Et on se prend la main, comme des enfants. Le bonheur aux lèvres, un peu naïvement et on marche ensemble, d'un pas décidé alors que nos têtes nous crient de tout arrêter. On me la répète souvent, cette phrase.
« Une fille de ton rang ne peux pas se permettre de faire ceci Tyra, une fille de ton rang ne peut pas faire cela. », mais si moi j'en avais envie ? Qu'est-ce que je fais ? Comment je me débrouille ? Je suis sensé sourire et faire comme si de rien était, avec ce sentiment constant d'étouffer ? Je me sens tellement oppressé, c'est incroyable. Depuis le temps, j'aurai peut-être dû m'y habituer, mais c'est de plus en plus dur. Heureusement, j'ai appris à relever la tête et à sourire, à ne pas me plaindre et à ne pas montrer mon mécontentement, ma frustration. J'ai appris à fermer cette magnifique bouche qu'on disait, qui rappelait trop à mon père ma défunte mère. Mon père, c'est le roi se qui techniquement fait de moi une princesse n'est-ce pas ? Pourtant je n'en n'ai jamais eu l'impression. La Norvège est assez grande, mais j'ai toujours pensé qu'avec mon père à la tête elle était devenue petite, même minuscule, invisible et inexistante aux yeux de tous. Si seulement les norvégiens savaient à quel point mon père était... Bête, un imbécile et incapable de gouverner se pays. Ma mère était morte, d'un cancer et je ne l'avais jamais vu verser une larme, il s'est juste empressé d'épouser son amante, la femme avec qui il trompait ma mère avant sa mort. Il nous disait que notre mère nous avait abandonné en mourant comme ça, et que ça justifiait le fait qu'il se marie avec une autre moins de trois mois après sa mort. Je n'avais que douze ans. Cette femme semblait tellement gentille et généreuse en apparence, tout le pays la tout de suite aimé, adulé, mais si ils savaient... Elle ne valait pas mieux que mon père, garce manipulatrice avide de pouvoir et de richesse. Je ne l'ai jamais aimé, pas faute d'avoir essayé. Elle avait eu un fils avec mon père, son seul "vrai" fils, avant la mort de ma mère et même avant notre naissance, à mon frère et moi. Pour mon grand-frère, héritier jusque-là se fut un vrai choque. J'avais 12 ans, lui 15 et il se voyait déjà gouverner un royaume qui lui avait été promis, mais qu'on lui a enlevé des mains. Il a été remplacé par un demi-frère, un jeune homme sorti de nulle part. Pour tous, il été le véritable héritier, et non le bâtard pour qui on le prenait avant. Maintenant, c'était nous les bâtards. Mon frère et moi étions devenus comme les enfants que notre père avait eues hors mariage, alors que c'était le contraire. Je m'en fichais dans un sens, je n'étais pas vraiment destinée à couronner, mais j'étais tout de même destinée à prendre en charge certaines terres, du côté de mon père, de ma grand-mère duchesse norvégienne. Mon frère, il n'avait plus qu'à être dans son coin, sage comme une image pour ne pas se faire remarquer, c'est notre père qui l'avait demandé. Inutile de dire, qu'il ne l'as pas du tout fait. Il à pris un malin plaisir à désobéir à tout ce que notre paternel disait, jusqu'au couleur de sa cravate. Il avait la réputation d'un fêtard invétéré, partout où il allait il laissait des dégâts que le roi devait payer. Je le comprends dans un sens, et je rêvais secrètement d'être comme lui, mais j'ai peur. Mon père, me fait peur. D'une façon bien à lui, il m'a obligé ou alors convaincue j'ai du mal à voir la différence aujourd'hui, de suivre ses pas. Il voulait que je fasse honneur à la famille, vu que j'étais la seule fille qu'il avait. J'obéissais, en bon toutou que j'étais, mais je souffrais intérieurement, j'avais mes rêves, mes envies, devais-je tout laisser de côtés pour accomplir ceux que mon père avait pour moi ?
Le masque tombe, l'homme reste, et le héros s'évanouit. « Tu ferais mieux de courir, si tu tiens à la vie. » J'aurai pût courir des kilomètres si il le voulait, tellement j'étais amoureuse. Il était un des millièmes prétendants de mon père, le seul que j'appréciais vraiment. Une vraie bouffé d'air dans ce monde qui me rongeait de l'intérieur, le seul qui me poussait vers mon unique passion, ses danses, ses rances qui m'avaient toujours attiré depuis le début. Pas uniquement la danse classique que mon père me fait enseigner, aussi ses danses de rues que j'ai parfois aperçue. J'aimais ça, j'avais tout cela dans le sang j'en étais sûr. C'était la seule et unique chose en fait, dont j'étais sûr.
