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le bruit des pneus qui raclent le bitume, les voix qui s’emmêlent au loin, les rires, les klaxons, moi au milieu de cette ville trop bavarde c’soir. moi qui suis trop silencieuse, l’âme qui dégueule toutes ces décisions à prendre, toutes ces erreurs à encaisser que j’dois tout d’un coup régler comme si de rien était. j’avais les épaules pour beaucoup d’choses mais ça, là, c’qui est en train de vivre en moi, j’ai pas le manuel pour m’en relever. j’ai pas la force de le voir exister, d’avaler la réalité écrite sur ce putain d’bout de papier. j’ai pas c’foutu courage pour organiser un rendez-vous, pour l’éteindre avec pleine conscience. j’préfère oublier, hésitante devant la porte de ce bar. clope fumée en train de la regarder, sachant qu’au premier pas dedans j’saurais plus m’arrêter. clope qui arrive à sa fin, les questions se plantent trop vite dans l’crâne, des prénoms qui tournent en boucle, des hypothèses de conséquences que j’fais taire en passant la porte. en laissant le vide reprendre place, l’égoïsme régner en maître avec plus aucune place pour les autres. sous mes doigts où les verres s’enchaînent et l’horloge tourne. ne laissant plus d’opportunité à la conscience de s’faire écouter. ailleurs, à deux doigts de toucher les étoiles ou au contraire, d’finir sous terre près des enfers turbulents qui rêveraient de m’enlacer. le bruit du verre qui tombe de mes mains, roulent sur l’comptoir pour s’écraser de l’autre côté. bruit du tabouret qui grince quand j’tente de me relever. - merde.. j’murmure en m’accrochant à toi, sombre silhouette que j’parviens à peine à distinguer.
@Gustin Mahoney
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