beauregard versus vasilis (cary)

Tes talons claquent sur le bitume frais de ce mois de novembre, ton regard est sombre, tant la colère que tu avais en toi allait très probablement incendier bon nombre de personne. Tu passes ta langue sur tes lippes pour les humidifier quand enfin ton regard se pose sur celle que tu estimes être la cause de tous tes malheurs. Tu te stoppes dans ta marche, cheveux ondulés jetés en arrière pour qu’ils ne viennent pas sur ton visage. Elle est là. Capucine. Ta fameuse petite sœur. L’autre. Celle dont tu entends tellement parler par ton père. L’enfant prodige ? Non tu ne le pensais pas. Et il était temps pour toi de remettre les points sur les I et les barres sur les T. Tu reprends ta marche, t’avances vers elle, arque un sourcil pour appuyer ton air hautain. « La fameuse Capucine. » Sourire faux, regard noir, t’allais enfin tout déballer et tu te fichais clairement des conséquences.

2021, november 29 Le téléphone en main, tu regardes ton planning  des jours à venir.  Il va falloir une fois de plus joncher entre les cours, les révisions, et le travail. Ce n’est pas parce que tu fais la fille complètement détachée que tu ne prends rien au sérieux. Tu n’as pas envie de foirer. Y a que la réussite qui compte en réalité. Sur tes talons qui martèlent le bitume, tu rejoins ta voiture pour retourner chez toi. Tu te presses de rentrer, en sachant précisément ce que tu vas faire. Il te faut lâcher prise, et courir semble être l’une de tes meilleures solutions. Une voix qui s’approche te sort de ton téléphone. Regard qui se lève, t’arques tes sourcils : Oh putain, penses-tu très fort. T’as pas de temps à perdre avec elle. T’as nettement mieux à faire. ❝ Qu’est-ce tu veux Vasilis ? Tu la toises du regard et te stoppe un instant. Qu’elle profite car tu ne compte pas coucher là.

Le moment était enfin venu. Tu allais tout déballer, tout faire sortir, la vérité allait éclater au grand jour. Large sourire affiché sur les lèvres à cette idée, tu t’apprêtais à déjouer tout ce que ton père s’était évertué à construire. Et lorsque t’arrives devant elle, tu lâches un soupir, tant elle t’exaspère déjà. « Tu penses que papa sera ravi de savoir que tu t’appelles Nesbitt aujourd’hui ? » Tes lippes qui s’étirent en un sourire en coin, l’œil qui sonde celle qui était ta demi-sœur, t’a juste envie de faire payer pour la souffrance et l’absence de ton père que t’a vécu. Tu passes une main agile dans tes longs cheveux bruns et feint l’étonnement. « Oh oups. C’est vrai, j’ai oublié de te le dire. Ta demi-sœur c’est moi. » Alors ravie Capucine ? Tu penches légèrement la tête sur le côté, ne la quitte pas du regard comme pour sonder ce qu’elle allait bien pouvoir te répliquer.

2021, november 29 Mais qu’est-ce qu’elle à celle-là à te regarder comme ça avec un large sourire ? Elle a l’air trop heureuse, t’aimes pas ça. Et c’est elle qui ose soupirer alors qu’elle te cherche ? C’est l’hôpital qui se fout de la charité. Non, parce qu’en toute honnêteté, tu aurais tracé ta route, sans lui adresser un regard. Elle te préoccupe autant le mec qui fait la manche au prochain carrefour : aucunement. Tu fronces les sourcils, te demandant ce que ça peut bien lui faire que tu te sois mariée avec Aidan. Et pourquoi elle parle de ton père ? Ce n’est pas comme s’ils se connaissaient. Mais qu’est-ce qu’elle te fait là, à en faire des caisses, une grande dramaturgie digne d’une comédie épouvantable. Pardon ? Est-ce que tu as bien entendu ? Comment elle peut-être au courant des histoires de ton père ? Forcément qu’elle doit être au courant, on ne sort pas ça comme ça. Tu manques de t’étouffer avec avec ta salive. ❝ Qu’est-ce tu racontes ? Tu préfères croire qu’elle est au courant des aventures de ton père et qu’elle profite de ça pour te faire enrager. Non, elle ne peut pas être l’autre. Pas elle !