« Ne sous-estime pas une Glücksborg de sang royale, tu t'en mordras les doigts. » C'était ça, les bons moments pour lesquels j'appréciais tellement ma vie. Jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus. Cet homme que je croyais bon ne l’était pas, il n'était avec moi que pour les titres et avantages qu'il y avait à gagner, il n'a pas fallu longtemps après que notre relation fut officialisée pour m'en rendre compte. Suite à ça, une rupture et de longues semaines de solitudes. Moi qui doute, qui retourne dans ses bras le temps d'une soirée avant de me rappeler des nombreuses raisons qui m'ont amené à le quitter. Un beau parleur, voilà ce qu'il était, et il tenait l'on cœur entre ses mains, le balançant au sol aussitôt qu'il en avait envie pour après le ramasser et en prendre soin une dernière fois avec que le calvaire ne recommence. La seule chose qui restait la même entre nos ruptures et nos réconciliation était sans doute cette solitude. J'étais dans le feu des projecteurs, mais à la fois tellement invisible. J'avais constamment l'impression que si je criais personne ne m'entendrais.
tu y as cru, en cette amour unique. maintenant, tu n'y crois plus, et quand il arrive tu n'es plus prête. « Qui êtes-vous ? » Est-ce que vous connaissez Aladdin ? Vous devez vous en souvenir, de cette histoire. La princesse qui sort de son palais en cachette pour se retrouver dans le monde réel, sans pensés aux conséquences et sans son vieux père protecteur qui la surveille. Je suis sûre que vous vous en souvenez, inutile de mentir. C'était mon dessin animés favoris quand j'étais petite, et peut être qu'inconsciemment il a agi sur mon futur ? Tout ce que je sais, c'est qu'à mes 16 ans je sortais dehors, à l'air libre dans garde du corps sans rien, avec une fausse identité. Je faisais en sorte que personne ne me reconnaisse, maquillage (beaucoup), perruque, bref c'était à la fois jolie et pas du tout moi. J'apprenais les danses que je voulais apprendre, je me faisais de vrais amis, mais sous ma fausse identité. Les gens m'insultaient parfois, et j'en riais. Car je me disais qu'ils n'oseraient pas s’ils savaient qui j'étais dans ce pays. Ça me faisait plaisir, que les gens soient francs avec moi. Qu'ils me disent leurs pensées et leurs avis, les gens me donnaient des conseils et j'écoutais tout d'une oreille attentive. J'écoutais les problèmes des gens, des problèmes de tous les jours que je ne connaissais pas et qui me fascinait. Chaque jour, je m'enfonçais un peu plus dans mon mensonge jusqu'à ce qu'il arrive, qu'il se mette à poser des questions, des questions qu'il ne fallait pas poser.
« Ne me regarde pas avec ses yeux de merlans frit, je suis Katarina, ta petite amie qui t'aime et une danseuse prometteuse. » Oh oui, j'ai oublié de vous dire que dans ma pseudo-vie j'avais un petit-ami ? Je me sentais très mal par rapport à lui, il était plus âgé, environ du même âge que mon grand-frère et du petit-ami que j'avais déjà. J'en aimais deux, l'un se foutait de ma gueule et l'autre m'aimait, mais je mentais au deux. Pour l'un j'étais Tyra, blonde et princesse de Norvège, et pour l'autre j'étais simplement Katarina, brune et fille de boulanger qui fait des études à Oslo. Ma meilleure amie, la seule qui était au courant de tout, se demandait bien comment cette situation allait se terminer car il était bien sur évident que rien ne se terminerait bien. Je ne sais moi même pas à quoi je pensais.
« Je sens que tu ne me dis pas tout et ça me fait peur... » Au début, rien d'évident. Il n'avait pas confiance en cette brune sortie de nulle part et qui traîne avec sa plus jeune sœur. Il ne m'aimait pas du tout, me supportais à peine et détestez me voir squatter chez lui toute une soirée à danser, rigoler avec mes amies, ses deux petites sœurs. Mais comment lui en vouloir ? Je ne lui en voulais pas moi, au ci traire je trouvais tué ça mignon, mais ma nature revenais très vite au galop quand on parlait trop mal de moi, je le prenais vite de haut et nous nous disputions jusqu'à ce que nous comprenions enfin que notre problème était cette tension entre nous. Cette tension qui n'était pas assouvie et qui je demandais que ça.
« Tu as peur de quoi ? » Ça faisait quelques mois que je jouais à ce petit jeu, à ses petites escapades sans que personne ou presque ne sache rien. La vie devenait plus existante avec ce petit secret. J'aimais le danger je ne me nie pas, et pouvoir enfin en profiter pour une durée indéterminée était sans doute le plus jouissif dans mon histoire.
« Comment je peux t'épouser si tu me cache quelque chose ? » Le gros choc. Il me sourit s'agenouille devant moi et me fait sa demande suivit d'un discours sur tout l'amour qu'il a pour moi. J'étais si heureuse sur le moment, que le fait qu'il ne savait m'en pas mon vrai prénom ne m'avait pas effleuré, mais là le drame : en plein dans son discours quelqu'un sonne à la porte. Notre premier réflexe fut de laisser sonner, mais il résonna jusqu'à ouvrir la porte de force. La garde royale, elle n'avait pas mis longtemps à me retrouver. Je devais être rentré de mon "cours d'art plastique" depuis bien longtemps. Le lendemain, ma petite magouille est en tête d'affiche : " TYRA GLÜCKSBORG, LA PRINCESSE SECONDE HÉRITIÈRE DE NORVÈGE A EUT TOUT SON PETIT MONDE " et toute autre titre pas très flatteur du genre de : " LA PRINCESSE DE NORVÈGE JOUE AVEC LE CŒUR D'UN DUC ET D'UN ÉTUDIANT AMÉRICAIN. " Bref, rien de très joyeux.
