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Oui dans un monde idéal, je n'aurais pas à me méfier de tout ça. Je pourrais sortir sans me soucier du reste, du simple fait d'être une cible potentiel. La vulnérabilité est une chose qu'on nous a appris à éviter alors que c'est elle qui fait notre beauté, notre singularité et même notre humanité. « C'est vrai, mais on le sait que les femmes seules restent malheureusement des cibles de choix. » Epaules levées et fatalistes. Si le monde avait appris à se soucier de notre sort, les choses seraient différentes. Je t'observe et te souris. « Mais heureusement, il reste la sororité. » Cette puissance qui relie les femmes entre elles. On était bien plus solides finalement parce qu'on assume nos parts. « Tu as déjà participé à un cercle de femmes ? » La question peut sembler intime, étrange mais je te vois bien participer à ce genre de choses. Et depuis quelques temps, je cherche à en rejoindre un, voir même à le créer pourquoi pas, je laisse ces idées émerger. Tranquille. Mais je veux qu'on fasse corps entre nous, qu'on renoue avec notre singulière puissance. « Et d'autres valent toutes les peines. » Ainsi est l'existence, capable de prodiguer les pires atrocités et d'embellir le reste de la journée avec une joie simple. « Je vois ça au quotidien, je suis capable d'intervenir sur un incendie criminel le matin et d'assister à l'accouchement d'une femme sur un carambolage l'après-midi. » Quand je repense à cette journée, c'est naturellement le sourire aux lèvres qui revient en premier. Peut-être parce que c'est toujours la part plus douce et lumineuse qui m'a attiré. « Tu étudies quoi ici ? Harvard en tout cas, c'est pas rien, tu dois être sacrément intelligente. » Je souris franchement, la fille sans défauts, belle, douce, intelligente. Que demander de plus ? Et on revient sur ma triste histoire, pour laquelle tu me proposes de m'accompagner. Je me sens un peu coupable d'embarrasser ainsi ta journée après avoir gâché ta soirée mais je dois admettre que je suis aussi rassurée d'être accompagnée même si c'est par une inconnue. « Tu ne veux pas le passer ? » J'ai le mien et même celui poids lourd puisque je suis amenée à conduire le camion parfois. Sauf que ma voiture est restée chez moi. « On va prendre un taxi si tu veux, ce sera plus long de passer reprendre ma voiture. » Et je veux pas te faire perdre plus de temps encore. Je me relève à mon tour, tentant de mettre un semblant d'ordre dans ma chevelure, de me sentir moins misérable mais c'est encore un peu compliqué. « C'est déjà super, vraiment, qu'est ce que je peux faire pour te remercier ? » Je suis toujours prête à rendre service et même si tu ne me dis que je ne te dois rien, je trouverai forcément un moyen. Parce que je te dois une fière chandelle.
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