(daeji) pied piper

dire que tu es complètement détendue serait mentir mais tu ne te sens pas non plus particulièrement nerveuse, malgré la fin de soirée à venir. fraîchement sortie de la douche, tu t'appliques avec soin une crème hydratante pour le corps lorsque ton téléphone retentit pour te signaler le départ de daewon de son appartement. tu lui réponds d'un simple smiley avant de te diriger vers ton dressing pour revêtir une tenue appropriée, couvrant tes épaules de ton kimono de nuit fétiche. de retour dans le salon, tu allumes une bougie parfumée et tamises légèrement la lumière principale, de sorte que ce soit plus doux et agréable pour les yeux. enfin tu n'oublies pas de sortir le champagne de ton réfrigérateur, déposant la bouteille dans son seau avec quelques glaçons non loin de deux flûtes en cristal. quelques instants plus tard l'interphone se fait entendre et tu souris légèrement à la petite image capturée par la caméra de sécurité alors que tu lui donnes accès à l'intérieur de ta résidence et à l'ascenseur. tu jettes un dernier coup d'oeil à ton reflet dans le miroir et, satisfaite de ce que tu y vois, ouvres la porte à ton invité spécial. « bonsoir. entre donc. » tes lèvres rosées sont gentiment étirées alors que tu recules pour le laisser passer. après avoir refermé la porte, tu le frôles en le contournant pour aller t'installer sur le canapé principal du salon. constatant qu'il n'a pas bougé d'un pouce, tu lui fais signe de te rejoindre en désignant la place à côté de toi. « ne reste pas planté là, viens t'asseoir et mets-toi à l'aise. » en attendant qu'il s'exécute, tu t'enquiers de son fameux devoir. « tu as pu finir ta dissertation ? »

@daewon cho

pied piper ★ ─ w/ @Minji Bang

en parfaite symbiose avec le mouvement de l'écran de ton ordinateur qui s'abaisse, un soupir de soulagement s'échappe d'entre tes lèvres pincées en une grimace déformée. l'ébauche finale d'une dissertation lue, relue, travaillée et peaufinée jusqu'à te soutirer quelques gouttes de sueur qui perlent sur ton front comme de minuscules diamants. tu avais enchaîné quelques bouchées mâchées sur le bout des lèvres, une douche rafraîchissante et une séance essayage peu fructueuse pour te rabattre finalement sur un col roulé noir et un pantalon propre de la même couleur, sans quitter tes lunettes, ennuyé par les verres de contact. quelques fines perles s'égouttaient encore sur tes épaules, faute d'avoir laissé ta crinière sécher à l'air libre, lorsque tu fermas la porte derrière toi pour monter dans la voiture, enveloppé de ces couches superflues pour te protéger de la brise glaciale de la nuit tombée. à travers la vitre arrière, la lune rebondissait dans tes billes sombres, le clocher jauni brillant en reine au sommet de son trône. à ses pieds, les astres se prosternaient, au même titre que les mortels, ses plus fidèles sujets. dans ta tête, ce sont les pensées qui se bousculaient, la boule au ventre que tu tentais désespérément d'évacuer à grands coups d'inspirations et d'expirations. les partiels, les menaces du patriarche, l'invitation de minji et d'autres préoccupation personnelles suffisaient à nourrir une angoisse qu'il avait, jusqu'ici, réussie à faire taire.