ça y'est, tu sais. tu sais que tu feras n'importe quoi, pour se petite bout de chou qui se tient dans tes bras.« Je te préviens, si tu pars tu n'es plus ma fille tout comme ton frère ! Vous m'avez trop fait honte tous les deux, soit tu restes ici et tu répare tes bêtises soit tu t'en va retrouver ton frère ! » Je n'ai pas hésité une seconde, j'ai pris mes cliques et mes claques et je suis partie de ce pays tant que j'en avais l'occasion. Après un tel scandale, plus personne de mes anciens vrais amis ne voulaient entendre parler de moi et encore moins l'homme que je croyais aimer. Il n'y avait que mon duc, manipulateur et prétentieux qui acceptait mes écarts de conduite avouant en avoir commis quelques-uns lui aussi, comme si je ne le savais pas. Il demanda lui aussi ma main, mais sans aucun romantisme ni rien, se fut comme signer un contrat. On n’allait certainement pas se marier tout de suite, je n'avais que 18 ans, mais j'ai tout de même prétendue vouloir y réfléchir, avant de prendre la poudre d'escampette. Mon frère était à Cambridge, ma vie était foutu alors autant m'en faire une nouvelle à Harvard, la magnifique et seule université qui m'ai accepté. Je pensais pouvoir faire une croix sur ma vie passée, mais le sors en décida autrement. Très vite, je remarque un regard chez moi, et vais voir un gynécologue. Il n’a pas fallu deux minutes pour qu'il ait cette conclusion : j'étais enceinte. Que faire, vous vous demandez sûrement ? Il était hors de question pour moi d'avorter, ni d'abandonner cette enfant. J'étais assez offre pour quitter mon pays, je le serais pour m'occuper de cette enfant en plus de ma vie cabotinage et de mes études. Au début, j'angoissais, je ne savais qui étais le père et j'allais devoir m'occuper seule d'une petite fille, mais mon grand frère était là pour moi et me rassura, jusqu'à la venue de mon petit ange, Mallory, comme ma défunt mère. Je jonglais entre mes responsabilités et ma nouvelle vie, avec brio. Je me faisais un nom à Harvard, et non en tant que Glücksborg et autant dire que ça fait du bien, et je me fais aussi quelques ennemis au passage.
Il arrive que la mère célibataire, en cessant d'être célibataire, cesse d'être mère. « Bonjour chef internaute, je suis avec Tyra Glücksborg, vous vous souvenez tous de la princesse de notre pays j'imagine, partie rejoindre son grand frère dans l'ombre à l'université d'Harvard et la ville de Cambridge, bonjour Tyra ! » « Bonjour. » « On a entendue dire que vous aviez une fille dernièrement, mais est-ce une rumeur où vous avez vraiment sur une fille il y a quelques années en arrière ? Votre départ a fait polémique ici à Oslo, mais personne n'a parlé de votre vie à Cambridge avant que votre belle-mère ne nous annonce cette nouvelle ! » C'est typique de cette cruche, elle ne sait pas fermer sa bouche. Je voulais que Mallory rencontre enfin son grand-père, qu'elle cesse de poser des questions et qu'elle l'apprécie, même si je sais qu'il est capable de lui pourrir la vie. J'ai passé une semaine en Norvège sans que personne ne vienne me casser les oreilles, et c'est à mon retour qu'on me fait chier.
« Effectivement, j'ai eu une petite fille à Cambridge. Elle s'appelle Mallorya Soleïane Nora Glücksborg et elle a sept ans. » Après cette interview, je n'en ai pas donné d'autre je ne ressentais pas cette nécessité. Je n'avais qu'une envie, c'était de retourner dans mon coin et de retrouver mon bébé aux yeux noisette, comme son père. J'ai vite compris en la voyant, qui était le père. Elle avait les mêmes yeux, le même sourire, la même chevelure s'en était presque choquant, tellement évidente. Elle me rappelait le jeune homme que je pensais aimer plus que tout, elle me rappelait la jeune femme amoureuse et aveugle que j'étais. Cette petite fille, était tout ce que j'avais et tout ce que je devais protéger. Elle ne devait pas se retrouver sans la même situation que moi dans vingt ans, je ne le permettrais pas. Le son de ton téléphone portable te remets les idées en place, il n'était plus question de rêver maintenant.
« Allo ? »« Tyra ? C'est moi. » Tu sais qui c'est, tu respires longuement mais redemande quand même comme une idiote.
« Qui ça moi ? »« Joue pas à ce jeu-là avec moi, Katarina. »