Impact. (Louve)

le palpitant en panique, t’as vu l’heure tourner sans le voir arriver. pourtant, il t’a promis qu’il viendrait. quelques aveux échangés par textos pour vous retrouver, te promettant meilleure aujourd’hui qu’hier, t’as envie de faire tous les efforts du monde pour lui, pour rose, pour vous. nouvelle chance que tu veux absolument vous donner malgré la trouille que ça peut générer, l’herbe t’a été coupée sous le pied ce soir. net, précis… beaucoup trop. le téléphone sur lequel tu composes tous les numéros d’urgences du secteur, à la recherche d’une trace de basile, plus qu’inquiète au vu de son heure de retard, t’as fini par trouver. alors, ta mère avec rose, t’as filé de chez toi en priant tout ce que tu pouvais qu’il ait rien – ou du moins, rien de trop grave. vingt-trois heures cinq lorsque tu foules le sol de sa chambre, visiblement endormi par le choc et les antidouleurs, t’attends. installée au pied du lit avant de finir par faire les cent pas dans le couloir, c’est quand t’entends enfin sa voix s’élever deux heures plus tard que ton cœur manque un battement. alors, ça y est ? la porte ouverte avec hâte mais en te montrant délicate, tes billes viennent immédiatement se poser sur lui ; analysant son corps tout entier, de ses jambes à son visage en passant par ses bras. un sourire de soulagement qui se dessine sur tes lèvres malgré tes yeux rougis par les larmes qu’ont généré tes peurs, tu te diriges vers lui sans le quitter du regard. et, à sa hauteur, tu viens doucement poser tes lèvres sur les siennes comme si ça te permettait d’enfin pouvoir respirer. « je suis là… » que tu murmures en glissant ta main sur sa joue.

en l’attendant chez toi, tu t’es fait un sang d’encre en te passant une bonne dizaine de films dans la tête de tout ce qui aurait pu lui arriver. et, désormais à ses côtés, t’es soulagée de savoir qu’il n’a rien de trop grave ; ou, du moins, quelques fractures tout juste. t’ignores ce qui est arrivé, le médecin t’ayant juste indiqué qu’il avait eu un accident de voiture avec un autre automobiliste ; mais tu sais pas pourquoi, tu sais pas ce qui s’est réellement passé. le plus important pour toi à présent, c’est de savoir qu’il s’est réveillé. alors, quand tes lèvres touchent les siennes, t’as l’impression de pouvoir enfin à nouveau respirer. et si cette pointe d’humour pouvait te faire sourire, le bruit assourdissant des machines lorsqu’il tente de se tourner amène en toi la panique. « bouge pas, bouge pas… s’il te plaît bébé… » que tu répètes alors que ton cœur loupe un battement en voyant son rythme cardiaque s’accélérer, la paume de ta main délicatement plaquée sur son torse. des pas résonnent dans le couloir quelques secondes plus tard et t’ignores si un infirmier va entrer dans la chambre pour l’examiner et s’assurer que tout aille bien.

paniquée à l’instant où les machines se mettent à bipper, tu le supplies de ne pas bouger, la pression montant dans tes entrailles malgré toi. et quand il prononce ton nom, une larme quitte ton œil sous la peur qu’il provoque en toi ; cette peur de le perdre, cette peur de ne plus jamais pouvoir l’avoir à tes côtés, cette peur que la situation soit bien plus grave encore qu’il n’y paraît. mais quand la porte de la chambre s’ouvre finalement, le dos de ta main vient frotter ta joue pour retirer les larmes qui y glissent petit à petit malgré tes tentatives de les contenir. la boule au ventre et la gorge serrée, tu te contentes d’un simple hochement de tête quand le médecin te demande si t’es madame mulliez, incapable de répondre à cet instant. lorsqu’il énumère ce qui a été fait et les constats de cet accident, tu te sens d’autant plus coupable. parce que c’est toi qui as fait en sorte qu’il vienne à la villa, parce que sans ça il serait toujours chez lui à l’abri du danger dans lequel tu l’as mis. mais quand le médecin se tourne définitivement vers toi pour demander à te parler à l’extérieur, tu te redresses soudainement. « bien sûr, j-je vous suis… » rassaisis-toi louve. une profonde inspiration que tu tentes de garder discrète et tu le suis à l’extérieur, refermant la porte de la chambre derrière toi pour faire face au médecin.

la peur au fond de tes billes, la gorge serrée et les lèvres tremblantes, tu suis le docteur à l’extérieur de la chambre, dans ce couloir trop froid à ton goût, trop impersonnel, trop glauque. tu déglutis lorsqu’il t’avoue que le cœur de basile s’est arrêté un instant durant l’intervention et, quand bien même ils ont pu le faire repartir, ça ne fait qu’augmenter tes craintes. ces mêmes craintes dont t’étais prise en ne le voyant pas arriver chez toi ou en mettant les pieds ici, toi qui détestes les hôpitaux. mais, quand il te demande si basile consomme de la drogue ou de l’alcool, tu secoues légèrement la tête ; qu’est-ce que t’en sais après un an de séparation ? t’as pas envie qu’il ait des ennuis et t’as pas envie non plus que ça lui coûte la vie. t’es juste perdue. « de l’alcool occasionnellement et… je ne sais pas, je doute qu’il consomme de la drogue… peut-être du cannabis de temps à autres mais je n’en ai aucune certitude, je suis vraiment navrée… » et tu te sens mal. t’as juste envie de pleurer et de le retrouver, de t’assurer qu’il va bien, qu’il va rien lui arriver de plus ce soir. t’as du mal à articuler tellement t’es prête à craquer.

et à ce simple geste, tu finis par craquer. la tape du docteur sur ton épaule aura suffi à faire couler les larmes que tu tentais de retenir jusqu’alors, dès l’instant où il s’est éloigné de toi ; pas de mot supplémentaire venant de toi, ta main bloquée sur la poignée de la porte que tu peines à actionner. mais, dans ce couloir, tes sanglots commencent à résonner et te faire remarquer est bien la dernière chose dont t’as besoin à cet instant. après une profonde inspiration et tes doigts glissés sous tes yeux pour retirer les larmes au fur et à mesure de leur coulée sur tes joues, tu finis par pénétrer à nouveau dans la chambre où est allongé basile. la porte refermée derrière toi, tu peines à articuler : « j-je s… suis déso… désolée… » encore une fois de l’avoir fait venir à toi, de le retrouver à présent dans cet état. d’avoir compris que le docteur est quelque peu inquiet de son état, de pas être en mesure de le soulager, de pas pouvoir être dans ce lit à sa place pour lui éviter de souffrir.