à peine le poing s'était-il abattu sur la porte, que celle-ci s'ouvrit sur une silhouette enveloppée d'un vêtement de nuit, le visage décoré de ce sourire insaisissable, peut-être charmeur ou tout simplement hospitalier, dont elle seule connaissait les rouages. derrière toi, tu sentais le regard curieux, mais surtout indiscret de ton chauffeur, qui ne tarderait pas à faire son rapport au paternel Cho. ce regard, qui te pesait lourdement dans le dos, ajouté à l'ambiance tamisée de la pièce, suffirent à te figer sur place. dans quel guet-apens venait-elle de t'attirer? il te faut quelques secondes pour retrouver contact avec la réalité, hocher la tête et finalement rejoindre la place qui semblait t'être toute désignée, près d'elle, et de remarquer au passage les flûtes de cristal et le champagne supposé les remplir de son nectar.  ❝ Je la révise une dernière fois demain avant d'envoyer la version finale. Il n'avait guère envie de s'étaler sur ses efforts titanesques et son ennui monumental par rapport à ses études. C'est une pente dangereuse sur laquelle il ne veut pas prendre le risque de glisser, au risque de se blesser, c'est pourquoi il dévie aussitôt. ❝ Tu n'y es pas allée avec le dos de la cuillère.. tu m'invitais à célébrer pour une occasion spéciale ? Jambe croisée sur l'autre, ton corps tente au mieux de se détendre, tes épaules qui se tournent vers Minji pour lui être davantage réceptif. Époustouflé par les traits de sa beauté naturelle. C'est comme regarder directement le soleil: on risquait de se brûler la rétine.

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le minois soigné, à la fois avenant et insaisissable, observe avec attention le moindre de ses mouvements. c'est la première fois que tu l'invites dans ton antre, une idée qui ne t'aurait jamais traversé l'esprit quelques semaines plus tôt encore, mais les quelques moments passés ensemble dernièrement sont devenus source de curiosité. tu aimerais percer les secrets qui l'entourent, devenir familière de ses pensées, pour que cesse l'incertitude qui a toujours plané. « ce n'est que du champagne... » et tes mains de saisir la dite bouteille pour vous servir deux verres, l'un que tu lui tends et l'autre que tu lèves légèrement à son intention. s'il savait ce que tu peux faire lorsque tu n'y vas réellement pas avec le dos de la cuillère... en comparaison, cet accueil n'est qu'une simple mise en bouche. le ton léger, tu expliques tes motivations avec décontraction. « j'ai simplement envie de passer un peu de temps en ta compagnie. » quelques perles dorées glissent le long de ta gorge avant que tu ne poursuives sur ta lancée. « et la réciproque semble être vraie sinon tu ne serais pas ici n'est-ce pas ? » une présence qui te fait plaisir, te satisfait. tu n'aurais pas apprécié qu'il décline l'invitation. tes prunelles ne quittant pas un seul instant les siennes, tu souris doucement. « dis-moi à quoi tu penses. »

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il n'y a jamais rien d'innocent aux invitations de minji.  si derrière se cachent de sombres desseins, ses sourires naïf n'ont généralement rien de bien anodin. ses battements de cils auraient pu faire damner n'importe quel mortel et le plus terrible, c'est qu'elle savait s'en servir pour les faire languir. ah! minji. redoutable queen bee, le titre lui avait pas été attribué à la volée, on ne couronne pas une reine si elle n'était rien de plus qu'une minable roturière. c'est vrai, oui. c'est plutôt difficile de te refuser quoique ce soit... mais je crois que tu le sais bien déjà? s'enquiert-il auprès d'elle, qui s'efface derrière un sourire insaisissable de l'autre côté de son verre rempli d'un nectar intedit, masque recouvrant son minois pour empêcher le jeune homme d'y déceler le moindre détail qui la trahirait. quand il croyait se frayer un chemin pour atteindre les couches inférieures, sous les faux-semblants, il s'égarait chaque fois, se trompant royalement. sans être fuyant, le regard de daewon s'absente un instant, tentant désespérément de fouiller une âme peut-être bien trop semblable à la sienne, ou peut-être trop différente, en fait. la ligne est mince, indiscernable, entre curiosité et tentation, celles de déchiffrer les mouvements et expressions. combien de temps s'était-il égaré, seul dans son monde empli de questions? il se racle la gorge, sirote l'ambroisie poison qui roule le long de sa gorge, geste mécanique pour, bien trop souvent, remplir le vide des conversations beaucoup trop ennuyeuses. il détestait l'alcool. je pense... il marque une pause, hésitant. je me demande si tu es heureuse, ici... ou si tu es malheureuse, comme je le suis. risque à prendre que de s'ouvrir sur une vérité bien trop pure pour n'être un mensonge, sur une faiblesse qu'elle pourrait se décider à saisir comme punition.

