, par ses manières qu’il a de lui parler, « T’as raison, j’abandonne, » après tout, elle a souligné son désir de vouloir s’en aller, et elle poursuit sur sa lancée, incapable de s’arrêter, « shiiłhash. » va te faire foutre, elle ne l’a jamais prononcé cette insulte. Et même si elle l’ouvre, elle n’arrive qu’à le faire à moitié, il y a un poids sur son cœur qui a atrophié ses capacités.   

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