(matian&faith) it'll be okay

it'll be okay
@Matian Escamilla

J'avais été contacté par un numéro, puis j'avais eu une adresse. Déjà quelques semaines que tous les matins, à huit heures, je venais chez l'homme dont le prénom était Matian. On avait échangés quelques conversations, il tentait parfois quelques blagues. Il était gentil, c'était un bon moyen de commencer la journée. Malgré le fait d'avoir mal dormi, le fait de venir jusque ici, moralement, c'était mieux. Après lui, je rencontrais une femme âgée qui n'était pas des plus gentilles, alors forcément, c'était toujours bien. J'arrive chez lui, frappe à la porte et échanges quelques futilités. Comment il vas, s'il a bien dormi, puis sort mon matériel, le laisse s'asseoir en restant debout, commençant les soins ; "ça cicatrise bien, c'est une bonne chose qu'on nettoie tous les jours, je pense que ça aide vraiment." et ça paie, bientôt il pourra se passer de ma compagnie le matin.

une barre en fer sur le crâne. t’es quasiment sûr t’entendre ce bruit de ferraille rouillé quand tes neurones se sont mélangés. une plaie dissimulée par des cheveux en bataille. t’as l’air d’un putain de guerrier. mais tu t’es juste fait défoncer la gueule par une bande mec armée. tu te laisses soigner, mains délicates qui s’occupent de tes blessures ridicules. douce, loin de l’infirmière aigrie de l’hôpital. ses crocs immondes et ses cheveux délavés par le temps. putain de vieille. tu fais confiance à ses doigts habiles, sans un mouvement. okay j’serais mort si je t’avais pas appelé pour venir désinfecter ? parce que moi j’aurais jamais touché ça hein ? un dramatique. un frisson qui parcours ton corps à la simple idée de devoir le faire tout seul.

Et il a toujours les mots pour me faire esquisser un sourire, Matian. Je sais pas dire s'il le fait exprès ou si c'est vraiment comme il est. Quelques minutes par jour n'est pas assez pour juger, mais bien suffisant pour savoir que c'était quelqu'un de gentil.   okay j’serais mort si je t’avais pas appelé pour venir désinfecter ? parce que moi j’aurais jamais touché ça hein ? je rigole, secoue la tête en essayant de bloquer ses cheveux du mieux que je peux. "Non bien sûr que non ! Disons que ça aurait pu s'infecter et ça aurait pas été très joli ni même senti très bon, on va dire." souris un peu, commençant à nettoyer la plaie. "Tu me dis si je te fais mal, d'accord ?" voix douce et rassurante d'une enfant qui ne veut que bien faire. "Tu veux bien tenir tes cheveux de ce côté s'il te plaît ?" juste pour que je puisse voir ce que je fais.

l’homme viril ? rien. quedal. so 2005. tendance à te donner ces airs faussement courageux. pour finalement finir par avoir peur du sang ou des aiguilles. vague souvenir incertain de cette soirée, ton corps inerte sur le sol, liquide pourpre qui ressort d’entre tes lèvres et cette angoisse suprême à la simple vision du tiens. putain de mauviette. elle est là pour le faire à a ta place, soigner ses blessures de guerre. soigner ce que tu n’es pas capable de regarder plus d’une seconde en image. grimace qui déforme ton visage à ses mots. une infection, croute, puanteur, du pu ? ausecours. un frisson qui parcourt le long de ton dos, tes membres frémisses. ça me dégoute. petite nature sensible. phalanges qui se glissent dans cette tignasse pour tenter d’aider à séparer ces mèches emmêlées. doigt qui s’appuie sur ta plaie, sans faire exprès, mouvement de ton bras qui repousse gentiment faith, sans vraiment le vouloir. c’est visqueux putain !