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mystère qui t'agace, comme une rébellion implicite devant le règne qui n'est plus. désirs puérils d'une princesse trop gâtée, à qui l'on n'a jamais rien refusé. et l'assurance d'écraser ceux qui auraient osé s'y opposer. ((souvenirs aux notes douces-amères)) mais tu n'es plus au lycée et il n'est plus l'énième roue de ton carrosse. et si ce soir, tu le faisais monter à bord de l'habitacle ? qu'il reconnaisse ouvertement ton talent te procure un plaisir indicible, l'ego doucement cajolé alors que tu te détends de plus en plus. contraste évident avec le malaise que tu devines au travers de ses expressions et de ses gestes, nuage que tu comptes bien dissiper avec l'aide de quelques bulles dorées et en questionnant ses pensées. confession qui te surprend légèrement, dont tu ne doutes pas une seconde de la véracité. confession qui surtout te peine, plus que tu ne l'aurais imaginé. l'esprit s'active à lui apporter la réponse la plus sincère possible et un instant plus tard, tu formes tes propres aveux. « je pense que je ne suis pas malheureuse ici. » de là à dire que tu es complètement heureuse, il y a là une marche que tu ne peux clairement pas gravir. « c'est loin d'être parfait mais je ferai ce qu'il faut pour que ça le devienne petit à petit. je voudrais que les choses s'améliorent pour toi aussi. et je crois que je peux t'y aider, de la même façon que toi tu peux m'aider. » l'âme à découvert, tu te rapproches sensiblement de lui, sans pour autant envahir son espace. attirée par cette chaleur réconfortante des origines qui vous manquent autant qu'elles vous ont blessés, par ce passé commun qui vous a forgés. ce fameux bonheur auquel vous aspirez, il en est peut-être la clé.

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à coeur ouvert. presque au sens littéral du terme. transpercé de part en part par la paire d'yeux qui le toise, à la manière d'une panthère affamée guettant sa prochaine proie; attendant qu'elle ne baisse ses gardes. et la bestiole sent sa fin approcher, destin tragique d'une pyramide au sommet de laquelle ses prédateurs - minji, son père, la vie mondaine à séoul - ne feront de lui qu'une bouchée... avec un arrière-goût salé d'amertume, ou un vide sans goût. à bien l'analyser, malgré les façades et les faux semblants, les sourires pincés et les pupilles rayées de leur éclat, on n'aurait aucun mal à y lire ce qu'il n'osait dire tout haut, mais qu'il pensait tout bas; il était malheureux. déshonneur que de se plaindre d'un mal-être existentiel, d'oser rejeter à coups de grimaces la cuillère d'argent qu'il avait jusqu'alors tété du bout des lèvres, plus par résignation que par réel choix, à défaut de ne pas avoir su pleinement se rebeller. parce que faire les choses à moitié, ce n'est pas assez. il le savait. et son père ne se gardait pas de le lui rappeler pour souligner ses plus récents échecs. oui, il était malheureux. et à bien l'observer, ça aurait pu se voir à l'oeil nu. mais les apparences n'étaient-elles pas celles que l'ont voulait bien laisser paraître, ou laisser croire à autrui? et pourtant, une faille se glisse, se faufile jusqu'à la reine désormais sans trône. que ferait-t-elle de cette information, qui devait bien valoir son pesant d'or? il se laisse envahir, attendrir, agneau à l'allure d'un lion, roi de la jungle qu'était la belle séoul laissée derrière, il n'était rien de plus qu'une bête gazelle ou qu'un pauvre lionceau incapable de rugir. et comment? comment pourraient-ils s'aider, eux qui hier encore, se jouaient l'hypocrisie à coups de sourires mesquins. les démons la hantaient-elle toujours? ceux qu'elle avait tenté de laisser derrière elle, lors de cette soirée inopportune, disparaissant comme un songe dans la brume. il la voyait encore, parfois, ce soir-là, à fuir un monstre invisible, une punition pourtant déjà prononcée qui l'attendait quelque part au détour.

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