Enfin. La bombe était lâchée et toi tu jubilais déjà à cette idée. T’avais attendu ce moment si longtemps, et vous y étiez enfin. Tes prunelles qui sondent Capucine, ton regard noir ne quitte pas son visage qui s’éteint à mesure que tes mots sortent de tes lippes. Le désarroi, l’incompréhension. « C’est pas compliqué à comprendre pourtant. Sauf si t’es longue à la détente ? » Tu penches la tête sur le côté, ton sourire hautain ne quitte pas ton visage. « Tu veux un dessin ? » Tu lâches un petit rire. « Soit. Tu sais pour fabriquer un enfant, il faut un homme et une femme. Et c’est drôle mais l’homme qui est ton père, ben il avait pas qu’une femme, mais deux. Et pouf, ça a fait une autre branche de la famille Beauregard. » Tu fronces les sourcils et t’approche un peu plus d’elle. « Alors… On fait pas un câlin à sa sœur ? » Bien sûr que non. Et rien que l’idée que vos peaux puissent se toucher, ça t’en donnait des frissons. Tu détestais Capucine et tout ce qu’elle pouvait incarner pour ton paternel. « Mais toi. T’es pas si bête, pas vrai ? » T’arques de nouveau un sourcil. « T’étais au courant qu’il y avait une autre famille. » Tu la sondes, tu jouais la carte du bluff mais t’étais réellement persuadé qu’elle aussi était au courant des frasques de votre père.

2021, november 29 C’est bien trop gros pour qu’il s’agisse d’une simple coïncidence, et plus tu l’analyses, plus tu vois qu’il y a certaines similitudes avec ton géniteur. Ou c’est peut-être toi qui te fais des films ? Alors tu restes là silencieuse, la sang qui te monte à la tête, et ça bouillonne. Ça devient de plus en plus insupportable. C’est tout un tas de choses. La manière dont elle a de te prendre de haut, de te parler comme si tu étais une gamine de quatre ans, faire la garce. En réalité t’as l’impression d’avoir une gamine de quatorze ans sous les yeux. On reverra le niveau de mentalité. Elle doit clairement tenir ça de sa mère, votre père est trop intelligent pour atteindre ce niveau pathétique. Tu atteints un tel niveau de colère que contrairement à tes habitudes, tu ne viens pas déverser le sang avec tes paroles, mais bien avec ton poing qui vient directement frapper le nez de celle qui prétend être ta sœur. T’as tapé en plein dans le mile et avec toute la force que t’as. Tu l’as senti craquer sous tes os, et ça fait mal. Mais putain que ça fait du bien ! ❝ Boucle là, putain ! On t’a jamais dit que tu parlais trop ?

T’en avais plus que ras le bol que Capucine soit considérée comme l’enfant prodige par votre père, et même si t’estimais que ce n’était pas le meilleur des comportements, t’avais une jalousie si profonde en toi qu’elle avait commencé à te bouffer. Tellement, que t’avais besoin que le secret éclate et de faire le plus de dégâts que tu le pouvais. Tu vois le visage de Capucine changer en quelques secondes, jusqu’à ce qu’il devienne colère. Tu fronces les sourcils, visiblement t’avais poussé le bouchon trop loin, en tout cas c’est ce que tu te dis quand tu la voie approcher un peu plus de toi, d’un pas déterminé. Jusqu’à ce moment, ce moment où sa main se serre en poing et que son poing vient rencontrer ton nez. Il te faut quelques secondes pour te rendre compte de ce qui s’est passé, tu poses tes mains sur ton nez, en sang comme-ci tu voulais le tenir, comme pour l’empêcher de tomber. Tu restes interdite un instant, posant ton regard sur ta demi-sœur. Puis suite à ses mots tu te mets finalement à rire. « Et toi, tu pars si facilement au quart de tour. » Ce qui en soit, était une excellente nouvelle pour toi si tu voulais la faire sortir de ses gongs. La situation était terrifiante, t’avais une demi-sœur qui t’avais pété le nez, et toi tu te marrais alors que le sang commençait à couler entre tes doigts. « Ce fut un plaisir. Capucine. » Tu lui tournes finalement le dos et commence à partir, faut quand même que t’aille à l’hôpital, même si c’était plus ton amour-propre que ton nez qui te faisait le plus mal. « On se dit à très vite dans ce cas. » Tu lui fais un petit signe de la main, main rouge du sang qui coule encore ton nez puis tu pars. Cette rencontre, n’aurai pas pu être plus enrichissante.

fin du rp .